lundi 6 septembre 2010
Le 16 septembre se déroulera devant le tribunal correctionnel de Tours un
procès politique. Le ministre de l’intérieur a porté plainte pour «
diffamation du corps préfectoral » à la suite de la publication par SOIF
D’UTOPIES et RESF 37 d’un communiqué intitulé « les baleiniers ».
L’extrait suivant motive l’action judiciaire de Hortefeux : « Cette
technique de chasse aux enfants a eu son heure de ’’gloire’’ pendant une
des périodes les plus sombres de notre histoire contemporaine. Les nervis
de Vichy ont en effet utilisé les enfants pour pouvoir aider à la
déportation de ces derniers et de leurs parents. Il semblerait que
certains fonctionnaires préfectoraux, particulièrement zélés, s’inspirent
de nouveau de la chasse à la baleine. Actuellement, les fichiers,
comprenant la liste des élèves et leur adresse (par exemple Base élèves),
sont constitués dans chaque établissement. Certains fonctionnaires
préfectoraux interviennent auprès des directeurs d’établissement pour que
ceux-ci leur transmettent la nationalité des parents. C’est illégal ! Il y
a de réels soupçons en Guyane, en Ile et Vilaine et en Indre et Loire. »
Certaines comparaisons historiques feraient-elles monter la moutarde au
nez du ministre ?
Est-ce diffamatoire que d’informer publiquement de soupçons sur des
dérives administratives imposées par la politique du chiffre ? Est-ce
diffamatoire que de comparer certaines méthodes policières actuelles avec
celles employées sous le régime de Pétain ? Si l’on répond affirmativement
à ces deux questions cela signifie qu’on refuse à toute personne d’être
vigilante sur les agissements des administrations. Or, l’histoire montre
que cette vigilance est plus que nécessaire si l’on veut éviter de devoir
se repentir à nouveau.
Depuis les discours de Sarkozy prônant la dénaturalisation et faisant des
Roms et des Manouches de véritables boucs émissaires, nombres de ténors
politiques et journalistes n’ont eu de cesse de faire des comparaisons
avec cette « période sombre de l’histoire » : le régime de Vichy.
Ainsi, M. Rocard, dans un interview publié sur le site de Marianne le
6/08/2010, déclare « La loi sur les mineurs délinquants passe de la
responsabilité pénale individuelle à la responsabilité collective. On
n’avait pas vu ça depuis Vichy, on n’avait pas vu ça depuis les nazis. »
J.L. Mélanchon écrit sur son blog le 02/08/10 : « Ici je vais dire deux
mots rapides sur la dernière grossière diversion sécuritaire de Nicolas
Sarkozy avec son idée pétainiste de déchéance de la nationalité française
pour les délinquants d’origine étrangère. … Il est essentiel de se
souvenir que seul le régime du maréchal Pétain a eu recours à la remise
cause de la nationalité comme politique d’ensemble. » C. Lepage pense que
« La destitution de la nationalité française pour les motifs annoncés par
le Chef de l’Etat rappelle des moments sombres vécus par la France : il
renvoie au régime de Vichy qui a créé le 22 juillet 1940 une commission de
révision des 500 000 naturalisations prononcées depuis 1927. » (Cf. le
site Paper blog le 31/07/10). J.P. Grand (député UMP villepiniste de
l’Hérault) a déclaré (cité dans un article publié le 14/08/10 sur le site
du Monde « Roms : une politique "choquante" et "inefficace" selon un
député villepiniste ») « cette politique de démembrement des camps
illégaux tourne à l’ignoble... Tous les Républicains ne pourront que
condamner ces méthodes qui rappellent les rafles pendant la guerre. »
Plusieurs journaux ont eux aussi publié des articles pouvant être jugés
diffamatoires à l’encontre... du Président de la république. Ainsi F.
Sergent écrit dans un article (« Suspect ») publié sur le site de
Libération le 31/07/10 « Ce président qui se dit féru d’histoire revient
aux mesures pratiquées aux heures les plus honteuses du passé français :
la déchéance de la nationalité, pour la dernière fois utilisée par le
régime de Vichy contre les Juifs. » Le site Rue 89 publie un article («
Sécuritaire : le moment où les choses basculent dans l’odieux ») où il est
dit « Et bing que je te menace de retrait du titre honorifique de
Français, comme un vulgaire juif sous Pétain. »
Ces citations ne sont que quelques exemples. La liste est très longue.
Nous n’acceptons pas :
Nous n’accepterons aucune condamnation. Si nous devons faire appel, dans l’hypothèse où le tribunal nous condamne, nous serions amenés à faire citer devant la cour d’appel, bon nombre de personnes ayant fait des
déclarations ou ayant rédigé des textes allant dans le sens de ceux cités
plus haut.
C’est une question de principe : on ne peut accepter la censure d’Etat ;
on ne peut accepter une justice à deux vitesses !
Tours, le 6 septembre 2010
2 des prévenus de Tours
Jean Christophe BERRIER, Muriel EL KOLLI de SOIF D’UTOPIES