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du maccarthysme en milieu qui se veut radical

DU COUP

Tomjo

lundi 28 octobre 2019, par admi2


Du coup
Lille, 2014 – 2019 :
Insultes, rumeurs et calomnies consécutives aux débats sur la PMA
Post-scriptum à mon passage en milieu ridicule

Par Tomjo
Lille, octobre 2019

« Le Parti n’a jamais tort, dit Roubachov. Toi et moi, nous pouvons nous tromper. Mais pas le Parti. Le Parti, camarade, est quelque chose de plus grand que toi et moi, et que mille autres comme toi et moi. Le Parti, c’est l’incarnation de l’idée révolutionnaire dans l’Histoire. L’Histoire ne connaît ni scrupules ni hésitations. Inerte et infaillible, elle coule vers son but. A chaque courbe de son cours, elle dépose la boue qu’elle charrie et les cadavres des noyés. L’Histoire connaît son chemin. Elle ne commet pas d’erreurs. Quiconque n’a pas une foi absolue dans l’Histoire n’a pas sa place dans les rangs du Parti. »
Arthur Koestler, Le zéro et l’infini, 1940.{{}}

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Mises bout à bout, les petitesses des individus révèlent un milieu, ses fins et ses moyens. Voici quelques épisodes de mon passage dans ce qui s’autodésigne noblement comme le « milieu radical ». S’il s’agit bien d’un « milieu », par sa structure lâche et ses juges officieux, il fonctionne néanmoins comme un parti – supposément « libertaire », mais un parti quand même. S’il se prétend « radical », c’est pour son verbe haut, son esthétique et ses postures détèr, son goût du coup de poing. Rarement pour ses idées. Le terme qui convient est donc « extrémiste ». Quant aux idées, disons « libérales-libertaires ». Les insultes et menaces que l’on m’a adressées depuis le débat sur l’ouverture de la PMA aux lesbiennes et aux femmes seules à partir de 2014 en constituent une illustration.
Si je publie ce témoignage aujourd’hui, c’est en raison du calendrier. Il me plaît de rappeler aux « radicaux » que la PMA est sur le point d’être votée par une assemblée « République En Marche », sur proposition d’Emmanuel Macron, le même qui a éborgné gilets jaunes et K-ways noirs tous les samedis de l’année écoulée. Ce retour de la PMA dans l’espace public me valant une nouvelle salve d’insultes et de calomnies depuis cet été, des tags « Tomjo gros mascu », une BD sur le net, une interdiction de participer à une conférence.
Ce témoignage, chacun l’entendra à sa guise, mais les pires sourds, désormais, ne pourront faire comme si je n’avais rien dit, ni porté les faits à la connaissance de tout un chacun.
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Quand on arrive en ville…
J’entre en milieu radical lillois en 2006, au moment du CPE. J’arrive d’Amiens, un peu seul dans cette grande ville et mes questions. Je souffre, confusément, de cirer les bancs de l’Université. Ils m’envoient droit vers un bon diplôme, un bon travail, une bonne voiture, un bon ménage, une bonne réussite sociale attestée par l’achat de breloques  ; bref, vers un ennui profond – qui de surcroît précipite la date de péremption de l’Humanité par les marchandises qui le compensent. Les années 90 m’avaient emporté de leur ambiance punk fin-de-siècle, plus énervées par l’absence de perspectives et le refus de parvenir que par la gagne. Nirvana, Pixies, Thiéfaine, Mano Solo en furent la bande sonore, Fight Club, Trainspoting, The Big Lebowski, American Beauty la mise en images. Au milieu des assemblées et des blocages de cette année 2006, je rencontre une bande de cyclistes qui s’amusent, de nuit, à détourner ou détruire des panneaux publicitaires. Leur truc m’enthousiasme tout de suite : il existe sur cette Terre des gens qui sortent des rails du bonheur que me traçaient jusque-là famille, école, publicités et politiciens. Je trouve des gens et des mots avec lesquels formuler mes questions, à défaut de toujours y répondre. J’adhère à une association de jeunes écolos, libertaires sur les bords, qui refusent et critiquent plus généralement le nihilisme de la société industrielle. C’est le moment de mes premières manifs antinucléaires en Allemagne, des manifs anti-OGM en Lozère, et des camps d’été entre écolos chevelus. On est entre 2006 et 2010.
Cette effervescence me libère la parole. Je soigne ma dépression par l’expression, du moins par écrit. Je propose des articles à La Brique, un jeune journal de critique sociale, puis à d’autres comme CQFD, la revue Z, etc. Je découvre mes premiers squats, où s’invente une vie la plus éloignée possible de l’usine ou du bureau, « section squat-tout nik-tout » puisqu’il n’y a rien à garder de ce monde. Je navigue quelques années entre écolos rigolos et anarchistes en rupture. J’avale le catalogue des éditions de l’Encyclopédie des nuisances, des situationnistes devenus anti-industriels  ; c’est avec leurs écrits que je me trouve le mieux accompagné. Des anars, je regrette parfois l’inconséquence sur cette nouvelle donne qu’est le désastre écologique (nouvelle par rapport à la guerre d’Espagne). Des écolos, je regrette le « citoyennisme », l’aliénation au Parti de l’État et à ses solutions (énergies renouvelables, transports « doux », rationalisation informatique de la société). Je rencontre les Grenoblois de Pièces et main d’œuvre qui publient mon enquête, L’Enfer vert, un projet pavé de bonnes intentions, sur leur site et dans leur collection Négatif, à L’Échappée (2013). Une critique de cet écologisme qui m’exaspère à Lille.
Chemin faisant, et pour entrer dans le vif du sujet, j’accompagne le signataire d’un livre critique de la technologie PMA dans une tournée de librairies. Il s’agit de La Reproduction artificielle de l’humain d’Alexis Escudero, co-écrite avec Pièces et main d’œuvre, également publiée sur le site de PMO, puis aux éditions du Monde à l’envers. J’organise une présentation du livre dans une librairie que je squatte et habite. Il ne m’a pas échappé que la France est secouée depuis deux ans par le mariage et la Manif pour tous. J’enrage qu’aucun débat n’existe autour des technologies de reproduction. S’il y a des méchants, les gentils doivent faire front. Quand le bouquin débarque sur les étals, il rappelle aux militants contre la marchandisation du monde, à ceux qui manifestaient contre les OGM dix ans plus tôt, que la PMA est une technique de sélection, de marchandisation et d’augmentation génétique de l’espèce humaine. Les industriels de la génétique sont en passe de faire avec les humains ce qu’ils ont fait avec le soja et les vaches Holstein. Aucune considération sur qui peut baiser avec qui, ni qui peut se marier avec qui. Et pour cause : on s’en fout, tant que les gens prennent du plaisir…
Page 1 du livre : « Même si tous les marcheurs [de la Manif pour tous] ne sont pas homophobes, nombre de ceux qui protestent contre le mariage, l’adoption homosexuelle, la PMA ou la GPA défilent en fait contre l’homosexualité. » Nous n’en sommes pas. Le procès en « homophobie », en « réaction » et en « fascisme » qui m’est fait, ainsi qu’à l’auteur et aux éditeurs, pourrait s’arrêter là : page 1.
S’il fallait insister, et apparemment il le faut, lisons la page 2 : « L’insémination pratiquée à domicile avec le sperme d’un proche n’est pas la PMA. La première n’exige qu’un pot de yaourt et une seringue. Elle soulève essentiellement la question de l’accès aux origines pour l’enfant : lui dire qui est son père  ? La PMA en revanche, pratiquée en laboratoire, soumet les couples à l’expertise médicale, transforme la procréation en marchandise, place les embryons sous la coupe du biologiste et entraîne leur sélection : l’eugénisme. C’est la PMA que réclame la gauche et la mouvance LGBT. » Le livre est une attaque de la PMA, non du pot de yaourt utilisé par certaines lesbiennes. Le procès en « homophobie » pourrait se conclure ici : page 2.
Page 3, ce slogan en guise de revendication, enfonce le clou : « Ni pour les homos, ni pour les hétéros : la PMA pour personne  ! »
Ce n’est pas compliqué à comprendre. Encore faut-il lire trois pages.
Le livre ne s’en prend jamais au féminisme. Pas une fois. Comme chacun le sait et le rappelle, les mouvements féministes et homosexuels sont divers. Certains sont de droite, d’autres libéraux, de gauche, d’extrême gauche, écolos ou libertaires. C’est comme dans la vie. Or, le livre s’en prend exclusivement aux défenseurs de la PMA qui viennent majoritairement des féminismes dits de la « troisième vague », queer, cyborg et ultra-libéraux. Le problème est qu’ils noyautent, probablement sur un malentendu, le dit « milieu radical » où j’évolue nez au vent.
Le mauvais procès en « antiféminisme » aurait pu s’arrêter là. Il s’est pourtant acharné contre moi et mes proches. Parfois violemment, souvent comme une rumeur, presque toujours sous couvert de l’anonymat. En voici un compte rendu approximatif.

Le livre en question
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15 octobre 2014 – Course au point Godwin
Au début de l’affaire, j’habite depuis un an dans un squat-librairie, L’Insoumise. Dans cette vieille bâtisse de briques du quartier Moulins, nous nous proposons d’animer un squat ouvert à la diversité des gens et des opinions, le plus populaire et mixte possible. On avait déjà organisé des dizaines de discussions et de projections, un bal du 1er mai, et accueilli des dizaines de collectifs, des fraudeurs, des intermittents, des Kurdes, des cantines, etc. Un espace de vie, quoi, malgré le risque d’être réveillés un matin par les dingues du GIGN.
Quelques jours avant le débat sur la PMA, la librairie est qualifiée d’« Insoumisogyne » (c’est un jeu de mots) dans un communiqué anonyme publié, et accepté, par les administrateurs du site de publication coopératif Indymedia Lille, le repaire numérique des anars à l’époque. C’est un site anonyme qui permet toute discrétion vis-à-vis des flics, je ne connais pas l’identité de ses administrateurs, et ne pourrai jamais discuter in real life de ce qui s’y déverse contre mes amis et moi. Cette librairie dans laquelle j’organise la rencontre avec Escudero serait complice de la « lesbophobie, l’homophobie et la transphobie » de l’auteur. Sur quoi nous serions toutes et tous des « anarchopresseurs » (nouveau jeu de mots) ne valant pas mieux que des « fascistes ». Je vous ai annoncé du verbe haut… Cette première interpellation a la délicatesse d’une bouse explosive sur le crâne d’un nouveau-né.
Le fascisme est, comme on sait, un mouvement politique italien totalitaire, nationaliste, partisan d’un État fort et d’une économie planifiée. À mesure qu’il conquiert l’Éthiopie (1935) et se rapproche du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), il autorise les publications racistes et antisémites, et finit par adopter en 1938 plusieurs lois raciales dont un Manifeste de la race. Parmi les scientifiques signataires et les principales influences intellectuelles de ce Manifeste antisémite, l’endocrinologue eugéniste Nicola Pende défend une politique nataliste et « l’amélioration raisonnée de l’homme », après celle des semences agricoles.
Note aux « antifascistes » d’Indymedia : nos arguments contre le transhumanisme et la PMA sont donc eux aussi, par définition et en tous points, antifascistes. Mais je vous laisse la jouissance du Point Godwin, aussi appelé « Reductio ad hitlerum ».
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Début octobre 2014 – L’exclusion comme mode de régulation des conflits
Quelques jours avant le débat, et malgré les premières douceurs proférées par voie numérique, je me rends à une soirée karaoké organisée par le centre LGBT dans le cadre d’un festival féministe, avec ateliers sur les « conforts affectifs » et séances de taïchi. C’est l’occasion d’inviter quelques amis, pardon quelques ami-e-s, et de discuter de la PMA. Je n’en aurai pas le temps. Je me fais virer au seuil du lieu par Marie-Cécile, la commissaire politique[1]. D’après cette sociologue du genre diplômée de sciences-po, ce n’est pas le moment de critiquer la PMA alors qu’il y a tant d’agressions homophobes. Le « contexte » ne se prête pas à la critique. Au pire cela fait de moi un piètre stratège, mais pas un homophobe. Je suis tout de même exclu pour Défaut d’appréciation des conditions historiques – c’est ainsi que je l’entends. Je me souviens d’avoir rétorqué à ladite commissaire qu’un jour ou l’autre la PMA serait légalisée  ; que ce n’est pas la Manif pour tous qui fait l’histoire mais la Silicon Valley. C’est un raccourci, hein, mais j’avais raison. Après que François Hollande a lancé l’idée (celui de la loi Travail), le plus technocrate et libéral des présidents de la Ve République est en passe de légaliser la PMA. J’en parlerai à la contextologue au prochain atelier « conforts affectifs », après ses heures de chercheuse en « épistémologie féministe du point de vue sur les théories politiques ».
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27 octobre 2014 – La bêtise militante fait obstruction
Le grand soir est arrivé. Quelques copains de L’Insoumise commencent à grincer des dents sous la pression des calomniateurs anonymes, et probablement de leurs potes. À mon arrivée, un groupe complote au coin de la rue. Je les vois de loin en train de peaufiner leur intervention – qui parle  ?, qui distribue le tract  ?, combien de temps on reste dans la salle  ? Ils ont l’air grave des jours « d’action », appesanti par l’idée qu’ils se font de leur intervention, proche de l’affaire d’État. J’ai bien compris ce qui allait se dérouler et j’ai envie de me marrer devant le ridicule de la situation. Ils sont une petite dizaine, militantes et militants du Centre culturel libertaire (CCL) et du centre LGBT. Certains sont encore des copains même si mes liens avec le CCL sont depuis quelques temps distendus. Le CCL abrite depuis 1987 une bibliothèque, une salle de concerts, et une salle de réunion pour les associations. Des punks, des anars, des végans, des féministes… J’y suis donc passé souvent, mais j’en avais ras la capuche de leurs airs constipés, peine-à-jouir et flagellant, de leur liste de comportements et de mots interdits longue comme le bras (sexistes, racistes, homophobes, validistes, transphobes, spécistes, etc)  ; bref : comme disent les pompeux, de leur orthopraxie de curés. Un an plus tôt, avec La Brique, nous avions programmé le concert d’un groupe potache, The Gendarme, qui mettait en scène des femmes potiches, des policiers beaufs et des tonfas détournés de leur usage normal (inutile de faire un dessin, vous connaissez l’affaire Théo). Ce troisième degré n’était pas du goût des commissaires artistiques (alias gardiens du bon goût) qui ne voyaient là que des propos « sexistes et homophobes » et le renforcement des « assignations sociales ». Il aurait fallu leur expliquer le rôle de la caricature et du théâtre, mais ça aurait pris des plombes, genre réunion hyper tendue avec tours de parole à double liste genrée et étalage de « ressentis » : « Moi, tu vois, je trouve ça vachement violent ce que tu dis… » On a préféré annuler le concert.
Au début de l’intervention d’Escudero, le groupe de citoyens vigilants se pose devant l’auditoire et lit son tract avant d’inviter les gens à quitter la salle. Sans rencontrer un grand succès. À les croire, l’auteur de La Reproduction artificielle de l’humain n’aurait pas droit à la parole ni même de « produire une critique des technologies de reproduction », étant supposé qu’il est « homme blanc cis hétéro universitaire ». Avant d’écrire, celui-ci aurait dû faire son autocritique à la stalinienne en « interroge[ant] les privilèges dont il bénéficie ». Les cathos diraient : confesser ses péchés, faire œuvre de pénitence et de contrition.
Les auteurs du tract ne critiquent pas le livre qu’ils n’ont semble-t-il pas lu, ni à l’époque, ni depuis. Ils sont pourtant bien éduqués. Je reconnais un historien des sciences de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, un informaticien, plusieurs sociologues, mais seule l’identité de l’auteur leur suffit. Il ne serait permis de parler de la PMA-GPA qu’après – prenez une longue inspiration – la « critique des privilèges blancs, masculins, cisgenre, hétérosexuels, valides, bourgeois, âgiste et d’autres qu’on oublie sûrement à cause de nos propres privilèges ». Le langage alambiqué des radicaux de labos nomme cela « démarche intersectionnelle », soit le « croisement » de différentes « oppressions » et « privilèges » identitaires jusque là rangés en silos. Cette façon de voir le réel vient des campus américains, c’est vous dire si c’est chic et radical. Plus exactement, c’est la juriste noire américaine Kimberlé Crenshaw, prof à Columbia, qui inventa le terme en 1989 après sa thèse de droit à Harvard. Le terme a quitté les campus pour se retrouver chez les candidats démocrates Hillary Clinton et, dans une moindre mesure, Bernie Sanders, lors des primaires en 2016[2]. Notre « milieu » a donc ceci de « radical » qu’il a au moins deux ans d’avance sur le Parti démocrate.
Selon les sociologues postmodernes, la valeur d’un message se mesure à l’aune de son émetteur (ici, son profil, son « identité »). Rien ne sert d’apprendre à lire, à comprendre, distinguer, comparer, hiérarchiser les idées. Rien ne sert de faire preuve d’intelligence, ainsi que l’avoue le post-scriptum du tract : « ce texte est perfectible mais nous considérons que nous avons passé déjà suffisamment de temps à contrer les problèmes causés par ce livre, son auteur et ce débat. » La lecture et la pensée sont choses négligeables. L’identité du locuteur suffit à le déclarer coupable ou innocent.
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8 novembre 2014 – Insultes en quelques cases
L’auteure de BD Mawy, qui me reste inconnue à ce jour, rend compte sur son blog de la soirée à L’Insoumise dans une bande dessinée intitulée « Anarcouilles 7 »[3]. Mawy est une auteure et militante LGBT++ dont le travail consiste, comme l’indique le nom de la bédé, à traquer les comportements non « safes » et oppresseurs à l’intérieur de son bocal. Rien n’indique, dans ses productions, qu’elle se confronte à autre chose qu’à son milieu, genre des gilets jaunes mal éduqués qui scandent, après les leçons de la Commission « Slogans bienveillants » : « Les insultes, dans ton cul  ! Les insultes, dans ton cul  ! »
Dans sa bédé, je reçois entre autres épithètes bienveillantes des « Alain Soral », « connards », « dégueulis », « raclure de fond de bidet », augmentés de la menace de voir mes « testicules audessus de [sa] cheminée. » Je ne prends pas la menace de mon émasculation au tragique. Comment se soucier de quelqu’un qui ne lit pas la première page d’un livre avant de le conchier, et qui peine à aligner un sujet, un verbe et un complément afin d’articuler un argument sous la forme d’une phrase. Pour toute critique littéraire, Mawy cite quelques extraits de la quatrième de couverture de La Reproduction artificielle de l’humain qu’elle ponctue de «  !  !  ! », « Mais wow  ! », « What what what  ! », « Super classe… », et de traits d’ironie tels que « Pas funky ». Au contraire, selon Mawy, la revue post-féministe Timult serait une « super revue ».
Deux mois plus tôt, la super revue féministe et intersectionnelle grenobloise se demandait si Frigide Barjot, leadeuse de la Manif pour tous, ne serait pas « membre de PMO  ? ». La revue défendait la PMA et les mères porteuses (GPA) face aux « glissements vers des positions homophobes, anti-féministes et réactionnaires » de PMO et Escudero, ainsi que, bienveillance oblige, leurs idées « méprisantes et blessantes ».
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9 novembre 2014 – Complotiste comme un antisémite
L’auteur du site d’information confidentiel Guerrier nomade publie lui aussi son compte rendu de la soirée[4]. Je croise le mec de temps en temps, ancien gauchiste devenu militant des droits des chômeurs et des animaux. Lui est resté jusqu’au bout de la soirée à L’Insoumise, et semble avoir lu le début du livre. Apparemment sans bien le comprendre, car selon lui, « Escudero croit à des lois de la nature qui s’imposent à l’homme. L’émancipation selon lui ne consisterait pas à s’en affranchir mais à s’y conformer. Pour illustrer son propos il dit plusieurs fois ”je ne serai jamais enceinte.” La phrase peut faire son effet devant une assemblée cisgenre du Rotary mais elle est fausse. » En effet, comme l’espère l’auteur du compte-rendu, l’humanité fera peut-être un jour des bébés dans des machines, des utérus artificiels, sans corps, sans sexe et sans « nature », ce concept nécessairement réactionnaire pour les transhumanistes. Mais à ce stade, les critiques de la PMA ne sont encore que des « réactionnaires », juste bons à animer des soirées de charité. Passe encore.
Ça se gâte ensuite. D’après notre guerrier, les « technocritiques » que nous sommes voient des transhumanistes partout, tout comme les « antisémites » voient partout des Juifs : « les néo-luddites collent l’étoile ”transhumaniste” sur des tas de gens pour mieux dénoncer un complot imaginaire. » Nous voilà devenus complotistes et antisémites en quatre lignes. Encore un peu et nous serons coupables d’avoir rempli des trains. Pour finir nous sommes traités d’« anti-humanistes ». Faudrait savoir. Quelques lignes plus haut nous étions coupables de défendre la nature contre la machine. Mais qu’importe, le « milieu radical » est connu pour se payer de mots. Des salades et des nuages de mots. Un pseudo-pédantisme de demi-cultivés.
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19 novembre 2014 – Parole aux opposantes
La petite équipe venue à L’Insoumise le 27 octobre avec son tract était emmenée par Aude Vidal, la seule « privilégiée » à avoir lu le bouquin. Je connais Aude depuis presque dix ans, nous nous sommes côtoyés à Chiche  !, une organisation de jeunesse écolo. Aude a beaucoup travaillé, bénévolement, pour des revues, passant par EcoRev’, proche des Verts, avant de fonder L’An 02, une autre revue écolo, de passer par CQFD, journal anar marseillais, et Panthère Première, revue entièrement réalisée par des femmes et située à « l’intersection entre ce qui est renvoyé à l’intime […] et les phénomènes qui cherchent à faire système. » Ce qui semblait cohérent tant Aude se plaignait des rapports de pouvoir dans ces milieux, notamment ceux exercés par les hommes – ce qu’elle me confiait chaque fois qu’on se voyait, et tartinait sur son blog. Je l’ai toujours vue claquer la porte des groupes militants et des revues en alléguant du même grief. Plus tard, elle quittera La Brique avec fracas (au sens propre) à cause d’un édito qui selon elle, et peut-être à raison, par ses réflexes insurrectionnels faciles et gratuits, était « martial et viriliste » et « sentait la bite ». Ce qu’elle vécut comme une « agression sexiste » – je ne fais que relater.
À la publication de La Reproduction artificielle, elle ne tarit pas de critiques à son encontre, le jugeant « antiféministe », « réac », « essentialiste », « machiste », voire engagé sur un terrain glissant vers l’extrême droite « voisine[5] » – selon les lois de la gravité, probablement. L’édition du livre serait par ailleurs bâclée et mal foutue. Ce qui ne l’empêche nullement de publier trois ans plus tard, chez ce même éditeur, Égologie, une critique de l’individualisme écolo, et en 2020 une critique du revenu universel. – Non il ne s’agit pas d’une autocritique, ni même d’un aveu inconscient. Malheureusement pour vous, amateurs de retournements scénaristiques, toutes ses critiques les plus véhémentes ont disparu du forum de discussion « Seenthis » où elle sévissait à outrance. Le Ministère de la vérité a effacé ses traces non correctes. On suppose que cela faisait partie du marché plus ou moins tacite avec les éditeurs du Monde à l’Envers, qui ne sont pas fiers ni rancuniers. À moins qu’ils n’aient leurs raisons de faire amende honorable envers le « milieu ». On suppose également que ces innombrables diatribes sont précieusement stockées dans quelque mémoire d’ordinateur, n’attendant qu’une occasion propice pour reparaître.
Quelques jours après le premier débat, Aude m’en propose un nouveau à L’Insoumise, qu’elle introduirait avec Aude Vincent, contributrice de la revue Offensive libertaire et sociale et auteure d’un livre contre le « publisexisme ». Elles avaient co-signé un article dans L’An 02 : « Pour une critique émancipatrice de la PMA ». Il devait s’agir, dans ce nouveau débat, de distinguer insémination artisanale et PMA, d’interdire les critères raciaux sur les catalogues de gamètes et la détection pré-implantatoire (l’eugénisme), bref : d’emballer le business des banques de sperme et d’ovocytes dans une couche d’éthique. Comme si les eugénistes et la libre entreprise allaient manquer une occasion de faire du profit et de la sélection d’embryons. Mais grosso modo, en défendant l’insémination artisanale contre la reproduction artificielle, les deux Aude rejoignent Escudero (page 2). Alors pourquoi tant de hargne et de calomnies  ? Logique de distinction  ? De territoire  ? Sentiment de propriété exclusive sur le sujet, au moins dans le milieu anarcho-écolo, et fureur de voir d’autres s’en emparer  ? Jalousie devant un livre qu’elles auraient aimé écrire  ? Vidal s’était fait éconduire trois ans plus tôt par PMO quand elle leur avait proposé ses services d’écriture, lors d’un salon du livre libertaire organisé par la librairie lyonnaise La Gryphe.
La raison « de fond » (s’il faut en trouver une à tout prix) serait que le livre d’Escudero expédie – même s’il en défend la possibilité – la question du droit des couples homosexuels à adopter ou à pratiquer l’insémination du pot de yaourt. Ce n’est pas l’objet de son livre. Mais il n’empêche personne d’en publier un à ce propos. Reste que dans un milieu affligé d’un taux alarmant de crétinisme militant, il n’était que trop facile et tentant, pour Aude Vidal et consorts, de l’assimiler à la Manif pour tous. Aujourd’hui encore, la seule lecture de Vidal suffit à bien des rédacteurs pour qualifier la critique de la PMA d’« homophobe », comme vient de le faire le site d’information écologiste Reporterre[6].
J’accepte néanmoins cette soirée à L’Insoumise dont le rôle est justement de faire en sorte que des gens se rencontrent, discutent, s’accordent, ou non. La salle est pleine comme un œuf, les auteurs du premier tract sont présents, la mine renfrognée comme il se doit. J’en garde le souvenir d’un de ces « débats » typiques du milieu où il s’agit de parler avec le moins de conviction possible de crainte d’apparaître comme autoritaire. J’ai surtout la mémoire de Jean-Benoît, cis-hétéro-blanc à lunettes, diplômé de Sciences-po, thésard en sociologie du masculinisme et aussi « libertaire » que son centre culturel, me reprochant de parler à la place des incontournables « premiers concernés ». Comme si la PMA n’engageait pas l’ensemble de l’humanité à venir, sa marchandisation dès son stade embryonnaire, son organisation génético-sociale. Faut-il encore leur lire Le Meilleur des mondes et leur projeter Bienvenue à Gattaca  ?
Je ne parle pourtant jamais qu’en mon nom, j’organise cette soirée pour que des gens comme lui puissent s’exprimer, quand bien même ils n’ont rien d’autre à me dire que « tais-toi  ! ». Étonnants libertaires, qui, pour la troisième fois, interviennent pour interdire la discussion.
À Lyon, lors d’un salon d’éditions libertaires, d’autres iront jusqu’à bousculer, interdire un débat et la vente du livre. Le 22 novembre 2014, des militants anarchistes agressent le stand du Monde à l’envers, dénonçant son « idéologie nauséabonde » (comme on le dit des nostalgiques du Troisième Reich). Un mois plus tard, une tribune « Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire[7] » dénonce ces « comportements autoritaires empruntés à la pire tradition stalinienne ». Tribune que je signe. L’historienne anarchiste Anne Steiner, à l’initiative du texte, explique comment l’hystérie collective se nourrit de « comptes-rendus de comptes-rendus de comptes-rendus.[8] » De glissements en pentes glissantes, d’idées voisines en récupérations, voilà la recette de la rumeur : PMO, Escudero, La Décroissance, la Manif pour tous, tous seraient des « défenseurs de la famille traditionnelle9 ». À la sortie du salon lyonnais, un témoin entend les censeurs s’avouer que « Ça serait quand même bien de pouvoir lui répondre sur le fond. » Ça serait bien, oui, mais leur forme trahit l’absence de fond, leur vacuité bruyante, alors n’en parlons plus.
Cet été 2019, le journal La Décroissance a publié un dossier sur « la grande confusion » alimentée par les mouvements libéraux et postmodernes entre Enfant/Adulte, Humain/Animal, Masculin/Féminin, Humain/Machine, etc. Le dossier est discutable, c’est-à-dire qu’il ne demande qu’à être discuté. Aude Vidal, elle, publie aujourd’hui un livre chez Syllepse, une maison d’édition crypto-trotskyste, contre les « dérives libérales » des « nouveaux féminismes radicaux » (queer, décoloniaux, non-binaires, etc)[9], elle n’en défend pas moins ses représentants les plus extrémistes quand ils appellent à brûler La Décroissance et à « perturber [leurs] conférences[10] ». C’est-à-dire qu’elle dénonce tour à tour ce qu’elle fait et fait ce qu’elle dénonce, au gré de ses manœuvres tortueuses pour publier à tout prix. A-t-elle oublié les pages « Débat » du mensuel écologiste dans lesquelles elle a pourtant donné par deux fois son point de vue en 2012 et 2018  ? Depuis 2014, cette « technocritique » se trouve toujours du côté des calomniateurs, des partisans de l’autodafé et des ultras du cyber-féminisme quand bien même elle s’en défendrait dans son prochain bouquin. Bon, il ne faudrait pas non plus se tordre les méninges à expliquer un mystère d’une banale banalitude.
Aude bouffe à tous les râteliers tant que c’est bon pour le film qu’elle se fait et dont elle est l’héroïne. Elle fait carrière dans l’éco-féminisme (rayon autrices), et elle reviendra précipitamment s’asseoir à la table de La Décroissance pour peu qu’on lui ouvre assez la porte pour y glisser le pied, comme elle s’est fait publier par Le Monde à l’Envers, malgré les poubelles qu’elle a versées dessus, ou par L’Échappée. Vous voulez avoir la paix avec elle  ? Publiez-la et vous êtes tranquille pour un moment. Et puis il faut bien que les librairies et les maisons d’édition « alternatives » aient des bouquins à vendre. Aude est tout à fait capable d’entasser des lieux communs, des ersatz de consommation intellectuelle à destination du « milieu ».

Free Speech = liberté d’expression / College = Université (milieu universitaire) // Aux États-Unis (et au Canada, et dans les pays anglo-saxons en général), on observe un phénomène similaire. Ou, plutôt, le phénomène vient de là-bas. Il y est quasiment impossible de critiquer l’idéologie queer. Derrick Jensen, par exemple, qui a publié des dizaines de livres en appelant à détruire la civilisation, s’est fait rejeter par sa maison d’édition après lui avoir proposé un livre critique de l’idéologie queer. Il figure désormais sur une liste noire de ceux qui sont interdits de prise de parole. Ses conférences ou interventions, peu importe leur sujet (même s’il s’agissait pour lui de discuter de la destruction de la nature), sont régulièrement et automatiquement annulées, déprogrammées.
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7 février 2015 – Insulte par la bande
La Brique est un journal lillois de critique sociale, du genre anar-autonome, dans lequel j’écris depuis 2008. Quand il décide de s’intéresser à la PMA, j’en suis déjà parti depuis quelques semaines, agacé par un certain penchant postmoderne pour la déconstruction. Pour caricaturer, La Brique troquait ses prétentions radicales contre celles de la gauche bourdieusienne (nous y reviendrons). Le journal était le fruit de quatre-cinq potes qui s’étaient rencontrés dans un squat, étudiants en rupture et chômeurs professionnels, il devenait peu à peu un journal de thésards en sciences humaines rencontrés dans des colloques – ce qui n’est pas une tare en soi : « y’en a des biens », comme dirait le philosophe et poète Didier Super.
Par feinte politesse, les briqueux Lawrence et Diolto, respectivement libraire et thésard en science-po récemment débarqués dans le journal, m’interviewent longuement avant d’écrire leur papier. Rien de mes propos ne sera publié. L’article remâche les récriminations des deux Aude. Au passage, on me fait comprendre que je fais désormais partie de leurs « anciens amis », puisque dans la « lignée » de Pièces et main d’œuvre. Peut-être aussi parce que, comme l’auteur de La Reproduction artificielle de l’humain, je suis moi-même « un homme, blanc, hétérosexuel, et valide », un « mec privilégié » qui n’a pas suffisamment déconstruit sa position de « gardien de l’universalisme » – oui, parce que « universaliste » est devenu une insulte. J’évoquais les tendances postmodernes, en voici une illustration, apportée par deux hommes blancs hétérosexuels et valides. Aurait-il fallu que l’auteur de La Reproduction artificielle soit une transsexuelle handicapée voilée et habitante d’un « quartier populaire » pour avoir la légitimité d’écrire à propos de la PMA  ? Oui.
Je m’étais déjà fait insulter et calomnier sans que ça n’émeuve qui que ce soit dans mon ancien journal. L’indécence en milieu bienveillant aurait pu faire l’objet d’un article. Mais La Brique préféra illustrer son papier d’un dessin de la même Mawy qui m’avait précédemment insulté et menacé. Comment a-t-elle débarqué là, précisément à ce moment-là  ? Elle nous en donne l’explication sur son blog : selon elle, ce sont les animateurs du journal qui sont venus la chercher – et non l’inverse – tant ils avaient « kiffé Anarcouilles 7 », la bédé qui me menace explicitement. Je comprends mieux désormais les simagrées de la fausse interview : comme chez le marchand de voitures d’occaz, le boniment rodé cache le vice qui ne tardera pas à se déclarer.
Depuis, les briqueux de cette époque ont soutenu leurs thèses de sciences sociales et monté leur maison d’édition, Les Étaques, pour y publier leurs productions et celles de leurs amis sociologues de tendance quartiériste. Tel Julien Talpin[11], chercheur au CNRS à Lille et collaborateur bénévole de l’ancien banquier spécialisé en trading algorithmique Marwan Muhammad[12]. Celui-là même dont l’islamiste Tariq Ramadan dit qu’il est sa « relève ». Talpin est aussi l’importateur en France de la boîte à outils citoyenne et anglo-saxonne dite « Méthode Alinsky ». Ladite méthode s’est fait connaître le 23 juin dernier quand l’Alliance citoyenne de Grenoble imposa le port du burkini, dans une piscine municipale. Ce symbole de « pudeur » que les islamistes en Occident et en Orient exigent des baigneuses, comme ils exigent le port du voile, sous peine de n’être, suivant leur rude langage, que des putes ou des salopes.
Formée à la Méthode Alinsky par Julien Talpin et son Institut Alinsky, la dirigeante de l’Alliance citoyenne et militante islamiste, Taous Hammouti, considère que Charlie Hebdo l’a bien cherché, pleure la mort du frère musulman et ancien président égyptien Mohammed Morsi, soutient les frères Tariq et Hani Ramadan (notamment quand ce dernier est expulsé de France en raison de ses déclarations en faveur de la lapidation des femmes adultères), soutient le dictateur turc et islamiste Erdogan[13]. Voyez-vous, pour les militants postmodernes, les « quartiers » se définissent désormais par les origines ethno-religieuses de leurs habitants. Que des islamistes – qu’on classerait à l’extrême-droite s’ils étaient cathos-français – soient pointés du doigt par des libres penseurs, antisexistes et anti-cléricaux, le réflexe islamo-gauchiste réclame de glapir au « racisme ».
Revenons à nos moutons. Au sein de La Brique, le ménage est fait. L’organisateur du débat local contre la PMA, par ailleurs auteur d’une enquête sur le rôle des écologistes dans la technopole lilloise (L’Enfer vert), ne nuira plus à la réputation du journal. De toute façon, L’Enfer vert n’est jamais entré dans le cadre bourdivin-marxiste de La Brique qui n’a mentionné sa sortie que par une brève. Pas plus qu’il n’entre dans celui des Étaques aujourd’hui qui, vingt-cinq ans après leur édification, se positionnent Contre Euralille et la « bifurcation tertiaire » de la « métropole »[14]. Soit je suis infréquentable, et il est impossible de citer la seule enquête publiée à propos de l’époque présente, L’Enfer vert ; soit je ne parle pas assez de la « gentrification » des « quartiers populaires », et les Étaques préfèrent rabâcher le sempiternel « Droit à la ville » quand je trouve absurde de réclamer tout « Droit à la technopole ».
Bref, la place est libre pour des collaborateurs moins « clivants » et Aude Vidal peut se radiner à la rédaction de La Brique – du moins après ses heures de boulot comme chargée de com’ pour la campagne régionale d’Europe Écologie – Les Verts de 2015. Ce dont elle ne dira rien, préférant la sous-critique culturelle de l’égologie, des petits gestes et de l’individualisme militant, plutôt que la critique concrète de ses employeurs. Chacun sauve la face et les apparences, La Brique-EELV, et Aude peut continuer à faire l’anguille chez les écolos, les anars, les féministes, les trotskystes, etc.
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11 mai 2015 – Diffamation
Deux nanas et un mec du Centre Culturel Libertaire et du centre LGBT, à qui je n’ai jamais parlé et dont j’ai déjà oublié les prénoms, viennent jouer les « lanceurs d’alerte » alors que j’interviens au cinéma le Kino après un documentaire sur Edward Snowden. Je serais « contre l’avortement », accusent-ils devant la salle et ma compagne enceinte jusqu’aux dents. Sans argument, sans preuve. Et pour cause : ni moi ni mes camarades de PMO ni Escudero n’avons jamais dit un mot là-dessus.
Au contraire même, nous sommes plutôt du genre anti-nataliste, comme les féministes qui, début XXème, refusaient de mettre au monde de la chair à caserne (industrielle ou militaire). Cette rumeur, qui vient d’un groupe « anti-masculiniste » grenoblois et fait de nous par symétrie des « masculinistes », aboutit, de supputation en supputation, à cette conclusion lumineuse : ils sont contre l’artificiel, donc pour la nature, donc contre l’avortement, CQFD. Les « anti-masculinistes », comme d’autres avec eux, n’ont pas compris que notre attaque de la PMA est politique. Nulle part il est écrit que nous donnons une valeur morale et de surcroît supérieure à la nature, ni qu’elle est ou bonne ou mauvaise en soi. Nous refusons qu’elle disparaisse et soit marchandisée, c’est tout (si vous n’aimez pas le mot « nature », prenez celui des technocrates, « biodiversité »). Il n’a par ailleurs jamais été écrit que le genre n’existait pas, ni que la différence biologique des sexes supposait une hiérarchie entre eux.
En quittant la salle, ma compagne est témoin de la scène du debrief des lanceurs d’alerte. Elle les entend s’avouer que : « La prochaine fois, faudrait quand même qu’on ait des arguments. »
Un peu plus tard, début juin, je croise ces fameux « anti-mascus » grenoblois dans un débat organisé par la CNT, rue des Vignolles à Paris. Cinq ou six personnes de noir vêtues, selon l’uniforme « radical », distribuent religieusement un tract juste avant mon intervention pour avertir l’auditoire de ma proximité avec des gens connus pour leur « masculinisme ». L’auditoire lit le tract, le plie en deux, puis en quatre, le range dans sa poche et attend que je commence. Les « antimascus » se placent au fond de la salle, espèrent un esclandre, quittent la salle, repartent en métro. Quant à moi, je finis ma présentation, je prends une bière au frais, je la descends, puis j’en prends une deuxième.
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Juin 2015 – Puisque « le privé est politique »
Trois semaines après l’altercation du Kino, ma compagne accouche. « C’est un mec, blond, aux yeux bleus, il n’y a plus qu’à espérer qu’il soit pédé », me lance une vague connaissance, diplômée de science-po et féministe, en guise de félicitations. Mon fils n’a qu’un mois mais est déjà catalogué blanc hétéro cis-genre, en plus d’être le fils d’un mec « pas clair sur le féminisme ». Pour être sûre de cocher au moins une case dominée, elle aurait aussi bien pu lui souhaiter d’être né borgne et handicapé après un accouchement perturbé par des complications.
Pour reprendre Arthur Koestler, cité en exergue, à propos des staliniens de son époque : « Nous ressemblions aux grands Inquisiteurs parce que nous persécutions les germes du mal non seulement dans les actes des hommes mais aussi dans leurs pensées. Nous n’admettions l’existence d’aucun secteur privé, pas même dans le cerveau d’un individu. » L’idéal restant de prévenir tout déviationnisme idéologique dès le berceau.
Quant à ma compagne, metteuse en scène avec qui j’écris parfois, elle a le tort impardonnable d’avoir eu un enfant avec un « masculiniste », dont il paraîtrait qu’il est contre l’avortement – il paraîtrait est le conditionnel d’il paraît, c’est-à-dire qu’il paraît qu’il paraît, ou encore qu’il paraît au carré. Bref… Certaines féministes s’éloignent d’elle aussi et supputent qu’elle s’est fait « retourner le cerveau par Tomjo ». Étrange conception du féminisme qui nie la possibilité pour une femme de disposer de son libre-arbitre. Peut-être devrait-elle laver l’injure en montant une pièce courageuse sur les menstruations, les sorcières ou les canons de beauté pour mériter le tampon « féministe ».
Toutes ces allégations d’antiféminisme découlent, de proche en proche, d’autres supputations d’antiféminisme. Par capillarité. Les indices s’agrègent au conditionnel, finissant par établir un faisceau de présomptions, comme disent les juristes, et conduire à une sentence. La mécanique de la rumeur collective fait son office et le poids des « on dit » finit par convaincre ceux qui n’avaient pas d’avis.
Passé l’orage déclenché par le bouquin d’Escudero, l’affaire se tasse. Plus personne ne veut en entendre parler, ce serait remuer la merde au sein du « milieu ». Les questions soulevées par le livre ne sont toujours pas discutées. Pourtant, le pouvoir poursuit sa politique de marchandisation du vivant et de sélection eugéniste.
En 2015, l’Angleterre autorise la production d’enfants à trois ADN, c’est-à-dire produits à partir du « matériel génétique » de trois « parents ». Les Pays-Bas (2016) puis l’Angleterre (2018) autorisent la fécondation d’embryons humains génétiquement modifiés à des fins de recherche. En 2017, le brevet des « ciseaux à ADN » CRISPR-CAS9 est déposé. Cette technique permet d’« éditer » du génome pour produire des êtres vivants en dehors de toute réalité génétique. En 2018, un médecin chinois fait naître des jumelles génétiquement modifiées grâce à la technologie CRISPR et confirme qu’un autre bébé OGM est en gestation. Un chercheur américain s’inquiète dans la MIT Review que le médecin chinois ait modifié leurs capacités cognitives – le rêve des transhumanistes et des fascistes italiens. En 2019, le Japon autorise la fécondation d’embryons animaux-humains (un cerveau humain dans un crâne de souris par exemple – soit l’inverse de mes calomniateurs).
Cet automne 2019, l’Assemblée macronnoise vote sa loi de bioéthique, un package d’autorisations qui vise à mettre la France au niveau d’États plus « avancés » en la matière pour ne pas perdre en « compétitivité ». Étant entendu que des « marchés se développent, des pratiques prospèrent dans d’autres pays et que les frontières s’effacent ». La loi donne désormais accès à la reproduction artificielle à toutes les femmes, fertiles ou infertiles  ; elle autorise l’autoconservation des ovocytes en vue de futurs « projets parentaux », la recherche sur la fabrication de gamètes artificiels et la production d’embryons transgéniques, la création de chimères humain-animal (rêve antispéciste), l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les diagnostics, les techniques de « neuro-modulation […] visant à modifier l’activité cérébrale de sujets sains en vue d’améliorer leurs capacités cérébrales, d’augmenter la concentration, le bien-être, le sommeil, les perceptions ou d’améliorer leur humeur. »
Ainsi, ce n’était pas le « bon moment », en 2014, de critiquer la PMA. Il était urgent d’attendre et d’ergoter sur la bonne et la mauvaise PMA. Et surtout de ne pas « coller l’étoile transhumaniste » aux persécutés de la Recherche publique. Tout ce qui précède reste donc, pendant cinq ans, un non-sujet pour le « milieu radical », toujours en retard d’un métro sur le cours des choses.
Désormais, les regards se détournent à mon approche. Ma présence paraît aussi lourde qu’un cadavre. Le ballet des corps s’éloignant à mon arrivée est presque comique : risquerais-je de salir la réputation d’un lieu ou d’un individu par ma seule présence  ? Je peux garder des amis, mais faut pas que ça se voie. J’entends parfois que « Tom, il s’est esseulé », « Je pensais que Tom s’était calmé ».
Le temps passe. Et avec lui, espère-t-on, les idées, comme il en est des couleurs. Même s’il a rejeté l’un des siens, le troupeau aime plus que tout s’attrouper. On attend que je « lâche l’affaire », que je fasse mon autocritique, que je me range du côté de la force ou que je me taise à jamais. Au détour d’un article sur le transhumanisme ou les villes flottantes, j’évoque encore la PMA, mais jamais je ne réponds aux insultes et à la bêtise. Je prends les coups. Je ne les rends pas. Je n’ai jamais tagué un local associatif, ni insulté ou menacé qui que ce soit, encore moins anonymement derrière un clavier – je n’y ai même jamais songé. Je prends note de mes excommunications, toujours officieuses, jamais argumentées. Désormais, peu de mes anciens amis continuent de me lire, et encore moins de me parler après m’avoir lu en secret.
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Printemps 2018 – Les mauvais jours n’en finissent pas (#1)
En 2016, j’avais lancé avec mes copains de L’Insoumise un festival dans le quartier Moulins intitulé « Les Mauvais jours finiront ». Quelques associations du quartier et un syndicat d’origine libertaire, la CNT, se regroupaient face au festival municipal destiné à allécher de futurs et hypothétiques habitants friqués : « Bienvenue à Moulins ».
Deux ans plus tard, en 2018, j’apprends que je ne suis plus le bienvenu au salon du livre organisé pendant le festival. Qui me reproche quoi  ? J’en apprendrai davantage lors d’une réunion au local du syndicat, décoré des traditionnels posters clamant que « Le monde n’est pas une marchandise ». L’ambiance est pesante, comme toujours au sujet du « féminisme » ou des « luttes LGBT ». À mon arrivée, tout le monde feint de ne pas être vraiment au courant de ce qu’on me reproche et s’empresse de m’assurer que l’anathème n’est le fait que d’une personne dont j’ignore toujours l’identité. Nous l’attendons. Elle ne vient pas. La personne ayant levé le lièvre de mon « homophobie » ne s’est pas déplacée pour argumenter. Ma place au salon du livre est conservée. En sursis.
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4 février 2019 – Les mauvais jours n’en finissent pas (#2)
Alors que la ville de Lille célèbre l’année du Mexique, je propose aux « Mauvais jours » de célébrer le centenaire de la mort de Zapata sur la friche Saint-Sauveur. Je ne suis pas toujours le mec le plus pertinent, certes, mais j’imagine que ma proposition, envoyée à un syndicat libertaire, de commémorer un révolutionnaire paysan, et par là-même de défendre un parc plutôt que la bétonnisation d’une friche, devrait recevoir un écho. Je reçois pour toute réponse, mais en loucedé, ce mail d’une certaine Marie-Gontrande, que je ne connais pas :
« Sinon, par rapport à Tom-Jo et Hors-Sol : perso les deux me révulsent profondément. Que ce soient les comportements de l’un ou le contenu des textes de l’autre. J’ai pas du tout envie de voir un antiféministe de base associé au festoche, ou pire, de devoir me coltiner sa face pendant. On pourra en reparler à l’occaz mais voilà moi ça me gênerait. »
Cette fois mon exclusion porte une signature. Sans réponse de la part des organisateurs, je dois comprendre qu’ils se sont rangés derrière l’avis, non motivé, de cette Marie-Gontrande. En plus de mes « textes », ce sont désormais mes « comportements » qui sont « antiféministes de base ». Que me reproche la dame ainsi révulsée  ? J’imagine la plus sordide des rumeurs, mais je dois continuer à subir cette paranoïa sans pouvoir réagir – je rappelle que j’ai reçu ce mail en « off ». Je pose tout de même la question à des potes de la CNT, comme ça, entre deux Jupis. Mais rien. Personne n’est au courant, les regards feignent l’étonnement avant de plonger vers le sol. Un mail scandalisé, outragé, indigné, que dis-je, offusqué, suffit à m’exclure d’un festival que j’ai contribué à créer. J’y penserai la prochaine fois qu’une gueule ne me revient pas, c’est moins fatigant que de s’évertuer à écrire des textes raisonnés. Quelques mots-clés et une indignation bien pesée suffisent.
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Aparté
Ça me rappelle cette histoire d’un dessinateur de la scène punk accusé de viol en 2008. Huit ans après une coucherie de fin de soirée, dans l’ivrognerie partagée, la fille s’estime victime d’un viol. Le mot est lâché. Une brochure circule dans les squats et salles de concert et finit en ligne (Indymedia, Paris-luttes.infos, Infokiosques). Sans remettre en cause le récit de la nana, le mec devenu le « punk violeur » estime quant à lui qu’il ne s’agissait pas d’un viol. Mon histoire ne mérite pas un procès au pénal, et la qualification de viol n’est pas ici mon propos. Je m’intéresse aux coutumes du « milieu radical ».
Le mec se fait donc virer des salles de concert qu’il fréquente (le CCL par exemple). Il se fait agresser, présenté partout comme un « prédateur sexuel ». L’affaire prend de l’ampleur quand il signe l’affiche d’un festival antifasciste à Lyon en 2013. Plusieurs communiqués s’en prennent alors au « violeur » et à ses « complices » qui reproduiraient les « projets de société prônés par les fascismes » – toujours cette finesse d’analyse. L’accusation de viol est entérinée, sans que jamais la version de monsieur ne soit confrontée à celle de madame. Aucun des sites précédemment cités n’a accepté de publier sa réponse. C’est de toute façon inutile, selon les « anarkaféministes » :
« Nous ne cautionnons pas la justice bourgeoise et patriarcale et c’est pour cette raison que la parole de la victime nous suffit  ! […] La parole de la victime n’a jamais à être remise en question. »
Mais la « victime » n’a que sa parole, huit ans après les faits, pour établir sa qualité de victime. Et si tous les « plans cul » un peu éthyliques et foireux peuvent se transformer, à plus ou moins longue échéance et sans confrontation avec les faits, en « affaires de viols », ô combien croustillantes pour les bignoles du milieu et pour la « victime » qui se rend si intéressante, la fête va tourner au goûter de bonne famille sous la surveillance des chaperons.
La copine de l’accusé doit prendre la parole pour stopper l’acharnement collectif :
« Quelques mois après que le scandale ait éclaté, j’ai commencé à recevoir, de temps en temps, des messages anonymes orduriers sur mon site, m’accusant d’avoir des relations avec un VIOLEUR, me demandant quel effet ça faisait de coucher avec un VIOLEUR. […] Je vous laisse imaginer l’horreur psychologique de se trouver dans une telle situation, dans ce torrent de merde, quand le vernis du militantisme ne couvre plus la volonté de nuire… »
On sait combien Internet, les réseaux sociaux, et leur anonymat, favorisent les lynchages publics. Mais le « milieu radical », plutôt que de s’en éloigner et d’en faire la critique, s’en délecte et se joint aux lyncheurs. Bien que des calomnies colportées sur Twitter puissent détruire quelqu’un, le « milieu radical » lui interdit de se défendre. Ce serait faire le jeu de la justice bourgeoise et du patriarcat qui, depuis des siècles et des siècles, etc, vous connaissez la chanson.
Cette affaire révèle le mode de pensée « radical », la mauvaise jouissance et l’état d’esprit paratotalitaire qui règne dans le milieu. Des schémas pré-établis s’abattent sur les faits. Des cases abstraites enferment et mutilent les individus réels. Une histoire millénaire (ou supposée telle) d’oppression sert à accabler des personnes, privées ensuite de tout droit de se défendre  ; sans que la réalité ne puisse, ni n’ait le droit, d’interférer. Il faut bien le dire, les « libertés formelles » ont du bon et à côté de la « justice bourgeoise », la « justice » anarco-féministe du milieu est tout au plus une sorte de barbarie régressive et brouillonne.
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8 mars 2019 – Sur la friche
Journée des droits des femmes. Je sors d’une heure d’embouteillages pendant laquelle les journalistes de France Inter et les ministres macronniens m’ont bourré le crâne avec leurs « femmes qui ont réussi » dans la science et dans la tech depuis que Marie Curie a découvert le radium.
Lors de l’altercation dont je m’apprête à vous narrer les meilleurs moments, je suis déjà engagé depuis quelques temps contre l’urbanisation de la friche Saint-Sauveur, vingt-trois hectares vendus à la promotion immobilière pour y construire un quartier de la création et du design : des bureaux, des logements, des commerces, et leurs 9 000 voitures supplémentaires par jour. Comme je l’ai déjà dit, j’ai un petit garçon. Et comme d’autres enfants que je rencontre chez des amis, à la crèche, à l’école, il souffre de problèmes respiratoires. Rien qu’en 2018, les médecins lui ont prescrit cinq fois des antibiotiques. Toutes ces grues avec leurs promesses de « pics de pollution » me dégoûtent. Nous avons créé une association, contesté le projet devant le tribunal administratif, occupé le lieu, et retardé l’un des plus gros projets immobiliers de ces dernières décennies à Lille.
J’insiste un peu, non pour m’auto-décerner quelque trophée, mais pour faire la leçon à celleux dont l’activité militante se résume à militer en milieu militant.
Ce jour-là, j’arrive sur la friche Saint-Sauveur avec mon camarade d’Hors-sol, notre « super revue ». Deux mecs en uniformes de zadistes, sweats à capuche et godillots, se pointent et me demandent (je la fais courte) :
— C’est toi Tomjo  ?
— Heu, ouais…
— C’est toi qui es contre les transsexuels  ?
— Vous devez parler des transhumanistes  ?
— Euh…
— …
— T’es un mec cis-genre hétéro, alors tu fermes ta gueule au sujet de la PMA. Tu laisses parler les gens concernés (il doit penser aux lesbiennes).
— Vous savez ce que je dis à propos de la PMA  ?
— (L’un) Non mais mes potes m’ont raconté, et je leur fais confiance parce que c’est des gens que j’aime, ça suffit.
— (L’autre) Moi j’ai lu Hors-sol, et vous vous foutez des handicapés, vous voulez pas qu’ils aient des prothèses, vous êtes validistes  !
— Je n’ai jamais dit un truc pareil.
— Ouais bah faudrait que je relise mais bon…
L’un n’a rien lu mais sait ce que je pense, l’autre a lu mais ne se souvient plus. Les deux exigent pourtant que je me taise, me traitant au passage de fasciste et d’homophobe. Comment réagir  ? Je me suis longtemps posé la question, je me la pose encore. Sur l’instant, j’ai bien essayé d’argumenter, un peu, mais la bêtise associée à la méchanceté m’use assez vite. Leur mettre sur la gueule  ? Ce serait s’attirer la violence du troupeau qui ne s’en tenait qu’aux mots pour l’instant. Une tarte aux phalanges aurait tôt fait de me rendre coupable de « virilisme », ce qui à leurs yeux aggraverait mon cas.
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26 juin 2019 – Le Retour de Mawy
Mawy, souvenez-vous, c’est cette auteure de bédé sans grammaire ni talent qui m’avait insulté et menacé cinq ans plus tôt. À l’occasion d’un compte rendu de la Gay Pride, elle prend à partie je-ne-sais-qui dont elle dit qu’il est un « Tomjo pédé, un bon gros mascu ». Pour les non-initiés des subtilités du « milieu radical », un « mascu » est un militant de la cause des hommes, du pouvoir des hommes, du privilège masculin. Je n’ai jamais tenu de tels propos, et je ne les ai d’ailleurs jamais pensés. La critique de la PMA s’attaque à la sélection des embryons et au commerce de matériel humain. Quel rapport avec le pouvoir des hommes  ? Nous n’en saurons guère plus. À moins que le présent témoignage n’incite la bédéiste, après cinq ans, à dévoiler le fond de sa pensée (s’il y a un fond, et s’il y a une pensée).
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7 Août 2019 – Exclusion officielleuse (genre d’exclusion officielle mais non assumée)
L’éditeur de La Reproduction artificielle de l’Humain (RAH) a également publié l’un de mes textes, Au Nord de l’économie. Il reçoit l’invitation d’un certain Thomas, secrétaire régional de la CNT, que je pense n’avoir jamais croisé, à participer à un salon libertaire organisé à Amiens. Chez moi. L’éditeur me propose, en tant que régional de l’étape, d’y exposer mon livre sur l’automatisation et l’intelligence artificielle au travail, un sujet de première importance pour un syndicat de travailleurs. Le secrétaire syndical donne d’abord son accord avant de revenir sur sa décision et d’annoncer à mon éditeur :
« Après concertation avec mes camarades nous formulons cette réponse : En raison d’un passif problématique sur lequel il n’est jamais revenu pour s’excuser (ou ne serait-ce que se questionner sur ceux-ci) lors d’un événement qu’il avait co-organisé il y a plusieurs années, et de désaccord de fond comme de forme dans ses prises de positions, nous préférons décliner votre proposition. »
Le syndicat CNT est donc d’accord pour inviter l’éditeur de la RAH, mais pas moi. La logique échappe à l’entendement. La « forme » comme le « fond » d’un « passif problématique » nécessiteraient ainsi que je me « questionne » voire que je « m’excuse »  ? Je demande à en savoir plus : de quoi parle-t-on  ? Je n’ai toujours pas reçu de réponse. Mon intervention sera finalement remplacée par une énième conférence patrimoniale sur les anarchistes pendant la guerre d’Espagne (il y a quatre-vingts ans).
***
Août 2019 – Dégradation du Beffroi de Saint-Sauveur
Dans cette lutte contre la densification urbaine et les pollutions à Saint-Sauveur, j’ai organisé avec des amis « Elnorpadcado », le premier contre-festival à Lille3000, qui est la suite de « Lille 2004, capitale européenne de la culture ». Un livre était paru en 2005, La Fête est finie, j’ai moi-même rédigé plusieurs articles, conférence et brochures, les conditions étaient réunies pour partager d’autres imaginaires que celui du divertissement dominant.
Pour l’occasion, et mus par notre inclination au raffinement et au bon goût, nous érigeons, dans un esprit potache et libertaire, un doigt d’honneur haut de cinq mètres et tourné vers le Beffroi de la mairie. Nous l’appelons le Beffroi de Saint-Sauveur. Le jour de son inauguration, je lis un discours sur la symbolique des beffrois à l’époque des communes médiévales, une symbolique de paix, de fraternité, de solidarité et d’autonomie face aux seigneurs. Je m’étais creusé la tête pour apporter quelques références historiques qui nourriraient intellectuellement notre lutte en faveur d’une autre ville.
Quelques semaines plus tard, alors que je rentre de vacances, j’apprends que notre beffroi a été tagué plusieurs fois « Tomjo gros mascu », reprenant la rumeur propagée par Mawy et d’autres « lanceurs d’alerte ». Les tags ont été effacés, puis réécrits, et encore effacés par de très chics camarades qui n’ont pas eu besoin de connaître le fond de l’histoire pour considérer ces tags comme calomnieux.
Même répétée quarante fois, l’insulte ne sera jamais un argument, à peine un borborygme. J’ai presque de la peine pour ses auteurs. Non que leur vide intellectuel m’inquiète, des instituts spécialisés accueillent ce genre de public, mais parce que nous sommes collectivement démunis pour y faire face. Si je représente, moi Tomjo, l’essence du mal dominant (du mâââle), un ennemi à salir, à combattre, voire à abattre, la vie des commissaires politiques modernes semble bien désespérante, pour ne pas dire désespérée. À la grande époque du Parti communiste, les staliniens avaient le bloc capitaliste contre eux, un rival un peu conséquent, et puis en interne leurs « révisionnistes », « liquidateurs du parti prolétarien », « gauchistes décomposés », « capitulards », « collaborateurs de classe », « sociaux-traîtres » ou encore « saboteurs infiltrés à la solde de l’impérialisme ». La bataille avait de l’envergure, une certaine grandeur historique. Maintenant, ils ont « Tomjo gros mascu ».
Du coup, de ce qui précède, nous retiendrons que je suis successivement :
Anarchopresseur
Misogyne
Homophobe – Lesbophobe
Transphobe – Fasciste
Alain Soral
Connard
Dégueulis
Raclure de fond de bidet
Pas funky
Promis à l’émasculation
Réactionnaire
Digne des antisémites
Complotiste
Anti-humaniste
Gardien de l’universalisme (attention : contradiction avec l’insulte précédente)
Mec privilégié
Masculiniste
Opposé à l’avortement
Pas clair sur le féminisme
Clivant
Révulsant
Antiféministe de base
Cis-genre
Validiste
Problématique
Bon gros mascu
Gros mascu
Certes, ces outrances sont d’une violence stupide, autant que d’une stupidité violente, mais elles ont surtout le défaut d’user les mots, de leur faire perdre leur sens et leur charge. Quels mots nous resterait-il, si, par aventure, un authentique parti « fasciste », « réactionnaire », « homophobe », etc., prenait le pouvoir  ? À quoi bon galvauder des références historiques qui, même si l’histoire ne repasse pas les plats, peuvent nous aider à penser le présent  ?
Autre chose d’un peu périphérique attire l’attention : le militant du « milieu radical » a ceci de suspect qu’il est indigné et pesant dans ses attaques, insensible à l’humour, à l’implicite et au troisième degré, incapable de lire une littérature pamphlétaire maniant l’ironie, la dérision et l’autodérision, ni de faire la distinction entre un fait et un commentaire. Une blague sur les femmes inséminées comme des vaches, une autre sur les taureaux qui ne font pas la vaisselle, et vous voilà suspecté des pires vilenies. J’ai toujours pensé que cette affectation de sérieux et le manque d’humour révélaient une propension à la bêtise et à la brutalité. Mon histoire le vérifie.
Conformément aux ordures énumérées plus haut, combien de fois a-t-il été demandé aux gens de se taire  ? En ce qui me concerne, huit fois. Et je n’ai pas mentionné les tags sur les librairies (à Montreuil par exemple) ni les attaques perpétrées par d’autres branches postmodernes, les néoracistes à la librairie Mille Bâbords à Marseille en 2016, ou les anti-spécistes aux Rencontres anarchistes internationales de Saint-Imier en 2012. Cela traduit une fracture nouvelle dans les milieux contestataires dont je ne peux donner ici que quelques aperçus.
J’ai été lycéen, étudiant, sportif, barman, serveur, animateur, saisonnier, prof, parent d’élève, je ne me souviens pas d’avoir été confronté dans ces milieux à autant de brutalité (mis à part dans certaines cuisines de brasseries). Malgré son idéologie de la bienveillance, son obsession pour les « ressentis », ses luttes contre-toutes-les-dominations, le Parti des « bienveillants » se vautre dans les comportements qu’il critique par ailleurs. Son contre-monde est souvent pire que le monde qu’il combat. Mais je n’en attends ni excuses ni bienveillance, je lui laisse ses réflexes niaiseux et ses postures victimaires.
Essayons plutôt de comprendre. « Le parti se renforce en s’épurant », soutenait Lénine dans Que faire  ?. Épuration/purification du groupe : le philosophe René Girard en a fait la description dans La Violence et le sacré, une théorie du bouc émissaire. Selon lui, le sacrifice du bouc émissaire permet à une communauté, close par définition, comme un « milieu » ou un parti, d’extérioriser la violence intestine due à la concurrence entre ses membres, à leurs désirs inassouvis, et de rejeter sur la victime émissaire leurs propres fautes et culpabilités. Jusqu’à la prochaine fois.
Le mécanisme est vieux comme l’Ancien Testament. Si tel est le cas ici (hypothèse), le « milieu » doit savoir que, selon Girard, accorder tant d’attention au bouc émissaire, « c’est déjà lui reconnaître ou lui accorder un prestige que l’on ne possède pas, ce qui revient à constater sa propre insuffisance d’être.[15] » Je vous laisse juge.
Au-delà, il s’agit pour les lyncheurs d’imposer la loi du milieu. Leur loi. De montrer qu’ils disposent de cette peine de mort symbolique, l’exclusion, et qu’ils sont près à l’utiliser, y compris de façon injuste et capricieuse, pour montrer leur pouvoir. « Égorger un poulet pour en effrayer cent », dit un proverbe chinois. Il n’y a aucun doute que s’ils en avaient le pouvoir, ces fanatiques de la Bienveillance égorgeraient les malveillants dans mon genre. Non pas de façon symbolique, mais bien réellement, comme leurs devanciers communistes qui fusillèrent et massacrèrent d’un bout à l’autre « le camp socialiste ».
Tentons une autre approche, sociologique. La corporation des étudiants et des enseignants/chercheurs en sciences sociales a réalisé une OPA sur le « milieu radical ». Je pense l’avoir dit plusieurs fois, la majorité des offenses furent le fait d’universitaires, de profil socio-sciences po, biberonnés à Bourdieu – je le sais, j’ai été coulé dans le même moule. Ce milieu a imposé ses éléments de langage et donc sa manière de comprendre le monde et d’agir dessus. Par l’entremise de sa novlangue, la critique de l’appropriation marchande et du capitalisme, des pouvoirs constitués et réels de l’État, de sa bureaucratie, de sa médecine, de sa science, a disparu. Elle a été remplacée par une sous-critique « culturelle », déconstruisant tour à tour les « violences symboliques », les « goûts », les « habitus » et les « dominations ».
Ainsi, les dominations et les privilèges, toujours au pluriel car infinis, sans oublier les représentations, stigmatisations et autres tares psychologiques en – phobes, nécessitent conscientisation et déconstruction dans le cadre d’un groupe de parole en non-mixité, lequel appellera à la plus grande bienveillance à l’égard des minorités, ou leur permettra, empowerment aidant, de gagner en pouvoir et visibilité. Après le racisme, le sexisme, le validisme, le spécisme, l’âgisme, l’hétéro-cissexisme, même les rapports de classes, jusque-là étudiés sous leur angle matériel (et non uniquement subjectif), dans les rapports de production (possédants / exploités), ont été passés à la moulinette culturaliste : il ne s’agit plus d’abolir les classes mais le classisme, le mépris de classe.
Pardon si je suis un peu pâteux, mais, vu le terrain, j’ai des excuses.
Or, si la « domination » supplante l’« exploitation », une classe n’extorque plus la plus-value créée par une autre, et la hiérarchie n’est plus critiquée en tant que telle : les individus sont désormais en concurrence à l’intérieur de leur « champ » (Bourdieu). C’est ainsi qu’il faut comprendre l’engouement pour l’empowerment, que l’univers managérial appelle coaching. Fin de la conflictualité avec le pouvoir, repli sur soi et son milieu, jusqu’à étouffement. Il en résulte un milieu « radical » auto-centré, obsédé par ses propres représentations et les rapports inter-individuels en son sein, sans autre arme pour s’émanciper que le développement personnel (et le taïchi).
Difficile de ne pas penser au « milieu radical », et d’en attraper des sueurs froides, lorsqu’on lit cette phrase de Bourdieu qui fait office de programme politique :
« Seul un véritable travail de contre-dressage, impliquant la répétition des exercices, peut, à la façon de l’entraînement de l’athlète, transformer durablement les habitus » (Méditations pascaliennes, 2003).
Ainsi, c’est en se changeant soi, ses représentations, son mode de vie, qu’on change le monde. Alors que pour la tradition marxiste, ou en tout cas socialiste, il s’agissait de procéder à l’exact inverse. Le postulat est pour le moins effrayant. Il rigidifie les postures morales et fait de chacun un petit flic, un petit juge, un petit curé, comme dans une communauté protestante et puritaine de Nouvelle-Angleterre (Salem) ou de la Drenthe[16]. Poussé au maximum, ce postulat entraîne un contrôle total de tous sur tous et sur tout : les comportements, les propos, les pensées, les arrières-pensées, et – idéalement – l’inconscient coupable.
Lisez l’article de Dylan Riley « Pierre Bourdieu, l’universitaire qui se rêvait en militant » sur la revue en ligne Période pour comprendre comment Bourdieu projette sa perpétuelle « réflexivité » de sociologue sur le reste de la société[17]. L’effet bocal trouve ici son explication : Riley parle de « radicalisme intérieur ». Et qui a les armes intellectuelles suffisantes pour « transformer durablement les habitus » d’une population inconsciente d’elle-même tant elle est « embourbé[e] dans les eaux du sens commun et de l’acception courante », sinon les sociologues bourdivins qui, pour Riley, endossent le rôle de l’« avant-garde » que jouaient les « révolutionnaires professionnels » au temps de Lénine.
Il n’est pas de sujet plus propice aux anathèmes et aux exclusions que les « dominations de genre ». En comparaison, les déchets nucléaires, la sixième grande extinction des espèces ou l’avènement de l’eugénisme comptent pour du beurre. Certes, « il ne faudrait pas hiérarchiser les luttes », mais le sexisme est systématiquement le sujet le plus lourd et le plus explosif quand il figure à l’ordre du jour. Et chacun sera bien inspiré, dans ce cas, de peser ses mots au gramme près. Il devient interdit de discuter des contributions d’un « certain féminisme », même avec tous les guillemets possibles et la voix la plus liquoreuse, à la perpétuation d’un monde de marchandises. On le voit avec l’élargissement de l’accès à la PMA et la GPA comme sur d’autres sujets plus triviaux tel que, pour prendre le plus récent, le foot féminin, subitement paré de toutes les vertus émancipatrices (empowerment).
Ce mouvement va du « milieu radical » aux studios de France Inter en passant par les bureaux du ministère de Marlène Schiappa et bien évidemment… l’Université. Les deux thèmes de recherche que soutient la branche Sciences humaines et sociales (SHS) du CNRS, l’INSHS, sont les « humanités numériques » et les « études de genre », avec un accent particulier porté aux « relations entre intelligence artificielle et SHS »[18]. Le discours dominant, celui produit par la Recherche d’État, est donc techno-féministe. À l’audiovisuel d’État ensuite d’en faire la propagande, en invitant ou en embauchant ses plus brillants éléments, par exemple sur les ondes de France Culture, qu’on surnommera Radio Spécialistes[19].
Les autres rejetons de la Recherche d’État pourront valoriser leurs savoir-faire auprès de l’industrie culturelle et le monde des start-up. Que je sache, personne dans cette communauté scientifique ne s’est ému, ni à Lille ni ailleurs, quand la plus haute instance des Sciences sociales (l’INSHS), qui « depuis 80 ans [bâtit] de nouveaux mondes », est venue organiser ses trois jours d’Innovative SHS, ici cette année, pour « favoriser le transfert » des sociologues vers le monde de l’industrie et des start-up : logiciels, applis, jeux vidéo, smart city, « relations avatar-humain »[20].
Les scientifiques de l’Homme et de la Société, par ailleurs si prompts à la « réflexivité », n’ont pas jugé utile d’apprécier la part réelle de leur science particulière dans la domination du Capital sur les hommes et la société. La seule question légitime pour la gauche bourdivine, maintenant qu’elle a admis sa place spécifique, est la part statistique de femmes et de « racisés » dans la nouvelle économie, et leur visibilité dans le monde du spectacle. C’est-à-dire aussi – surtout – la visibilité et la domination des bourdivins dans le « champ universitaire », éditorial, médiatique, etc. Notre société technologique, spectaculaire et marchande, peut compter sur eux pour appuyer sa domination.
Dans son enquête Pourquoi les riches votent à gauche[21], l’Américain Thomas Franck montre comment cette idéologie a gagné le Parti démocrate, celui des époux Obama et d’Hillary Clinton. Cette vision de la politique résulte de l’idéologie de la compétence propre à la sociologie des « professionnals » qui ont pris la tête du parti libéral, les technocrates, les universitaires, politistes, conseillers financiers, journalistes, ingénieurs, hauts fonctionnaires, qu’on désigne en France comme les catégories intellectuelles supérieures, et dont Ivan Illich soutient qu’elles sont détentrices du « pouvoir de prescrire[22] ».
Pour ces compétents, l’action politique se résume à ce que la « diversité », désormais diplômée, accède aux postes hiérarchiques correspondant à leurs compétences. « Parce qu’il [Obama] était lui-même le produit de la grande méritocratie américaine d’après-guerre, il n’a jamais vraiment pu voir le monde autrement que du haut de l’échelle sociale sur laquelle il s’était élevé », écrit T. Franck. Ces militants de la cause méritocratique cassent donc ce qui pouvait encore caractériser « la gauche ». Non seulement ils ont largué, trahi, les classes exploitées, récupérées par Donald Trump, mais ils ont accepté la structure hiérarchique de la société, notamment la division entre travail intellectuel et travail manuel, et finalement le règne de la technocratie. Leur règne. Si la droite défend le pouvoir de l’argent, la gauche défend celui des compétents à haut revenu. Et, même si la formule est usée jusqu’à la corde, la lutte des places a remplacé la lutte des classes.
La lutte contre les dominations et les discriminations est donc l’ultime déchet du réformisme. Il réclame l’accès de tous et toutes aux postes de pouvoir et aux marchandises, même les plus aliénantes. Ce féminisme de « marcheuse » n’invite pas les femmes ou les homos à changer la société, mais à y réussir. Reddition contre laquelle, à une autre époque, l’écoféministe Françoise d’Eaubonne, fondatrice du MLF et du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR), aurait répondu :
« Nous n’allons pas intégrer la société, nous allons la désintégrer  ! »
Voilà. C’est vite dit, mal dit – que d’autres fassent mieux.
Je ne doute pas que mon témoignage, griffonné à la hâte, ne laisse plein de trous et de maladresses susceptibles de servir à des ergotages et dénis comme j’en ai tant connus depuis dix ans, mais je m’en fous. Je me fous du « milieu radical » et de ses bubons. J’en suis sorti.
Heureusement, j’avais – j’ai – tous mes amis qui ne m’ont pas lâché durant ces années et avec qui je continue.
Face aux silences des lâches, que ceux qui sont capables d’un sursaut moral et intellectuel prennent leurs responsabilités.
A la bouillie intersectionnelle, opposons la critique concrète de la réalité concrète. Sans quoi la pensée s’évaporera, emportant dans son brouillard tout espoir d’émancipation pour tous et toutes.

Notes

Insultes, menaces et calomnies :
hors-sol@herbesfolles.org
Prénoms changés. N’oublions pas que ces rebelles sont traqués par la milice et la Gestapo. Je ne garderai donc que les signatures publiques. ↑
The Atlantic, 9 mars 2016. ↑
koudavbine.blogspot.com/2014/11/anarcouilles-7.html ↑
societedelinformation.wordpress.com ↑
Pour une critique émancipatrice de la PMA », L’An 02, 2014. ↑
« La PMA, un débat toujours en gestation chez les écolos », Reporterre, 24 sept. 2019. ↑
Millebabords.org, 23 décembre 2014. ↑
http://www.millebabords.org/spip.ph... 9 « Pour une critique… », op. cit. ↑
La Conjuration des ego, Syllepse, 2019. ↑
La Décroissance, ce journal que nous n’achèterons pas », Rebellyon, 27/7/19. Voir le compte Twitter d’Aude Vidal. ↑
Bâillonner les quartiers, Julien Talpin, à paraître en 2020. ↑
Quelle méthodologie pour la ”Consultation des musulmans”  ? », Libération, 4 oct. 2018. ↑
« L’islamiste Taous Hammouti porte plainte contre moi pour injure publique », Naëm Bestandji, naembestandji.fr, 23 sept. 2019. ↑
Contre Euralille, Antonio Delfini et Rafaël Snoriguzzi, 2019. ↑
Mensonge romantique et vérité romanesque, Grasset, 1961. ↑
Bleue comme une orange, Tomjo/PMO, 2019 ↑
revueperiode.net/pierre-bourdieu-luniversitaire-qui-se-revait-en-militant/ ↑
La lettre de l’INSHS, mars 2019. ↑
Combien de « Gilets jaunes » sont passés sur les ondes de Radio France comparativement aux « spécialistes des mouvement sociaux » et autres « sociologues des mobilisations »  ? À ce titre, Cyril Hanouna remplit sans doute une bien meilleure « mission de service public ». ↑
Lettre d’information de l’INSHS, mars 2019. ↑
Agone, 2018. ↑
Disabling professions, 1977. ↑

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