CA 348 mars 2025
jeudi 27 mars 2025, par
Alors que se profilent de nouvelles négociations sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, rappeler les idées et les faits qui ont favorisé la montée de la revendication kanak (1) peut aider à mieux apprécier les positions défendues aujourd’hui au sein du mouvement indépendantiste. Ses historiographes se focalisent souvent sur les « événements » de 1984-1988 pour saluer l’action de Jean-Marie Tjibaou : en signant les accords de Matignon en 1988, il a ramené la paix dans l’archipel et engagé officiellement le « processus de décolonisation » poursuivi avec l’accord de Nouméa en 1998… En réalité, ces accords promus par des gouvernements « socialistes » ont surtout visé à maintenir l’archipel sous le contrôle de l’Etat français. L’« indépendance kanak socialiste » recherchée lors des « événements » voulait à l’inverse rompre avec l’ordre établi, et s’inscrivait dans le sillage de Mai 68 et des luttes anti-impérialistes menées dans le monde au cours des décennies 60-70.
Entre 1968 et 1973, la Nouvelle-Calédonie connaît une période économique florissante – c’est le « boom du nickel ». Les richesses de son sous-sol (2) et sa position géostratégique dans le Pacifique-Sud incitent le général de Gaulle, au pouvoir en France, à resserrer son emprise sur le territoire (3). Par les « lois Billotte » du 3 janvier 1969, l’Etat français reprend aux institutions locales l’organisation administrative de l’archipel et la gestion de son activité minière. Puis il y favorise la venue massive de Wallisiens, de Polynésiens… ou encore de « métros » (Français-es de la métropole). De 1969 à 1976, il arrive ainsi sur le territoire entre 15 000 et 20 000 immigrant-e-s. Cette politique n’est pas uniquement due aux besoins en main-d’œuvre dans les mines ou le BTP, une circulaire du Premier ministre Messmer en fournira explicitement une autre raison en 1972 : « La présence française en Calédonie ne peut être menacée, sauf guerre mondiale, que par une revendication nationaliste des populations autochtones (…). L’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d’Outre-Mer (Réunion) devrait permettre d’éviter ce danger, en maintenant et en améliorant le rapport numérique des communautés. »
Dans les années 60, le monde a en effet vécu une seconde vague de décolonisation – notamment avec les guerres d’Algérie et du Vietnam – à laquelle s’est ajoutée une contestation estudiantine en divers pays. C’est ainsi que les premiers Kanak venu-e-s étudier en métropole dans un lycée ou une université (4) participent à Mai 68 – et, à leur retour au pays, décident de se révolter contre les inégalités sociales qui frappent en premier lieu les Kanak et contre le racisme des caldoches (Blancs calédoniens) à leur endroit. Il y a urgence à réagir : le peuple autochtone kanak n’est plus majoritaire sur sa terre.
Le groupe des Foulards rouges – composé de jeunes Kanak et non-Kanak, dont des pasteurs – est créé en 1969. Son nom renvoie à la grande insurrection kanak conduite en 1878 par le chef Ataï : Louise Michel aurait offert des morceaux de tissu rouge aux insurgés. Dans la veine de l’après-68, ce mouvement n’a pas de direction, mais Nidoïsh Naisseline en est la figure principale.
Ce fils d’un grand-chef gaulliste de Maré (une des îles Loyauté [5]) a été scolarisé en métropole. Il y a lu les œuvres de Frantz Fanon (voir l’encadré), qui circulent sous le manteau, celles d’Aimé Césaire et d’Albert Memmi ; et il a trouvé dans le mouvement de Mai la critique du modèle occidental, « une libération de la parole et de nouvelles utopies ». Les Foulards rouges veulent donner aux Kanak les moyens de défendre leur identité culturelle et de vivre au pays (6) selon leur coutume, dans une forme de « socialisme (7) » étrangère au capitalisme, en récupérant les terres dont ils ont été spolié-e-s.
L’aliénation culturelle kanak
Nidoïsh Naisseline a publié entre 1966 et 1970 trois articles : « Coutumes canaques et civilisation occidentale : face à face ? » dans le mensuel Trait d’union, créé en 1962 par des étudiants de Nouvelle-Calédonie séjournant en métropole ; « Aspects noirs du problème blanc », dans Canaque homme libre, et « Nouvelle-Calédonie », dans la Revue du christianisme social (1). Il y dénonce le creusement des inégalités entre Kanak et Européens et le racisme de ces derniers ; et il pointe l’obstination de très nombreux Kanak à ne pas voir cette réalité et à s’en accommoder. Ce faisant, il reprend sans la citer l’analyse de Frantz Fanon sur l’aliénation culturelle des Antilles en 1952.
En Nouvelle-Calédonie, constate Naisseline, les Européens admettent que les « indigènes » soient de grands footballeurs ou de géniaux danseurs de pilou, mais sans les reconnaître comme des êtres humains puisqu’ils leur dénient la capacité de penser, d’aimer, de choisir entre le bien et le mal. Quant aux Kanak qui viennent en France pour leurs études ou leur service militaire, ils y vantent la croissance de la production minière calédonienne, ou l’image paradisiaque de l’archipel fabriquée pour une consommation touristique, sans vouloir avouer qu’eux-mêmes vivent dans des endroits sordides et ne profitent en rien des richesses qui les entourent.
« A nous qui avons décidé de restaurer la personnalité mélanésienne, deux voies s’offrent : le dialogue ou la “révolte”, conclut Naisseline. (…) Nous devons combattre cette société qui favorise l’exploitation du travail humain et le racisme. »1. Voir l’étude qu’Eddy Banaré leur a consacrée : « Une pratique kanak de Fanon : Nidoïsh Naisseline et les Foulards rouges » (Francosphères, décembre 2017).
Le groupe se fait rapidement connaître par des actions dans Nouméa, mais aussi par la répression qui s’abat sur lui. Naisseline sera ainsi emprisonné à trois reprises entre 1969 et 1978, et défendu par Jean-Jacques de Felice, célèbre militant des droits de l’homme et anticolonialiste.
Tout au long de l’été 1969, les graffitis « A bas le colonialisme » ou « Calédonie libre » fleurissent sur les murs de Nouméa. Le défilé du 14-Juillet est perturbé par des militant-e-s semble-t-il liés soit au bulletin Trait d’union réalisé en métropole par des étudiant-e-s de Nouvelle-Calédonie, soit à Sikis (journal d’inspiration maoïste diffusé surtout à la Société Le Nickel, principale entreprise minière de Nouvelle-Calédonie). Le 2 septembre, des Foulards rouges distribuent à Nouméa des tracts en drehu et en nengone – alors que l’usage des langues kanak est interdit par un arrêté de 1863 encore en vigueur (8). Ces tracts dénoncent de plus le racisme dont a fait l’objet Fote Trolue, un Foulard rouge, dans un restaurant de la baie des Citrons – on a refusé de le servir. 13 personnes sont embarquées au commissariat. Plusieurs centaines de Kanak jettent des pierres et des bouteilles sur sa façade, puis sur des vitrines, des voitures… 30 nouvelles interpellations ont lieu – mais, peu après, des athlètes kanak de Maré en partance pour les Jeux du Pacifique attachent un foulard rouge à leur cou et lèvent le poing.
Cette agitation grandissante divise l’Union calédonienne (UC), qui dirige les institutions calédoniennes depuis sa fondation en 1953. Les Eglises protestante et catholique ont lancé ce parti multiculturel pour contrer le succès que remportait dans les tribus le Parti communiste calédonien, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en informant les Kanak sur leurs nouveaux droits – notamment leur accession à la citoyenneté et la fin de leur assujettissement aux travaux forcés et de leur relégation dans les réserves. L’UC recherche une autonomie du territoire élargie, alors que les « lois Billotte » viennent de restreindre les pouvoirs de son conseil de gouvernement et de son assemblée. Mais l’UC perd en 1970 son aile gauche (celle-ci opte pour l’indépendance), en 1971 son centre-droit… et en 1972 les élections territoriales : les loyalistes les emportent pour la première fois, et l’UC entre pour des années dans l’opposition.
Les Foulards rouges attirent surtout des jeunes originaires des îles Loyauté, mais en 1974 Elie Poigoune, le premier enseignant kanak, crée le Groupe 1878 (en référence toujours à l’insurrection) qui réunit des jeunes de la Grande Terre et revendique la restitution de toutes les terres volées aux Kanak par le système colonial.
Après quoi, le Palika (Parti de libération kanak) naît en mai 1976 de la fusion entre les Foulards rouges et le Groupe 1878 – la prison a resserré les liens entre leurs militant-e-s en même temps qu’elle les a « radicalisés ». Ce parti se réclame du socialisme scientifique et veut l’indépendance.
Les occupations de terres se multiplient durant l’été. Le 24 septembre, la première manifestation kanak contre le défilé militaire commémorant la prise de possession du territoire par la France, en 1853, est durement réprimée. Une vingtaine de jeunes prennent de la prison ferme. Mais, en 1977, l’UC se prononce à son tour pour l’indépendance lors de son congrès à Bourail, avec de nouveaux leaders : Jean-Marie Tjibaou, Pierre Declercq, Yeiwéné Yeiwéné (un postier ex-Foulards rouges), Eloi Machoro et François Burck (9).
Si Machoro, instituteur, plaît beaucoup à la jeunesse par son franc-parler et sa détermination, le clivage est assez marqué dans les milieux indépendantistes entre « gauchistes » (« violents » ou non) et modérés (légalistes ou non-violents). Ainsi, le Palika considère que « Melanesia 2000 », le premier festival des arts mélanésiens de Nouvelle-Calédonie (préparé et présidé par Tjibaou les 3-7 septembre 1975) a été une « prostitution » de la culture kanak, dans la mesure où ce projet était soutenu et subventionné par l’Etat. Et puis le Palika reproche aux responsables modérés de ne guère soutenir les militant-e-s en butte à la répression (10).
Le Palika est quant à lui critiqué notamment pour sa position sur la religion – « On disait qu’il fallait mettre un coup de pied là-dedans, arrêter de prier dans les églises et prendre en main notre combat », a raconté Poigoune (fils de pasteur comme d’autres indépendantistes).
En 1979, un Front indépendantiste (FI) rassemble néanmoins largement à l’occasion des territoriales – où le clivage se situe pour la première fois entre indépendantistes et loyalistes. Mais quand pour la présidentielle de 1981 le FI appelle à soutenir Mitterrand, le Palika, qui prône l’abstention, quitte la coalition.
Au début des années 80, Louis Kotra et Hnalaine Uregei (ex-Foulards rouges) fondent l’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités (USTKE), syndicat qui se déclare révolutionnaire et internationaliste. La répression policière et les agressions de loyalistes contre des indépendantistes augmentent durant cette période. Lorsque Pierre Declercq, secrétaire général de l’UC, est assassiné le 19 septembre 1981, les indépendantistes érigent des barrages un peu partout sur le territoire et manifestent pendant une semaine. La braderie commerciale des 7-9 novembre à Nouméa se termine par des émeutes – voitures brûlées, magasins pillés ou détériorés, une quinzaine de blessés et 88 interpellations. Etc.
Le 24 septembre 1984, le FI se dissout pour former avant les territoriales un Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). Le choix de ce nom reflète bien la période en affichant une lutte de libération nationale et à visée socialiste. La stratégie de boycott des institutions et des élections qu’adopte le FLNKS, dirigé par Tjibaou, incite le Palika à le rejoindre. Ce parti représente alors – avec l’USTKE sur le terrain social – le courant indépendantiste le plus radical et une des principales forces des comités de lutte de la Grande Terre. Cependant l’UC, qui domine toujours sur le plan électoral, va durcir son discours et ses actions. Le 18 novembre, Machoro (devenu son secrétaire général) fracasse une urne dans la mairie de Canala pour symboliser le refus des élections ; le 1er décembre, Tjibaou prend la tête d’un « gouvernement provisoire de Kanaky », avec Machoro comme ministre de la Sécurité… mais, le 12 janvier 1985, Machoro est tué par le GIGN.
On connaît la suite des « événements » – jusqu’au massacre d’Ouvéa, le 5 mai 1988, qui débouche sur les accords de Matignon.
La lourde répression et le rapport de force en défaveur des Kanak ont bien sûr incité les leaders indépendantistes à accepter ces accords. Mais l’argent de l’Etat français qui a coulé ensuite à flots pour financer les nouvelles institutions et infrastructures calédoniennes a largement contribué à l’« oubli » de l’« indépendance kanak socialiste » – d’autant que, la contre-révolution des décennies 80-90 sévissant à l’échelle planétaire, la propagande « libérale » œuvrait à enterrer partout l’idée de socialisme. Le Palika a ainsi adopté une attitude de plus en plus tempérée, jusqu’à apparaître aujourd’hui comme le parti le mieux disposé à transiger avec l’Etat français.
Que sont-ils et elles devenus ?
Nidoïsh Naisseline avait remplacé son père comme grand-chef à Maré à sa mort en 1973. Dès 1977, il avait été élu à l’Assemblée territoriale, et en 1981 il avait quitté le Palika pour se déclarer (avec son parti Libération kanak socialiste) en faveur d’une indépendance pluriethnique obtenue par la seule négociation. Il a ensuite appelé Kanak et Européens à « se découvrir, se comprendre, se respecter », et a célébré les valeurs d’accueil, d’échange et d’écoute identifiées comme kanak – le « socialisme mélanésien » de l’ex-prêtre Tjibaou n’était peut-être pas tellement différent. Naisseline a été signataire des accords de Matignon-Oudinot ; il a participé aux discussions sur l’accord de Nouméa, mais n’a pas voulu le signer du fait qu’aucune mesure d’accompagnement n’y était prévue pour « protéger les droits indigènes ». Sa carrière politique s’est déroulée dans la province des îles Loyauté et au Congrès calédonien jusqu’en 2014, où il s’est retiré pour raisons de santé.
Déwé Gorodey, fille de pasteur, poétesse et première romancière kanak, avait été emprisonnée au Camp-Est à plusieurs reprises dans les années 70. Elle a été membre du gouvernement territorial sous l’étiquette Palika sans discontinuer de 1999 à 2019, année où elle s’est également retirée pour raisons de santé.
Elie Poigoune avait été emprisonné et radié en 1980 de l’Education nationale pour avoir bloqué avec des élèves le lycée où il enseignait à Nouméa. C’était une action en solidarité envers Paul Néaoutyine, un camarade du Palika qui avait obtenu un poste dans ce lycée mais avait soudain été remplacé par un titulaire arrivant de métropole. Mitterrand élu à la présidence de la République, Poigoune et Néaoutyine ont été réintégrés dans l’Education nationale. Opposé à la lutte armée, Poigoune s’est senti « un peu responsable » des 70 morts liées aux « événements », et il a rejoint Tjibaou quand celui-ci a signé les accords de Matignon : « Pour moi ç’a a été un virage, a-t-il confié. J’ai arrêté de considérer les Européens comme des ennemis. J’ai compris que nous devions construire le pays avec eux. » Poigoune, qui a présidé la LDH calédonienne de 1998 à 2021, a voté en 2018 pour l’indépendance tout en disant que l’archipel avait « besoin d’un grand Etat démocratique, d’un grand frère comme la France pour l’accompagner » : « Des progrès extraordinaires ont été réalisés pour nous rendre notre dignité et pour le partage des richesses, des connaissances et des pouvoirs dans notre pays. [La France] s’est montrée bienveillante et a été très attentive à nos revendications. »
Paul Néaoutyine a abandonné l’enseignement pour devenir en 1985 le directeur de cabinet de Tjibaou quand celui-ci présidait la province Nord. Il a dirigé le FLNKS de 1990 à 1995, négocié l’accord de Nouméa avec Roch Wamytan (leader de l’UC). Il est maire de Poindimié depuis 1989, président de la province Nord depuis 1999. Dans L’Indépendance au présent (paru en 2005 chez Syllepse), il préconise un « partage de souveraineté avec la France, sur la voie de la pleine souveraineté ». Le 24 août 2024, il a produit un communiqué fustigeant des militant-e-s de la CCAT qui voulaient organiser à Poindimié une « journée morte » en hommage à un jeune tué à Thio le 15 août… et il a interpellé « les services compétents de l’Etat pour dégager les points de blocage annoncés ».
Les concepts d’« indépendance-association » ou d’« indépendance-partenariat » avec la France et celui de « Kanaky/Nouvelle-Calédonie » n’ont pas tardé à remplacer la sobre mais claire « indépendance de Kanaky ». Les accords de Matignon et de Nouméa ont permis de centrer la revendication kanak sur la défense d’une identité spécifique et sur la réduction des inégalités existant entre les « communautés calédoniennes ». Plus exactement, il s’est agi là de former des cadres kanak pour la fonction publique et l’encadrement des entreprises – d’abord avec le programme « 400 cadres » de 1989, puis avec le dispositif « Cadres avenir » de 2005. La « réparation du préjudice » (un registre assez religieux) commis par le colonialisme a ainsi favorisé la constitution d’une classe moyenne et de responsables politiques kanak intéressés au maintien du statu quo.
Le parcours de quelques figures passées des Foulards rouges et/ou du Groupe 1978 au Palika illustre bien cette dérive (voir l’encadré). Il montre que le piège institutionnel mis en place par l’Etat français a fonctionné. Mais la revendication d’une Kanaky indépendante n’est pas morte pour autant, et elle a resurgi à la mi-mai 2024 lorsque le gouvernement français a voulu imposer le « dégel » du corps électoral réservé aux scrutins sur l’autodétermination du territoire. Des émeutes ont éclaté parce que, depuis quatre décennies, la situation économique et sociale s’est détériorée pour la plupart des Kanak, en particulier les jeunes qui ont échoué dans l’agglomération de Nouméa – et la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) regroupant des militant-e-s qui mobilisaient contre le projet du gouvernement a été rendue responsable de ces émeutes.
Depuis, l’UC a perdu la direction du congrès calédonien, et le Palika celle du gouvernement qui en émanait ; et le fossé s’est creusé entre les tendances modérée et radicale du mouvement indépendantiste. Mais on range maintenant dans sa tendance modérée le Palika, qui s’est mis en retrait du FLNKS et ne conclut plus d’alliance avec l’UC. Et on range dans sa tendance radicale notamment l’UC, ainsi que l’USTKE et la CCAT ; ces formations ont été admises dans le FLNKS, et celui-ci a choisi pour président un militant de la CCAT emprisonné à Mulhouse, Christian Tein.
L’image du Palika est telle que les loyalistes de Générations NC ont jugé « naturel », le 12 janvier 2025, de lui proposer une alliance gouvernementale avec Le Rassemblement-Loyalistes. Cette offre empoisonnée, que le Palika a rejetée, était justifiée par sa « non-participation aux émeutes » et par sa « collaboration fructueuse » avec les élu-e-s de droite, dans le précédent gouvernement calédonien, pour élaborer avec le gouvernement français le « plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction du territoire » (11)…
A son 44e congrès des 25-26 janvier 2025, le FLNKS a quant à lui conditionné la reprise des négociations sur l’avenir du territoire à la tenue de réunions bilatérales avec l’Etat sur deux sujets : l’« accès de Kanaky à la pleine souveraineté » et les « prisonniers politiques » de la CCAT.
Vanina
Notes
1. Voir sur internet le compte rendu du livre Le Réveil kanak – La montée du nationalisme en Nouvelle-Calédonie (Madrépores-PUNC, 2013) fait par David Chappell.
2. En 1970, l’archipel fournit 20 % de la production mondiale de ce minerai.
3. Depuis 1966, il procède à des essais nucléaires en Polynésie française.
4. Pendant le régime de l’indigénat (1887-1946), l’éducation des Kanak a été assurée dans les réserves par des missionnaires protestants et catholiques. Et c’est seulement en 1962 que le premier Kanak a décroché le bac.
5. La Nouvelle-Calédonie est composée de la Grande Terre et de ces îles.
6. Au même moment, on trouve le « Volèm viure al pais » en métropole.
7. Ce socialisme ne s’inspire pas que du marxisme en vogue dans diverses versions, ou de l’anarchisme : on y trouve aussi l’influence du christianisme social porté par l’Eglise protestante.
8. Cet arrêté ne sera levé qu’en 1984. A la même époque, en métropole, on lutte pour la reconnaissance des langues « minoritaires » (corse, basque, breton…).
9. Les quatre premiers mourront assassinés au cours des années suivantes.
10. En 1988, le même constat sera fait concernant les militants qui tiennent des gendarmes en otages à Ouvéa.
11. Les loyalistes visaient cependant peut-être surtout à jeter de l’huile sur le feu dans le foyer indépendantiste.