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Boulogne sur Mer

Contre le « pass sanitaire » : clarifier les choses et injecter du contenu …

vendredi 30 juillet 2021, par admin x

Une réaction de nos camarades de la Mouette enragée à propos des manifestations contre le passe-sanitaire


Voir en ligne : Site de la Mouette enragée de Boulogne

Pour cette seconde manifestation boulonnaise, quelques trois cents personnes s’étaient réunies sur l’esplanade de Nausicaa avant d’entamer une déambulation dans les rues du centre ville. Un cortège à la sociologie hybride qui au premier coup d’oeil pourrait évoquer celle des gilets jaunes à leurs débuts. En y regardant de près, il n’en n’est rien. La manifestation de ce samedi 24 juillet révèle une composition davantage petite bourgeoise et seule une poignée de gilets jaunes locaux était du nombre.

D’autres marqueurs comme la présence d’agenouillistes de l’église traditionaliste de la rue Felix Adam, la reprise insistante du pathétique « la police avec nous ! » [1], les drapeaux tricolores et la marseillaise entonnée avec conviction, tout ce fatras qui avait été progressivement abandonné, et pour cause, par les gilets jaunes fait ici son retour. L’ambiance est assez insaisissable ; le sentiment de partager collectivement ou au moins en groupe le moment présent semble absent. Un agrégat d’anonymes marche côte à côte mû par une dissemblable opposition à la personne d’E.Macron et à sa politique. Quant à la teneur des slogans arborés ici ou là : « …tous ensemble pour la liberté … », « pour la terre … pour nos enfants… », « nous sommes la 4° vague… », leur vacuité renvoie à cette notion abstraite qui nous fait nous présenter « libre » devant un patron avant de nous vendre à lui ; elle éclaire les contradictions qui écartèlent une société réglée par et pour la promotion des intérêts exclusifs du capital. Dans ces conditions, nul besoin, comme s’est empressée de le faire la presse locale, de signaler la présence de « complotistes » ou « d’anti vaccins » dans le cortège pour avoir le sentiment de patauger en eau trouble …

« liberté ! liberté ! », laisse nous rire …

La conflictualité sociale ne connaît plus de pause depuis plusieurs années. Des mouvements surgissent spontanément au coeur de l’été bousculant l’ordonnancement du temps social et le contrôle qui en émane ; un signe plutôt encourageant pour l’avenir. La protestation contre le « passe sanitaire » compte désormais au nombre de celles-ci.

Pour autant, on ne saurait se satisfaire ni du contenu ni de la forme de la mobilisation actuelle. Pourquoi ce gouvernement avec sa mesure attenterait-il plus qu’un autre aux libertés individuelles et collectives ? On entend clamer ici et là qu’une limite aurait été franchie. Cependant, régulièrement l’Etat multiplie, empile et croise les fichiers de toutes sortes et pour les motifs les plus divers : maladie, justice, scolarité, travail, opinions politiques ou syndicales, etc. La surveillance, le contrôle et la répression sont historiquement ses principales raisons d’être. Le déploiement de la vidéo-surveillance dans les rues des villes, sur le lieux de travail, au centre commercial ou chez votre petit commerçant préféré, n’est pas l’oeuvre de Macron ; pas plus que l’interdiction faite aux pauvres de fréquenter et stationner au coeur des centres urbains ou des zones commerciales. Le développement des associations de « citoyens » ou de « voisins vigilants », l’interdiction des manifestations ou leur répression policière et judiciaire systématique, la chasse aux militants, tout cela ne date pas d’hier pour qui se donne au moins la peine de revenir sur l’histoire récente de « notre grande démocratie » [2]

Si le mouvement des gilets jaunes n’a pas interrogé les conditions de la production de la marchandise dans le système capitaliste, au moins a-t-il questionné sérieusement celles de sa répartition. Pour l’heure, on en est loin avec cette histoire de « pass sanitaire » qui frustre d’abord ceux qui ne pourront accéder à la consommation de confort dont on les a, semble-t-il, suffisamment privé depuis deux ans… Le théâtre, le cinéma, le restaurant et même le bar sont de moins en moins les lieux d’une sociabilité populaire mais les endroits où s’agglutine désormais une petite bourgeoisie inquiète de son déclassement hypothétique ou avéré. Quand aux voyages, combien d’enfants, seulement à Boulogne-sur-mer, ne quittent jamais leur quartier l’été, ni l’hiver d’ailleurs … On s’abstiendra d’évoquer la « libre circulation » des personnes bloquées, violentées et refoulées aux frontières, à n’en pas douter on en aurait entendu de truculentes samedi sur le sujet…

Enfin, observer une poignée de fachos intégristes qui ne considèrent le corps de la femme que sous l’angle d’une matrice s’ériger tel un rempart face à « nos libertés menacées », quelle marrade !

nouveau tour de pass pass

Pour toutes ces raisons, le « pass sanitaire » doit être considéré non en regard d’hypothétiques « libertés individuelles » bafouées qui ne sont jamais que celles que nous autorisent dans l’univers de la marchandise l’élasticité de notre compte en banque -quand on en a un ; mais comme le coup d’envoi donné d’une nouvelle offensive anti-sociale.

A elle seule, l’obligation de vaccination faite aux salariés de nombreux secteurs d’activité sous peine, non plus de licenciement mais de suspension de salaire désigne clairement la cible de la politique gouvernementale : le monde du travail. Le « pass sanitaire » est à la fois une sangle supplémentaire serrée aux poignets des salariés, un moyen de les diviser entre-eux et une mesure de diversion.

Macron s’apprête, comme il l’a annoncé, à relever l’âge de départ à la retraite et s’attaque dans le même temps aux chômeurs en réduisant le montant de leurs allocations. Lui et son gouvernement ne bénéficient plus d’aucun soutien solide hormis celui du patronat, tout juste peut-il compter sur un marchandage intéressé avec les plus agités des syndicats de police.

engager la lutte sur le terrain de classe !

Pour le moment, ce n’est pas sur un terrain de classe que des salariés rejoignent les manifestations contre le « pass sanitaire » mais en qualité de « citoyens » spoliés de leur « liberté individuelle ». Les bureaucraties syndicales sont parties en vacances, qu’elles y restent ; à la base commencent à poindre quelques appels et prises de position comme celle des cheminots de Sud-rail qui refusent de jouer les flics à bord des trains [3]. C’est un début mais ne misons pas tout sur une hypothétique intervention des appareils quels qu’ils soient. Il est possible et même indispensable de se retrouver dès maintenant et de s’organiser sur nos propres bases, celles de notre classe ! Alors, qu’attendons nous ?

Boulogne-sur-mer, le 28/07/2021


Notes

[1Sans oublier l’indicible : « Les touristes avec nous ! »…

[2L’expression est de Macron, elle pourrait être de n’importe qui d’autre…

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