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Edito 215 Décembre 2011

jeudi 22 décembre 2011, par Courant Alternatif


A l’heure où nous bouclons, que sont devenues les fleurs écloses du printemps arabe ?
Certaines ne se sont jamais épanouies (pas encore ?) comme en Syrie ou au Barheïn. D’autres ont donné des fruits amers. En Libye, quoi
qu’on en ait dit, pas de révolution, mais une guerre civile. Celle-ci a pris fin, le dictateur a été abattu, mais au prix du sang.
En Egypte la tête est tombée, mais c’était pour préserver le corps : l’armée. Celle-ci
dans un premier temps a connu un relent
de sympathie. Mais depuis sa cote est en
baisse car il y a eu la mort de 25 manifes-
tants coptes comme la présentation des
22 « principes supraconstitutionnels » qui
sont censés ériger le Conseil militaire en
« protecteur de la légitimité constitution-
nelle de la nation ». La contestation gronde
de nouveau sur la place Tahir. En Tunisie,
comme toujours, ce qui est sorti des urnes
est bien différent de ce que laissait présa-
ger ceux qui ont tenu la rue pour chasser
le dictateur. La victoire du parti islamiste
Ennharda avec environ 37 % des suffrages
exprimés n’est pas du qu’au fait de la mul-
tiplication des listes qui s’est traduite par
27 formations représentées à l’assemblée,
dont 16 avec un seul siège, et 20 % des voix
sans représentation. Elle est due avant
tout, comme nous l’expliquons (p. 32) à la
revanche des régions et des populations
marginalisées, moins par adhésion idéolo-
gique que pour exprimer leur attentes so-
ciales et en matière de justice et de liberté.

Dans le même temps, l’agitation conti-
nue dans d’autres pays. En Grèce les mo-
bilisations continuent contre les plans de
rigueur imposés par l’Europe et les ban-
quiers. Aux Etats-Unis, le mouvement a
pris une importance inattendue. En Es-
pagne, le mouvement des Indignés est tou-
jours bien présent, et essaye d’approfondir
sa réflexion tout en s’élargissant à d’autres
secteurs. Des assemblées de travailleurs se
sont notamment constituées, parfois à la
suite d’une lutte (voir p.17). Sans rentrer
dans des comparaisons abstraites, il est
intéressant de nourrir la réflexion avec les
expériences des mouvements passés ou ré-
cents, qui malgré les différences de lieu et
de contexte apportent toujours un éclairage
bienvenu. L’Argentine et le mouvement des
piqueteros du début du XXIe siècle reste
une référence d’actualité, et nous avons
trouvé pertinent de revenir sur ces luttes
qui au final ont quand même fait tomber
cinq présidents (voir p. 22).

En France, la mascarade électorale oc-
cupe évidemment le devant de la scène. La
nouveauté cette fois-ci est dans la médiati-
sation très forte d’un « faux débat » sur le
nucléaire. En dernière analyse, aucun parti
ne peut être considéré comme anti-nu-
cléaire, puisque aucun ne cherche un arrêt
total et immédiat de l’industrie nucléaire et
de ses ravages. Il ne suffit pas en effet
d’éteindre les réacteurs, mais aussi d’en
finir avec l’enrichissement de l’uranium et
les industries de fabrication et de retraite-
ment du combustible qui rejettent bien
plus de radioactivité que les centrales elles-
mêmes. Au mieux, les Verts nous promet-
tent une légère diminution de la production
d’électricité nucléaire, en programmant
l’arrêt des centrales les plus usées et les
plus polluantes (ce qui devrait relever du
simple bon sens !). Mais on sait bien que
ces belles intentions, aussi minimalistes
soient-elles, restent solubles dans les eaux
troubles du marchandage politicien. C’est
effectivement ce qui est en train de se pas-
ser, comme à chaque échéance électorale
(voir p.14).

Or on ne pourra « sortir » réellement du
nucléaire, qu’à la seule condition d’un
mouvement social fort et porteur d’une cri-
tique profonde de la société capitaliste.
Hélas l’époque des larges mobilisations
semble révolue dans ce domaine, comme
dans bien d’autres. De la même façon, la
critique radicale de la psychiatrie a connu
son heure de gloire dans les années 70,
puis a fini par disparaître presque entière-
ment. En plus, la situation se dégrade for-
tement dans les hôpitaux psychiatriques.
Même si des oppositions existent, une cri-
tique plus radicale tarde à revenir (voir
p. 4).

OCL Lyon, le 20.11.2011

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