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Lutte contre la réforme des retraites

A l’heure des bilans

dimanche 4 juin 2023, par admin x


Voir en ligne : Sur le site de La Mouette enragée de Boulogne sur Mer

Nous reproduisons ci dessous un texte de nos camarades de Boulogne-Sur-Mer qui sera distribué lors de la prochaine (dernière ?) manifestation contre la réforme des retraite le 6 juin. Une analyse de la situation locale qui peut s’appliquer à bien des réalités vécues dans d’autres régions, et qui alimente le débat sur les stratégies à développer par la suite.

A l’Heure des bilans

Comme un certain nombre d’entre-vous, nous perdons aujourd’hui notre treizième journée de salaire. Parmi nous, certains ont perdu davantage ; d’autres encore y ont laissé une main, un œil et on ne dénombre plus les arrestations, placements en garde à vue, humiliations, sévices, amendes, peines de prison distribués dans les coulisses de l’État par de serviles petites mains… Tout cela, pour un dénouement que l’on savait couru à l’avance. Nous pouvons sans risque en conclure qu’au mieux nous avons gâché notre temps, et qu’en définitive, il ne nous reste qu’à graver une encoche supplémentaire au manche de nos défaites.

La faute de l’intersyndicale ?

Nous l’avons rabâché à maintes reprises, en soi, l’intersyndicale nationale n’a aucune réalité concrète. Depuis le 19 janvier, les directions parisiennes en rang serré derrière la CFDT dictent à leurs épigones locaux le calendrier à tenir et leur délivrent la marche à suivre ; à la grande satisfaction des chaînes d’infos et des professionnels de la politique louant dans une unanimité qui dit le tout, « leur grande responsabilité ». A son heure et au prix d’une répression féroce, le mouvement des Gilets Jaunes avait pourtant fait la démonstration qu’on ne gagne rien en s’enchaînant aux catégories de la sujétion bourgeoise : « partenariat et dialogue social ; compromis ; négociation ». Et sur ce registre, il est inutile d’incriminer le doux Berger ; l’ensemble des bureaucraties syndicales confondues ne souhaitent ni ne savent désormais dépasser cet horizon caduc. Les causes en sont d’ailleurs plus profondes que la commode « trahison des directions » remâchée ad nauseam par les prétendants au titre, quels qu’ils soient. Mais c’est là, un autre débat…

Petits enseignements de la période …

Aliénés à une comptabilité nourrie d’artéfact médiatique, les représentants officiels de la mobilisation ont cru pouvoir opposer la loi du nombre à un quarteron de ministres et de députés retranchés derrière la légalité des institutions démocratiques. Or, au petit jeu du mieux fondé à imposer sa légitimité, l’Etat de droit signifia d’emblée à ceux qui feignaient encore de l’ignorer, qu’en la circonstance, comme en toute autre, L’Etat a … tous les droits ! Que ce soit à coups de grenades ou de 49.3 ; les deux si nécessaire. En conséquence de quoi, circonscrire le champ du rapport de force à l’illusoire « Bataille de l’opinion » revenait à partir en randonnée chaussé d’escarpins… S’en tenir à brandir « la démocratie sociale » à la face de la « représentation nationale », même à plusieurs millions dans les rues, accusait l’ampleur du malentendu. Voici quelques temps déjà que la bourgeoisie ne s’embarrasse plus de tels faux-semblants. Empêtrée dans ses propres contradictions mais assurée de sa position de force acquise après des décennies de défaites ouvrières ininterrompues, la bourgeoisie ricane désormais au nez et à la barbe de ceux qui lui tiennent son propre langage. Ne vient-elle pas d’interdire une fois encore l’accès de la zone industrielle de Capécure (voir encadré ci-dessous) à une inoffensive déambulation syndicale ? Et, à l’adresse des moins ingénus, elle assume désormais de leur en tenir un autre, celui des armes ; comme ce fut le cas, il y a quelques mois à Sainte-Soline.

Prendre l’initiative à la base …

S’il est manifeste que l’intersyndicale ne fut qu’un attendu sans horizon, nous nous réjouissons des multiples initiatives porteuses de son dépassement qui, à la base, ont spontanément fleuri, ici et là. Incontestablement, elles sont restées isolées, dans tous les cas peu discutées ou débattues dans la perspective de leur élargissement. Du sabotage de la gare de l’Est, le 24 janvier, aux « grèves sauvages » des cheminots de Chatillon ou des contrôleurs aériens d’Orly en passant par le mouvement reconductible des éboueurs et des raffineurs, sans oublier les multiples actions ciblées des électriciens et les explosions de colère au cœur des villes après l’application du 49.3 ou lors du 1° Mai dans les rues de Paris et d’ailleurs… un fourmillement d’initiatives a permis de faire monter d’un cran le niveau de la contestation. Même ici, à Boulogne-sur-mer, deux belles nuits à Capécure ont témoigné de la détermination d’une fraction de la classe ouvrière locale. Certains ont cru un peu hâtivement qu’on était parvenu à un point de bascule, en réalité on en était encore loin.

La spontanéité et la détermination, ça se travaille !

Après quatre mois de mobilisation, on entend maintenant dire que treize jours de grèves en continu nous auraient donné plus de force que des dates éparpillées aux quatre vents, comme ce fut le cas jusqu’à aujourd’hui. C’est vrai ! Cela nous aurait sans doute permis de construire la grève à la base et de chercher à l’élargir auprès des travailleurs des secteurs qui sont restés en dehors du mouvement. Mais restons lucides, cela n’aurait pas suffit davantage.

La grève reconduite pendant deux mois par les ouvrières de l’enseigne Vert Baudet nous montre à quel niveau de détermination il s’agit désormais d’élever le rapport de force pour emporter la victoire. La solidarité manifestée entre les ouvrières entre-elles, mais aussi celle exprimée à leur égard depuis l’extérieur de l’entreprise, ont été des facteurs déterminants dans l’issue de cette lutte. Toutes smicardes, elles ont infligé un sérieux démenti aux discours complaisants tenus aussi bien par les syndicats que par nombre de travailleurs eux-mêmes, pour trop souvent justifier de leur inaction ! Et de la détermination, comme de la solidarité, il en fallait pour résister aux méthodes de barbouzes du patron et aux violences de l’État et de ses flicards !

Cette victoire prouve, puisqu’il semble encore utile de le rappeler que, seul un coup d’arrêt porté dans le temps à la production des marchandises, des services et donc des profits par la grève est en mesure de faire plier les capitalistes et leur État. Dans le dernier épisode de la guerre sociale en cours, c’est d’un tel élan à la base dont nous avons manqué. Il s’agira de s’en rappeler et d’en tirer tous les enseignements pour les prochains rendez-vous qui nous attendent.

A bientôt …

Capécure c’est la zone portuaire qui comporte entre autre le traitement du "frais" sur Boulogne : le conditionnement des pêches qui ne supporte aucun retard dans l’acheminement au risque de compromettre les profits des industriels. Au cours du mouvement de ce printemps, les flics ont bloqués l’accès au port pour l’une des manifestations, ce qui était une première à Boulogne. L’intersyndicale, plutôt que passer en force s’est couchée au nom de l’unité. Aujourd’hui, le préfet interdit la manif de zone portuaire. L’intersyndicale pleure, mais c’est trop tard

Boulogne s /mer serait-elle devenue l’une des villes les plus dangereuses de France, où les manifestations sont les plus virulentes ? À en croire la Sous-Préfecture, oui !

Alors qu’aucun incident ne s’est produit au sein de la Communauté d’Agglomération du Boulonnais au cours des nombreuses manifestations et ce, depuis de nombreuses années et y compris dans ce conflit engagé – déjà historique tant par son niveau de mobilisation que par sa durée et son ancrage dans les entreprises derrière une intersyndicale forte, soudée et combattive – contre une réforme des retraites injustes, injustifiée et injustifiable, la Sous-Préfecture de Boulogne s /mer prive des milliers de manifestant-e-s de la région boulonnaise d’arpenter en toute liberté les rues de la ville de Godefroy de BOUILLON et d’exprimer librement et pacifiquement son mécontentement et son opposition, préférant ainsi sauvegarder les intérêts du patronat et du capital.

Cette dernière a donc refusé de façon autoritaire et sans aucune concertation préalable le parcours déposé par l’Intersyndicale boulonnaise, lui interdisant même de commencer le début de la manifestation du 06 juin prochain devant le siège de la CAB, communauté de communes du boulonnais situé au sein même du poumon économique du premier port de pêche français, Capécure. Les salarié-e-s y travaillant se lèvent très tôt pour y œuvrer, bien souvent dans des conditions difficiles : travail de nuit, températures proches de zéro degré, port de charges lourdes, ... tout ce que la réforme des retraites que nous combattons refuse de prendre en compte.

Refuser aux boulonnais-es de manifester dans Capécure, c’est nier le droit à manifester de tous les salarié-e-s et celles et ceux légitimes de s’exprimer dans les lieux de leur choix. La Sous-Préfecture fait le choix de préserver le patronat au détriment des salarié-e-s de première ligne ... cela est tout bonnement scandaleux !

Par ces décisions, c’est le droit à manifester qui est remis en cause.
Qui plus est et pour toutes les personnes qui connaissent l’histoire sociale boulonnaise, les raisons avancées n’ont aucun fondement ! Bientôt, ces mêmes représentant-e-s de l’État nous refuserons ce droit à s’exprimer et de pouvoir arpenter les rues pour le faire.
Par ces abus de pouvoir, cet institut représentant la République et le pouvoir en place affirme sa volonté de vouloir durcir le ton et démontre sa fébrilité et son incapacité – si ce n’est pas la force et/ou d’autorité – de résoudre une crise sociale et démocratique d’ampleur ... un véritable abus de faiblesse.
À un dialogue social de qualité et constructif, les représentant-e-s de l’État y préfèrent l’autoritarisme et le durcissement, dégradant ainsi toute relation ! En agissant de la sorte, la Sous-Préfecture portera seule la responsabilité d’éventuels débordements.

Nous, Organisations Syndicales, soutenues par la population, refuseront de répondre à la provocation de la Sous-Préfète et des forces de police, fidèles conseillères effrayées à l’idée de voir ne serait-ce qu’un drapeau d’une Organisation Syndicale flotté dans les rues de Capécure.

De façon unitaire, les Organisations Syndicales boulonnaises affirme que cette décision arbitraire est inacceptable, tout comme le parcours de substitution imposé !

Toutefois, dans l’intérêt des manifestant-e-s et pour que tou-te-s puissent s’exprimer en toute sécurité et sans danger – les autorités nous ayant déjà démontré de quoi elles étaient capables – l’Intersyndicale se voit contrainte de respecter ce parcours et donne rendez-vous le mardi 06 juin 2023 dès 9h 30 devant la Chambre de Commerce et d’Industrie (Boulogne s /mer – 98 b d Gambetta) pour une 14 ème journée de mobilisation d’ampleur.

Boulogne s /mer, le 01 juin 2023

— 
Union syndicale Boulogne-sur-Mer et environs
28 Grande Rue, 2ème étage
62200 Boulogne-sur-Mer
09.52.37.77.34 / 06.73.35.87.67

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