COMMUNIQUÉ Organisations libertaires
mercredi 3 juillet 2024, par Administrateur OCL Web
Quatre organisations anarchistes -Fédération Anarchiste de langue française, Organisation Communiste Libertaire, Organisation Anarchiste et CNT-AIT, réunies dimanche 23 juin 2024 à Paris sont parvenues à dégager une position commune qu’elles partagent avec vous par l’intermédiaire de ce court communiqué :
« A l’issue de cette réunion constructive, nous affirmons que le mouvement anarchiste implanté en France "ne place aucun espoir dans le processus électoral en cours " !
Alors que l’extrême-droite est en passe de s’emparer du conseil des ministres, notre antipolitisme et notre anti-électoralisme restent les options fondamentales de l’anarchisme. Ces refus d’une "démocratie dévaluée" impliquent le rejet de la délégation de pouvoir…
Les Quatre organisations se prononcent pour l’action directe corollaire de la démocratie directe. L’action directe, qui n’est pas « l’action violente », favorise l’action de celles et ceux qui sont les premier-e-s concerné-e-s. Une action qui permet l’organisation sans aucun représentant sans mandat, ni contrôle.
Dans les entreprises, dans les quartiers, dans la rue, cette action sera seule susceptible de porter ses revendications, ses espoirs et permettra d’envisager la rupture réelle et attendue d’avec le Système de domination mortifère dans lequel l’Humanité entière se trouve engagée.
Contre l’extrême droite, contre le Capitalisme, contre l’Etat, contre toutes celles et tous ceux qui aspirent à le gérer, nous proposons d’œuvrer à la révolution libertaire. »
Le 29 juin 2024
Pour télécharger le communiqué :
Oui, bon, certes…
Un position de principe, intemporelle… et donc largement hors sol.
Évidemment, un communiqué n’est pas une analyse. Mais tout de même.
À moins que « l’antipolitisme » (!) revendiqué dans ce communiqué se suffise à lui-même et barre toute possibilité et volonté de comprendre la situation présente qui, elle, est éminemment « politique ».
Il aurait peut-être été pertinent, ou utile, de souligner à grands traits les caractéristiques du moment actuel et ce que la séquence « élections européennes/dissolution de l’assemblée/élections parlementaires » a révélé et signifié, en examinant les grandes tendances à l’œuvre et les forces en présence :
— la crise du macronisme : de quoi est-elle le nom, le symptôme ?
— la poussée électorale de l’extrême-droite : ce qui la fabrique et ce qu’elle traduit, ce qu’elle peut provoquer comme transformations dans l’ordre social.
— les faiblesses intrinsèques de la « gauche unie » du Nouveau Front Populaire et l’impasse de l’antifascisme.
Et à partir de ces considérations, et en tenant compte du cadre européen et international de la crise, ou “polycrise”, du capitalisme (crises de son expansion, de son orientation, de son organisation planétaire, de sa profitabilité, des conditions, y compris écologiques et démographiques, de sa reproduction élargie...), essayer de répondre à une question en 3 volets : comment combattre à la fois :
1) le « bloc bourgeois » macroniste + LR, qui survivra à sa crise passagère, qui continuera à jouer un rôle central, sous une forme ou une autre...
2) l’extrême-droitisation de la société (pour l’instant irrésistible) largement préparé et entretenu par un racisme d’“en-haut”, par des sphères gouvernementales, médiatiques et intellectuelles, en particulier « par tous ceux qui ont rendu ce racisme officiel aimable en lui donnant les couleurs de la République, de la laïcité, de l’égalité hommes/femmes, de la lutte contre l’antisémitisme et autres valeurs traditionnelles de gauche. » (Jacques Rancière, interview Philosophie Magazine, 19 juin 2024, ici )
3) les projets de gouvernementalité vaguement sociale-libérale du capitalisme par une gauche par ailleurs émiettée, affaiblie (26 % de l’électorat quand l’extrême-droite est à 37,5 %), sans autre perspective et possibilité que de jouer les supplétifs dans une configuration d’alliance ou de coalition politique...
On peut certes appeler à œuvrer pour la « révolution libertaire ». C’est très facile, comme n’importe quel appel à la grève générale, à l’insurrection…. Encore qu’il serait utile de rappeler, même en quelques mots, à quoi une telle révolution et la société qu’elle générerait pourrait ressembler, en quoi elle serait une réponse ou une issue au merdier actuel, en deux mots : quel serait son contenu et pas seulement ses “formes” (démocratie directe...).
Dans l’immédiat, les questions prioritaires sont un peu éloignées de tout cela. L’action directe reste une boussole et une condition, qui s’est d’ailleurs largement répandue hors des cercles libertaires (et c’est tant mieux), mais le proclamer n’est pas le faire : la dernière grande expérience où des modes d’« action directe » collective ont été assumés dans l’hexagone a été lors du mouvement des Gilets Jaunes. Et que je sache, les anarchistes n’en n’ont été ni les initiateurs, ni même les inspirateurs.
Les méthodes de lutte ne sont pas secondaires, elles sont importantes car elle définissent une partie de leur contenu, surtout qualitativement ; une plus grande implication des protagonistes d’une lutte favorise le rapport de force et en même temps fait éclore des germes d’auto-émancipation. Mais cela ne suffit pas. Encore faut-il que les luttes soient gagnantes, qu’elles débouchent sur des victoires, sur des avancées…. D’une part, pour les objectifs qu’elles se sont fixées et qui sont rarement négligeables. D’autre part aussi parce que ces victoires ont une signification politique : elles font reculer la résignation, elles fabriquent de la confiance, elles montrent que lutter vaut la peine. Inversement, les défaites successives indiquent le contraire, génèrent du défaitisme, du fatalisme, du ressentiment. Comme le rappelait un soutien critique, mais lucide, du Nouveau Front Populaire dans un billet récent de son blog sur Mediapart : « En dépit de mobilisations parfois très importantes, souvent soutenues par l’opinion publique comme on dit, aucun mouvement de contestation, après les manifestations unitaires contre le Contrat première embauche (CPE) du printemps 2006, n’a réussi à faire reculer durablement un gouvernement de droite ou de gauche désireux d’imposer ses réformes néo-libérales. Cela vaut également pour les « Gilets jaunes ». Pas de victoire sociale, nationale et significative depuis dix-huit ans même si des résistances locales ont réussi à faire céder élus municipaux et/ou régionaux, et différents patrons petits ou grands. Un tel bilan doit être impérativement intégré à celui d’aujourd’hui pour avoir une connaissance aussi juste et précise des temps qui sont les nôtre. » (O. Le Cour Grandmaison, 11 juillet 2024, ici )
18 ans ! Deux décennies pour ainsi dire au cours desquelles aucune victoire importante n’a été enregistrée par des mobilisations de rues à l’échelle du pays, parfois massives, et relayées par des journées de grèves dans certains secteurs, des blocages partiels, des cortèges de tête et des débordements…
Ces défaites pèsent pour beaucoup dans la conjoncture y compris dans la montée continuelle du vote d’extrême droite, tandis que, pendant toutes ces années, les tenants de droite et de gauche de l’« arc républicain », qui ont enchaîné les réformes pro-capitalistes et anti-populaires, n’ont eu de cesse de répéter que l’extrême droite « pose de bonnes questions » mais que eux seuls sont capables d’y apporter de bonnes réponses. On voit le résultat.
Pour les luttes dites environnementales, de terrains, de sites, menacés par les projets productivistes destructeurs, depuis la victoire de Notre-Dame des Landes (2018), les gouvernements n’ont eu qu’un seul et unique objectif : effacer leur défaite d’alors et se donner les moyens de casser toutes les luttes, en usant de tous les moyens répressifs, si besoin ceux les plus disproportionnés de la guerre. La date étant plus récente, il fallait taper plus vite, plus fort pour étouffer, effacer, effrayer, marginaliser. Plus encore, le combat contre les « écologistes » (casseurs, violents, ultra-gauche, “éco-terroristes”…) est devenu, particulièrement ces 6 dernières années, un axe de propagande en faveur de l’ordre social, et dont, là aussi, le RN a pu en faire son miel, en particulier dans les zones rurales attachées majoritairement à une certaine “tradition de la modernité” productiviste, bien installée dans la continuité du développement agricole de l’après-guerre et de sa cogestion État-FNSEA.
Pour sortir de cette situation, il n’y a aucun raccourcis possible.
Toutes ces luttes défaites devraient être au centre de toute réflexion politique et stratégique de la période. Comment gagner ? Comment élever le rapport de force au point de placer le capital et l’État sur la défensive ?
Il faut des luttes de masse gagnantes, sur le terrain social au sens large : niveaux de rémunération, conditions de travail (durée et qualité) et d’existence, de soins, d’enseignement, de logement, sur les offres de loisirs, sur l’environnement…
Seulement voilà, on le sait : les luttes ne se commandent pas, les luttes de masse encore moins.
Par contre, le ralliement de certains syndicats, collectifs de lutte, associations ou même mouvements se revendiquant de l’anti-capitalisme ( voir notamment ici ), au Nouveau Front Populaire est alarmant. Il va exactement dans le sens contraire de ce qu’il faut faire.
Il témoigne d’abord d’un manque d’indépendance politique, ce que l’on pouvait soupçonner : c’est une des fonctions et conséquences de l’« unité antifasciste » qui, par nature, est avant tout défensive et sans autre projet ou orientation que justement la « défense » de la démocratie bourgeoise représentative.
Plus grave, ce ralliement, qui cherche à peser sur la « gauche » du NFP, revient à mettre en place une politique de pression et de lobbying sur ce Front et ces partis, et plus précisément en entrant dans ses batailles internes, en l’occurrence en faveur d’une LFI, par ailleurs en perte de vitesse et d’audience.
Au lieu de construire l’autonomie des luttes et réfléchir sur les opportunités offertes par la crise du macronisme d’un point de vue indépendant et antagoniste aux institutions du commandement capitaliste, cette « gauche de la gauche » ralliée au NFP non seulement se fourvoie dans la politique institutionnelle, mais ne peut, à partir de là, que chercher à subordonner les luttes et les mobilisations à des échéances qui sont externes à leurs dynamiques. Ce qui revient à canaliser les mouvements sociaux et les conflits politiques traversant la société (salariés, environnement, antiracisme de classe, sans-papiers, violences policières….) vers le jeu des rivalités entre boutiques et appareils politiques et leurs échéances parlementaires. Le ralliement de cette sorte de “gauche sociale, associative et politique” à l’accord électoral des partis de l’ex-NUPES qu’est véritablement le NFP, n’aura pas d’autre traduction que celle de viser à recentraliser la politique des mouvements que ces militants voudraient influencer en direction du jeu parlementaire, de placer les luttes et leurs protagonistes dans un rapport de dépendance avec la politique institutionnelle et, en conséquence, d’aller à l’encontre de toute recherche d’une quelconque indépendance politique pour les classes exploitées et subalternes, de toute construction autonome d’espaces d’expression et de mobilisation, d’alternatives et d’une politique de libération à partir de la base et pour la base, de s’opposer à toute démarche collective fondée sur la confiance, l’entraide et l’autodétermination sociale visant, dans le conflit « contre et au-delà » du capital, à inverser le rapport de force, à se réapproprier du temps, des espaces, des moyens de vivre dignement et, dans une logique d’auto-émancipation, à faire grandir toute la puissance sociale d’“en-bas” pour la convertir en pouvoir (pouvoir d’agir, pouvoir politique...) à même de rendre possible et pensable le renversement de l’ordre capitaliste.
Là, on se rapproche de la « révolution libertaire ». Mais s’en approcher suppose que soient réunies un bon paquet de conditions de possibilité. On en est très loin, pour une foultitude de raisons, dont quelques unes ont plus de poids que d’autres.
Il faudra un jour ou l’autre, et en ce moment, cela semble particulièrement raccord, se poser la question politique et stratégique de ces conditions de possibilité.
Sans même aller jusque là, une chose est sûre : rabattre toute forme de conflit vers un « débouché » parlementaire dans une situation qui plus est où la gauche est minoritaire et divisée, est non seulement voué à l’échec mais participe justement de cette impuissance, de cette résignation, de ce sentiment de trahison dont la gauche est l’objet à raison depuis des années, et que le RN sait parfaitement exploiter. En outre, répandre la dépendance à l’égard du crétinisme parlementaire, notamment auprès de jeunes sans grandes références politiques, ne peut que contribuer à dévitaliser et désactiver les ressors et les réflexes de saine révolte et d’opposition aux injustices, témoignant d’une autonomie de pensée et d’action et d’une spontanéité minimales, grâce auxquels peuvent se dresser des résistances à l’autorité dans le quotidien et aux formes les plus manifestes, abruptes et violentes de l’autoritarisme politique à l’échelle sociale.
L’ordre du jour qui aujourd’hui détermine tout le reste est ce nœud à dénouer que j’ai pointé plus haut : comment transformer les ras-le-bol et les révoltes en luttes collectives ? Comment mener ces luttes à des victoires et démontrer en pratique que les luttes sont utiles, valent la peine d’être menées, parce que payantes ?
Le RN comme les tenants de l’« arc républicain » ont exactement l’objectif inverse : démontrer par la force de leurs victoires que les luttes collectives sont vaines et inutiles, que les patrons sont les plus forts, sont intouchables puisque parait-il ce sont eux qui créent les richesses, que chacun doit se démerder tout seul, qu’il n’y a pas le choix, pas d’alternative, que l’on est tous du « capital humain » à valoriser dans la jungle du marché…
Ces points de vue et enjeux sont inconciliables. Cependant, il ne s’agit pas seulement d’opinions opposées sur le bien fondé de la lutte de classe mais de la réalité matérielle des rapports de forces. Et globalement, même si les journées de grève ont augmenté ces derniers temps, notamment sur les salaires et l’intéressement, les travailleurs, les salariés, les précaires ne sont pas à l’offensive.
Et pourtant, seule une reprise des luttes sur le terrain social des intérêts de classe permettrait de renverser la situation, des placer les uns et les autres face à leurs contradictions, de provoquer de l’insécurité chez les patrons et les gouvernants, de replacer la « question sociale » au centre du jeu, et pas le parlement, les partis, les arrangements, la lutte des places, les combinaisons et les élections...
Parvenir à ce point, à cette remontée de la conflictualité sociale supposerait un tournant majeur, une rupture dans la conjoncture, un renversement de perspective, le basculement dans une autre période.
Ce qui peut signifier, en ce moment, un horizon à évaluer et à atteindre, une de ces priorités et conditions qui déterminent toutes les autres.
Sans quoi, dans un an, dans trois ans, la vague brune balaiera tout du côté des classes populaires, en premier lieu pour les Français binationaux, les étrangers, et les basanés, tandis que les actionnaires du CAC40 et les gestionnaires du capital en France et dans l’UE s’en accommoderont sans aucun problème, d’autant plus que cette accession de l’extrême-droite au pouvoir et les mutations/recompositions subséquentes opérées au sein du « bloc bourgeois » leur offriront sur un plateau l’imposition d’une paix sociale par l’instauration à la fois légale et grâce à des moyens coercitifs d’une collaboration de classe “autochtone” sur les critères ségrégationnistes de la préférence nationale.
Pierre Gwiazdzinski était ouvrier depuis 10 ans à Audun-le-Tiche en Moselle (Lorraine), dans la région de Longwy.
Suite à des problèmes de santé, il est décédé fin juillet à l’âge de 27 ans. Avant de disparaître, il avait rédigé plusieurs textes, où il racontait le “cycle infernal” d’un travail répétitif, dénué de sens, et déplorait le temps et les talents volés par le salariat. Une de ses lettres sur le monde ouvrier a été rendue publique par sa famille et lue sur France Culture par Julie Gacon, dans l’émission Les Matins d’été : "Après les élections, des banquets de retrouvailles ?" le 13 août dernier.
Le voici :
De l’acier au satin, des ouvriers aux assassins
Un homme notoire nommé Henri Ford a créé un monstre à deux têtes. D’une part une révolution industrielle et d’une autre un asservissement ouvrier.
Une formule, qui n’est pas de moi, résume très bien cela, les fameux « Mozart assassinés ».
Pour décrire les ouvriers qui portent leur peine au travail, les rendant de serviles bras robotiques humanoïdes, alors que potentiellement ils cachent un talent insoupçonné dans leur psyché.
Et tout ça pour quoi ? Payer un loyer indécent, rembourser un crédit voiture qui leur sert principalement à se rendre à l’usine ou bien faire quelques courses dans un magasin discount mais quand même trop cher pour leur budget ?
En ayant mis les pieds dans ce milieu, chaussures de sécurité comprises, j’ai eu l’occasion d’en rencontrer ces fameux Mozart. Des gens humbles, travailleurs et malheureusement résignés. Mais ces Hommes dissimulaient souvent des talents inexploités, et pour leur plus grand malheur, ils n’en avaient même pas conscience.Et qu’est-ce qui est le pire, le mal de dos ? Les insomnies liées au travail posté de l’industrie ? Non ! Le pire c’est la résignation !
Se contenter de ce qu’on a alors qu’on en a des talents souvent insoupçonnés, voilà ce qui est le pire. C’est une frustration indescriptible de faire un travail répétitif dénué de sens quand on a des idées plein la tête mais le cerveau embué.
Maintenant la question serait de savoir qui est fautif ? La société ? La brutalité parfois indécente de la vie ? L’éducation ? L’école ? Ce serait simpliste de résumer tout ça à cela. Mais c’est en partie vrai, peut être un mélange de tout cela. Je pense qu’il y a des gens qui ne sont tout simplement pas adaptés à cette société, des handicapés sociaux si je puis dire.
N’y aurait-il pas un travail à faire dès l’enfance, au delà du simulacre d’orientation en vigueur, pourquoi pas des stages multiples, plusieurs à chaque âge, à chaque classe tester des métiers, des idées diverses proposées aux enfants en construction, pour justement les aider à construire un avenir qui ne leur fera pas regretter leur passé. Et des méthodes différentes pour les enfants différents.
Zola, Hugo etc. ont déjà écrit à ce sujet il y a des décennies mais rien n’a changé.Si, bien sûr, il y a eu les « 35 heures », les congés payés et autres poudres aux yeux.
Mais si on compte 10 heures au bas mot entre la préparation, la route aller-retour, les heures de travail (voire plus en fonction du bon vouloir de la pause repas décidée par le patronat) et 8 heures de sommeil (si toutefois on y parvient) que nous reste-t-il ?
6 heures de vie pour nous ? Heures qu’on consacre à la « vie de famille » si les horaires sont compatibles bien sûr, aux tâches ménagères et autres corvées et pour finir il nous reste 45 minutes pour s’abrutir devant Netflix avant de recommencer ce cycle infernal.
Loin de moi l’idée de réécrire Marx mais force est de constater que pas grand chose n’a évolué. Si encore on a la « chance » de travailler dans les hautes sphères on travaille pour un capital et une reconnaissance certaine, mais pour ces ouvriers qu’en est-il ?
Des invisibles de la société pour les plus « chanceux » et des oubliés méprisés pour les autres.
On a créé avec ce système des gens malheureux, dépressifs, insomniaques, bourrés de cachetons en guise de Soma. Système dystopique accepté par la plupart des citoyens soumis malgré eux.
Et loin de moi de propager des idées gauchistes je ne suis pas politisé, je suis simplement submergé dans ce système dégoûtant. Monde ouvrier, Monde oublié.
Pierre n’était peut-être pas militant ni engagé dans un collectif social ou un groupe politique quelconque, mais la conscience de sa condition ouvrière était précise, aiguë…
Cette lettre nous dit crûment, en creux, ce qu’il manque véritablement aujourd’hui : un contre-pouvoir ouvrier capable d’en imposer un minimum à la toute puissance des patrons (avec les lois et les politiciens de droite comme de gauche à leur service) et une perspective anticapitaliste.