Rubrique mensuelle Big Brother
jeudi 20 septembre 2018, par
Le « crédit social » chinois
Nous en savons un peu plus sur le « crédit social utilisé en Chine pour filtrer l’accès des individus aux moyens de transport (cf. CA 280 sous cette rubrique).
Ce nouveau système aurait déjà empêché aux citoyens de prendre 11,14 millions de vols et 4,25 millions de trains à grande vitesse, a rapporté le « Global Times », un organe de presse gouvernemental chinois, le 20 mai 2018, sans préciser sur quelle période ces données avaient été récoltées.
Développé depuis 2014, ce système de notation des citoyens est censé pénaliser les personnes qui ont un « mauvais comportement » en leur donnant une mauvaise note qui leur empêche d’accéder à certains services publics et privés. Le bannissement des trains et avions pour les citoyens qui ont une note trop basse est entré en vigueur le 1er mai 2018. Les personnes qui se retrouvent sur des « listes noires » ne peuvent plus prendre certains transports, et cette punition peut s’étendre jusqu’à un an, rapportait l’agence Reuters en mars dernier. D’après un communiqué de la Commission chinoise, voici des exemples de « mauvais comportement » qui peut donner lieu à une interdiction de prendre l’avion ou le train : Causer du « désordre » dans les transports ; fumer dans un avion ou un train ; avoir un ticket dont la validité a expiré ; ne pas avoir payé une amende ; répandre de fausses informations sur le terrorisme. L’objectif assumé est que les « personne discréditées sombrent dans la faillite », a affirmé Hou Yunchun, ancien directeur du centre de recherches du Conseil d’Etat chinois, selon le Global Time.
Le système de notation chinois a été souvent comparé à un épisode de Black Mirror (série télé britannique) datant de 2016, qui montre une société dans laquelle chaque interaction sociale est sujette à une notation, entre les citoyens qui se jugent et se comparent entre eux.
Plusieurs actions peuvent entraîner une chute de notation des citoyens : Modifier leur connexion Internet pour qu’elle aille plus vite ; passer trop de temps à jouer aux jeux vidéo ; poster sur les réseaux sociaux ; refuser le service militaire. Ces actes peuvent empêcher des Chinois d’aller dans certains hôtels, postuler à certaines offres d’emploi, inscrire leurs enfants dans les meilleures écoles. À l’inverse, les personnes bien notées pourraient avoir accès à un meilleur rang sur les applis de rencontre ou des réductions sur des factures d’énergie.
À noter que cette méthode de notation ne fait que renforcer un système déjà bien présent en Chine : en 2017, le pays avait déjà banni 6,15 millions de ses citoyens de prendre l’avion pour des « méfaits sociaux. »
Source : numerama.com
Développement de la vidéosurveillance dans les hôpitaux de Paris
Les hôpitaux parisiens seront dotés d’ici trois ans de 40 % de caméras de vidéosurveillance supplémentaires. Martin Hirsch, le directeur de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) en a fait l’annonce mercredi 16 mai. Il en coûtera 30 millions d’euros à l’organisme, qui gère 39 hôpitaux en région parisienne. Une vidéosurveillance « intelligente » sera même expérimentée ces prochaines semaines, a expliqué Martin Hirsch, destinée notamment à « détecter des bagarres, des colis suspects, (…) des chutes au sol ou d’agir lors d’une disparition de patient ».
L’AP-HP, pour ne parler que d’elle, dispose déjà de plus de 1 100 caméras de vidéosurveillance.
L’AP-HP a récemment passé deux appels d’offre pour équiper ses établissements de caméras :l’un en 2016, pour compléter le parc de l’hôpital Necker – Enfants malades, et l’autre tout récemment, en mars 2018, pour « intégrer plus de 300 caméras » sur le site de l’hôpital de la Pitié-Salpétrière. Se pose alors le problème du Droit. Pour filmer les abords immédiats de l’hôpital ou des zones ouvertes au public, l’hôpital doit solliciter une autorisation préfectorale valable 5 ans. L’établissement doit « informer de manière claire et permanente le public de l’existence du système » de vidéosurveillance. Pour les cas où les caméras sont situées dans des zones inaccessibles au public, c’est un autre cadre juridique qui s’applique, celui sur les données personnelles. Ce dernier a évolué le 25 mai avec l’application du règlement européen sur les données personnelles (RGPD). L’hôpital doit l’inscrire dans un registre qu’il tiendra à disposition de la CNIL en cas de contrôle et effectuer une analyse des risques que fait peser la vidéosurveillance sur ses salariés et, le cas échéant, ses patients. Les principes restent les mêmes : les personnes doivent être informées, les employés de l’hôpital ne peuvent pas être filmés en permanence, et le but de la vidéosurveillance doit être légitime (ce qui est le cas pour la prévention des incivilités et des violences). Les images ne peuvent être conservées plus d’un mois.
Source : lemonde.fr
Le délit de solidarité sera politique ou ne sera plus
Depuis Chevènement en 1998, tous les ministres de l’Intérieur successifs n’ont pas cessé de proclamer que le délit de solidarité n’existait pas. En 2018, dès le début de l’examen du projet de loi asile-immigration (mardi 19 avril) Gérard Collomb éludait le sujet : « vous avez soulevé en particulier la question du délit de solidarité. Je veux d’ores et déjà souligner ici que ce délit n’existe pas ».
En fait, la révision de ce fameux délit (qui n’existerait pas !) a bien eu lieu en raison de l’extension des circonstances exonératoires où ne sera plus poursuivi l’accompagnement linguistique et social ainsi que tout transport de personnes sans papiers. Cette révision reste néanmoins complètement symbolique. D’abord parce que jusqu’à présent, les personnes mises en cause l’ont rarement été à l’occasion d’une aide soit linguistique ou de nature « sociale », et l’ajout du « transport » n’est finalement qu’une des modalités de cette aide. Aussi parce que cette modification n’empêchera pas que ces personnes soient visées par des enquêtes et gardées-à-vue, à charge pour eux de s’expliquer sur l’aide apportée. Enfin, l’ajout du caractère lucratif de l’aide, en tant qu’il s’agit d’une condition alternative, n’en réduit en rien la portée du fait justificatif qui impose déjà que l’aide n’ait donné lieu « à aucune contrepartie, directe ou indirecte ». Le terme « indirecte » qui reste dans la loi est complètement significatif. Si on prend les attendus du jugement condamnant Cédric Herrou, devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence : "Lorsque l’aide s’inscrit dans la contestation globale de la loi, elle sert une cause militante et constitue à ce titre une contrepartie" ! Pour que cet agriculteur de la vallée du Roya n’entre pas dans le champ de la loi, il aurait fallu que celle-ci mentionne spécifiquement "une contrepartie directe ou matérielle".
En résumé, si vous prouvez que votre aide aux sans papiers est seulement d’ordre humanitaire vous ne serez pas condamné ; mais si vous revendiquez la liberté de circulation et d’installation des migrant/e/s, vous risquez de l’être car votre acte de solidarité a donné lieu à une contrepartie indirecte.
Sources : ldh-toulon.net et huffingtonpost.fr
Commande de l’Etat français pour mater les mouvements sociaux
Après avoir acheté pour plusieurs millions d’euros de grenades et de balles en caoutchouc en septembre dernier, pour mater les contestations, le gouvernement passe déjà une nouvelle commande de matériel répressif ! L’appel d’offre a été lancé le 22 mai, le jour même où Maxime avait la main arrachée par une grenade sur la ZAD de Notre Dame des Landes.
Pour savoir ce que le ministère commande comme armes, il suffit de faire régulièrement une recherche sur Internet avec les mots “saelsi boamp”. C’est comme ça qu’on vient de découvrir le nouvel appel d’offre pour l’acquisition de grenades et de moyens de propulsion pour les besoins de la Gendarmerie et Police Nationales, validé le 22 mai 2018 par le service de l’achat, des équipements et de la logistique de la sécurité intérieure (SAELSI) pour une valeur de 17 544 153 euros. La “prestation” comprend des grenades lacrymogènes, des grenades fumigènes et des grenades explosives. Ces grenades auront pour diamètre 56 mm, la taille "standard" généralement tirée dans les manifestations, et 40 mm, un calibre plus petit qui pourra être envoyé en tir tendu, comme les balles en caoutchouc, par des fusils. Répartis en plusieurs lots, ces armements seront donc achetés auprès de trois entreprises ayant remporté l’appel d’offre. Ces entreprises sont les suivantes :
- NOBEL SPORT, qui signe des contrats à hauteur de 11 887 133 euros, et dont l’usine est située dans le Finistère.
- ALSETEX, qui signe des contrats à hauteur de 5 298 220 euros, basé dans la Sarthe.
- RHEINMETALL WAFFE MUNITION, qui signe des contrats à hauteur de 358 800 euros, une entreprise allemande.
Une commande qui vient à point nommé en tous cas pour renouveler le stock bien entamé des 11 000 grenades tirées sur la ZAD, et de l’utilisation de plus en plus massive d’armes en tout genre contre les manifestations. Le maintien de l’ordre est devenu en quelques années un business à part entière pour les marchands d’armes, et une vitrine d’expérimentation et de démonstration pour les États sur les salons d’armements comme MILIPOL ou Eurosatory.
Source : desarmons.net
Paralysé après des violences policières : l’État français devra lui verser 6,5 millions d’€
Une condamnation record en échange d’une vie brisée.
Le 30 novembre 2004, en gare RER de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), des agents de la Suge, la police ferroviaire, se jettent sur Abdelkader, 21 ans, habitant de Villepinte. Alors qu’il est couché au sol, menotté dans le dos, l’un des agents lui porte un cou de genou au visage ; un témoin évoque un coup de matraque lors de sa remise aux policiers. Une vingtaine de minutes plus tard, alors qu’il est conduit en garde à vue, il perd connaissance, tombe dans le coma, et lorsqu’il en sort trois mois plus tard, il souffre de nombreuses séquelles neurologiques, paralysé par une double hémiplégie et une incapacité partielle permanente estimée à 95%.
Plusieurs manifs exigeant « Justice pour Abdelkhader » avaient eu lieu pendant son long coma. Les trois flics avaient été mis en examen pour « violences volontaires ». Comme souvent en France, malgré les témoins, les preuves, ils avaient bénéficié d’un non-lieu, confirmé en appel et en cour de cassation..
Près de quatorze ans après les faits, la Cour européenne des droits de l’homme vient de condamner l’État français à lui verser 6,5 millions d’€ de dédommagement. Ce n’est pas avec du fric qu’on rachète une vie mais c’est déjà ça. Pas de justice tant qu’existeront les polices.
Source : paris-luttes.info
Mobilisations contre Eurosatory (Villepinte 11-15 juin 2018)
Le Salon de l’armement Eurosatory (ou DSEI en anglais), actuellement le plus important salon international de l’armement dans le monde, s’est tenu en Seine-Saint-Denis, en France (années paires), tandis qu’il a lieu en Angleterre aux années impaires. Il s’agit au niveau mondial, de l’un des espaces les plus importants de la capitalisation sur la guerre, sur la militarisation des frontières et sur la répression des populations.
Il est organisé par le COGES, soit le commissariat général rattaché au Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT). Le COGES est dédié à la promotion internationale de l’industrie française d’armements terrestres & aéroterrestres et de ses filières. À Eurosatory, se rencontrent des délégations de plus de 55 états producteurs et acheteurs d’armes - notamment des états impérialistes et colonialistes comme la France, les États-Unis ou encore Israël. Ces délégations rencontrent les représentants de plus de 1500 entreprises d’armement, dont une bonne part d’entreprises françaises. La visée de ce "salon" présenté comme voué à la "défense et la sécurité" est d’exposer, promouvoir, vendre et se fournir en technologies de pointe de guerre et de surveillance. Avant la tenue du salon, un banquet fête les contrats signés ou à venir, dans l’indifférence la plus absolue aux conséquences, sur la vie et la survie de millions de personnes dans le monde, de la production et de la circulation d’armes, qui a atteint aujourd’hui un niveau inégalé depuis la fin de la guerre froide.
Des actions contre la tenue de ce salon se sont déroulées pendant toute sa durée. Avant même le démarrage de celui-ci, des militants ont détourné et remplacé des affiches publicitaires à proximité du Parc des expositions de Villepinte où avait lieu l’événement. Le premier jour du salon, des pacifistes, des anti-impérialistes étaient présents en nombre pour perturber l’arrivée des participants au salon. Le lendemain, le mardi 12 juin, les activistes du collectif des Désobéissants et Hadama Traoré du mouvement LREEM (La Révolution est en Marche) étaient présents pour dénoncer la vente d’armes de guerre en plein cœur du 93. Une dizaine de militant-e-s de BDS France y sont intervenu-e-s les 11 et 13 juin, avec un tract et une banderole « Israël teste ses armes sur les Palestiniens » et avec des visuels « Embargo militaire contre Israël ». Le 14 juin 2018 – Des militant(e)s pacifistes ont tenté une action de désobéissance civile au salon de l’armement Eurosatory, consistant à s’interposer de leur corps à une démonstration d’armes de guerre destinées à la vente. 6 personnes ont été gardées à vue au commissariat de Villepinte qui ont été finalement toutes libérées grâce à la solidarité qui s’est manifestée devant le commissariat et au téléphone.
Les participant/e/s ont bien l’intention de continuer à agir contre tous les salons de l’armement en France, notre pays étant un des premiers exportateurs d’armes au monde. Ils et elles viserons tout particulièrement à perturber le salon de l’armement du Bourget (juin 2019) destiné à l’exportation d’avions de guerre, et le salon Milipol (novembre 2019) destiné à vendre du matériel pour la répression intérieure des États.
Sources : desobeir.net, bdsfrance.org, paris-luttes.info, …