Commémorations du massacre du 17 octobre 1961 à Paris

Lors d’une conférence de presse tenue mardi 21 septembre 2021 dans les locaux de l’ACB* à Paris, plusieurs membres du collectif unitaire regroupé sous le mot d’ordre « 17 octobre 1961 : Reconnaissance d’un crime d’Etat », ainsi que des porteurs de multiples initiatives locales, ont fait un point d’étape sur la préparation de la 60ème commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à Paris et en banlieue.

En attendant des détails plus précis sur la marche prévue à Paris le dimanche 17 octobre 2021 - des grands boulevards au pont saint-Michel, ou encore sur la tenue d’un Colloque international au Sénat, cette conférence animée par Samia Messaoudi - association Au Nom de la Mémoire - a été l’occasion de découvrir un certain nombre d’ouvrages fraîchement sortis d’imprimerie, parmi lesquels Monique Hervo, une mémoire en partage, de Mehdi Lallaoui, livre-album publié par Au nom de la mémoire, et plusieurs rééditions augmentées, dont Ici on noya les Algériens de Fabrice Riceputi sur la bataille de Jean-Luc Einaudi pour la reconnaissance du massacre policier et raciste du 17 octobre 1961.

Le politologue Olivier Le Cour Grandmaison souligne à ce propos que si la connaissance des faits est désormais acquise, la France reste à la traîne par rapport à bien d’autres pays en termes de reconnaissance par l’État de ses massacres coloniaux. Cependant, Gilles Manceron, historien membre de la Ligue des droits de l’homme, insiste sur la nécessité de prolonger les travaux de recherches afin de mieux connaître par exemple l’engagement des militants du PSU, du mouvement étudiant et des chrétiens de gauche, les responsabilités politiques du premier ministre Michel Debré, ou encore d’interroger les dessous des expulsions d’Algériens « soi-disant renvoyés dans leur douar d’origine ». Il signale également la nouvelle préface de l’historien Mohammed Harbi à Paris 61- Les Algériens, la terreur d’Etat et la mémoire de Jim House et Neil Macmaster (en Folio), qui revient sur les relations complexes entre la Fédération de France du FLN et les autres instances du futur gouvernement algérien.

Rahim Rezigat, « porteur » puis « passeur de mémoire », relate lui son parcours d’ « ancien jeune militant du FLN, détenu, insoumis et rescapé de la manifestation du 17 octobre 1961 », puis introduit la séquence Initiatives : son association, l’APCV**, organise le samedi 9 octobre 2021 à 14h au cinéma l’Écran (Saint-Denis) une projection-débat autour d’un documentaire sur Fatima Bedar, jeune lycéenne retrouvée noyée dans le canal de Saint-Denis en octobre 1961.
A Orly, Mehdi Slimani présentera le vendredi 1er octobre à 20h30 Les Disparus, un spectacle-danse, suivi le lendemain de la projection des films Le Silence du Fleuve et Monique H, Nanterre 1961 de Mehdi Lallaoui.***

Côté théâtre, Samia Messaoudi évoque la création de 17 octobre 1961, Je me souviens, par M’hamed Kaki,
Fahima Laidoudi et Fatou Dieng pour le collectif Vies Volées tiennent à faire le lien entre le massacre du 17 octobre et les meurtres de jeunes commis aujourd’hui encore par des policiers, et convient le public pour en reparler le 9 octobre 2021 à la Parole errante (Montreuil sous-Bois).

Pour sa part, Chérif Cherfi du Collectif 17 octobre 1961 Banlieue Nord/Ouest **** déroule un programme fourni d’événements politiques et culturels combinant cinéma et littérature, qui commence dès le 30 septembre 2021 par la projection de Dissimulation d’un massacre, réalisé par Daniel Kupferstein, à la librairie Ghorba mon amour (Nanterre). Des interventions à la demande des professeurs sont prévues au lycée Guy de Maupassant à Colombes, ville où sera inaugurée le jour J le parvis du 17 octobre 1961.

L’artiste Vince achèvera aussi à proximité une grande fresque inédite. Un rassemblement à 15h sur l’esplanade de la Défense est également prévu, pour se diriger vers le pont de Neuilly, en présence des élus.

Enfin, Chérif Cherfi propose à l’ensemble des individus et groupes présents de participer à la location d’une péniche pour naviguer sur la Seine le 17 octobre 2021 avec des artistes, historiens et autres volontaires, avant de rejoindre le point de rassemblement commun vers le pont Saint-Michel.

Au-delà de Paris, il est à noter que plusieurs initiatives de commémoration auront lieu dans différentes villes de France, dont Marseille (du 11 au 26 octobre 2021*****), Lille, Grenoble, Toulouse, Vaulx-en-Velin etc. Et en Algérie ? La revue algérienne de critique sociale Naqd consacre un numéro spécial aux 60 ans du 17 octobre 1961 et son directeur, Daho Djerbal, sera notamment présent à Marseille entre le 13 et le 16 octobre 2021 pour la présenter.

Sur les ondes, Beur FM consacrera chaque jour un temps d’antenne à la commémoration à partir du 1er octobre. Et Radio Fréquence Paris Plurielle (FPP) ressort ses archives audio pour une quotidienne (16h – 17h) à partir du lundi 11 octobre et un direct vendredi 15 oct. (19h – 20h30).

Signalons également la mise en ligne prochaine sur le site web du musée national de l’histoire de l’immigration (MNHI) d’un entretien croisé entre l’historien Emmanuel Blanchard et Mogniss H. Abdallah en trois épisodes de 25 min chacun (les faits ; leur interprétation et l’état de la recherche aujourd’hui sur le 17 octobre 1961 ; mémoires algériennes – vers une histoire partagée) et, au musée même, trois séances les 14, 15 et 16 octobre 2021, avec notamment une discussion croisée entre Benjamin Stora et Faïza Guène sur le thème 17 octobre 1961 : l’Etat, la violence coloniale et nous ! , le samedi 16 octobre 2021 de 18h00 à 19h30, suivie d’une performance AfreeCaniste par le chanteur et romancier Mounsi, à partir de son texte ’Mémoire d’Outre-Seine’ (Mars-A Publications).******

Cette liste est loin d’être exhaustive, mais témoigne de la multiplicité des initiatives. Espérons qu’un site plus complet puisse recenser l’ensemble des actions à venir. D’ici là, n’hésitez pas à partager vos informations !

Agence IM’média
22 septembre 2021