CA 344 novembre 2024
mercredi 20 novembre 2024, par
La manifestation de Saint-Colomban au sud de Nantes, le 28 septembre dernier, appelée par les Soulèvements de la Terre et l’association locale « La tête dans le sable » contre l’extension des carrières de sable et les maraîchers industriels (1), a été plus faible qu’en juin 2023, où les SDLT et autres collectifs locaux de Loire-Atlantique avaient réuni 2 000 manifestant-e-s à Nantes (2). Cette précédente manif avait déclenché les foudres de la FNSEA, hurlant à l’agribashing, menaçant de « tout casser », et elle avait amené Macron à exiger la répression...
Cette année, moins de 500 personnes ont participé au cortège et il n’y a pas eu d’extension de l’appel aux quatre autres sites de Loire-Atlantique opposés à des projets de nouvelle carrière ou de relance d’anciennes.
Difficile d’expliquer cette « contre-performance » et d’en déduire quelque chose. Est-ce une apathie passagère suite à une sidération due au feuilleton politicien de l’été ? Est-ce la peur de la répression des actions « impactantes », marque de fabrique des SDLT à chacune de leurs mobilisations ? Le préfet du 44 avait posé une interdiction de transport de mortiers et feux d’artifice du vendredi au lundi. La mobilisation de CRS sur place était conséquente, avec camions antiémeute dernier cri, canon à eau et caméras, et la présence d’un drone annoncée dans la presse.
Est-ce que les autres collectifs de sites de carrière du 44 ont eu le sentiment d’avoir été instrumentalisés et emmenés un peu trop loin à leur goût, un an plus tôt, dans le « désarmement » de Lafarge et autres maraîchers indus ?
Le lancement de comités locaux des SDLT mobilise-t-il sur place les militants qui se déplaçaient avant plus facilement pour soutenir une lutte extérieure ? Actions prévues à Bordeaux (LGV), en Bretagne, etc.
L’annonce, il y a presque un an, par Holcim-Lafarge de la mise en sommeil d’un projet d’extension (30 ha) de sa concession actuelle de Saint-Colomban, bientôt épuisée, a-t-elle démobilisé la population, espérant que l’autre sablier GSM serait lui aussi raisonnable ? Une telle démobilisation serait une grosse erreur puisque GSM ne donne aucun signe de renoncement à son extension. De plus, si l’exploitation agricole menacée actuellement par l’appétit des sabliers ne représente « que » 80 ha, c’est un gâteau local de 400 ha tous gisements confondus qui attend tranquillement d’être creusé dans dix, vingt ans ou plus... Les multinationales savent attendre que les opposants baissent les bras.
La manif du 28 septembre a été plutôt symbolique : l’action visait à ramener devant le siège d’une des carrières du sable collecté sur un champ de maraîchers avec divers déchets (bâches plastiques), dans le genre retour à l’envoyeur. Une autre tentative d’intrusion vers des serres a été bloquée rapidement par la police, qui verrouillait le secteur. La lutte contre l’extension des carrières de sable pour préserver les terres agricoles est de longue haleine, avec un travail d’information vers les populations environnantes qui seront impactées par ces projets industriels qui se multiplient. Faire durer la mobilisation jusqu’au lancement des chantiers dans un temps indéterminé est en soi un défi. Seules la connaissance et la maîtrise du territoire, propres aux populations locales (3), peuvent fournir un avantage décisif face à la bureaucratie extérieure qui parachute ses projets nuisibles.
Nantes
Notes
1) Pour plus d’informations sur cette lutte, voir Courant alternatif nos 312 et 332 sur le site de l’OCL.
2) Avec des actions de « désarmement » : scellement d’une alimentation d’eau d’une cimenterie Lafarge, destruction de plants de muguet et de mâche expérimentaux, et enfin murage du siège nantais d’une administration des espaces ruraux et agricoles.
3) Relire notamment à ce sujet l’article « Luttes de territoire et lutte des classes », CA n° 334, novembre 2023.