Éditorial 352
Pas d’autre guerre que la guerre de classe !
samedi 5 juillet 2025, par
L’intensification de la répression, des pratiques autoritaires, des conflits, et le piétinement du droit international par les pays les plus puissants, menacent nos libertés pour toutes et tous, partout sur la planète. Dans cette dynamique mortifère qui touche des gouvernements de toutes les tendances, l’extrême-droite, actrice, complice ou en embuscade, remporte des victoires électorales et idéologiques significatives. Alors que le monde semble se trouver à un tournant historique, les contradictions s’exacerbent, les soi-disant démocraties nous révèlent leur véritable visage.
Le droit est le garant de nos libertés, et il est le même pour tous, comme le disent nos dirigeants ! Mais, au contraire, le droit exprime avant tout un rapport de forces, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas en notre faveur. Il protège toujours plus les intérêts privés des puissants, réprimant avec acharnement ceux et celles qui tentent de se lever contre les inégalités et l’injustice. Nous assistons, année après année, à une dislocations des maigres garanties, qui, à force de luttes, avaient marqué des limites aux prétentions de la bourgeoisie : droit du travail qui s’étiole pour garantir des taux de profit maximaux aux patrons ; droit au logement, dérisoire devant des loyers de plus en plus inabordables ; droit d’accès à des services publics aléatoire, à l’heure de leur privatisation ; droit des étrangers qui se durcit sans cesse, plongeant des populations entière dans l’arbitraire de l’administration, la violence des routes migratoires et des expulsions, l’exploitation brutale ; droit pénal de plus en plus étendu et répressif ; droits d’expression et d’information maltraités par le pouvoir et les médias à ses ordres… C’est la même réalité, qui se déploie avec la même violence, partout dans le monde. L’État-providence, le compromis social, ne sont plus que des chimères pour les nostalgiques de la social-démocratie et du Conseil National de la Résistance, qui oublient bien vite qu’un crochet du gauche peut faire aussi mal qu’un direct du droit.
Parallèlement, les principes fondamentaux du droit international, qui régissaient les rapports entre États, sont piétinés, et seule la force brute règne. Netanyahou s’assoit sur ses mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité de la Cour Pénale Internationale, et continue à massacrer les Palestiniens avec la complicité des États occidentaux et arabes. Quand Israël viole de manière répétée ce même droit international, mène une action génocidaire à Gaza, envahit le Liban, bombarde l’Iran, aucune sanction ne vient arrêter ses prétentions ; au contraire certains pays continuent à armer Israël et l’approuvent bruyamment. Derrière le paravent de la lutte contre le programme nucléaire militaire iranien menée par la « seule démocratie du Proche-Orient », exerçant son « droit à se défendre », on observe de fortes similarités avec les arguments impérialistes historiques, qui ont servi à masquer les intérêts géopolitiques et économiques du moment : de l’acquisition imminente des « armes de destruction massive » pour réduire au chaos l’Irak à celui de la lutte contre le terrorisme pour l’Afghanistan, en passant par la protection des populations civiles en Libye… Et gare à ceux qui oseraient rappeler que tous les dirigeants des États se tiennent par la barbichette et se ressemblent comme deux gouttes d’eau (malversations, détournements, intérêts pétroliers, miniers à défendre, avec massacres, guerres, tortures associées) ; voire simplement qui commémorent les victimes civiles du génocide gazaoui, comme cette enseignante de Sens, suspendue pour avoir autorisé ses élèves à se recueillir pendant une minute de silence ! Car pendant que Trump et Netanyahou enchaînent les coups d’éclats guerriers, le génocide à Gaza se poursuit dans un silence médiatique assourdissant.
Dans ce paysage mondial, nous n’oublions pas que d’autres parties du monde sont en guerre. La course aux profits qui asphyxie la planète et ses habitants ne recule devant aucun massacre des populations : en République Démocratique du Congo, c’est plusieurs millions de morts depuis le milieu des années 90, sans que cela n’émeuve grand monde, au Yémen, au Soudan, la guerre se poursuit, en Somalie les frappes continuent…
Mais dans ce marasme de terreur orchestré par les puissants au détriment des populations, les braises de la contestation sont toujours chaudes, et les résistances existent. Ne nous fions pas aux discours des médias institutionnels qui relaient l’information officielle et occultent les mobilisations qui éclosent à différents endroits. Des dizaine de milliers de manifestants défilent dans toutes les capitales pour protester contre les massacres, contre la relance de l’armement, contre le génocide à Gaza. La mobilisation, même tardive, des dockers de Marseille qui refusaient de charger des armes vers Israël nous à tous réjouis. C’est peu, mais c’est la voie à suivre. La solidarité avec les Palestiniens se construit dans la lutte contre « notre » bourgeoisie, alliée des bourreaux en tous genres et exportatrice d’engins de mort.
Étendre le combat de classe ici et ailleurs contre les guerres, c’est aussi organiser la riposte contre les lois sur le chômage, les sans-papiers, la répression, les services publics… Nos exploiteurs le savent et le disent : pour préparer la guerre, il faut faire les poches des prolos. Des armes lourdes font des salaires légers. Le destin des prolétaires, partout sur la planète, est donc lié.
Contre la guerre, contre la tyrannie du profit, lutte de classe !
Groupe Île-de-France de l’OCL