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Crise à Mayotte

vendredi 2 novembre 2018

Crise à Mayotte

Quelques infos en bref sur la situation à Mayotte.

Nouveau record de naissances enregistré à Mayotte en 2017
Entre 2007 et 2014, le nombre des naissances était "assez stable" (autour de 7 000 naissances par an), mais il croît depuis 2015. Un nouveau record de naissances a été enregistré en 2017, avec 9 760 cas recensés (service régional de l’Insee). La hausse par rapport à 2016 est de 3 %, ce qui marque tout de même un ralentissement. La hausse était en effet de 6 % en 2016 et de 23 % en 2013.
En 2017, trois quarts des mères sont de nationalité étrangère, en majorité des Comoriennes (69 %) et 4 enfants sur 10 sont nés de parents étrangers. La moitié des pères sont français, l’autre moitié essentiellement comoriens. 19 % des enfants sont nés d’une mère et d’un père français, des "cas minoritaire" qui concernent donc un enfant sur cinq, 39 % d’un couple mixte et 42 % de parents étrangers.
Au total, la majorité des enfants ont au moins un parent français (58 %), une proportion qui tend à baisser puisqu’en 2014, ils étaient 72 % dans ce cas de figure. Autre caractéristique des naissances à Mayotte en 2017 : 470 enfants sont nés de mères mineures, avec 120 mères âgées de 15 ans ou moins, les plus jeunes ayant 12 ans. Ainsi, une mère sur 20 à Mayotte est mineure, ce qui représente 5 % des naissances contre 2 % à La Réunion et 0,4 % en métropole.
En outre, près de 400 accouchements se sont produits hors d’une maternité soit 3,8% des cas contre 0,5 % en métropole, "un chiffre assez notable", et 150 d’entre eux sans assistance. Autre chiffre notable : 300 enfants domiciliés à Mayotte sont nés en dehors du département, presque en totalité à La Réunion et en métropole. Un chiffre en augmentation puisqu’ils n’étaient que 200 en 2016, et moins de 150 en 2014.

L’hôpital de Mayotte "en situation de crise permanente"
La maternité de l’unique hôpital de enregistre en moyenne 16 naissances toutes les 24 heures, et jusqu’à 30 lors d’une "suractivité". "On triple (souvent) les chambres" et les mères sont transférées vers les petites maternités périphériques trois heures seulement après l’accouchement, afin de libérer de l’espace.
La moitié des 150 passages par jour aux urgences concerne des enfants. Selon la chef du service, 10% des consultations relèvent des urgences vitales, contre 5% à 6% en métropole et le personnel médical traite "beaucoup de pathologies graves", une situation liée entre autres à une "sous-éducation médicale".
Sur les 33 postes de médecins du centre hospitalier, seuls 6 sont des praticiens titulaires à temps plein, "le reste sont des contractuels qui tournent".
Autre spécificité de ce territoire : le nombre important (environ 2 000 chaque année) d’évacuations sanitaires vers Paris ou La Réunion, en raison du manque de ressources humaines et matérielles.
On constate le manque de lits en psychiatrie (10 pour l’ensemble du territoire) ainsi que l’absence de certains services comme la victimologie.

A propos de l’enseignement à Mayotte
L’Académie de Mayotte compte près de 100 000 élèves et doit gérer des écoles saturées. Le fait qu’il y a 4 000 élèves de plus par rapport à l’année dernière s’explique bien sûr par l’évolution démographique, mais aussi l’amélioration du taux d’accès à tous les niveaux, notamment en 6e, 3e, 2nde et 1ère. 294 CP sont en co-enseignement et 222 à effectif réduit sur un total de 516 CP. On compte au total 6 300 professeurs dans le premier et second degré à Mayotte. Le tiers, soit un peu plus de 2 000 sont des contractuels. Selon le Collectif des citoyens de Mayotte, une inspectrice d’académie inscrirait en catimini des élèves dont les familles sont en situation irrégulière.
Les étudiants étrangers sans titre de séjour sont désormais soutenus par des syndicats d’enseignants. Faute de documents administratifs en règle, les jeunes étudiants, font du sur place, depuis la rentrée.
Selon l’intersyndicale des enseignants, ce sont plus de 300 étudiants et bacheliers qui sont touchés par la fermeture du bureau des étrangers. Il leur faut des documents en règle pour qu’ils puissent s’inscrire dans les différents établissements universitaires de Mayotte ou de Métropole. Certains d’entre eux ont besoins de visas pour pouvoir se rendre dans les universités où ils sont acceptés, à la Réunion ou en France métropolitaine. Pour le Collectif des citoyens de Mayotte, « tant que les comoriens expulsés de Mayotte dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine ne pourront pas rentrer dans leur pays, la préfecture de Mayotte ne délivrera plus de titres de séjours. »

Entre 50 et 60 “clandestins” interpellés chaque jour
Selon le préfet, entre 50 et 60 “clandestins” sont interpellés chaque jour. Si deux tiers des étrangers en situation irrégulière sont interpellés à terre, la Police Aux Frontières oeuvre également en mer. "Il y a trois types de kwassas", explique le sous-préfet : les "kwassas VIP", avec deux ou trois passagers, "plus chers et rapides", les "kwassas low cost" avec 30 à 40 personnes à bord et les "kwassas médicaux" empruntés par des Comoriens malades, souhaitant se faire soigner à Mayotte. Depuis mi-mars, les pouvoirs publics ont intensifié les contrôles et plus de 13 000 obligations de quitter le territoire français (OQTF) ont été délivrées fin septembre, selon le sous-préfet.

Manifestant-e-s délogé-e-s
La ministre des Outre-mer avait décidé au printemps de fermer partiellement le service des étrangers pour "des raisons d’ordre public". Depuis juillet, ce service sensible était bloqué par plusieurs dizaines de manifestants de différents collectifs, veillant nuit et jour à ce que les étrangers ne puissent y pénétrer pour faire renouveler leurs papiers. Fin septembre, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, avait qualifié la situation d’"alarmante", évoquant la perte des emplois des étrangers qui ne peuvent faire renouveler leur titre de séjour, les jeunes bacheliers sans perspective de poursuite d’études supérieures pour le même motif et les malades dont les droits à l’assurance maladie ont été interrompus. Les manifestants ont été évacués sans violence par les forces de l’ordre tôt lundi 8 octobre matin. La situation n’étant "plus tenable" pour "des raisons juridiques, de principe et humaines", le représentant de l’État a "décidé de mettre un terme au blocage", puisqu’"aucune issue consentie" n’a été trouvée avec les différents collectifs, a-t-il indiqué. "Des milliers de dossiers" sont actuellement en souffrance. Si, depuis le 21 mars dernier, le gouvernement comorien refuse officiellement de ré-admettre sur son territoire les personnes expulsées de Mayotte, le préfet a admis que des reconduites avaient de nouveau lieu mais que, "pour l’instant, il n’y a pas d’accord global" avec l’Union des Comores. Le préfet s’est refusé à tout autre commentaire afin, selon lui, de ne pas interférer dans "le travail diplomatique en cours".

Camille, le 20 octobre 2018

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