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Grèce : Interview du groupe anarchiste AK (Antieksousiastiki Kinisi)

lundi 18 mars 2013

Interview du groupe anarchiste grec AK (Mouvement Antiautoritaire)

Des anarchistes grecs parlent du mouvement anarchiste en Grèce

Cette interview a été réalisée le 20 janvier 2013

Le week-end dernier (12 janvier 2013), à la manifestation la plus massive de ces dix dernières années, des milliers d’anarchistes ont défilé pour protester contre les expulsions violentes des squats « Villa Amalias », « Rue Patision » et « Skaramagka » à Athènes et contre le climat extrêmement répressif créé par la police ces derniers mois en Grèce.
Voici une interview de l’un des groupes anarchistes le plus important numériquement en Grèce – le Mouvement Antiautoritaire (AK - Antieksousiastiri Kinisi) – où ils parlent du climat social et politique actuel en Grèce, de la menace de l’extrême droite et du travail du mouvement anarchiste.

Pourriez-vous nous rappeler quelques données sur la crise actuelle et le programme d’austérité imposé à la Grèce ? Et comment cela affecte la classe travailleuse ?
La crise actuelle a frappé profondément la société grecque. Le chômage et la pauvreté ont considérablement augmenté. Il y a des foyers sans nourriture et sans électricité. Chaque jour des gens perdent leur emploi. Et nous, nous pensons que ce n’est que le début. En fait, c’est une nouvelle expérience de la « doctrine du choc ».

L’anarchisme a des racines profondes dans de nombreux endroits de la planète. Quand a-t-il émergé pour la première fois en Grèce ? Quels sont vos points forts et vos faiblesses ?
Les anarchistes ont été présents en Grèce depuis 1900. Mais la croissance importante du mouvement anarchiste a eu lieu dans les années 1980. Le mouvement a beaucoup de points forts et aussi de points faibles. Ce que nous voulons mettre en avant, c’est la solidarité et la participation des travailleurs, des migrants et des prisonniers dans les luttes sociales, la force de la jeunesse et la lutte contre la répression et le capital.
Nous devons aussi mentionner tout spécialement la lutte et les confrontations qui se mènent contre les coupes budgétaires et les mesures du FMI.

Qu’est-ce qu’est la Mouvement Antiautoritaire (AK) ? Dans quel genre d’activités et de luttes, en termes d’unions et de campagnes communautaires, est-il impliqué ?
AK est un réseau d’assemblées réparties dans quelques-unes des villes grecques. Nous sommes impliqués dans une variété de luttes. À l’heure actuelle nos campagnes principales sont liées au soutien aux travailleurs de l’entreprise « Vio.Me ». Ils sont sur le point de prendre le contrôle de l’usine et la mise en place du travail auto-organisé.
Nous sommes également actifs dans la lutte en solidarité avec les habitants de Halkidiki (Chalcidique), Kilkis et de la Thrace qui luttent contre les mines d’or qui vont être construites dans la région (un investissement « express » qui pourrait être une catastrophe pour la région).
Et en général, nous participons au soutien à toutes les luttes sociales contre les options catastrophiques d’exploitation de l’Etat et du capital.
Également, à Thessalonique, nous participons à deux centres sociaux, « Micropolis » et « Scholeio » où nous essayons de recréer des choses nouvelles, en termes de formes organisées, de structures sociales et d’économie solidaire pour répondre à la crise et au travail comme proposition de modes de vie différents et pour une société différente.
Vous verrez, les choses en Grèce sont dans une situation critique et nous sommes basiquement face à deux options : ou la brutalité de masse ou la créativité.
Dans ce processus, nous collaborons avec un grand nombre de personnes et de groupes de Thessalonique et de toute la Grèce qui travaillent sur des projets similaires.
Et enfin et surtout, nous aimerions parler de notre focalisation sur la lutte contre le fascisme qui est aussi une question cruciale car le parti radical néo-nazi de Grèce continue de se développer.

Combien y a-t-il d’anarchistes incarcérés dans les prisons grecques ?
Ils doivent être plus de 20. La plupart ont été accusés de lutte armée.

De nombreuses sections des médias étrangers comme le quotidien The Guardian ont mis l’accent sur le développement alarmant du parti d’extrême droite « Aube Dorée », comparant la situation actuelle avec la République de Weimar du début des années 1930. Qui sont-ils ? Et, que font les anarchistes et les antifascistes pour combattre leur influence ?
Il y a une croissance des néo nazis en général, et pas seulement du parti extrémiste « Aube Dorée ». Ce développement n’est pas uniquement provoqué par la crise mais aussi par l’État. « Aube Dorée » a toujours été un instrument de l’État dans les domaines où la police ne pouvait pas agir. Le gouvernement a agi de manière beaucoup plus nazie que les Nazis – la création de centres de détention pour refugiés, les tabassages de manifestants, de refugiés, les tortures récentes des antifascistes dans les commissariats, la fraternité bien connue entre la police et les membres de l’« Aube Dorée » (50% des policiers ont voté pour eux)... Tout ce qui précède a contribué au développement des nazis.
Avec le développement de l’« Aube Dorée », il y a aussi une croissance significative du mouvement antifasciste. En plus des efforts pour informer et avertir la société du rôle d’« Aube Dorée » et de ses relations avec la police, il y a aussi le combat de rue pour les maintenir hors des rues et réduire leur présence dans la société. Jusqu’à présent, il semble que nous ayons la force nécessaire pour le faire malgré l’aide qu’ils reçoivent de l’État.

Quelle est votre opinion à propos de la croissance du parti de la gauche radicale Syriza ? Et savez-vous si beaucoup d’anarchistes ont voté pour eux lors des dernières élections ?
Premièrement, Syriza n’est pas du tout radical. Rappelons notre déclaration après les dernières élections : « Bienvenue à Syrisa dans l’enfer de l’autorité ». Syriza a obtenu ce développement en profitant du mouvement de la place Syntagma, mais il n’est pas le mouvement. Il s’agit d’un parti de gauche qui lutte pour gouverner.
Nous ne savons pas combien d’anarchistes ont voté pour Syriza. Ce que nous savons, c’est que notre assemblée, à Thessalonique, n’a pas du tout voté.

Malgré plus d’une douzaine de grèves générales, l’administration actuelle de la « Nouvelle Démocratie » continue d’imposer ses infâmes mesures d’austérité à la demande du FMI et de l’UE. Quelle est selon vous la prochaine étape ? Et quel rôle devrait être celui des anarchistes dans ces luttes ?
Il est difficile de prévoir l’étape suivante. Tout ce que nous avons compris après trois ans de lutte contre ce régime répressif et vraiment déterminé, c’est que les méthodes « traditionnelles » de lutte contre leurs politiques ne sont plus du tout efficaces actuellement. C’est pour cela qu’en ce moment, nous essayons de créer de nouveaux liens avec différentes parties de la société qui vont nous aider à résister et construire quelque chose de nouveau. Nous allons essayer de montrer à la société qu’il y a une voie alternative sans État et sans capital. C’est une voie difficile et nous le savons, mais nous ne combattrions pas pour cela si nous pensions que c’est impossible. Nous ne pouvons pas parler pour les tous anarchistes, nous parlons de nos choix et de notre stratégie en tant que AK.

Quel rôle peuvent jouer les anarchistes en dehors de la Grèce pour vous aider ?
La solidarité est un aspect très important aujourd’hui. Cela aide les gens à continuer à se battre et leur donner du courage. Il est également vital de faire pression sur les autorités. Il est très utile de voir qu’il y a des camarades et des gens en dehors de ton pays qui se soucient vraiment de vous et de ce qui se passe ici. Nous sentons que nous ne sommes pas seuls dans cette attaque contre l’État et le capital.
En outre, nous sommes toujours à la recherche de rencontres et de collaborations avec des groupes et des collectifs de l’Europe et en particulier des pays PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) pour partager des idées, des expériences et des formes de lutte. Nous ne devrions pas être seuls dans cette recherche. Vous ne devriez pas être seuls non plus à ce sujet. Nous sommes tous ensemble. Pour cette raison, au cours de la dernière année, nous avons participé au réseau anticapitaliste européen M31 (http://march31.net/).

(source : ici )
Traduction : XYZ / OCLibertaire

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