dimanche 3 octobre 2021
Depuis quelques soulèvements en France et dans le monde, le mot « Révolution » est revenu sur les lèvres. On l’a vu fleurir sur les pancartes des Gilets Jaunes, à Hong- Kong et à Bogota, au Brésil ou au Chili. Mais de quelle Révolution est-il question ?
Dans ces révoltes, les pratiques et les théories libertaires semblent regagner de l’intérêt avec parfois la résurgence d’un mouvement que le pouvoir pensait avoir vaincu : l’anarchisme.
C’est pour parler d’un contenu anarchiste et communiste de la Révolution que NOUS PROPOSONS CETTE DISCUSSION AVEC LES AUTEURS, QUI SERONT PRÉSENTS, DE TROIS LIVRES PARUS RÉCEMMENT et qui abordent, chacun à leur manière, cette question.
Pour un anarchisme révolutionnaire Collectif Mur par mur (L’Echappée, 2021)
Utopie 2021 Léon de Mattis (Acratie, 2021)
Soulèvement Mirasol (Acratie, 2020)
éd. L’Échappée
Depuis ses premières formulations au XIXe siècle, l’anarchisme a toujours désigné des idées et des pratiques hétérogènes, et parfois contradictoires : des organisations révolutionnaires clandestines aux syndicats les plus légalistes, en passant par les désertions individualistes et les écoles alternatives. Aujourd’hui, imprégné par l’idéologie postmoderne, il prend majoritairement la forme de revendications identitaires. La lutte contre toutes les dominations a remplacé la lutte de classe, la dénonciation de la norme s’est substituée à l’une des visées premières de l’anarchisme : la destruction du pouvoir.
À l’inverse de cette tendance, ce livre défend un anarchisme révolutionnaire qui vise la destruction de l’État et du capital. Il ne s’agit pas de répéter les vieux poncifs naturalistes et progressistes du XIXe siècle, ni de rechercher une pureté idéologique, mais de reprendre le fil de l’histoire de ce courant de pensée et de luttes en le mettant en prise avec notre époque. Et ce, en vue de tenter de répondre à ces questions fondamentales : qu’est-ce que le pouvoir et l’exploitation ? Qu’est-ce qui y résiste ? Comment passer de la résistance à la Révolution ? Que faut-il détruire et dans quel but ? Que pourrait être une société anarchiste, libérée du travail et de l’économie ?
Ed. Acratie.
Depuis la crise de 2008, deux vagues de soulèvements ont éclaboussé le monde. L’ordre social est précaire, le-s États se bunkérisent, la crise sociale s’approfondit. Ou en est la Révolution ?
Le livre est découpé en trois parties. Dans la 1ère on se replonge dans le mouvement GJ, pour en chercher le souffle. La 2ème parle de la crise des démocraties a l’heure des algorithmes, de l’impasse de l’aspiration à devenir l’État. Mais alors, que faire ? Eh bien, la révolution, pardi ! Pour, enfin, changer la vie, qu’elle soit belle, qu’on vive bien. Comment ? La 3ème partie propose de prendre cette question au sérieux, de parler insurrection, fin du capitalisme.
éd. Acratie
Utopie 2021 commence avec la description d’un monde sans argent, sans État et sans classes sociales : bref, un monde libéré de l’oppression, enfin autant qu’il est possible.
D’habitude, les anarchistes et les communistes anti- autoritaires réservent ce genre de thématique pour les discussions le soir au coin du feu (ou du radiateur, quand ils n’ont pas de cheminée), mais s’aventurent rarement à en faire une présentation théorique. Il faut dire que la sempiternelle question « Mais qu’est-ce que vous proposez, à la place du capitalisme ? » a quelque chose de crispant. Et puis, les révolutionnaires conséquents ne proposent rien, puisqu’il s’agit de construire un monde pour tous et par tous, pas de réaliser un plan préétabli.
Pour autant, il ne faut pas toujours chercher à esquiver la question exaspérante. Après tout, si on croit vrai- ment qu’il est possible de vivre dans un monde communiste ou anarchiste, il ne doit pas être si difficile de le décrire, comme il ne doit pas être si compliqué d’imaginer la révolution qui peut y mener et les luttes qui conduisent à cette Révolution. C’est ce que fait ce petit bouquin, tout en expliquant que ces descriptions ne doivent pas être prises pour l’annonce d’un futur, mais comprises pour ce qu’elles sont : le fruit d’une imagination rationnelle.
À lire pour se dire que le communisme ou l’anarchisme, finalement, ce n’est pas si utopique que ça.