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CA 341 juin 2024

Sous-traitance maltraitante,
logistiques et SCOP :
chroniques de la lutte des classes

dimanche 30 juin 2024, par Courant Alternatif


QUAND LA SOUS-TRAITANCE RIME AVEC MALTRAITANCE DES SALARIES ET DES ENFANTS
Dans les Deux-Sèvres, les comptes des quatre chauffeurs de la société Expotrans, chargés du transport scolaire de neuf enfants en situation de handicap, sont dans le rouge. Ils ne sont pas payés depuis le 10 mars. Sans réponse de leur entreprise depuis trois semaines, "ni au téléphone, ni par mail", ils ont décidé d’exercer leur droit de retrait à partir du 29 avril. Conséquence : le département des Deux-Sèvres, qui paie l’entreprise pour ce service, va devoir trouver une solution pour les jeunes élèves en situation de handicap concernés.
Les salariées sont confrontés à d’autres problèmes depuis qu’Expotrans travaille pour le département des Deux-Sèvres. Les remboursements arrivent en retard. La mutuelle de l’entreprise ne fonctionne même pas. Les salariés réceptionnent la voiture sans rencontrer personne en récupérant les clés dans la boîte aux lettres. Il n’y a pas de rehausseurs dans la voiture prévue pour transporter des enfants. Une situation confirmée par des parents d’enfants.
Cette situation laisse des familles dans l’angoisse de savoir si elles peuvent emmener leurs enfants à l’école. Alors que justement ce dispositif permet aux enfants d’être scolarisés, sans par exemple devoir aller à la garderie, ce qui leur ferait de trop grosses journées.
Contacté, le département des Deux-Sèvres précise avoir été "alerté la semaine dernière par des conducteurs qui rencontraient des problèmes de paiement de salaire. La collectivité a contacté, sans aucune réponse de leur part à ce jour." Il précise également chercher "activement toutes les solutions possibles", pour pouvoir transport dès lundi, "en particulier le recours à un autre prestataire".
Sollicitée à plusieurs reprises, l’entreprise Expotrans n’a pas répondu aux demandes des journalistes. D’autres salariés de la même entreprise sont confrontés aux mêmes soucis dans d’autres départements. En Mayenne, des salariés de la même entreprise, pas payés non plus, ont décidé de prendre une avocate et espèrent faire condamner l’entreprise devant les prud’hommes. (France Bleu)

GUADELOUPE
Mobilisation de quatre organisations syndicales de France Travail. Elles dénoncent les difficultés d’accompagnement des demandeurs d’emploi, depuis la fermeture pour travaux de deux agences depuis plus de deux mois, ainsi que le manque d’effectif.

Plus de 50% des stations-service de l’archipel étaient bloquées par les grévistes le 2 mai, selon le secrétaire général du Syndicat des Travailleurs des Produits Pétroliers de Guadeloupe.
La plateforme de revendications du syndicat STPPG compte neuf points. Elle porte essentiellement sur les conditions de travail et de rémunération : une augmentation de salaire de 6%, du montant des tickets-restaurants (passage à 9€), de la prime d’ancienneté (celle-ci est pour l’heure figée), de la prime de transport de 10€, la mise en place d’un fond pour les retraites, une révision de la convention collective, l’arrêt du recours à des autoentrepreneurs, sécurisation des pompistes (par des ralentisseurs par exemple) et, afin d’éviter les braquages et les erreurs de caisse, la mise en place de coffres compulsifs.

MARSEILLE
La grève durait depuis le 30 avril dans les 4e et 5e arrondissements de Marseille, avant que des éboueurs d’autres secteurs (6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 12e et 13e arrondissements) ne rejoignent le mouvement. La CGT, à l’origine du mouvement, dénonce la réorganisation de la collecte, avec moins de tournées, réalisées en journée et non plus de nuit, ce qui, selon le syndicat, dégrade les conditions de travail des agents.
Réponse : moins de trois jours avant l’arrivée de la flamme olympique à Marseille et des festivités prévues à cette occasion : la Métropole Aix-Marseille-Provence a demandé au préfet de réquisitionner les agents de la collecte des ordures en grève...

LOGISTIQUE
Les salariés français du géant américain du transport XPO Logistics sont en colère. Depuis le 6 mai, l’intersyndicale avait lancé une grève nationale illimitée avec les revendications suivantes : augmentation des taux horaires, amélioration des garanties mutuelle, mise en place d’un 13ème mois, une prime de 1.000 euros et des meilleures conditions de travail. L’ensemble de ces doléances étaient à ce jour restées lettres mortes auprès de la direction.
Alors que XPO Logistics a lui-même annoncé une augmentation de 6 % du chiffre d’affaires à 2 milliards de dollars pour le premier trimestre de cette année, la réponse de la direction transmise aux délégués syndicaux le 14 mai se limite à.… une prime de 300 € brut pour un an par employé, soit 25 € net par mois...
Les représentants des syndicats se réservent le droit de programmer de nouvelles actions plus fortes lors d’événements internationaux dans lesquels le transporteur est impliqué, comme le Tour de France ou les Jeux Olympiques.

TOULOUSE
La plateforme Aldi Toulouse, qui livre les 83 magasins de la région, a été bloquée la semaine du 29 avril au 3 mai, à Saint Sulpice-la-Pointe, dans le Tarn. Une centaine des 130 employés étaient en grève pour défendre leurs conditions de travail et leurs salaires. Durant cette semaine, 160 camions n’ont pas pu livrer la plateforme. Sans compter tous les camions qui n’ont pu sortir du site.
Un mouvement soutenu par la Confédération paysanne : elle dénonce cette chaine de magasins qui exploite les salariés, mais aussi ses producteurs.
L’intersyndicale nationale réfléchit à un mouvement de grève.

DÉLOCALISATIONS
L’équipementier MA France, dernière usine automobile de Seine-Saint-Denis, employant 280 personnes à Aulnay-sous-Bois, vit ses dernières heures après la décision, le 13 mai, du tribunal de commerce de Bobigny, de placer le sous-traitant du géant de l’automobile Stellantis en liquidation judiciaire. Les activités de l’entreprise ne sont pas maintenues en attendant sa liquidation par des mandataires.

Un choc pour ces ouvriers, nombreux à avoir été embauchés dès le lancement de MA France à Aulnay au début des années 2000 : jetés à la porte comme des malpropres, sans négocier leurs droits, sans prime., sans même le temps de se retourner pour chercher un autre emploi ! En réponse, les ouvriers ont fait un mois de grève.

Alors que 180 patrons étrangers étaient réunis le 13 mai à Versailles pour célébrer l’attractivité de la France, les suppressions de postes s’enchaînent dans l’automobile. Le géant Forvia (sièges, phares) a annoncé en février un plan de réduction de ses effectifs en Europe pouvant toucher jusqu’à 10 000 personnes d’ici à 2028. De grands équipementiers allemands, comme le N°1 mondial Bosch, ZF et Continental, ou français, comme Michelin, ont aussi annoncé ou envisagé des délocalisations, suppressions de postes et fermetures de sites.
En France, la verrerie centenaire Holophane, qui produisait des verres de phares de voiture, a été liquidée en 2023, avec 250 salariés sur le carreau. L’équipementier Magneti Marelli a fermé son site de 167 salariés à Argentan (Orne)…

SCOP EN VUE
Des salariés de l’imprimerie Morassuti à Saint - Etienne ont décidé de créer une SCOP afin de sauver les emplois dans leur entreprise en liquidation judiciaire. Afin d’y parvenir, ils ont lancé une cagnotte pour récolter 50 000 euros.
"On a des machines super, à la pointe, ce serait dommage que tout s’arrête !" Tout pourrait s’arrêter car l’entreprise Morassuti est en liquidation judiciaire depuis le mois de février, suite à une dette trop importante à régler.
Pour le moment ils sont 14 salariés à pouvoir et vouloir investir financièrement dans le projet. Le budget total nécessaire est de 500 000 euros, dont environ 50 000 euros de capital social apportés par les salariés. "Plus on sera nombreux dans le projet et moins chacun aura à mettre de l’argent, mais c’est pour ça qu’on a lancé une cagnotte en ligne, pour nous aider".
Le lien de la cagnotte est : https://www.ascop42.org

En attente d’un repreneur, des salariés du site à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) du groupe sidérurgique Ascometal, placé en redressement judiciaire, et dont le Suisse Swiss Steel veut se défaire, ont déposé le 25 avril leur propre projet de reprise.
Le projet nécessiterait un financement à hauteur de 150 millions d’euros, qui devrait être apporté par l’État et la Banque publique d’investissement (BPI).
Cette reprise donnerait lieu à une gouvernance partagée transitoire, incluant des représentants des salariés ainsi que le préfet de région, le maire de Fos-sur-Mer et un député de la circonscription.

BON ANNIVERSAIRE SCOP-TI1336 !!!
Ils avaient mené 1336 jours de lutte pour le maintien de leur outil de production face au géant Unilever. En mai 2014, les ex-salariés Fralib de l’usine de thé de Gémenos à l’est de Marseille se sont regroupés en coopérative. Samedi 18 mai, ils ont fêté les 10 ans de la reprise de leur entreprise.
Mai 2014-mai 2024, pari réussi. 10 ans après la création de Scop-Ti avec 34 salariés coopérateurs, ils ont réussi un pari complétement fou à l’époque, celui de défier un géant international de l’agroalimentaire. Unilever avait décidé de se séparer de cette unité de production de Gémenos à l’est de Marseille. Le combat des salariés avec l’occupation de leur usine avait alors défrayé la chronique. Ils étaient et sont toujours devenus un symbole des luttes pour l’emploi.
Aujourd’hui, ils sont propriétaires de leur outil de production. Le terrain et les locaux appartiennent à un groupe mutualiste. Ils produisent 120.000 boites de thé et d’infusion par semaine. La grande majorité de leur production (85%) est en "marque blanche" , c’est à dire destinée aux marques distributeurs. Economiquement, l’entreprise a bien grandi. L’objectif est maintenant de développer au maximum leur propre marque "1336", avec une augmentation sensible des points de vente. L’autogestion ce n’est pas simple, mais ça marche !

RADIO FRANCE
Un appel à la grève a été lancé par l’intersyndicale de Radio France "pour la défense de la liberté d’expression".
Une communication notamment en soutien à l’humoriste Guillaume Meurice, suspendu par la direction pendant deux semaines. Le chroniqueur, avait été sanctionné après avoir réitéré ses propos polémiques sur le Premier ministre israélien le 2 mai 2024.
Cette polémique s’entrechoque avec le projet de réforme de l’audiovisuel public du gouvernement, examiné à partir du 14 mai en commission à l’Assemblée nationale. Il prévoit un rapprochement en deux temps de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (RFI, France 24) et l’Institut national de l’audiovisuel (INA) : d’abord une holding chapeautant ces entreprises à partir du 1er janvier 2025, puis une fusion au 1er janvier 2026. Il est également contesté par les syndicats de France Télévisions et Radio France.

CONTRE LES PLATEFORMES DE STREAMING
Sept mille artistes ont signé une lettre ouverte pour réclamer une meilleure rémunération sur les plateformes de streaming. Cette lettre ouverte, lancée à l’initiative de l’Adami (Administration des Droits des Artistes et Musiciens Interprètes) , réclame que les artistes soient "rémunérés proportionnellement au succès de l’œuvre à laquelle ils collaborent".
La présidente de l’Adami estime qu’une grève est envisageable, à l’image de celle lancée par les Américains, ou une assignation en justice, comme ont fait les acteurs italiens.

EN ITALIE AUSSI
Les journalistes de la radio-télévision publique italienne RAI ont entamé le 6 mai une grève de 24 heures. Le syndicat Usigrai, majoritaire au sein des quelque 2.000 journalistes du groupe, avait déposé un préavis de grève après avoir accusé la direction de la RAI d’avoir censuré le discours d’un éminent écrivain critiquant la dirigeante d’extrême droite Giorgia Meloni, à l’approche du Jour de la Libération, le 25 avril.
Financée en partie par une redevance et avec des dirigeants nommés depuis longtemps par des responsables politiques, l’indépendance de la RAI a toujours été un sujet de débat. Mais avec l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni, les inquiétudes ont redoublé. La grève a reçu le soutien d’autres syndicats de presse.

ARGENTINE
Les syndicats argentins ont appelé à une nouvelle grève générale jeudi 9 mai contre le président ultralibéral Javier Milei. Le pays était paralysé, sans transports, sans commerces et sans services publics pour protester contre les licenciements dans la fonction publique et la perte du pouvoir d’achat. Les syndicats demandent également la protection des travailleurs de plus en plus précarisés.

ETATS-UNIS
Les employés syndiqués du magasin Apple de Towson, dans le Maryland, ont voté samedi 11 mai en faveur d’une possible grève, qui serait la première dans cette enseigne aux Etats-Unis.

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