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Contre l’intoxication du monde le 17 avril

samedi 13 février 2021

En mai dernier, à la sortie du premier confinement, alors que la machine économique et productiviste se réemballait de plus belle, un appel à agir contre la réintoxication du monde a été lancé et suivi par des dizaines de groupes à travers le pays. Le 17 juin, plus de 70 actions, occupations, blocages se sont déployés simultanément. Depuis, des collectifs se sont constitués, des résistances, un temps en pause, se sont reveillées, des projets destructeurs ont été arrêtés. Cette journée a matérialisé un rebond des luttes de terrain face à l’expansion dramatique de la crise écologique et au cynisme patent de "nos dirigeants".

De nouveau le 17 novembre dernier, malgré les obstacles et interdictions, des mobilisations aux 4 coins du pays sont parvenues à percer les murs du confinement (voir les retours complets ici). Une constellation de collectifs impliqués dans la "dynamique des 17", réunie le 20 janvier dernier, a décidé d’un appel commun à une nouvelle journée d’actions le samedi 17 avril.

Alors que nos sociétés "modernes" semblent s’ancrer dans un état de semi-confinement permanent, que le lien entre le covid et la folie écocide n’est plus à faire, les sociétés marchandes semblent tout prêtes à poursuivre l’empoisonnement du monde jusqu’à leur dernier souffle. Tandis que les leviers pour faire obstacle au ravage des milieux vivants sont anesthésiées par la virtualisation générale, le gouvernement propose de criminaliser le renouveau des mouvements d’actions écologistes et s’entête à faire passer en force la loi de sécurité globale [1]. Dans une séquence historique où toutes les politiques affirment être guidées par l’urgence sanitaire, la France et les pays voisins poursuivent l’exportation de pesticides interdits sur leur propre sol, qui empoisonnent gravement près de 400 millions de personnes par an sur d’autres continents [2]. Malgré les études officielles sur son caractère climaticide, les déclarations municipales et les actions directes pour la freiner, le déploiement de la 5G sur nos territoires ne fait qu’accroître encore notre dépendance aux écrans. Pourtant la numérisation des existences, que vient cimenter l’ère covid, va de pair avec une perte dépressive des liens, du rapport à la terre et au vivant. C’est dans ces bulles que grandiront dorénavant les jeunes générations si nous ne faisons pas en sorte que le monde soit de nouveau respirable.

Sans attendre la levée de l’urgence sanitaire, des résistances locales renaissent de l’air du temps et de ses cris d’alerte. Le mouvement Stop Amazon se déploie aux 4 coins du pays contre l’implantation de nouveaux entrepôts, symboles de la dystopie moderne. A Gonesse, une nouvelle zad naît contre l’artificialisation des terres fertiles qui bordent encore le "Grand Paris". A Marseille, un McDonald’s a été transformé en lieu de solidarité et de redistribution de nourriture par ses ancien-nes salarié-es [3]. Autour de la raffinerie de Grandpuits, des militant-es écologistes et des syndicalistes en grève s’allient pour dénoncer le greewashing de Total [4]. Elles nous rappellent à l’urgence de penser, avec les travailleurs des secteurs les plus toxiques, les mutations possibles des activités, les réappropriations des lieux de travail, ainsi que les rapports de force à engager pour garantir des ressources et droits pendant les périodes de transition.

En venant réunir certains de ces fronts, en en faisant émerger d’autres, les mobilisations des 17 juin et 17 novembre ont dessiné une cartographie de sites de production destructeurs qui doivent s’arrêter, de milieux naturels - forêts, zones humides, terres cultivables - qui ne doivent pas être bétonnées, de projets insensés auxquels il faudra les faire renoncer... Nous savons que cela nécessitera de revenir régulièrement sur tous ces lieux, d’en habiter certains, d’en métamorphoser d’autres, de continuer à se coordonner et de lancer de nouvelles vagues de mobilisations encore plus amples et déterminées. C’est seulement à cette condition que nous parviendrons peut-être à maintenir des conditions d’existence possibles et désirables pour nous comme pour le reste du vivant, hors du nihilisme marchand.

Nous appelons donc une nouvelle fois les habitant.es des villes et des campagnes à informer et accentuer localement la pression sur les secteurs qui leur semblent le plus évidemment empoisonnants et dispensables : cimenteries, usines de pesticides ou productions de gaz et grenades de la police, industrie aéronautique, publicitaire ou construction de plates-formes Amazon, unités d’élevage industriel, développements de l’industrie nucléaire, clusters développant le monde "sans contact"... Nous appelons en ce sens le 17 avril à une troisième série d’actions, blocages, rassemblements et occupations contre de tels lieux de production, chantiers et infrastructures.

Le 17 avril se trouve être aussi la journée internationale des luttes paysannes, qui défend chaque année la nécessité de préserver des terres nourricière pour une agriculture soigneuse du vivant. Si nous visons sérieusement à nous défaire de pans conséquents du monde marchand, il nous faut conjointement nous doter des formes d’autonomies à même de répondre à nos besoins fondamentaux. Nous appelons donc également à des occupations de terres en villes ou dans les zones péri-urbaines pour des projets de cultures vivrières, mais aussi à des réquisitions d’espaces d’entraide, de soin, de redistribution et de création. Il n’y aura pas de “tournant” sans que l’on construise ici et maintenant des formes de vie pleines de sens et bien plus désirables que celles inféodées aux besoins du marché.

Vous trouverez ci-dessous une liste des premiers collectifs, syndicats, associations, territoires en lutte co- signataires et engagés sur cet appel. Si vous souhaitez le signer aussi, nous envoyer un appel à mobilisation locale ou un texte d’analyse complémentaire, vous pouvez écrire à cette adresse.

A bientôt pour l'acte 3, le 17 avril 2021 !

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