jeudi 15 octobre 2009
A 16h45 le premier prévenu entre et débute alors ce que l’on pourrait qualifier de farce si ça n’était pas aussi tragique. Les parties civiles en pleine démesure réclament des sommes impayables ou absurdes, inventées sur le moment, sans toujours se fendre d’un rapport de conclusion, comptant beaucoup sur le Parquet pour obtenir réparation de ces dangereux casseurs. Le parquet lui-même prononce des réquisitions allant au-delà du supportable et du crédible si ce n’est que le contexte politique les conditionne. Dans la bouche du Procureur, c’est la voix d’Hortefeux qui raisonne sous la coupole du Tribunal : plus de 5 ans de prison ferme et 3 ans de sursis sont réclamés en tout pour ces huit prévenus qui n’ont même pas causé d’égratignure. On en accuse de jets de pierre, en oubliant qu’aucune n’a atteint la cible qu’on lui prête. On soupçonne les témoins de complicité sans leur laisser le moindre crédit et l’on glorifie le courage et la bravoure des fonctionnaires de police (surtout les gradés…) qui sont installés sur un piédestal. L’Etat policier félicite ses troupes (massivement présentes dans la salle !) par la voix d’un procureur qui semble vouloir dire « vous manifestiez contre la prison de Vivonne, eh bien vous allez savoir de quoi vous parlez » qui fait écho aux « vous vous êtes bien amusé, à nous maintenant ! » lancés par les représentants de l’ordre lors des multiples arrestations en marge de la manifestation. Sous couvert d’une remise en contexte on nous rabâche que sous l’action collective se cache des décisions individuelles et donc des responsabilités individuelles à la terreur qui ébranla le centre-ville de Poitiers alors animé par la liesse pacifique des Expressifs et on nous parle de traumatisme et des enfants qui pleurent, en oubliant bien sur que ce sont les policiers et personne d’autre qui ont lancé trois grenades lacrymogènes dans la foule, irritant la gorge et les yeux des passants. A l’entendre, c’était la guerre civile. Après de telles réquisitions les avocats suffoquent d’énervement et de fatigue tant les dossiers sont mal ficelés et que certaines incohérences pourraient prêter à rire si la liberté de l’individu n’était pas mise en balance. Il est prouvé par la bonne foi, la logique et des témoins que certaines déclarations policières sont erronées, parfois mensongères, affirmant « de manière tout à fait convaincante », à écouter le Mr. le procureur, avoir identifié tel ou tel individu à une distance défiant les capacités visuelles des rapaces, avec une exactitude inhumaine, et faisant état d’éléments qui n’existent pas (par exemple des buissons dans une rue qui n’en comporte pas…).
Lorsque la police et l’Etat veulent la peau de certains contrevenants à l’ordre établit, ils l’obtiennent d’une justice qui porte mal son nom. La fierté de la République en a pris un coup il lui faut couper des têtes, et vite. Après huit heures et demie d’une caricature de procès biaisé, à 01h15, les sanctions implacables écrasent tout espoir d’une quelconque humanité. Trois camarades sont déférés sous mandat de dépôt et passeront le reste de leur nuit en prison. Ainsi soit-il, amen, la messe est dite et justice est faite. Nous pleurons ceux qui partent, poussés loin des fourgons de la mort où l’on presse nos trois camarades par une cinquantaine de CRS et de policiers de toutes fonctions, empêchant même une mère de voir son fils partir. Triste république que la leur. Tous sont condamnés de délit de militance.
Aux dernières nouvelles, le Procureur de la République a fait appel pour les cas de Jean Salvy, Samuel, Patrick (tous trois déjà condamnés, respectivement à 1 mois, 1 mois et 4 mois fermes entre autre.) et Charles (2mois de sursis simple), estimant les peines trop faibles.
Le collectif contre la prison de Vivonne réaffirme son entier soutien
à tous les inculpés
et particulièrement aux incarcérés et à leurs proches.
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Pour rappel le 1er communiqué du collectif :
Bien que solidaire de tous les interpellés et n’ayant aucun interêt à juger en bien ou en mal les actes commis, nous pouvons toutefois dire que les pratiques utilisées ne correspondaient pas à nos attentes et qu’un bilan de la stratégie politique emmanera de ces evenements. Nous rappelons que, bien qu’ayant appelé à cette manifestation, nous ne sommes en aucun cas responsable des actes qui y ont été commis. Mais parler d’une violence à sens unique nous paraît inexact en vue de la gestion policière qui a suivi la manifestation : occupation policière massive de tout le centre ville (mise en place d’un quasi “couvre-feu”), arrestations arbitraires, opération policière au numéro 23 de la porte de Paris (local culturel), où devait se dérouler la suite de la journée, digne d’une ère ancienne ... Le numéro 23, qui n’avait aucun lien avec les événements de la manifestation a ainsi vu une perquisition des plus violentes. Les personnes présentes ont ainsi subit diverses violences (coups de tonfas), humiliations (face contre terre les mains sur la tête) et contrôle abusif des identités (photos et question...) pendant près de 4h ! De plus les policiers présents ont volontairement dégradé le matériel sono loué ou prété pour l’occasion (estimation à plusieurs miliers d’euros) !!!
Ainsi il nous semble que le moment n’est pas à la dénonciation mais bel et bien à la solidarité avec les militants inculpés !
Libération des manifestants en garde à vue !
Le collectif contre la prison de Vivonne.
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