CA 340 mai 2024
Billet d’humeur sur une lutte de territoire
jeudi 16 mai 2024, par
Cet article a été écrit début février 2024, par un adhérent de Stopmines03, pour le site livresdhenri.lautre.net et relayé sur le facebook de l’association, suite à l’annonce de 2 autres sites du projet EMILI (Exploitation de MIca Lithinifère par Imérys). Le collectif ayant décidé de participer à la CNDP (Commission Nationale du Débat Public). L’intérêt de cet article a été de souligner les contradictions d’un soi-disant débat public, alors que les décisions étaient déjà prises. A Moulins, à la première journée de la CNDP, les prises de parole du collectif ont été orientées vers ces questionnements, fortifiées par l’absence de réponses de la part de la société Imérys sur toutes les interrogations soulevées, alors que même l’étude de préfaisabilité n’a pas débuté. Ce fut un débat public dans un vide sidéral, où les experts d’Imérys étaient décontenancés, sous l’œil bienveillant des médias, surpris par une opposition, qui, selon la préfète, n’existait pas dans son département. (Pour en savoir plus sur le projet voir CA n°326 de janvier 2023).
Nous avons découvert, pour les uns sur France 3 Auvergne Rhône Alpes et pour les autres par un article de La Montagne, la divulgation des sites devant recevoir la trilogie du désastre écologique à venir : l’usine de concassage sur le site d’Echassières devant recevoir la mine souterraine, des canalisations sur 15 kms jusqu’au lieu-dit de « La Fontchambert » entre Saint-Bonnet-de-Rochefort et Naves, pour la partie chargement ferroviaire ; une usine de raffinage du lithium à Saint Victor au lieu-dit « La Loue ». Nous apprenons également que des pourparlers, en catimini, se sont tenus durant des mois entre les acolytes du projet - la préfète de l’Allier, les élus locaux des communes concernées et la société exploitante Imérys - alors que l’enquête publique en est à ses balbutiements (1).
Vous avez dit « démocratie », encore faut-il se mettre d’accord sur le terme. Est-ce l’élection de nos représentants qui pendant leurs mandats auront les coudées franches, lors de leurs prises de décisions ? Nous ne le pensons pas ! Comme nous le montre l’introduction, quand des décisions sont prises dans les salons feutrés des ministères, comme disait ma grand-mère, quand c’est en catimini, c’est qu’il y a un loup ! Mais revenons à la « démocratie », celle qui nous préoccupe, la républicaine, vous savez celle issue de la révolution de 1789, où le bon « peuple » a rejeté par les armes la monarchie pour la remplacer par une bourgeoisie mercantile, des villes et des campagnes. Où la liberté et l’égalité côtoyaient la propriété privée, tel qu’inscrit dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Mais comment ce bon « peuple » a-t-il pu acquiescer à cette ineptie qu’est la propriété privée, lui qui ne possédait rien ? Si ce n’est que peut-être un jour, il aurait accès à un bien. Mais depuis cette bourgeoisie a pris de l’assurance, avec l’accroissement de son capital, où la justice, la police et l’armée lui sont dévoués et maintiennent cette « démocratie », ou les valeurs républicaines.
Notre « démocratie » représentative découle directement de la Révolution de 1789. La délégation de pouvoir est notre désillusion. Le fait de donner à d’autres les clés de notre avenir, ne peut nous amener que des déboires. L’exemple criant de la grogne agricole nous montre que lorsque les agriculteurs suivent les directives de la FNSEA/JA (Fédération Nationale des Syndicats des Exploitants Agricoles/Jeunes Agriculteurs), ils sont traités avec bienveillance par l’État représentant de la bourgeoisie des villes et des campagnes, mais quand la CR (Coordination Rurale) a l’outrecuidance de vouloir stopper le flux de marchandises (donc des profits) de Rungis, ses militants finissent en garde à vue, ou quand la conf’ (Confédération paysanne) poursuit les blocages, ses militants en sont délogés avec forces gendarmesques.
Quant à nos chers élus, ils prennent des décisions en loucedé pour ne pas obliger leurs électeurs. Par exemple celles de recevoir sur leur commune, une usine, un quai de chargement ou une mine, qui engagera pour des décennies le futur environnemental, et les minots gambaderont dans les poussières de lithium et autres métaux lourds. C’est le cas de « Montmins » à « La Bosse » commune d’Echassières qui après l’exploitation du tungstène, de l’arsenic, du plomb, pollue encore aujourd’hui les lieux. Alors vous avez dit « démocratie », celle où vous votez et regardez ailleurs, ou celle qui implique que nous prenions ensemble les décisions qui définirons la vie que nous voulons ?
La CNDP (Commission Nationale du Débat Public), serait une entité indépendante, comme indiqué sur son site internet. Il est donc étonnant d’apprendre par voie de presse (2), lors d’un entretien avec la préfète de l’Allier dans le journal La Montagne, que plusieurs réunions publiques sont prévues entre mars et mi-juillet 2024. Mais la CNDP n’a, pour l’instant, procédé qu’à un questionnaire, prélude à son enquête publique, comme le montre son site internet dévolu à la mine de lithium d’Echassières. Nous apprenons par ailleurs, que l’usine de raffinage à Saint Victor, va recevoir en plus des minerais d’Echassières, ceux de Montrebas situés dans le département de la Creuse. Imérys y exploite une carrière qui serait un autre lieu d’extraction de lithium. (3)
Que devons-nous comprendre par « démocratie » participative, alors que les décisions sont prises au plus haut sommet de l’État ? Ce qui est inscrit en filigrane dans cette participation, c’est tout d’abord l’acceptation du projet dans son ensemble. Ce qui nous est demandé, c’est de pinailler sur certains aspects du projet, où les experts prendront le relais pour dire au final que, n’étant pas expert, nous n’avons rien compris. Alors « démocraties » représentative et participative répondent au même objectif, nous enfumer ! L’État, bras armé et branche politique de la bourgeoisie, détentrice du capital et des moyens de production, ne fera que ce qu’il a décidé. Notre seule porte de sortie est le rapport de force. Sans être des experts, nous produisons tout le nécessaire à la vie en société, faisons société et, collectivement, décidons des projets indispensables pour que notre vie soit partagée par le plus grand nombre, dans une vision d’égalité et de liberté, loin des superprofits des castes dirigeantes.
Degas le 1er février 2024
PS : Dernière minute : un groupe de travail CGT 03 s’est constitué pour une participation au débat public qui s’annonce (4).
Notes :
1.https://www.lamontagne.fr/vichy-032...
2. https://www.facebook.com/photo?fbid...
3.https://www.facebook.com/isqaah
4.http://www.radiormb.com/podcasts/in...