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Courant Aternatif 283 octobre 2018

NOUVELLE-CALÉDONIE

Le référendum d’autodétermination : une mystification

vendredi 19 octobre 2018, par OCL Reims


Avec l’accord de Matignon signé en 1988, l’Etat français a réussi à brouiller le tableau politique calédonien en provoquant dans les deux camps, indépendantiste et anti-indépendantiste, des clivages très forts entre ses partisans et ses opposants (1), et, en 1998, l’accord de Nouméa a aggravé ses effets.

L’accord de Nouméa a été conclu le 5 mai 1998 entre Jacques Lafleur au nom du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) et Roch Wamytan pour le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), Lionel Jospin représentant l’Etat français. Déclaré irréversible, il prévoit le transfert progressif aux nouvelles institutions calédoniennes de tous les pouvoirs… hormis le régalien (justice, ordre public, défense [2] et monnaie et affaires étrangères), qui reste au gouvernement français. Celui-ci finance le fonctionnement de ces institutions et a le droit de dissoudre le Congrès calédonien en cas d’instabilité institutionnelle. Composé de 54 membres issus des trois Assemblées de province, ce Congrès élit à la proportionnelle un exécutif. Un Sénat coutumier est consulté sur les sujets intéressant l’identité kanake – « culture de référence » que le Centre culturel Tjibaou qui naîtra en 1989 à Nouméa aura à charge de faire connaître et développer.
A ce propos, l’accord admet que « le choc de la colonisation a constitué un traumatisme durable pour la population d’origine », que « le moment est venu de reconnaître les ombres de la période coloniale », et aussi d’« ouvrir une nouvelle étape marquée par la pleine reconnaissance de l’identité kanake, préalable à la révision d’un contrat social entre toutes les communautés qui vivent sur le Caillou, et par un partage de souveraineté avec la France, sur la voie de la pleine souveraineté ». Des termes que la droite dure caldoche veut depuis faire disparaître.

Les répercussions des accords chez les indépendantistes

Côté kanak, des leaders se sont mis dès l’accord de Matignon à défendre les « acquis » et une « indépendance négociée », avec des étapes menant à une plus grande autonomie du territoire plutôt qu’à l’indépendance – au nom du pragmatisme ou pour servir leurs intérêts personnels. Les militant-e-s – en particulier au Palika – ont perdu de leur combativité en s’investissant dans l’administration des provinces à majorité kanake pour les faire fonctionner (3) ; et il s’est formé, au fil des ans, une petite bourgeoisie kanake (infirmiers, instituteurs…) favorable au statu quo.
L’Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités (USTKE) quitte le FLNKS en 1989 (4) ; le Front uni de libération (FULK), mené par Yann Céléné Uregei et qui a appelé à voter non au référendum, en 1990… Mais l’Union océanienne, composée de Wallisiens et Futuniens favorables à l’indépendance et rebaptisée Rassemblement démocratique océanien (RDO) en 1994, devient une composante du FLNKS, alors que ces communautés étaient traditionnellement sous la coupe du RPCR. Et le RDO y demeure actuellement, aux côtés de l’Union calédonienne (UC), du Palika et de l’Union progressiste mélanésienne (UPM, fondée en 1974 par des dissidents de l’UC).
De 1989 à 1992, il existe au Congrès calédonien comme un pacte de non-agression entre l’UC et le RPCR sur fond de développement séparé des provinces – le FLNKS gère celles du Nord et des îles Loyauté, le RPCR celle du Sud. Mais les dissensions dans le Front ont des répercussions dès les provinciales de 1995 : s’il garde le Nord – en dépit des listes rivales de l’UC et de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI, lancée par le Palika et l’USTKE avec des membres de l’UC) –, il perd la présidence des îles car le parti Libération kanak socialiste (LKS) de Nidoïsh Naisseline s’allie pour le battre à la fois au Front pour le développement des îles Loyauté (FDIL, une dissidence de l’UC) et aux loyalistes…
De plus, les pourparlers débutés en octobre 1995 entre le FLNKS et le RPCR pour faire avancer les institutions s’interrompent. D’une part, les représentants du Front (François Burck, Léopold Jorédié et Roch Wamytan, figures de l’UC) sont désavoués pour avoir parlé dans la presse française de négociations avec le RPCR prévoyant le maintien du territoire dans l’ensemble français. D’autre part, le FLNKS pose en avril 1996 comme condition à la reprise de ces pourparlers la cession par la Société le nickel (dont l’Etat est actionnaire) de ses mines dans le Nord à la Société minière du Sud-Pacifique (SMSP, créée au début des années 1990 pour insérer les Kanaks dans l’exploitation du nickel). Le Palika est hostile à cette position ; aussi, tandis que le FLNKS opte pour l’abstention aux législatives de 1997, lui choisit avec l’USTKE de soutenir dans une circonscription Philippe Pentecost, homme d’affaires anti-indépendantiste.
En février 1998, le problème minier est réglé par la cession du massif de Koniambo à la SMSP et la décision d’y construire une usine de traitement de nickel. Le Front arrive enfin à fixer la date de son prochain congrès…
Pro et anti-indépendantistes appellent à voter l’accord de Nouméa (5), mais d’autres ruptures interviennent dans le FLNKS. Burck et Jorédié créent avec le numéro deux du Palika Raphaël Mapou, le LKS et le FDIL un Comité de coordination pour l’indépendance (CCI) qui entame des négociations directes avec Lafleur et devient la Fédération des comités de coordination indépendantistes ; aux provinciales de 1999, cette FCCI gagne 4 sièges au Congrès, et forme avec les 24 élus du RPCR un groupe qui donne à ce parti la majorité absolue jusqu’en 2004. En 2000, l’UC crée au Congrès et dans les Assemblées de province des groupes distincts de ceux du FLNKS tout en continuant à faire partie de cette structure, et elle présente des listes uniquement UC lors des élections. En 2001, les diverses composantes du FLNKS ne parvenant pas à s’entendre sur un président, il est décidé que cette fonction sera désormais assurée par un bureau politique collégial…
Crises et scissions rythment ainsi – depuis trente ans – la vie dans le mouvement indépendantiste. Aujourd’hui, le FLNKS conserve l’essentiel de l’électorat kanak mais n’a toujours pas de président. Aux provinciales de 2014, il n’a présenté de liste unitaire que dans le Sud. Sur les 20 sièges qu’il détient au Congrès, 11 sont à l’UC, 8 au Palika et 1 à l’UPM.

Les conséquences des accords chez les anti-indépendantistes

Les loyalistes se sont déchirés lors de la poignée de main entre Lafleur et Tjibaou, et de nouvelles formations de droite sont venues concurrencer soit le RPCR (6) – renommé Le Rassemblement UMP et soumis à de multiples dissidences à partir de 1989 –, soit le Front national. En particulier Avenir ensemble, d’Harold Martin, en 2004 (rebaptisé Les Républicains calédoniens en 2017) et Calédonie ensemble, de Philippe Gomès, en 2008. Ces partis, d’une droite plus modérée, ont fini par ravir le leadership au RPCR et sont désireux de trouver une solution consensuelle entre large autonomie et souveraineté pour la Nouvelle-Calédonie. Mais aucun n’a les moyens de faire seul sa politique au Congrès et dans la province Sud ; de plus, ils scissionnent sans cesse et s’opposent entre autres sur l’attitude à avoir par rapport aux accords.
Calédonie ensemble, qui se déclare pluriethnique et pour le maintien dans le giron français, détient présentement les deux sièges de députés calédoniens à l’Assemblée nationale et un des deux sièges de sénateurs. Il dirige aussi la Nouvelle-Calédonie, depuis l’élection de Philippe Germain à la tête du gouvernement en 2015… grâce notamment aux voix kanakes de l’UNI et de l’UC (le représentant de ce parti, Jean-Louis d’Anglebermes, est vice-président du gouvernement).
Enfin, on trouve une large part de l’électorat wallisien et futunien dans le camp anti-indépendantiste. Ce sous-prolétariat du bâtiment et des mines a peur de devoir retourner à Wallis-et-Futuna, petites îles sans terres cultivables, si l’indépendance l’emporte en Nouvelle-Calédonie. Alors, quoique très exploité et maltraité par les caldoches, il donne le plus souvent sa voix aux formations de droite ou au Rassemblement océanien pour une Calédonie plurielle (ROC plurielle) que préside Mikaële Tuifua. Cependant, si ce parti défend un « destin commun » calédonien dans lequel les Wallisiens et Futuniens auraient leur part, c’est par un rapprochement entre Polynésiens et Mélanésiens, et en accusant les loyalistes d’être à l’origine de l’antagonisme entre ces communautés et de l’entretenir (7).

Une situation sociale encore dégradée

Dans le même temps où l’Etat français neutralisait la revendication indépendantiste avec les accords, les inégalités sociales ont empiré pour la majorité des Kanak-e-s (8), qui subissent toujours oppression et exploitation, racisme et discriminations (en matière de salaires, emploi, niveau de vie, logement, santé ou éducation [9]). De plus, quoique les investissements de l’Etat se soient effectués à proportion d’un quart pour le Sud et des trois quarts pour le Nord et les îles, le déséquilibre entre les provinces s’est accentué.
Dans les banlieues de Nouméa, la population s’est fortement accrue parce que des jeunes Kanaks y arrivent des autres provinces pour faire des études ou chercher un travail, mais aussi par attrait pour la modernité et désir d’échapper aux contraintes collectives de la vie en tribu. Ils et elles sont ainsi 10 000 à vivre aujourd’hui, souvent dans des squats (cabanes sans eau ni électricité), autour de la capitale. Certains meurent, sous l’influence de la drogue ou de la boisson, dans un accident de la route un samedi soir ; d’autres attaquent un bar tenu par des caldoches pour se procurer de l’alcool…
Fin mai 2014, l’annonce que l’usine métallurgique de Vale, à Goro, allait fermer a provoqué blocages de routes, affrontements violents avec la police et détériorations importantes pendant une semaine ; des jeunes de Saint-Louis (la chefferie de Roch Wamytan, UC) ont exprimé ouvertement leur défiance vis-à-vis des chefs coutumiers et des leaders politiques. Fin octobre 2016, c’est la mort d’un jeune évadé de prison, tué d’une balle dans le thorax par la police alors qu’il tentait de forcer un barrage, qui y a entraîné le caillassage de centaines d’automobilistes, et même des tirs d’armes à feu contre eux… Une réalité de classe qui rappelle les révoltes des banlieues en France.
Sur le terrain social toujours, l’USTKE a mené de nombreuses luttes et grèves assez dures (une trentaine rien qu’en 1996). En particulier à Carsud, entreprise de transport en commun dans le grand Nouméa : une grève a démarré le 2 novembre 2007 après le licenciement de deux salariés ; mais, le 17 janvier 2008, 200 gardes mobiles sont intervenus, avec lacrymos et Flash-Ball… 44 personnes ont été placées en garde à vue, 14 syndicalistes emprisonnés jusqu’au 22 février ; Gérard Jodar, alors président de l’USTKE, a été condamné à douze mois de prison dont six ferme, et 22 autres syndicalistes à des peines de un mois à un an ferme.
L’USTKE a aussi organisé avec le Palika, le LKS et le FDIL des manifestations à Nouméa pour « défendre l’emploi local », lors de l’arrivée en novembre 1997 de 110 boat people chinois. Il s’agissait d’obtenir une embauche prioritaire pour les Kanaks – non par racisme (les Kanaks ont par exemple toujours intégré dans leurs partis « métros », Wallisiens ou Asiatiques [10]), mais parce que plus de 10 000 personnes s’étaient installées sur le territoire entre 1989 et 1996 et que les emplois administratifs créés étaient attribués pour l’essentiel à des Européens. Une loi sur la protection de l’emploi local a été votée en 2010 pour donner priorité, à qualifications et compétences égales, aux Calédoniens dans le privé et une partie du public, mais elle est contournée par les employeurs.
En 2007, l’USTKE a impulsé le Parti travailliste, qui dénonce la mainmise des caldoches et des « métros » sur le pouvoir politique et économique, la spoliation persistante des terres appartenant aux Kanaks, la pollution de l’environnement… et « la déliquescence des organisations politiques issues des rangs indépendantistes qui cogèrent la situation coloniale ».

Les stratégies des deux camps à la veille du référendum

Le 4 novembre 2018 va être posée la question laborieusement rédigée par le comité des signataires en mars dernier : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? » Mais comment ce référendum pourrait-il ne pas être un piège pour les Kanaks ? Si toutes les forces politiques se sont employées à le repousser jusqu’à la date limite imposée par l’accord de Nouméa parce qu’elles craignaient son résultat, ce choix a desservi en premier lieu la revendication indépendantiste. Les Kanaks ne représentant plus que 38,5 % de la population calédonienne, ils-elles ne possèdent pas les forces numériques nécessaires pour gagner le scrutin – d’autant que, malgré leurs divisions, les anti-indépendantistes mènent une campagne bien plus active et efficace que les indépendantistes.
C’est pourquoi la composition du corps électoral a aussi longtemps cristallisé les tensions. Celui qui a été retenu comprend les personnes arrivées avant le 31 décembre 1994 et pouvant justifier (même par une boîte aux lettres) de vingt ans de domicile continu en Nouvelle-Calédonie à la date de la consultation. L’Etat a ainsi réussi à imposer dans ce vote la colonie de peuplement qu’il a développée avec constance (notamment avec le boom du nickel entre 1969 et 1973).
Nombre de Kanaks – au moins 23 000, selon les indépendantistes – ne sont pas inscrits sur la liste générale (11) : seuls le sont automatiquement les jeunes ayant fait l’objet d’un recensement militaire à leurs 16 ans. Les experts de l’ONU, qui à plusieurs reprises se sont rendus sur le Caillou, regrettaient dans leur rapport de 2017 la persistance de dysfonctionnements (comme des inscriptions frauduleuses dans des municipalités à majorité loyaliste).
Le comité des signataires est parvenu le 2 novembre 2017 à un compromis en autorisant l’inscription de 10 900 personnes, dont 7 000 Kanaks. Mais on compte 30 % de chômeurs chez les 18-25 ans kanaks, et nombre d’entre eux ont l’intention de s’abstenir car ils-elles ne considèrent pas le référendum comme un moyen d’émancipation. Surtout, la crainte de voir renaître des affrontements violents (12) fait souhaiter à beaucoup de Calédoniens une indépendance accompagnée par l’Etat français. Enfin, le scrutin n’est pas organisé par une institution internationale, mais par la puissance coloniale elle-même. Il pourrait donc bien n’y avoir que 20 % de oui.
Certes il est prévu que, si l’indépendance est rejetée, deux autres référendums seront organisés, en 2020 et 2022, sur la même question ou non ; mais si les résultats demeurent négatifs, le corps électoral bloqué disparaîtra et le dernier « métro » nommé sur place pourra voter suivant le droit commun français. C’en sera fini de toute possibilité d’indépendance par la voie électorale. Le statut actuel de l’île sera maintenu, et la France pourra demander à l’ONU de retirer la Nouvelle-Calédonie de la liste des pays à décoloniser – celle-ci donne accès à des aides financières et des soutiens politiques.
Face aux dissensions dans le FLNKS, Daniel Goa, son actuel porte-parole, a appelé à l’unité, lors de la convention des 28-29 avril, en constatant : « Si nous perdons ce référendum comme conséquence d’une politique de peuplement qui a eu pour but de nous rendre minoritaires sur notre terre, et que nous le perdons en restant unis, notre revendication demeure. On perd mais on continue à réclamer la souveraineté kanake. En revanche, si nous perdons ce référendum en étant désunis, qu’est-ce qu’on pourra garder comme revendication ? »
Concernant l’avenir, le Palika soutient l’idée de l’indépendance puis d’un partenariat avec la France. Conscient que les autres populations ne partiront pas, il pense que le seul moyen de les inciter à voter l’indépendance est de garder des liens avec la France. L’UC, elle, souhaite une indépendance-association qui implique de négocier avec le centre sinon la droite de Nouméa, et que les autres formations kanaks considèrent comme bidon. Enfin, le Parti travailliste veut l’indépendance tout court et a opté le 14 juillet pour la non-participation au référendum (plutôt que son boycott, pour ne pas diviser davantage). Mais, à son 36e congrès des 2-3 février, le FLNKS a laissé ouvert le débat sur le type de société à construire dans un Etat indépendant (13). Le processus de « décolonisation douce » qu’il poursuit ne précise donc pas les liens qui l’uniront à son ex-colonisateur. Face à l’UC qui demandait l’élection d’un président pour « disposer d’une structure qui soit pilotée afin que [la] parole [du Front] soit forte, claire, sans ambiguïté », le Palika et l’UPM ont défendu le maintien d’un bureau politique collégial. De même, la proposition faite par l’UC d’élargir le FLNKS entre autres au Parti travailliste et à l’USTKE a été refusée, mais l’idée de constituer une plate-forme à son côté a été acceptée (14).

Quelle position défendre pour les anticolonialistes ?

Dans les années 80, l’Association information et soutien à la lutte du peuple kanak (AISDPK) a affirmé concrètement sa solidarité avec ce peuple, mais l’accord Matignon l’a fait exploser : une partie de ses membres estimaient qu’on devait le dénoncer car il était mauvais ; l’autre pensait qu’il fallait faire campagne en sa faveur puisque les leaders kanaks l’avaient signé.
La solidarité envers les Kanak-e-s est actuellement très faible en France (15), et rendue compliquée par la distance (il n’y a plus de représentation permanente du FLNKS en métropole pour fournir des informations et tisser des liens). Quoi qu’il en soit, il faut bien sûr continuer de dénoncer la France comme puissance coloniale défendant ses intérêts économiques et géopolitiques en Nouvelle-Calédonie (voir l’encadré), et soutenir les luttes sociales là-bas comme ailleurs.

Vanina

1. Ainsi, en apprenant la teneur de cet accord, les militants kanaks auteurs de la prise d’otages à Ouvéa ont refusé leur libération ; et, le 4 mai 1989, Tjibaou et son adjoint Yeiwéné Yeiwéné ont été assassinés par un de leurs porte-parole, qui leur reprochait d’avoir trahi en l’acceptant.
2. La Nouvelle-Calédonie peut néanmoins siéger à la Conférence du Pacifique Sud aux côtés de pays tels que l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis.
3. La présence des Kanaks dans l’administration a été favorisée par un programme de formation professionnelle dit des « 400 cadres ».
4. L’USTKE, implantée dans le public et le privé, a été fondée pour faire passer une position de classe dans le mouvement indépendantiste – les idées de socialisme et d’indépendance étant selon lui logiquement mêlées puisque c’est dans le monde du travail que se vivent le plus les contradictions du système colonial.
5. Il y aura 51,92 % de oui contre 20,33 % de non, 25,92 % d’abstentions et 1,98 % de vote blancs-nuls.
6. Battu pour la première fois dans la province Sud en 2004, et dans son propre parti par Pierre Frogier, Lafleur a quitté le devant de la scène et est décédé en 2010.
7. Dans les années 80, Lafleur a créé des milices formées de Wallisiens et Futuniens et payées par les fonds publics pour « casser du Kanak ».
8. Par exemple, les fonctionnaires « métros » bénéficiant d’un salaire indexé, le FLNKS a obtenu que les très rares fonctionnaires kanaks y aient droit aussi, mais cela a contribué à diviser plus encore la communauté kanake.
9. Les Kanak-e-s représentent 57 % des non-diplômés, 75 % des ouvriers et 90 % des détenus, contre 6 % des diplômés de l’enseignement supérieur.
10. Pierre Declercq était « métro » ; à la tête de l’USTKE, sur les dix membres de son comité directeur il y avait en 1985 cinq non-Kanaks…
11. En Nouvelle-Calédonie coexistent trois listes électorales : la générale, ouverte à tous les Français résidant sur place depuis au moins six mois ; la provinciale, pour les personnes arrivées avant le 8 novembre 1998 et ayant dix ans de résidence en continu ; enfin, la référendaire.
12. Sur les cinq leaders de l’UC qui ont fait basculer ce parti de l’autonomie à l’indépendance, en 1977, quatre ont ainsi été assassinés.
13. Il doit actualiser le projet de Constitution qu’il a déposé en 1987 à l’ONU.
14. Les divergences portent aussi sur l’acceptation des trois référendums à venir : le Palika et l’UPM veulent y participer ; l’UC propose de répondre oui au scrutin de 2018, mais de ne pas donner de consignes de vote aux suivants.
15. La gauche dénonçait auparavant au moins la situation coloniale en Nouvelle-Calédonie ; aujourd’hui il n’y a guère qu’une partie de l’extrême gauche (notamment le NPA et Solidaires), des libertaires ou le Syndicat des travailleurs corses (STC) pour soutenir ouvertement les Kanaks.

ENCADRE
Le malheur d’être né-e dans un pays riche

La Nouvelle-Calédonie est importante pour la France tant sur le plan économique que stratégique. Elle est très riche en minerais : cobalt, chrome, fer, manganèse, et surtout nickel latéritique (elle renferme 45 % des réserves mondiales de ce métal, qui sert à la haute technologie et à l’armement et qui constitue 99,2 % de ses exportations). Mais c’est surtout sa position dans le Pacifique qui intéresse la France – et les Etats-Unis, la Chine ou la Russie. On comprend que, sur de telles bases, l’Elysée veuille la maintenir sous sa coupe. Sitôt nommé à la tête d’une mission parlementaire sur l’avenir institutionnel du Caillou, en octobre 2017, Valls s’est déclaré pour son maintien dans la République française – par choix tactique, Macron et Philippe se montrent plus mesurés dans leurs propos.
Les indépendantistes kanaks souhaiteraient voir la « Kanaky-Nouvelle-Calédonie » devenir membre d’une fédération mélanésienne regroupant la Nouvelle-Guinée, le Vanuatu, les îles Salomon et Fidji. Ils ne veulent pas l’appeler « Kanaky » tout court pour que les populations non kanaks s’y sentent aussi chez elles.

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