Accueil > Courant Alternatif > *LE MENSUEL : anciens numéros* > Courant Alternatif 2023 > 328 mars 2023 > Insubordination salariale 328

CA 328 mars 2023

Insubordination salariale 328

jeudi 23 mars 2023, par Courant Alternatif


L’essentiel de l’actualité des luttes de salarié.es en France est rythmé par la lutte contre la contre-réforme des retraites BORNE-MACRON. Évidemment les journées d’actions et de manifs hebdomadaires ne suffiront pas. Si comme en 2019-2020, le mouvement social multiplie les initiatives locales (retraites aux flambeaux, rassemblement devant les permanences de députés, relance des caisse de grève, AG interpro etc.), la question est maintenant de monter le rapport de force de plusieurs crans. Certains appels dans les transports, dans l’Éducation, l’Énergie, laissent espérer que le durcissement du discours de l’intersyndicale se traduira non seulement par un arrêt du pays, mais par le blocage de secteurs stratégiques pour le capitalisme et une généralisation de la grève reconductible. Nous y verrons plus clair à partir des 7 et 8 mars.
On peut relever quelques raisons d’espérer. Si les médias parisiens sont toujours à la recherche d’une baisse de la mobilisation dans les manifestations, ce déni du réel ne semble pas affecter les grévistes. On peut aussi remarquer les très fortes manifestations en régions, ce qui laisse entrevoir des capacités de luttes sur tout le territoire et non une lutte par procuration.
Il faut se préparer aussi à un contrôle social et une répression à la hauteur de la lutte. Les camarades qui animent le site LA MOUETTE ENRAGEE(1), nous font part de la collusion entre les patrons et la police. Rien de surprenant certes, mais l’occasion de politiser, de poser le débat sur le rôle de la police, au-delà de l’entre-soi radical.
Les réunions concernant les contre-réformes des retraites font apparaître des questionnements porteurs d’espoir. L’inégalité salariale femmes/hommes est aujourd’hui plus largement visibilisée. La question des salaires (via le financement via les cotisations sociales (2)) resurgit encore. L’injustice et le manque à gagner pour les comptes de la Sécu sont mieux ancrés dans les esprits. Reste à aborder frontalement la question de la répartition des richesses…
Et puis celles/ceux qui pronostiquaient un désintérêt des jeunes salariés (déjà frappés par la réforme Touraine Hollande) en sont pour leurs frais. Le débat sur la pénibilité fait resurgir la souffrance au travail liée aux diktats des managers et à la perte de sens du boulot (liée aussi à la perte des moyens de faire son boulot correctement). Pour beaucoup le travail est une galère. Repousser de 2 ans l’âge de départ à la retraite (retraite vécue comme une libération) est insupportable. S’il est difficile de savoir ce sur quoi déboucheront ces débats, ils sont potentiellement très politiques en termes de conscience de classe.

(1) https://lamouetteenragee.noblogs.or...
(2) On lira avantageusement le livre de B. Friot « PRENONS LE POUVOIR SUR NOS RETRAITES ».

*** HEXAGONE

Les travailleurs sans papiers

On relira l’interview parue dans le dernier CA, ainsi que l’article concernant la grève de 2019 (1) sur le site de l’OCL. Les camarades multiplient les présences tant dans les manifs pour les retraites, que les rassemblements devant l’Inspection du travail. Dans le 94, ils sont (avec Solidaires 94) à l’origine de la relance de 2 dynamiques unitaires (« Bouge ta préf » et lutte contre la future loi Darmanin).

Toupargel les salariés sacrifiés

La société Grand Frais/Toupargel/Place du marché vient d’être liquidée par son actionnaire principal les frères Bahadourian.
Les salariées se battent pour obtenir des indemnités extra-légales de Bahadourian et de l’État. Pour le moment, rien ne bouge et les salariés occupent les sites (en bloquant le départ des marchandises) : Chalon-sur-Saône, Argentan et encore un autre. Elles et ils ont manifesté devant plusieurs magasins/galeries marchandes où Place du marché/grand Frais est implantée. L’idée de vendre directement leurs produits est dans l’air. A nous de les aider.

De l’argent, il y en a dans les caisses du patronat

400 millions d’euros de dividendes chez Décathlon ! Les salariés ont débrayé dans plusieurs magasins pour demander une hausse de salaires. De leur côté les salariés de la banque LCL ont fait grève pour des augmentations de salaires et une amélioration des conditions de travail. La banque devrait avoir des résultats d’entreprise autour du milliard d’euros en 2022. Oxfam a publié un rapport qui montre qu’en 2020, les 1% les plus riches ont capté les 2 tiers des richesses produites dans le monde.

Des luttes il y en a, même quand les médias n’en parlent pas

Grève reconductible chez Grid Solutions (filiale de General Electric) sur le site de Villeurbanne (2).

3 militants CGT sont en cours de licenciement (site de Le Trait et de Montpellier) suite au mouvement social sur un laboratoire de Sanofi. 6 % de licenciements prévus chez Spotify sous la pression des actionnaires.

Pour des augmentations de salaires, grève sur le réseau de bus TAC d’Ardenne Métropole.

Victoire chez Faurecia (équipementier auto dans les Vosges). Après 5 jours de grève, les salariés ont obtenu 6% de hausse de salaires.

Mobilisation des infirmières et des auxiliaires de puériculture au service de néonatalogie de l’Hôpital Delafontaine à Saint Denis. Le manque d’effectifs reste criant. Début février, les professionnels de la petite enfance se sont mobilisés pour une revalorisation des salaires, l’amélioration des conditions de travail et l’abrogation de la réforme de la petite enfance.

Jeudi 2 février, Sud Santé Sociaux et la CGT organisaient une manifestation des salariés du secteur médico-social à Paris, pour exiger de meilleures conditions de travail. Dans leur ligne de mire : le destin de la future convention collective du secteur et la prime Ségur. Les 25 et 26 mars, la rencontre nationale du travail social en lutte aura lieu à Lille.

Grève reconductible chez Vedif en Ile de France. Veolia Eau d’Île-de-France (Vedif) est le délégataire du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF) en charge du service public de l’eau potable pour le compte de 150 communes, soit 4,7 millions d’habitants. Vedif a réalisé 23 millions d’€ de bénéfices en 2022. Les salariés ont eu le droit à 1,8% d’augmentation… Ils réclament des augmentations et primes.

*** INTERNATIONALE

Tunisie : grève contre le pouvoir et le FMI

Grève pour les salaires et les conditions de travail. Mais aussi contre les projets de privatisations. Contreparties exigées par le FMI (Fond Monétaire International : bras armé du capitalisme mondialisé). Cession d’entreprises publiques, levée graduelle des subventions sur les produits de première nécessité, baisse de la masse salariale dans la fonction publique. Cela s’ajouterait à une inflation galopante : alimentation, carburant, médicaments (+88 % pour le blé dur, + 125% pour les huiles végétales, + 99% pour le sucre). La réponse de l’État Tunisien ne s’est pas fait attendre : le secrétaire général de la centrale syndicale UGTT, Anis Kaabi, a été arrêté.

Allemagne : des grèves historiques pour les salaires

Les profits de Deutsche Post DHL Group se sont accrus de 2 milliards d’€ en 2022. L’inflation tourne à 10%. Les salariés du privé comme du public qui bossent dans ce secteur réclament 15% d’augmentation pour les postiers. Le mouvement s’étend à l’ensemble des fonctionnaires qui revendiquent 10,5%. En plus de l’inflation, le ras le bol de la précarité et du travail de nuit sont les moteurs d’un mouvement plutôt nouveau en Allemagne.

Royaume Uni : la lutte continue

Postiers, cheminots, infirmières, fonctionnaires, profs. La colère sociale reste vive. Reste à coordonner ce mouvement social, sans attendre les consignes d’en haut (3) …
On notera aussi le débrayage de centaines d’employés d’Amazon UK pour obtenir de meilleurs salaires.

Zimbabwe : les infirmières en lutte

Depuis des mois les infirmières se battent pour leurs salaires et leurs conditions de travail. Le président Emmerson Mnangagwa vient de signer un décret interdisant les manifestations organisées par les travailleurs de la Santé. Les travailleuses de la Santé réclament un salaire vital de 500€.

Un million de manifestants à Madrid pour défendre le système de santé public

Un million de personnes ont défilé, dimanche 12 février, à Madrid pour la défense du système de santé public de la région, miné depuis des mois par le manque d’effectifs et de moyens, selon les organisateurs du défilé. La préfecture en a, quant à elle, dénombré 250 000.
Les manifestants, parmi lesquels figuraient de nombreux membres du personnel soignant, se sont retrouvés dans différents quartiers de la capitale espagnole, avant de converger vers la mairie derrière des banderoles proclamant « La santé ne se vend pas, elle se défend ».
La manifestation, organisée par des collectifs d’habitants, est la troisième de grande ampleur depuis trois mois dans la capitale espagnole, après celles du 15 janvier et du 13 novembre, qui avait rassemblé 200 000 personnes, selon la préfecture.
Elle coïncide avec une grève entamée le 21 novembre dans les hôpitaux de la capitale à l’appel du principal syndicat de médecins de Madrid (Amyts) pour réclamer de meilleures conditions de travail et des augmentations de salaire.

Insubordinationsalariale@protonmail.com
16 février 2023

Notes :
(1) 2019 La victoire des travailleurs sans-papiers de Chronopost sur le site de l’OCL.
(2) Cagnotte sur cotizup
(3) Cf CA février 2023.

Sources, en plus des organisations citées dans le texte :
rapportsdeforce.fr ; laboursolidarity.org ; revolutionproletarienne.wordpress.com ;
facebook.com/luttesinvisibles ; Humanité ; Le Monde.

Répondre à cet article


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette