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HARCELEMENT POLICIER A PERIGUEUX

jeudi 28 octobre 2010

À PROPOS DU HARCELEMENT POLICIER A PERIGUEUX

Dans le climat national actuel de « guerre sociale » où pleuvent les coups
de matraques et les gaz lacrymogènes, où les arrestations de manifestantEs
se multiplient, Périgueux n’est pas épargnée par les pressions policières.
Nous rapportons plus particulièrement ici celles concernant une partie du
mouvement de lutte actuel, auquel nous appartenons, assumant les idées et
pratiques anarchistes, et ce afin que nul ne puisse ignorer les récents
agissements de la police locale.

Pour commencer restituons le contexte, le mouvement anarchiste local
subissant régulièrement depuis quelques années maintenant le harcèlement
de la police.
Après l’élection de Sarkozy des anarchistes de Dordogne, dont les membres
du Collectif Libertaire Marius Jacob et des militantEs syndiquéEs à la
CNT, avaient organisé un rassemblement appelant à préparer la
« Résistance » devant le palais d’injustice de Périgueux. Ils avaient
alors fait la « connaissance » du commissaire divisionnaire de Périgueux
et directeur départemental de la sécurité publique de la Dordogne, André
Friconnet. Depuis lors, cette personne et ses hommes multiplient les
provocations et les intimidations à l’encontre du mouvement libertaire. En
voici quelques exemples notables :
En 2008, lors d’une intervention au palais d’injustice en solidarité avec
le peuple grec en lutte alors que nous distribuions des tracts et avions
accroché une banderole. Très rapidement le commissaire arrive et exige que
soit décrochée la banderole avec intention de la confisquer. Devant notre
refus, il fit procéder à son enlèvement et allait immédiatement chercher
le procureur lequel nous restituait la banderole et nous autorisait à
demeurer sur place, à condition de tenir ladite banderole et de ne pas la
raccrocher aux piliers de l’édifice. Entre temps arrivaient sur place une
douzaine de policiers très tendus ainsi qu’un vidéaste de la police en
civil. Les cinq personnes présentes à cette action furent donc encerclées
et filmées en plan fixe à trois mètres environ de distance et ce pendant
dix longues minutes… tandis que des lycéenNEs revenant de manif et des
passants incrédules devant un tel déploiement policier viennent
spontanément chercher le tract diffusé.

Au printemps dernier au cours d’une manif’ à Périgueux, alors qu’à la
suite de manifestantEs syndicaux une partie du cortège anarchiste se rend
à la clinique Francheville, dont les grévistes occupent la rue, celui-ci
est bloqué par un cordon de flics. Les anarchistes sont désignés comme
tels et de ce fait interdit de poursuivre la manifestation par le même
commissaire qui promet en prime à une camarade qui s’insurge de cet état
de fait des poursuites pour « appel à la sédition »… Des manifestantEs de
base se sont montréEs solidaires et sont venus soutenir les libertaires
bloquéEs, certainEs passant quelques drapeaux de l’autre côté du cordon
policier.

Événements récents en lien avec la lutte contre la réforme des retraites
et au-delà

Les anarchistes militants sur Périgueux commencent donc à avoir l’habitude
du harcèlement du commissaire et de ses hommes à chaque fin de
manifestation ou lors d’actions spécifiques. Pourtant il semble qu’il y
ait depuis le début du mouvement massif contre la réforme des retraites
une escalade dans les provocations et autres menaces. Citons les plus
récentes :

- Jeudi 23 septembre :
A l’issue de la manif de Périgueux, le Collectif Libertaire Marius Jacob
proposait un repas (dans l’esprit du Repas des Gueux mensuel qu’il
organise) à l’entrée des allées de Tourny. Une quarantaine de personnes se
retrouvèrent autour d’un plat chaud, végétarien ou non. Étaient
installées, outre une banderole et quelques drapeaux, une table de presse
et une petite sono.

Lorsque la majorité des gens fut partie, vers 20h15, alors qu’il ne
restait qu’une douzaine de compagnes et compagnons du Collectif
Libertaire, dont des enfants, le commissaire, accompagné de quelques
flics, est venu leur intimer l’ordre de dégager la place arguant du fait
que tout rassemblement après manifestation était interdit, ordre de la
préfecture… Il y eut un moment de tension et chacunE protesta
véhémentement. Après quelques menaces policières d’usage, le « chef » leur donna dix minutes pour partir. Après consultation il fut décidé de ranger
le matériel, pour éviter une éventuelle confiscation, mais de rester sur
place une demi-heure supplémentaire, tandis que les flics observent à
distance et qu’un fourgon à gyrophare se met en place. Finalement le
groupe restant finit par se disperser sans nouvelle intervention des flics

- Mardi 19 octobre :
A la fin de la manifestation des manifestantEs se regroupent pour bloquer
le rond-point en bas de l’avenue Pompidou (l’ancienne route de Paris), des
syndicalistes, des membres de partis, des anarchistes et divers
individus. Après quelque temps, les gens commencent à se disperser et il
ne reste que deux groupes qui continuent à bloquer deux routes autour du
rond-point : Des membres de la CGT et des anarchistes regroupés autour de la banderole du Collectif Libertaire Marius Jacob. Des fourgons de police
arrivent alors et le commissaire Friconnet (toujours lui) déclare au
mégaphone que les dernierEs manifestantEs doivent se disperser sinon il va
faire procéder à des interpellations avant de lancer une première
sommation (pour celles et ceux qui ne connaissent pas cet usage, au bout
de trois sommations, les flics ont toute liberté pour « faire usage de la
force », c’est à dire tabasser ou utiliser gaz et autres flash-ball). Sur
ce, la trentaine de flics sortent leur matraque et commencent à encercler
les deux groupes qui remontent alors sur les trottoirs. Le groupe des
libertaires est sommé de se disperser et est finalement refoulé de l’autre
côté du rond-point où quelques compagnons restent un peu et constatent que le groupe arborant les drapeaux de la CGT, bien que faisant face à
quelques flics, entame la discussion avec eux et reste sur le trottoir où
ils s’étaient repliés.

  • Mercredi 20 octobre :
    Lors d’une manifestation regroupant principalement des lycéens et des
    cheminots, le cortège passa à proximité du siège de l’UMP défendu par un
    cordon de policiers ayant à leur tête le commissaire Friconnet. Des
    cheminots voulant aller devant le siège dudit parti présidentiel
    commencèrent à faire face aux flics en compagnie de diverses personnes
    dont quelques compagnons anarchistes. Le commissaire intervint et fit une
    première sommation en ordonnant aux syndicalistes de circuler car « il y a
    des casseurs avec vous », désignant implicitement les libertaires
    présents. Bien que l’un d’eux ait protesté devant cette accusation
    ridicule (en effet c’est bien connu, sur Périgueux les anarchistes
    profitent de chaque manif’ pour casser les vitrines et piller les
    magasins... il paraît même qu’ils mangent les enfants...), le cortège
    reprit son chemin, délaissant le terrain au flics et laissant du crédit à
    leurs mensonges visant à diviser le mouvement.

- Jeudi 21 octobre :
Durant la manifestation du matin, à proximité de la préfecture un policier
de la BAC, habillé façon « djeun’s » s’approche d’un camarade isolé et le
bouscule d’un coup d’épaule avant de le provoquer verbalement ; le camarade en question garde son sang-froid et s’éloigne simplement du flic qui continue à l’invectiver.
L’après midi, quelques militantEs anarchistes se sont joints au piquet de
grève des employéEs de l’hôpital, ainsi que quelques dizaines de
syndicalistes et de lycéenNEs. Les manifestantEs sont principalement
postéEs sur le rond point. Quelques personnes, des syndicalistes et des
anarchistes, ralentissent la circulation sans pour autant la bloquer
(malgré l’envie partagée par certainEs) facilitant le passage des quelques
véhicules de secours allant à l’hôpital, cela sous le regard des agents de
la DCRI (les ex-RG) et de policiers en uniformes n’intervenant pas, même
pour réguler la circulation ou protéger les manifestants des rares
chauffeurs énervés cherchant à forcer le passage.
Au moment où les gens commencèrent à se disperser, les camarades
anarchistes présents se séparent en deux groupes afin de regagner leurs
véhicules ; un des groupes, constitué de cinq personnes, s’attarde un peu
sur le trottoir à une vingtaine de mètres du rond-point afin d’observer le
commissaire Friconnet qui vient d’arriver toutes sirènes hurlantes pour
parler avec les manifestantEs encore présentEs sur le rond-point, et ce
afin de vérifier que celui-ci ne fasse pas intervenir ses hommes pour les
déloger.
Alors qu’il s’adresse aux syndicalistes encore présentEs, il montre du
doigt le petit groupe d’anarchistes qui observe, puis se dirige vers eux
accompagné de quelques hommes en uniforme. Peu désireux de subir une fois encore une fois les menaces et provocations du commissaire, le petit
groupe tourne les talons et commence à descendre à allure modérée l’avenue en direction du centre ville. Les flics leur courent alors après et le
commissaire saisit fermement un compagnon par le bras tout en l’appelant
par son nom. Il s’en suit des menaces verbales aboyées par ledit
commissaire Friconnet, qui joue sur l’intimidation physique, disant en
substance que « la prochaine fois qu’il les verrait, ils apprendraient à
connaître le vrai Friconnet » (paroles lourdes de sens dans la mesure où
l’on connaît déjà la réputation sur Toulouse de cet ancien directeur de la
sûreté adepte du matraquage de lycéens) et qu’ils « étaient indésirables
dans le mouvement social, que les manifestants ne voulaient pas d’eux ».
Cette scène dura deux ou trois minutes avant que le commissaire ne
retourne à sa voiture en les traitant de « lâches, de couards, de
peureux », probablement déçu que ces camarades ne « débordent » ni
verbalement, ni physiquement malgré l’échauffement des esprits, sachant
qu’ils et elles avaient tenu tête sur le même ton que celui employé contre
eux.

Loin de vouloir nous victimiser, nous l’affirmons nous sommes coupables :
coupables de nos idées, de nos buts en tant que révolutionnaires qui sont
l’abolition de l’exploitation et de la domination de l’État sur nos vies.
C’est bien cela qui est en cause et c’est pour cela que le pouvoir (par
l’entremise de Friconnet sur Périgueux) veut nous faire taire en nous
harcelant et nous réprimant, nous stigmatisant auprès des autres
participantEs au mouvement en répandant mensonges et calomnies (diviser
pour mieux régner).

Rappelons également que la flicaille utilise les mêmes moyens à l’encontre
des lycéenNEs à l’heure actuelle, menaçant par exemple les « meneurs »
(mineurs pour la très grande majorité) d’arrestation s’il se passe quoi
que ce soit dans leur cortège pour les inciter à faire eux-mêmes la police
en « calmant les énervéEs » (ceci ne relève que de l’intimidation, car
aucun chef d’inculpation ne pourrait être retenu à leur encontre pour des
faits concernant d’autres personnes) ou encore en forçant brutalement un
blocage de lycée sur demande du proviseur (et oui tous les « flics » ne
sont pas de la police).
D’ailleurs en discutant avec des lycéenNEs nous avons pu apprendre que
suite à la diffusion mercredi 20 octobre de leur tract où ils et elles
dénonçaient les violences policières et affirmaient leur solidarité avec
touTEs les lycéenNEs arrétéEs, les flics de la DCRI les avaient approché
pour leur dire qu’illes étaient en train d’être récupéréEs par les
anarchistes. Précisons-le, nous n’avons en rien influencé leur tract (que
nous avons découvert lors de sa diffusion) et nous ne leur distribuons pas
de « supports marketing » (badges, drapeaux, autocollants...) en manifs,
ceci ne faisant pas partie de nos pratiques (contrairement à d’autres
organisations).
Les flics se permettent désormais d’interdire la participation de
certaines personnes au mouvement social. Après nous, à qui le tour ?
« Lorsqu’ils sont venus chercher les communistes, je me suis tu, je
n’étais pas communiste. Lorsqu’ils sont venus chercher les syndicalistes,
je me suis tu, je n’étais pas syndicaliste. Lorsqu’ils sont venus chercher
les juifs, je me suis tu, je n’étais pas juif. Puis ils sont venus me
chercher, et il ne restait plus personne pour protester. » (Martin
Niemöller après sa libération du camp de Dachau). Vous tairez-vous
lorsqu’ils viendront chercher les anarchistes ?
Quoi qu’il en soit, nous ne plierons pas devant les menaces, les
provocations, les intimidations ou la répression.
Nous faisons parti du mouvement de lutte en cours. A cet égard, nous
sommes solidaires de toutes les personnes ou groupes réprimés en son sein
et ce, quel que soit leur mode d’action, de la simple manifestation à
l’émeute, du blocage au sabotage en passant par la grève.
Nous n’avons d’autre attente que celle d’une même solidarité s’exprimant à
notre endroit, au moment même où localement les intimidations et les
provocations policières, précédant à n’en pas douter la répression, se
multiplient et s’intensifient contre nous.

La répression se durcit ? Notre détermination aussi !
La solidarité est notre arme !

Des anarchistes de Dordogne
Périgueux, le 26 octobre 2010

merci de largement diffuser largement ce texte autour de vous

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