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A propos des manifestations du 4 septembre 2010

Ne soyons pas amnésiques

Tract de l’OCL

vendredi 27 août 2010, par Administrateur OCL Web

La date du 4 septembre pour cette manifestation antiraciste unitaire, a été choisie parce qu’elle coïncide avec le 140e anniversaire de la fondation de la Troisième République qu’il faudrait « fêter », selon les initiateurs de l’appel « citoyen » : « Non à la politique du pilori ».


Curieusement, jusqu’ici aucun des historiens ou des
intellectuels qui fustigent Nicolas Sarkozy pour sa ma-
nipulation ou son ignorance de l’Histoire n’a fait re-
marquer que la Troisième République a été fondée sur
le sang des communards, les persécutions, les condam-
nations à l’exil, au bagne et à la prison, quand ce n’était
pas le poteau d’exécution décidé par les conseils de
guerre qui siégèrent pendant les quatre premières an-
nées de la Troisième République ou les cours prévôtales
qui fusillèrent les hommes et les femmes pris les armes
à la main.
Les rédacteurs et les 30 000 signataires de l’appel
« Non à la politique du pilori » ont complètement oublié
les 20 000 morts de la Commune de Paris, les 38 000 ar-
restations, les 50 000 jugements qui se poursuivront
jusqu’en 1877, les 4 000 personnes expédiées au bagne,
le tout pour quoi ?

Pour célébrer, le 4 septembre 2010, la Troisième Ré-
publique des bourreaux du peuple parisien.

Le citoyennisme, qui est l’idéologie dominante à
gauche, est décidément bien un négationnisme (à
peine dissimulé) de l’histoire du mouvement ouvrier et
de ses combats, comme de la politique de la Répu-
blique.

Ne soyons pas de ceux qui oublient que la politique
actuelle vis-à-vis des Roms en général, comme la me-
nace vis-à-vis de la perte de la nationalité, se situe en
fait dans le droit fil de la tradition républicaine. Ceux
qui prétendent le contraire et en appellent à cette tra-
dition contre Sarkozy sont des menteurs ou des igno-
rants. Cela fait plus de deux cents ans que la
République n’accorde pas les mêmes droits à tous ses
« citoyens », et en particulier à ceux qu’elle nomme de-
puis 1978 les « gens du voyage » pour échapper à l’ac-
cusation de racisme.

Ce 4 septembre 2010, si nous descendons dans la rue
contre la répression en cours et pour la liberté de circu-
lation, rappelons donc au moins, non seulement que la
« xénophobie d’Etat » est un pléonasme faussement
naïf (tout Etat tend à être xénophobe) mais aussi le nom
des communards et des pétroleuses ! N’oublions pas qui
était Adolphe Thiers, le chef des Versaillais, celui qui a
lancé 130 000 soldats contre les ouvriers et les artisans
parisiens, le premier Président de cette Troisième Ré-
publique qui a commencé aussi mal qu’elle a fini, et que
nos citoyennistes de la gauche sans mémoire vou-
draient que nous « fêtions » en enterrant une seconde
fois les communards.

Souvenons-nous que, après la Commune, des
conseils de guerre fusillant les communards en sep-
tembre 1871 aux pleins pouvoirs votés à Pétain en juil-
let 1940 par les trois quarts des députés socialistes, des
« lois scélérates anti-anarchistes » au « Carnet B » des-
tiné à emprisonner tout opposant à la boucherie de
1914, des massacres coloniaux aux couvre-feux impo-
sés aux Algériens en France qui débouchèrent sur le
massacre de 1961, des fichiers de l’immigration les plus
sophistiqués de la planète aux lois restreignant (déjà)
les droits des immigrés aux carnets anthropométriques
pour les « gens du voyage », la Troisième République et
sa suivante la Quatrième ont une belle continuité que
les sans-mémoire de la gauche célèbrent en toute
bonne (in)conscience ! Toutes ces mesures, et il y en a
bien d’autres, furent des mesures légales prises dans le
cadre constitutionnel qui « assure l’égalité de tous les
citoyens ».

Mais il ne s’agit pas seulement d’Histoire mais aussi
de présent. Derrière cette amnésie se cachent à peine
un objectif et une stratégie pour préparer 2012 et un
grand front républicain destiné à remettre au pouvoir,
à la place de l’actuel, ceux qui ont toujours mené les
mêmes politiques sur tous les plans y compris celui de
l’immigration, du racisme et du sécuritaire. Pour ce
faire, on nous refera le coup de la montée du fascisme
et du racisme, comme en 2002 lors de l’élection de Chi-
rac, alors que précisément si la droite est aussi arro-
gante c’est parce que les 80 % que lui ont accordés alors
les votants ont eu valeur de quitus pour mener à bien
cette offensive politique au service du patronat et des
grands groupes financiers.

Il est particulièrement significatif que quelques
jours après ce 4 septembre aura lieu la manifestation
sur les retraites (alors que tout est déjà joué sur ce ter-
rain, sans combattre). On sait pourtant que le seul
moyen d’enrayer le racisme et le fascisme c’est préci-
sément le développement de grands mouvements so-
ciaux. Il ne faut pas mélanger les choses, nous dit-on...
Eh bien si, justement, il faut les mélanger et les mélan-
ger encore.
Ne marchons pas dans la combine. Nous ne chasse-
rons pas Sarko pour mettre le PS à sa place, pas plus
que n’importe qui. Nous ne serons pas amnésiques vis-
à-vis des années de plomb que furent les années Mit-
terrand que l’on voudrait nous faire oublier.

Oublions seulement nos nationalités et construi-
sons un internationalisme contre les patrons, contre le
capitalisme, pour le communisme.

OCL

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Version corrigée : 1er septembre 2010

P.-S.

une partie de ce texte est largement inspirée de celui d’Y.C.publié sur le site mondialisme.org

titre documents joints

Répondre à cet article

5 Messages

  • Pas inintéressant de relire les vieilles barbes lorsqu’il est question d’histoire et de mémoire

    *********************

    LETTRES À UN FRANCAIS SUR LA CRISE ACTUELLE
    Michel Bakounine

    Lettre II

    5 septembre 1870.

    Voilà l’empereur prisonnier et la république proclamée à Paris, avec un gouvernement provisoire.

    La situation intérieure de la France a-t-elle changé pour cela ? Je ne le pense pas ; et les réflexions que je m’apprêtais à vous communiquer sur l’impuissance de l’empire n’ont rien perdu de leur vérité et de leur actualité, en les appliquant au gouvernement qui vient de se constituer par la fusion de la gauche républicaine et de la gauche orléaniste.

    Je suppose que les membres de ce gouvernement animés du désir très sincère de sauver la patrie ; ce n’est pas en essayant de se servir de la puissance d’action du mécanisme administratif, devant laquelle l’incorrigible Thiers s’est encore émerveillé dans la séance du 26 août, ce n’est pas, dis-je, en suivant la vieille routine gouvernementale qu’il pourront faire quelque chose de bon ; toute cette machine administrative, s’ils veulent sérieusement [ 85 ] chercher le salut de la France dans le peuple, ils |6 seront obligés de la briser, et, conformément aux propositions d’Esquiros, de Jouvencel, et du général Cluseret, de rendre l’initiative de l’action à toutes les communes révolutionnaires de la France, délivrées de tout gouvernement centralisateur et de toute tutelle, et par conséquent appelées à former une nouvelle organisation en se fédérant entre elles pour la défense.

    J’exposerai en quelques mots mes preuves à l’appui.

    Le gouvernement provisoire ne peut, même dans les circonstances les plus favorables pour lui :

    Ni réformer constitutionnellement le système de l’administration actuelle ;

    Ni en changer complètement, ou même d’une manière un peu sensible, le personnel.

    Les réformes constitutionnelles ne peuvent se faire que par une Constituante quelconque, et il n’est pas besoin de démontrer que la convocation d’une Constituante est une chose impossible dans ce moment où il n’y a pas une semaine, pas un jour à perdre. Quant au changement du personnel, pour l’effectuer d’une manière sérieuse, il faudrait pouvoir trouver en peu de jours cent mille fonctionnaires nouveaux, avec la certitude que ces nouveaux fonctionnaires seront plus intelligents, plus énergiques et plus honnêtes que les fonctionnaires actuels. Il suffit d’énoncer cette exigence pour voir que sa réalisation est impossible.

    Il ne reste donc au gouvernement provisoire que deux alternatives : ou bien de se résigner à se servir de cette administration essentiellement bonapartiste, et qui sera entre ses mains une arme empoisonnée contre lui-même et contre la France ; ou bien de briser cette machine gouvernementale, sans même essayer de la remplacer par une autre, et de rendre la liberté d’initiative la plus complète à toutes les provinces, à toutes les communes de France, ce qui équivaut à la dissolution de l’État actuel.

    Mais en détruisant la machine administrative, les hommes de la gauche se priveront du seul moyen qu’ils avaient de gouverner la France. Paris ayant de la sorte perdu le commandement officiel, l’initiative par décrets, ne conservera plus que l’initiative de l’exemple qu’il pourra donner en se mettant à la tête de ce mouvement national.

    Paris est-il capable, par l’énergie de ses résolutions, de jouer ce rôle ? Non ; Paris est trop absorbé par l’intérêt de sa propre défense pour pouvoir diriger et organiser le mouvement national de la France. Paris assiégé se transformera en un immense camp ; toute sa population ne formera plus qu’une armée, disciplinée par le sentiment du danger : mais une armée ne raisonne pas, n’agit pas comme une force dirigeante et organisatrice, — elle se bat.

    La seule et meilleure chose que Paris puisse faire dans l’intérêt de son propre salut et de celui de la France entière, c’est de proclamer et de provoquer l’absolue indépendance et spontanéité des mouvements provinciaux, — et si Paris oublie et néglige de le faire, pour quelque raison que ce soit, le patriotisme commande aux provinces de se lever et de s’organiser spontanément et indépendamment de Paris.

    Ce soulèvement des provinces est-il encore possible ? Oui, si les ouvriers des grandes cités provinciales, Lyon, Marseille, Saint-Étienne, Rouen, et beaucoup d’autres, ont du sang dans les veines, de l’énergie dans le cœur et de la force dans les bras, s’ils sont des hommes vivants et non des doctrinaires socialistes.

    Il ne faut pas compter sur la bourgeoisie. Les bourgeois ne voient et ne comprennent rien en dehors de l’État et des moyens réguliers de l’État. Le maximum de leur idéal, de leur imagination et de leur héroïsme, c’est l’exagération révolutionnaire de la puissance et de l’action de l’État au nom du salut public. Mais j’ai déjà démontré que ’action de l’État, à cette heure et dans les circonstances actuelles, loin de sauver la France, ne peut que la tuer .

    Croyez-vous peut-être à une alliance entre la bourgeoisie et le prolétariat, au nom du salut national ? C’est le programme que Gambetta a exposé dans sa lettre au Progrès de Lyon,et je pense bien faire de vous dire mon opinion sur cette fameuse lettre.

    Je n’ai jamais tenu grand compte de Gambetta, mais j’avoue que cette lettre me l’a montré encore plus insignifiant et plus pâle que je ne me l’étais imaginé. Il a pris tout à fait au sérieux son rôle de républicain modéré, sage, raisonnable, et dans un moment où la France croule et périt et où elle ne pourra être sauvée que si tous les Français ont vraiment le diable au corps, M. Gambetta trouve le temps et l’inspiration nécessaire pour écrire une lettre dans laquelle il commence par déclarer qu’il se propose « de tenir dignement le rôle d’opposition démocratique gouvernementale. » Il parle du « programme à la fois républicain et conservateur qu’il s’est tracé depuis 1869, » celui « de faire prédominer la politique tirée du suffrage universel, » (mais alors c’est celle du plébiscite de Napoléon III) « de prouver que dans les circonstances actuelles, la république est désormais la condition même du salut pour la France et de l’équilibre européen ; — qu’il n’y a plus de sécurité, de paix, de progrès que dans les institutions républicaines sagement pratiquées (comme en Suisse probablement !) ; — « qu’on ne peut gouverner la France contre les classes moyennes, et qu’on ne peut la diriger sans maintenir une généreuse alliance avec le prolétariat » (généreuse de la part de qui ? de la bourgeoisie sans doute.) « La forme républicaine permet seule une harmonieuse conciliation entre les justes aspirations des travailleurs et le respect des droits sacrés de la propriété. Le juste-milieu est une politique surannée. Le césarisme est la plus ruineuse, la plus banqueroutière des solutions. Le droit divin est définitivement aboli. Le jacobinisme est désormais une parole ridicule et malsaine. Seule, la démocratie rationnelle et positiviste (entendez-vous le charlatan !) peut tout concilier, tout organiser, tout féconder (Voyons comment ?). 1789 a posé les principes (pas tous, bien loin de là ; les principes de la liberté bourgeoise, oui ; mais ceux de l’égalité, ceux de la liberté du prolétariat, non) ; 1792 les a fait triompher (et c’est pour cela sans doute que la France est si libre !) ; 1848 leur a donné la sanction du suffrage universel (en juin, sans doute.) C’est à la génération actuelle qu’il convient de réaliser la forme républicaine (comme en Suisse), et de concilier, sur les bases de la justice (de la justice juridique évidemment) et du principe électif, les droits du citoyen et les fonctions de l’État, dans une société progressive et libre. Pour atteindre ce but, il faut deux choses : supprimer la peur des uns et calmer les défiances des autres ; amener la bourgeoisie à l’amour de la démocratie, et le peuple à la confiance dans ses frères aînés. » (Pourquoi donc pas à la confiance dans la noblesse, qui est encore plus aînée que la bourgeoisie ?)

    Non, les espérances de M. Gambetta sont des illusions. De quel doit la bourgeoisie demanderait-elle au peuple d’avoir confiance en elle ? C’est elle qui a déchaîné la guerre sur la France, par ses lâches complaisances pour le pouvoir ; et le peuple, qui le comprend, comprend aussi que c’est à lui-même de prendre maintenant en main les affaires de la patrie.

    Il se trouvera sans doute, dans la classe bourgeoise, un nombre considérable de jeunes gens, qui, poussés par le désespoir du patriotisme, entreront de cœur dans le mouvement populaire qui doit sauver la France ; mais il ne leur sera pas possible d’entraîner avec eux la bourgeoisie tout entière, et de lui donner cette audace, cette énergie, cette intelligence de la situation qui lui fait défaut.

    Je pense qu’à cette heure, en France, il n’y a que deux classes qui soient capables de ce mouvement suprême qu’exige le salut de la patrie : ce sont les ouvriers et les paysans.

    Ne vous étonnez pas que je parle des paysans. Les paysans ne pèchent que par ignorance, non par manque de tempérament. N’ayant pas abusé ni même usé de la vie, n’ayant pas subi l’action délétère de la civilisation bourgeoise, qui n’a pu que les effleurer à peine à la surface, ils ont conservé tout le tempérament énergique, toute la nature du peuple. La propriété, l’amour et la jouissance non des plaisirs mais du gain, les ont rendus considérablement égoïstes, c’est vrai, mais n’ont pas diminué leur haine instinctive contre ceux qui jouissent des fruits de la terre sans les produire par le travail de leur bras. D’ailleurs le paysan est foncièrement patriotique, national, parce qu’il a le culte de la terre, une véritable passion pour la terre, et il fera une guerre à mort aux envahisseurs étrangers qui viendront le chasser de son champ.

    Mais, pour gagner le paysan, il faudra user à son égard d’une grande prudence . S’il est vrai que le paysan hait l’envahisseur du sol, qu’il hait aussi les beaux Messieurs qui le grugent, il ne hait pas moins, malheureusement, les ouvriers des villes.

    Voilà le grand malheur, voilà le grand obstacle à la révolution. L’ouvrier méprise le paysan, le paysan lui rend son mépris en haine. Et cependant, entre ces deux grandes moitiés du peuple, il n’y a en réalité aucun intérêt contraire, il n’y a qu’un immense et funeste malentendu, qu’il faut faire disparaître à tout prix.

    Le socialisme plus éclairé, plus civilisé et par là même en quelque sorte plus bourgeois et plus doctrinaire des villes, méconnaît et méprise le socialisme primitif, naturel et beaucoup plus sauvage des campagnes. Le paysan de son côté considère l’ouvrier comme le valet ou comme le soldat du bourgeois, et il le déteste comme tel, au point de devenir lui-même le serviteur et le soldat de la réaction.

    Puisque cet antagonisme fatal ne repose que sur un malentendu, il faut que l’une des deux parties prenne l’initiative de l’explication et de la conciliation. L’initiative appartient naturellement à la partie la plus éclairée, c’est-à-dire aux ouvriers des villes.

    J’examinerai, dans ma prochaine lettre, quels sont les griefs des ouvriers contre les paysans, griefs dont il importe que les ouvriers se rendent bien compte à eux-mêmes, s’ils veulent travailler sérieusement à une conciliation.

    Voir en ligne : les lettres à un français sont en ligne

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  • Ne soyons pas amnésiques

    31 août 2010 17:21

    Le texte me plaît beaucoup, mais je ne le diffuserai pas… à cause de la fin. J’aurais préféré « pour le communisme libertaire », parce que le communisme, non merci.

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    • Ne soyons pas amnésiques 1er septembre 2010 14:29, par OCL St Nazaire

      bof ! Après tout, se réapproprier ce terme que staliniens et autres ont détourné n’est pas si mal. mais tu peux rajouter libertaire si tu veux ça ne pose pas de problème !

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      • Ne soyons pas amnésiques 1er septembre 2010 20:30

        Surtout qu’historiquement, les premiers "communistes" étaient en fait de tendance anarchiste... mais bon.

        Le projet d’une société sans classe et sans Etat s’est toujours appelé "Communisme". Pour moi, c’est kif-kif.

        Mais c’est vrai aussi qu’il faut sans doute réévaluer tout ça aujourd’hui autour de quelques points importants : qu’est ce que le "commun" du communisme, qu’est-ce qu’on met dedans... et la place des singularités dans ce communisme (qui n’est pas un collectivisme !)

        sinon, bravo pour l’autre texte du camarade qui lie les retraites, la crise et la politique sécuritaire

        manquent plus que les mouvements sociaux puissants et offensifs !

        amitiés

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        • Quand les maires PS participent à la chasse aux Roms : la cas de Dijon

          Communiqué de la caisse de solidarité en réponse à F. Rebsamen, Maire de Dijon : "La chasse aux roms se poursuit à Dijon"

          Les politiques annoncées cet été, de discrimination et d’expulsions groupées des Roms, ne représentent malheureusement qu’une intensification et surtout une visibilisation assumée des dispositifs répressifs déjà mis en place au quotidien par de nombreuses municipalités et préfectures en France. Dijon s’est tristement illustré à ce sujet ces dernières années, comme le rappelle encore le rapport publié récemment par l’association roms-europe.

          La chasse aux Roms se poursuit à Dijon !

          Caisse de solidarité 21 – caisse-de-solidarite@brassicanigra.org

          Pour rappel :

          Les propos de M. Rebsamen, Maire de Dijon, à propos des roms : http://www.leparisien.fr/politique/francois-rebsamen-les-maires-ont-raison-d-expulser-les-roms-03-09-2010-1053237.php

          Le communiqué de la Caisse du Collectif "un toit pour toi" publié cet été : http://www.brassicanigra.org/contributions/squat-de-roms-expulsion-manquee-a-dijon-communique-de-un-toit-pour-toi-et-reponse-a-gilles-dupont-voix-de-la-police-au-bien-public.html

          « Or je crains que ce type de manifestation n’aille jusqu’à demander à nos maires et nos élus d’installer eux-mêmes des campements de Roms dans nos villes ou de fermer les yeux sur certains squats… (...) L’occupation illégale de terrains publics ou privés n’est pas permise. Les maires ont raison de saisir la justice pour les expulser. Quant à l’expulsion du territoire français, il est du devoir d’un gouvernement de reconduire à la frontière des étrangers en situation irrégulière. Mais dans le respect des principes républicains, de la personne et de la dignité humaine. Et sans spectacle… » François Rebsamen, in Le Parisien, vendredi 3 septembre.

          Les politiques annoncées cet été, de discrimination et d’expulsions groupées des Roms, ne représentent malheureusement qu’une intensification et surtout une visibilisation assumée des dispositifs répressifs déjà mis en place au quotidien par de nombreuses municipalités et préfectures en France. Dijon s’est tristement illustré à ce sujet ces dernières années, comme le rappelle encore le rapport publié récemment par l’association roms-europe.

          En avril 2009, une dizaine de ressortissant-e-s roumain-e-s étaient arrêté-e-s à Dijon sous des accusations de recel, d’escroquerie à la CAF et à la CPAM ou encore d’aide au séjour irrégulier. Ces arrestations permettaient à l’époque de semer la peur chez les autres Roms, de légitimer les discours discriminants du Maire sur des personnes qui vivraient « d’escroquerie permanente » et de justifier la répression mise en oeuvre pour les faire partir de la ville et vider les squats. Il s’avèrerait après coup que la procédure avait été initiée grâce à une délation mensongère du président de l’association France-Roumanie, proche de l’équipe municipale. Après des mois des prisons, des expulsions et des articles xénophobes dans le journal local sur le « problème Rom », les inculpé-e-s avait pourtant fini par obtenir un non-lieu sans même qu’un procès soit requis, puisque la justice même avait reconnu que la plupart des chefs d’inculpation ne tenaient pas debout.
          En mai 2010, malgré les mobilisations et après des mois de harcèlement policier quotidien, la Caserne du Creuzot où avait vécu jusqu’à 150 Roms était expulsée par la police, faisant disparaître les affaires personnelles des familles dans des bennes et avec encore une fois la volonté d’en finir. La préfecture envoyait un communiqué sur l’expulsion titré en novlangue « opération de relogement en cours » et annonçait la construction d’une nouvelle prison et d’un camp de réinsertion militaire pour la jeunesse à la place des logements des familles.

          Cela n’a pas empêché certaines familles de continuer à se battre pour échapper aux mailles du filet et rester à Dijon. Fin juin, des familles ont réoccupé des maisons vides appartenant à la ville de Dijon près des facultés. Le 7 juillet, les services du Grand Dijon, la police et des compagnies de travaux sont venus expulser les familles illégalement et sans s’embarrasser des procédures censées garantir un certain nombre de droits, même aux occupant-e-s de squats. En été, il semble que plus encore qu’à l’habitude, on ne s’embarrasse pas d’obstacles légaux et qu’on imagine que tout le monde va fermer les yeux. Après avoir sorti violemment les personnes des maisons, des ouvriers ont dévitalisé les lieux comme cela semble être devenu le nouveau sport local pour empêcher que des maisons vides soient utilisées : détuilage, trous dans les toits, cassages des portes, escaliers et fenêtres. Après s’être faites expulser aussi des pelouses de la Fac, sur lesquelles elles s’étaient réfugiées, les familles ont cependant décidé de revenir à l’intérieur de l’une des maisons, pour tenter tant bien que mal de garder un abri pour l’été. Quelques jours plus tard, malgré un « rappel à la loi » adressé par des associations et le refus par des policiers même d’expulser sans procédure, la municipalité a envoyé un tractopelle pour continuer de casser la maison jusqu’à ce que les familles regroupées à l’intérieur en sortent.
          Fin Juillet ces familles ont occupé des maisons laissées vides depuis plusieurs années, à Chenôve cette fois-ci. Mais les élus socialistes locaux n’ont pas été plus accueillants et ont tenté eux aussi, en collaboration avec la préfecture, d’expulser sans procédure et de casser les maisons avec les familles à l’intérieur. Mais la mobilisation a cette fois payé et après des heures de face à face tendu avec des policiers prêts à l’attaque, la soixantaine de soutiens rassemblés en urgence dans la maison a fini par obtenir gain de cause et forcé la préfecture à sonner le retrait des troupes. Après un répit de quelques semaines, des procès intentés en urgence par la Mairie de Chenôve et le soutien des juges, les familles sont cependant de nouveau à la rue et leur sort laissé en suspens.

          Dans ce contexte agité, trêve de récupération hypocrite et contrairement à un certain nombre d’autres élus et militants PS, le Maire de Dijon a choisi de se dire qu’il ne pourrait faire illusion en prenant la défense de Roms. Il a donc préféré se ranger du coté des politiques gouvernementales et de la loi, tout en appelant à des expulsions respectueuses, dignes et surtout invisibles... Ben voyons ! Après des siècles de rejets, de pogroms et de discrimination, le temps du répit est loin d’être venu pour celles et ceux que commission européenne présente aujourd’hui comme une "menace pour la cohésion sociale". Pourtant pour le Maire de Dijon la question de la discrimination des Roms en France s’arrête en apparence tout simplement là où la loi commence. Quant à nous, au-delà des nécessaires prises de parti et manifestations comme celle-ci, il nous semble primordial de continuer à visibiliser ces faits et de trouver collectivement les moyens de nous opposer concrètement aux politiques locales en la matière, aux lois « indignes » et à leurs applications « irrespectueuses » à chaque fois que nécessaire.

          Caisse de solidarité 21 – caisse-de-solidarite@brassicanigra.org

          Plus d’infos sur le site www.brassicanigra.org

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