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Mapuches : Les premières réponses politiques du gouvernement chilien

lundi 31 août 2009


La réponse du gouvernement chilien à la mobilisation en cours des communautés mapuche a été la nomination l’un Coordinateur des politiques indiennes, en la personne de José Antonio Viera Gallo, baron du PS, un des plus haut responsable politique de l’Etat et déjà ministre secrétaire de la présidence.

Ce “coordinateur” à peine nommé, on apprend que, par une “déclaration interprétative”, l’exécutif a décidé que les projets d’investissements resteront en dehors du processus de consultation que le gouvernement chilien doit établir avec les communautés autochtones conformément aux conditions de la convention 169 de l’OIT que le Chili a récemment signé et qui entrent en vigueur le 15 septembre prochain.

Au cours d’un voyage express de deux jours dans la région du pays mapuche, il a trouvé le moyen de ne pas rencontrer les principaux acteurs et leaders du conflit actuel, alors que sa nomination est une réponse au conflit, de bousculer une étudiante mapuche lors d’une rencontre de “dialogue” sur le thème conflictuel du financement des foyers pour étudiants dans la ville de Temuko et de rencontrer rapidement une communauté mapuche se situant hors du conflit actuel.

Alors que les étudiants lui demandait des acomptes pour le non respect d’accords conclus, notamment sur le projet de construction de trois nouveaux foyers, Viera Gallo s’est soudain levé de sa chaise, s’est exclamé : « C’est nous qui avons l’argent, c’est pas vous qui allez venir me dire ce que nous devons faire ! », puis a saisi le bras d’une jeune étudiante présente à ses côtés, l’a poussé vers le sol en hurlant « Enlèves-toi de là, laisse moi passer » et a quitté la réunion.
Après l’incident, la coordination des foyers étudiants mapuche ne mâche pas ses mots. Après avoir rejeté les agissements discriminatoires du représentant de l’Etat et sa décision de rompre le dialogue, le communiqué déclare : « Nous considérons comme raciste et irrespectueuse le comportement de Viera Gallo, nous nous demandons si dans une réunion avec des grands patrons ou avec des représentants politiques importants il agirait de la même manière ».

Occupation d'une ferme à Ercilla

Répondant à l’appel de l’Alliance Territorial Mapuche de poursuivre la mobilisation et la prise de terre, l e vendredi matin, une quarantaine de membres de la communauté Temucuicui ont envahi la ferme La Romana dans la localité de la Ercilla, exigent la présence du nouveau coordinateur des affaires indiennes, José Antonio Viera Gallo, pour engager le dialogue sur la restitution des terres. Le coordinateur n’est pas venu et la réponse de l’Etat a été l’envoi de carabiniers pour déloger les occupants. Au cours des affrontements, 3 mapuches ont été blessés tandis que la police parle de 4 policiers blessés.

Viera Gallo a préféré s’entretenir une demi-heure avec les représentants d’une communauté (Loncura) ne faisant pas partie du conflit et situé près des installations d’une fabrique de cellulose, la Celulosa Pacífico de la Compañía Manufacturera de Papeles y Cartones (CMPC).
Un peu comme si un patron face à des grévistes, ne rencontre et ne discute qu’avec les non grévistes...

Le 29 - 08 - 2009

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La nomination de Viera Gallo a provoqué des réactions du côté des organisations mapuches. Voici les deux premiers communiqués, l’un de l’Alliance Territoriale Mapuche, l’autre de la Coordination Arauco Malleco

Communiqué de l'ATM

L’Alliance Territoriale Mapuche poursuit le processus de mobilisation générale sur le territoire mapuche

Temuco, le 28 Août 2009

Ce matin, à différents points du territoire mapuche se déroulent des mobilisations par des communautés et lof liés à l’Alliance Territoriale Mapuche. Les points exacts sont de mobilisation sont : les communautés Wanako Millao et le Lof Temucuicui à Ercilla, le territoire Mariluán avec six communautés mobilisées entre la route qui relie les villes de La Victoria et Curacautin, et le territoire Wawanco avec six communautés de la commune de Cunco.

Ceci entre dans le cadre des accords établis lors du xawvn (rencontre) du Budi, zone lafkenches, où il a été défini que les manifestations continueront dans la mesure où les communautés ont décidé de discuter et de négocier directement avec la présidente Bachelet.

Pendant ce temps, les logko qui ont répondu à l’appel et qui constituent l’Alliance se réunissent en ce moment dans la ville de Temuco, dans le but d’évaluer la désignation d’envoyés ou werken (porte-parole) pour qu’avec l’émissaire de la Présidente – le ministre Viera Gallo – soient établi un agenda, des échéance et des mécanismes pour un accord et une négociation large et générale entre le Peuple Mapuche et le Gouvernement.

Alliance Territoriale Mapuche
PULOF XAWVN

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Communiqué public de la Coordinadora Arauco Malleco (C.A.M.) face à la nomination de Viera Gallo

En tant que coordination Arauco Malleco et Cautín nous voulons exprimer notre rejet total de la nomination de Viera Gallo comme ministre Coordinateur des affaires autochtones. Avec cette nomination, l’État n’a pour seule finalité que d’imposer la réforme constitutionnelle qui annule les droits des peuples autochtones. Viera Gallo est la même personne qui a essayé d’imposer une « déclaration interprétative » à la Convention 169 et est l’auteur de pactes avec la droite pour imposer un verrou constitutionnel qui annule les droits collectifs des peuples autochtones.

Le gouvernement chilien prétend contenir la lutte des Mapuche à travers deux axes d’action : d’abord, la répression, en y engageant toutes les institutions de l’Etat (essentiellement judiciaires et de police), et en permettant l’impunité des actions menées par les « gardes blanches » des hommes d’affaires et des propriétaires terriens ; d’autre part, la mise en œuvre de politiques sociales d’ordre palliatif et assistenciel, avec des offres qui sont loin de résoudre les revendications historiques d’Autonomie et de Territoire, car elles persistent à maintenir intacts les intérêts des sociétés transnationales, en acceptant surtout le développement d’un processus d’investissement capitaliste dans nos territoires qui, faute de s’arrêter, nous condamne à l’extermination.

L’État-gouvernement a l’habitude d’assassiner les nôtres pour donner des avertissements et écraser les droits du Peuple Mapuche : à Galvarino, ils lui ont coupé les bras et l’ont ensuite renvoyé dans son lof pour montrer que la cupidité et l’insolence seraient implacables depuis l’entrée des winka dans le Wallmapu, mais ... la balle qui a tué Mendoza Collio un jour « fera demi-tour » et des armées entières ne pourront rien contre la dignité de notre nation Mapuche.

En ce sens, dans le nouveau scénario, avec le “conflit mapuche” sur lequel s’est heurté le modèle économique et la superstructure politique et idéologique de l’Etat, c’est-à-dire les effets ressentis par l’Etat et les sociétés transnationales, le gouvernement a persisté dans la contention de la politique autonomiste et nationalitaire du mouvement mapuche. La ligne stratégique de l’Etat sera alors la neutralisation du conflit qui pour cela utilisera son influence politique sur des acteurs politiques ou sociaux déterminés.

Pour ces raisons, nous pouvons en conclure que l’administration actuelle s’engage uniquement en vertu d’une vision indigéniste à remplir un rôle tutélaire de type assistancialiste en direction des peuples indigènes, où la politique sociale de l’État fait partie d’une stratégie plus vaste visant à amortir le mécontentement des communautés.

Pendant ce temps, les communautés en conflit, principalement celles regroupés dans la CAM maintiennent leur position de faire face au processus d’investissements forestiers dans les zones de conflit à travers la récupération des terres et l’exercice des droits politiques et territoriaux. Cette situation a généré une série d’événements qui ne sont généralement pas couverts par la plupart des médias ou bien sont amoindri avec l’objectif évident de minimiser le conflit, cherchant ainsi à atomiser le mouvement mapuche.

C’est pourquoi nous appelons toutes les communautés mapuche mobilisées à ne pas nous laisser trompé par ces dialogues qui n’ont d’autre buts que de neutraliser nos revendications légitimes. En essayant de sortir nos prisonniers politiques Mapuche de notre territoire et en les dispersant dans différentes prisons du pays, avec l’objectif clair de les éloigner de leurs familles et leurs communautés.
Tant qu’existera la pauvreté et la misère en raison du manque de terres du fait des politiques de l’Etat qui légitiment la dépossession territoriale, la CAM continuera d’exister.

Entreprises forestières et grands propriétaires fonciers, hors du Wallmapu !
Territoire et Autonomie pour la Nation Mapuche !
Avec Lemun, Collio, Catrilao

WEUAIÑ !
(Nous vaincrons !)
C.A.M
Wallmapu, 27 Août 2009

NdT :
[*] Galvarino était un cacique (chef) araucan qui, lors de la conquête espagnole, a été fait prisonnier. Ses mains ont été coupées et il a été libéré pour l’exemple. Aussitôt libre et bien que mutilé, il s’est de nouveau engagé dans le combat contre les conquistadores et mourut au terme d’une bataille en 1557.

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