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l’irrésistible ascension du syndicalisme de base en Grèce

mercredi 31 mars 2010, par OCLibertaire


Carmen M. n'est pas seule ...<br> (ou l'irrésistible ascension du syndicalisme de base en Grèce)

Une manifestation a été appelée par le syndicat de base des garçons de café et des cuisiniers à Athènes le 30 mars.
Il s’agit pour eux de manifester leur solidarité avec Carmen M., salariée et membre du syndicat qui vient d’être licenciée.
Carmen M. est membre du très combatif syndicat de base des serveurs et des cuisiniers (σωματείο σερβιτόρων μαγείρων) de la région d’Athènes. Après son retour d’un congé maladie de courte durée, elle a été licenciée par son patron, propriétaire de VIA-VAI, une grande chaîne de cafés restaurants à Athènes. Alors qu’elle devait toucher son solde de tout compte, elle a été menacée par son patron. Et le lendemain, elle était agressée physiquement et blessée par des inconnus en bas de chez elle.
Petites luttes, petits syndicats de base dans la restauration, le nettoyage, l’édition…, mais grosse détermination, actions directes, solidarité entre travailleurs, c’est aussi ça le nouveau mouvement social en Grèce.

Voici une traduction (approximative) de la dernière déclaration du syndicat de base des serveurs et cuisiniers.

Aucun travailleur n'est seul <br> Guerre contre la guerre des patrons

Notre collègue Carmen M, membre de notre syndicat, a été licenciée par le patron de la chaîne de café-restaurants VIA VAI après son retour d’un congé légal. Lors des réunions qui ont suivi afin de régler le problème du salaire et des rémunérations qui lui sont dues, Karezos devient provocateur contre la salariée ainsi vis-à-vis des représentants du syndicat de base. Le 23 mars, jour où devait être conclu le règlement final, Karezos réalise la présence massive de membres du syndicat et commence à les photographier avec son appareil photo numérique. Après qu’il lui ait été demandé d’effacer les photos, il remonte sa chemise pour bien montrer le pistolet qu’il porte sur lui. L’histoire se poursuit au poste de police local, où la police "suggère" à Carmen de ne pas porter plainte contre son ex-patron car il pourrait déposer une contre-plainte contre elle, ce qui aboutirait à leur maintien en détention toute la nuit à tous les deux. Pendant toute la durée de l’incident, Karezos, son ex-patron, n’a cessé de répéter l’expression « Maintenant, c’est toi qui a des ennuis » ...

Le lendemain, dans la soirée du 24 mars, Carmen M. a été attaquée par des inconnus alors qu’elle se rendait à son domicile. Elle a été frappé brutalement à la tête et abandonnée en sang et inconsciente à proximité de sa maison. Le motif de l’attaque n’était pas le vol, puisque quand elle a récupéré ses esprits, elle avait toujours son argent et téléphone sur elle.

Le 26 mars, des membres du syndicat avec des dizaines d’autres salariés ont bloqué en solidarité l’établissement VAI du 3 de la rue Stadiou à Athènes pendant plusieurs heures, tandis que le patron provocateur Karezos était caché dans le sous-sol. Des interventions similaires ont eu lieu ensuite dans les cafés VAI VIA sur l’avenue Panepistimiou et à l’angle de Mpenaki et de la rue Feidiou. Dans la soirée du même jour, Karezos est entré en contact avec notre syndicat qui lui demande qu’il paie à Carmen l’argent qu’il lui doit, nous affirmant que tout était un malentendu.
Il n’y a évidemment pas de malentendu et ce n’est en aucun cas un incident isolé. Heures supplémentaires non rémunérées, cotisations d’assurance médicale “oubliées”, non-paiement de suppléments et primes, les licenciements, les baisses de salaire, le travail au noir, tout cela fait partie de la réalité que nous vivons quotidiennement dans les galères du travail.

Celui qui ose parler de tout ça est tout de suite confronté, d’un côté au terrorisme des patrons qui inclut les armes à feu, les menaces, les hommes de mains, et l’acide sulfurique - et, de l’autre, le terrorisme du chômage. Tout cela se passe à un moment où l’État, cette fois-ci sous le prétexte de la crise financière, redéfinit les termes de l’emploi rémunéré au profit des patrons ; en institutionnalisation l’abolition des droits acquis ; en ouvrant la voie à l’intensification de l’exploitation et de la répression.

Dans leur tentative, l’État et les patrons ont trouvé des alliés bien disposés chez les dirigeants des syndicats jaunes, en échange de positions futures dans le gouvernement et le parti.
C’est en ce sens qu’ils ont signé les dernières conventions collectives contenant le gel ou la baisse des salaires, c’est pour cela qu’ils ignorent l’assassinat et les boucheries qui frappent des dizaines de travailleurs, qu’ils camouflent le business des méga entrepreneurs et refusent d’appeler à la grève générale. Et, quand parfois ils appellent à la grève sous la pression des travailleurs, ils les sabotent eux-mêmes et les répriment. Un exemple typique a été l’attitude de la GSEE (Confédération générale des travailleurs) lors de la grève du 11 mars, quand, en coopération avec la police, elle s’est distanciée des syndicats de base, ce qui a permis à la police anti-émeute de les attaquer.

Dans cette triste réalité, les médias ont pour mission d’essayer de nous convaincre que tout cela est fait pour notre bien, selon le principe disant que « nous devons tous faire des sacrifices pour que l’économie et le pays puissent être sauvés ». Comme c’est bien connu, le micro du journaliste se tend là où le bâton du flic ne peut le faire. Ainsi, d’un côté les médias publient les détails et le nom du membre d’un syndicat, en les accusant d’être responsables de l’“accident du travail” du dirigeant syndical vendu Panagopoulos [1]
et d’autre part, reniflant une histoire “populaire”, ils se précipitent pour faire connaître le cas de VIA VAI, mais en défendant le caractère isolé de l’incident.

Nous sommes négatifs à l’égard des médias parce que pour nous l’information est une action connectée au médium - et c’est pour cette raison que l’action nous amène, comme personnes, à l’espace physique de l’exploitation et de la lutte. L’information n’a rien à voir avec les histoires racontées au journal de 8 heures, mais elle se passe dans les histoires de la rue. C’est pour cela que le pari qui est le nôtre est de développer nos propres structures de contre-information, et la lutte actuelle contient un tel potentiel.

A partir de notre propre expérience du travail, nous pensons que chacun de nous et que tous ensemble, devons prendre la responsabilité de :
* La formation de syndicats de base dans toutes les secteurs du travail où ils n’existent pas actuellement.
* Le soutien aux syndicats de base existants
* Le renforcement des Assemblées Générales des travailleurs
* Le dépassement des conseils d’administration et tous les mécanismes de la médiation
* Nos vies et tout ce qui nous concerne

RESISTANCE au terrorisme des patrons <br> SOLIDARITE entre les travailleurs <br> AUTO-ORGANISATION dans tous les lieux de travail

Rassemblement-manifestation

Mardi 30 mars, 18h à Propylea, Athènes

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    D’après les premières informations, environ un millier de personnes se sont rassemblées et sont parties en manifestation. Plusieurs café-brasseries de la chaîne Via Vai ont été bloquées et ont vu leurs devantures décorées par des slogans à la peinture.
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Source : Indymedia Athens via
http://www.occupiedlondon.org/blog/...

Notes

[1Le dirigeant socialiste du grand syndicat GSEE a été pris à partie par des dizaines de manifestants lors d’une récente manifestation à Athènes. Il a du fuir la foule et se protéger derrière les cordons de flics.

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