vendredi 25 octobre 2024
Dans la journée du 23 octobre 2024, un huissier accompagné d’un serrurier a changé les serrures de trois chambres au foyer ADOMA 80 rue d’Aubervilliers Paris 19ème, celles de Issa KONATÉ, Mody DIAKITÉ, et Cheikhou COULIBALY.
ADOMA l’ancienne SONACOTRA, est la filiale foyers de CDC-HABITAT.
Trois titulaires expulsés, autant de personnes hébergées, à la rue. Ces fermetures continuent une campagne d’expulsions qui depuis deux ans affecte une vingtaine de chambres au foyer, soit 10 % de la population.
Quel est le grief d’Adoma contre ces résidents ? Le fait d’héberger un membre de la famille ou un proche dans sa chambre sans respecter les règles imposées par le règlement intérieur. Que dit ce règlement ? Que la personne hébergée doit être en règle, que le titulaire doit déclarer sa présence au gérant, doit verser 60€ par mois pour « frais d’hébergement » et ne doit pas dépasser 3 mois de présence, éventuellement renouvelable une fois.
Ces règles existent parce que les résidents de logements foyers ne sont pas des locataires, et sont soumis à une disposition à part du code de la construction et de l’habitat. Celui-ci permet un « sous-statut » avec un « sous-droit », héritier de l’histoire coloniale et stigmatisante de ces foyers.
Étant donné les dimensions de la crise du logement abordable dans la région parisienne (140 000 personnes sans domicile selon le SAMU social) l’hébergement solidaire est une pratique de survie pour de nombreux travailleurs migrants. Beaucoup de gens n’ont pas encore les revenus ou la stabilité administrative nécessaires pour chercher un logement.
Par ailleurs, Adoma préfère remplacer les travailleurs immigrés par des populations plus dociles. Les travailleurs immigrés ont un contrat de résidence pérenne et ont l’habitude de se structurer et de résister au gestionnaire quand quelque chose ne leur plaît pas. Ils ont un mode de vie solidaire et communautaire. D’où l’impression que l’application stricte de ce sous-statut prend des allures d’une campagne discriminatoire, ciblant une population bien précise. D’autant plus que les studios libérés par ces expulsions pour cause « d’hébergement illicite » sont souvent reloués à des couples, des familles mono-parentales, des groupes de plus d’une personne. Mais ces nouveaux publics ont l’avantage (du point de vue du gestionnaire) de signer des contrats d’une durée limitée à 2 ou à 3 ans. Et comme leur espoir est de sortir de la résidence au plus vite pour entrer dans le logement de droit commun, ils ont tendance à faire profil bas, rester isolés, muets et peu résistants.
Nous dénonçons cette politique que l’on pourrait qualifier de néo-coloniale. Nous estimons que la fonction du gestionnaire est de chercher avec les autorités locales des solutions à l’amiable pour des hébergés qui peuvent demander un logement. Nous demandons à la mairie de Paris et à la mairie du 19ème arrondissement d’intervenir pour permettre aux personnes expulsées de trouver un logement digne qui donne la possibilité aux travailleurs immigrés de continuer à vivre, faire leur travail et de se reposer de manière digne.
Nous rappelons qu’il faut un CHANGEMENT DE LA LOI, la reconnaissance du statut de locataire aux habitants des logements foyers, notamment des résidences sociales. Nous organisons une séance de formation-discussion ce samedi 26 octobre à 11h dans les locaux du DAL pour discuter de ces questions.
Le 24 octobre 2024 Copaf : copaf@copaf.ouvaton.org 06 87 61 29 77 ou 06 75 01 30 49
S/c Fédé DAL, 29 avenue Ledru Rollin, 75012 Paris
Voir en ligne : COPAF Collectif pour l’avenir des foyers