CA 348 mars 2025
mardi 1er avril 2025, par
Dans les transports
Depuis le 7 novembre, les conducteurs de bus du dépôt de bus de Saint-Ouen-l’Aumône sont en grève pour protester contre la dégradation marquée de leurs conditions de travail. Tenu durant 50 ans par la STIVO (Syndicat des Transports Interurbain du Vald’Oise) en association avec la RATP, elle a été reprise en intégralité par cette dernière et ceux en droit privé. Depuis le transfert, il y a un an, des salariés de deux anciennes sociétés vers un nouvel exploitant, les conducteurs dénoncent des écarts de rémunération importants et des cadences de travail plus intenses. Ce nouvel exploitant c’est Francilité Seine Oise, une filiale du transporteur Lacroix & Savac. Depuis le 1er janvier 2024, le groupe opère le réseau bus de toute l’agglomération de Cergy-Pontoise. Et depuis le 7 novembre, les 80 00 usagers quotidiens n’ont donc vu passer quasiment aucun bus. Les grévistes, soutenus par FO et la CGT, revendiquent des temps de pauses, des plannings adaptés, la revalorisation de la prime pour les services de nuit, des toilettes aux terminus ou encore le renouvellement des bus qui sont dans un état désastreux. La question du rythme de travail est également toujours sur la table. Les salariés grévistes dénoncent la refont des cadences de travail avec des rotations plus nombreuses et des pauses réduites voire supprimées. Un point sur lequel l’exploitant indiquait, le 8 novembre dernier, être en train d’apporter des modifications. Depuis, le début de cette grève, le réseau est maintenu difficilement par des intérimaires et très peu de bus circulent. Cependant, les quasis 500 conducteurs n’ont pas vu de volonté de négociation de la part de l’employeur. La médiation proposé par les autorités n’est accepté qu’à reculons de la part de la direction.
Dans la grande distribution
Decathlon est l’objet d’une grosse controverse. L’enseigne de la galaxie Mulliez est accusée par le média Disclose et l’émission de France 2 « Cash Investigation » d’avoir pour sous-traitant en Chine une entreprise liée au travail des Ouïghours, ce dont elle se défend, et de s’approvisionner en coton provenant du Xinjiang. Le leader français des articles de sport est accusé par ces deux médias de s’approvisionner en textiles auprès de « Qingdao Jifa Group », qui « s’appuie sur un réseau de travail forcé en Chine », écrit Disclose. Selon ces enquêtes, l’entreprise sélectionne ses fournisseurs en fonction de critères stricts, notamment leur capacité à réduire les coûts et à proposer des salaires inférieurs à la moyenne. Elle privilégie les sous-traitants "low-cost" et "ultra low-cost". Decathlon exige de ses fournisseurs une transparence totale sur leurs dépenses, y compris salaires, loyers et coûts de production. Un calcul précis du "coût par minute" est effectué, révélant un coût moyen de 0,030 € par minute pour un fabricant de chaussures. Un modèle de compression des coûts qui entraîne des conditions de travail précaires et une pression accrue sur les ouvriers. L’enquête démontre également plusieurs points problématiques, en prenant l’exemple d’Edison footwear, un sous traitant de la marque, situé au Bangladesh et qui fabrique la marque Kalenji run. Là-bas, en 2020, un travailleur ou une travailleuse y gagnait environ 87 euros par mois, pour dix heures de travail, six jours par semaine avec seulement 13 jours de congés par an. Des adolescents sont aussi embauchés dans les usines : rien d’illégal au Bangladesh, où ils sont en droit de travailler à partir de 14 ans (et 15 ans selon les règles de Décathlon). Mais ces jeunes ouvriers sont payés moins cher que des adultes, et leurs salaires ne leur permettent pas de vivre. Le manque d’audit pour vérifier les conditions de travail chez les sous-traitants est aussi pointé du doigt : en 2024, Decathlon aurait mené moins d’un audit par an chez ses 1 300 fournisseurs, et le soupçon de recours à des usines clandestines plane aussi sur l’entreprise.
Dans la sidérurgie, l’automobile ou la chimie
Des salariés de la sidérurgie, de l’automobile ou de la chimie se sont réunis le 5 février sur une place bruxelloise à l’appel d’IndustriALL, une confédération de syndicats. "Il est temps que l’Europe se réveille. L’industrie européenne traverse une crise profonde", a souligné à la tribune Judith Kirton-Darling, secrétaire générale de cette fédération. "Union européenne, réveille-toi !", "sauvez notre acier", pouvait-on lire sur les pancartes. Des intervenants ont dénoncé le "dumping" de l’industrie chinoise et mis en garde contre la potentielle hausse des tarifs douaniers aux Etats-Unis, après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. L’exécutif européen a promis de faire de la compétitivité économique l’axe principal des cinq ans qui viennent. La Commission doit présenter le 26 février un "pacte pour une industrie propre" associé dans les semaines ou les mois qui viennent à des "plans d’action et d’urgence sectoriels" pour l’automobile, l’acier et la chimie.
Le sidérurgiste allemand Thyssenkrupp le premier sidérurgiste allemand va se séparer de 11 000 de ses 27 000 employés dans sa branche aciérie d’ici 2030. Environ 5 000 postes dans la production et l’administratif seront supprimés, tandis que 6 000 seront externalisés, a indiqué Thyssenkrupp Steel, filiale phare du conglomérat Thyssenkrupp, l’un des plus vieux industriels allemands qui compte 98 000 salariés. Les coûts salariaux seront aussi réduits d’en moyenne 10 %, seule façon de "créer des perspectives à long terme" pour cette division en crise structurelle depuis plusieurs années, selon le directoire. Les suppressions d’emplois de Thyssenkrupp Steel sont un énième revers pour l’économie allemande, confrontée depuis la rentrée à une litanie de plans sociaux en raison d’une compétitivité affaiblie et d’une conjoncture morose.
Le 7 février, les 131 salariés des 3 sites « centre de services » d’ArcelorMittal, dont la fermeture est prévue au 1er juillet 2025, ont participé à une consultation organisée par les syndicats de l’entreprise (FO, CFDT, CGT, CFE CGC). Le but : leur demander s’ils valident ou non les propositions de leur direction négociées le 31 janvier dernier. Sur les 151 salariés appelés à voter sur les trois sites, 132 ont glissé un bulletin favorable, 9 ont répondu « non » et 10 d’entre eux ne sont pas allés voter. Les dernières propositions du 31 janvier 2025 de la direction évoquent différentes thématiques : création d’entreprise, maintien de salaire, primes mobilité groupe, congé de reclassement, reclassement externe… Parmi les mesures les plus attendues pour les salariés concernés, la négociation d’une indemnité supra-légale évaluée à 45 000€ pour les employés embauchés depuis 15 ans. Une somme qui grimpe même à 80 000€ pour ceux y travaillant depuis 35 ans.