Accueil > Courant Alternatif > *LE MENSUEL : anciens numéros* > Courant Alternatif 2016 > 261 Juin 2016 > Courant Alternatif n° 261, de juin 2016, est sorti

Courant Alternatif n° 261, de juin 2016, est sorti

jeudi 2 juin 2016, par ocl-lyon


{{SOMMAIRE}}

EDITO - PAGE 3

CONTRE LA LOI TRAVAIL

PAGE 4 Tentatives de regroupements autonomes - Fluctuat nec mergitur
PAGE 7 Nuit debout au Technocentre de Renault
PAGE 9 Salariés et lycéens = une solidarité indispensable

L’ECONOMIE EN BREVES PAGE 11

BIG BROTHER PAGE 12

SOCIAL

PAGE 14 Merci patron
PAGE 15 ArcelorMittal de Dunkerque : encore un coup de chaud
PAGE 16 Négociations Unedic : du côté des chômeurs-ses...
PAGE 18 … et du côté des intermittent-es

AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
PAGE 20 : Notre-Dame-des-Landes : un référendum ? Et alors...!

VERTEMENT ECOLO PAGE 21

ANTINUCLEAIRE
PAGE 22 La fermeture des centrales nucléaires, c’est pour quand
PAGE 23 Les anomalies d’Areva

INTERNATIONAL
PAGE 26 Brésil : la lutte des classes s’intensifie au profit des possédants

NOTRE HISTOIRE
PAGE 30 Le Front Populaire contre les occupations d’usine

LIVRE
PAGE 34 La fin de l’intellectuel français ? de Shlomo Sand

RENCONTRES LIBERTAIRES du Quercy PAGE 36

{{ÉDITO}}

{{Contre la loi Travail : quatrième mois d'actions !}}

Depuis le 19 mai, la lutte contre la loi Travail a pris une tournure nouvelle et est entrée dans une phase décisive. Certes, se prolonge, tel qu’on le connaît depuis le 9 mars, le cycle des appels nationaux de l’Intersyndicale à une journée de grève et de manifestation par-ci par-là, selon un rythme distendu qui colle à l’échéancier parlementaire ; ainsi une neuvième journée, très tardive, est programmée pour le 14 juin (jour où le projet de loi El Khomri sera examiné au Sénat), selon une stratégie non seulement en décalage total avec la dynamique réelle de la lutte mais qui tend à morceler et disperser le mouvement général. Et pourtant, il n’y a ni démoralisation, ni démobilisation, mais au contraire élargissement et intensification du combat..

Déjà, ce qui était nouveau, depuis avril, c’est qu’on assistait, quasiment partout et systématiquement, à des dépassements non seulement du calendrier de l’Intersyndicale, mais aussi des formes d’action "plan plan" qu’elle préconise. 
L’approfondissement de la lutte contre la loi Travail était aussi rendu possible grâce à la mise en place, dans pas mal de villes et même de villages, de collectifs, de comités, d’assemblées de lutte ; ne se satisfaisant pas des mobilisations inoffensives pour le pouvoir et de l’obéissance à des mots d’ordre décalés, ils se sont organisés, au delà des chapelles politiques et syndicales, pour mettre leurs forces en commun et prendre ensemble des initiatives. Grâce à ces formes d’auto-organisation, ont commencé à se réaliser sur tout le territoire de nombreuses actions d’occupations et de blocages, réunissant des salarié-es en grève, des chômeurs-ses, des lycéen-nes et étudiant-es, des assembléistes de Nuit Debout, des retraité-es... Ces actions ont été menées soit dans le prolongement des journées de grève appelées à un niveau hexagonal, soit selon un calendrier propre, et avec l’idée qu’elles devaient aller plus loin que les défilés en ville et atteindre, ne serait-ce que symboliquement, les lieux de pouvoir (locaux du PS, centres administratifs, sièges du Medef, entreprises-clés, autoroutes, banques...). Depuis la mi-mai, le combat a encore franchi une nouvelle étape, une phase plus intense. C’est que le mépris (le passage en force de la loi Travail avec le 49.3) et la brutalité (les violences des policiers et militaires) avec lesquels le gouvernement répond aux manifestant-es et aux grévistes ont aiguisé la colère et la combativité.

Les slogans lancés dès le début - "convergence des luttes", "bloquons tout" - ont fini par trouver un début de réel ancrage quand des salarié-es ont déclenché des actions dépassant la simple dimension symbolique. Les grèves répétées des cheminots, ajoutées à celles des routiers (que le gouvernement a tenté aussitôt d’amadouer en promettant que le paiement de leurs heures supplémentaires ne descendrait pas en dessous de 25% comme la loi Travail le permettrait), soutenues par la mobilisation d’autres personnes, et accompagnées dans le même temps de manifestations toujours numériquement importantes, ont montré que le mouvement social ne faiblissait pas. Contrairement à ce que prétendaient les médias officiels qui cherchaient à l’enterrer prématurément.

On assiste ainsi aujourd’hui à un sursaut inespéré de travailleurs-ses qui cherchent à mettre en actes la paralysie de l’économie par des blocages ciblés. Depuis le 19 mai et les premiers blocages de sites portuaires et pétroliers au Havre et à Rouen, ces actions font "tache d’huile"... Tout s’accélère. L’arrêt des raffineries, le blocage des dépôts de carburants se sont généralisés, soit par des barrages à l’extérieur, soit, mieux encore, par des ouvriers grévistes à l’intérieur. Et quand une raffinerie est "libérée" par les CRS, avec la brutalité qu’on leur connaît, une autre ailleurs est aussitôt bloquée.

Une dynamique forte est ainsi en train de s’enclencher. Certes on est malheureusement loin de la grève générale, et l’Intersyndicale n’a aucunement l’intention de l’impulser ; mais des grèves éclatent, reconductibles, et se répandent dans les secteurs stratégiques pour le capitalisme que sont les flux de marchandises et d’énergie : transports (avions, trains, cars, camions, métro...), docks et ports, secteur pétrolier, électricité (baisses de production dans les centrales nucléaires). La classe ouvrière, qu’on croyait résignée et passive, relève la tête ; et avec elle, des salarié-es qui n’en peuvent plus de la régression sociale permanente, et qui commencent à s’engouffrer dans les failles ainsi ouvertes pour mêler leurs revendications propres à celles du retrait de la loi Travail, en particulier contre les formes de précarité ou les suppressions de postes qu’ils-elles subissent  : dans l’éducation, la culture, la santé, à la Poste...

Face à ce mouvement social d’ampleur et qui s’inscrit dans la durée, le gouvernement, soucieux de protéger les intérêts du capital et les siens propres, ne veut pas céder et continue à manier le bâton, à utiliser tous les moyens autoritaires et répressifs à sa disposition pour tenter de discréditer et de casser ceux et celles qui luttent. Mais le mouvement est plus tenace que prévu, et le gouvernement voudrait bien trouver une porte de sortie honorable, surtout avant l’Euro de foot, et serait prêt sans doute, si les syndicats (ou un syndicat au moins) se laissaient amadouer, à concéder de menus aménagements à la loi Travail. Dans ce cas, ceux qui, malgré ces arrangements, voudraient continuer le combat ne seraient considérés que comme de vils jusqu’au-boutistes.

Mais, à ce jour, on n’en est pas là et l’heure est à la lutte. Il s’agit de tenir bon, de renforcer les mobilisations et la solidarité, de se coordonner. Il n’y a qu’un seul objectif : soutenir et, surtout, étendre ce mouvement, faire converger les luttes pour que cette grève gagne de nouveaux secteurs, qu’elle se fasse générale et que soit augmenté le rapport de force nécessaire au retrait de la loi Travail. Victoire qu’il est très important de remporter pour favoriser le surgissement rapide d’autres luttes et changer radicalement de système.

Sud-Ouest, le 26 mai 2016

Répondre à cet article


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette