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Courant Alternatif 292 été 2019

Mobilisations au Pays Basque en août contre le G7 et son monde mortifère

jeudi 1er août 2019, par OCL Reims

Voici le dernier volet (1) de présentation de l’anti-G7, qui se déroulera du 21 au 25 août, alors que le sommet des 7 puissances économiques mondiales (2) battra son plein du 24 au 26 août dans la station balnéaire de Biarritz, bunkérisée pour ce raout.
Sûr que des anti-capitalistes et anti-autoritaires viendront massivement appuyer les forces locales qui, ici, s’organisent au mieux pour dénoncer ce sommet, voire tenter de le perturber.


Le G7 est une pure opération de propagande, indécente, à la gloire des pays les plus riches et dont les coûts financiers sont faramineux. La présidence est française dans un contexte de forts mouvements populaires et de grandes tensions sociales. L’hypocrisie des gouvernants est totale : le G7 affiche cette année un programme de "lutte contre les inégalités" et pour la protection de l’environnement, accompagné d’un discours cynique sur l"écoute de la société civile". Tout cela à mille lieues donc de la politique réelle des Etats qui ont pour rôle de passer les compromis les plus favorables aux intérêts du capitalisme et sont donc directement responsables des maux qu’ils prétendent combattre.

Petit rappel des épisodes précédents.
Une plateforme pour ancrer l’anti G7 dans la réalité du Pays Basque, territoire spécifique qui revendique sa souveraineté, a été signée en septembre 2018 par 45 organisations politiques, syndicales, associations, collectifs du Pays Basque nord. Les objectifs : mobiliser contre le G7 et ouvrir sur des luttes communes à l’avenir ; promouvoir un autre monde, un autre projet de société ; perturber le G7. Les modes d’action envisagés : bataille des idées, manifestations de masse, actions de désobéissance civile.
Des liens étroits existent dès le début avec le Pays Basque sud où des plateformes et groupes locaux se sont constitués dans les capitales des quatre provinces et un peu partout.
Sous l’impulsion d’Attac, 27 associations et syndicats ont signé une plateforme propre au niveau hexagonal. Une coordination régulière est établie entre toutes ces plateformes.
Ambazada, lieu de rencontres internationales installé à la ZAD de NDDL et à la construction duquel ont participé de nombreux-ses camarades basques, organisera sa semaine intergalactique annuelle au Pays Basque à partir du 21 août.
Il est possible que ce soit aussi le lieu et la date de ralliement de l’Assemblée des Assemblées des Gilets jaunes.
Evidemment, des militant.es anticapitalistes de toutes les régions et de tous les pays viendront participer à l’opposition au G7.

Au programme de l’anti G7
Des conférences, débats, constructions de résistances se dérouleront à l’initiative de nombreux mouvements, associations, syndicats du Pays Basque et d’ailleurs. L’anti G7 se veut être un point de convergence important des combats qui ont marqué l’année et de construction des futures mobilisations.
Sept thématiques sont retenues :
* Rompre avec la logique capitaliste basée sur l’exploitation ;
* Construire les alternatives à partir du féminisme : en finir avec le patriarcat et la division sexuée du travail ;
* Mener des actions déterminées contre le dérèglement climatique et en faveur de modes de vie respectant et préservant les écosystèmes ;
* Construire un monde des peuples, basé sur la solidarité entre les peuples, l’anti-impérialisme et l’internationalisme ; oeuvrer à la démilitarisation des relations internationales ;
* Lutter pour la liberté des peuples, garantie de la diversité : droits des peuples et nations opprimé.e.s ; droit à l’autodétermination et défense de la diversité culturelle et linguistique ;
* Lutter pour l’égalité, contre l’autoritarisme. Pour le pouvoir de décider démocratiquement de tout ce qui concerne la vie en commun. Contre toutes les formes de racisme ; pour les mêmes droits pour tous- te.s les habitant.es de la planète.
* Combattre pour l’accueil des migrant.es et contre les politiques anti-immigré.es et. Personne n’est illégal !

  • Des manifestations sont prévues :
    Le 22 juin, il y en a eu une à Saint-Sébastien. Les prochaines seront le 13 juillet à Biarritz, le 24 août à partir d’Irun-Hendaye. Le 25 août, il y aura des rassemblements contre l’interdiction de manifester avec, au-delà des zones rouge et bleue du dispositif de sécurité mis en place autour du sommet de Biarritz, la constitution d’une zone arc-en-ciel.

Des VIP sous haute protection
Pour protéger le sommet dont il assure la présidence, le gouvernement français aura recours à tout l’arsenal policier et judiciaire qu’il utilise pour mater la contestation sociale : un déploiement policier, "inédit, extrêmement lourd" qui sera à la mesure de "la menace" (Macron à Biarritz, le 17 mai). Ce sera un état de siège brutal, destiné à protéger les plus riches de la planète.
Pouvoir sera donné aux forces de l’ordre d’"appréhender au plus tôt ceux qui s’apprêtent parfois à commettre le pire, grâce aux renseignements qui [leur] seront donnés et aux moyens qui seront mobilisés", et ceci jusqu’aux frontières de l’hexagone avec l’aide des polices européennes. Pour rappel, 15 000 flics (dont des policiers étrangers) et militaires, 450 sapeurs-pompiers seront mobilisés à Biarritz et dans les environs. Justice et pouvoir exécutif font cause commune : le tribunal de Bayonne se prépare à accueillir un renfort de magistrats pour gérer les comparutions immédiates. Des avocats viendront en nombre pour assister des manifestants.es interpellés : ils seront de 50 à 70 avocats de permanence, contre 8 en temps ordinaire (3).

Obstacles, contraintes et contradictions
Dans l’organisation du contre-sommet, les obstacles sont nombreux et les interdictions contraignantes et liberticides. Les zones d’ombre persistent encore à cette date (23 juin) quant aux lieux exacts des événements et aux infrastructures qui seront disponibles.
Dès la mi-août, Biarritz sera inaccessible (zones rouge et bleue), et les villes de Bayonne et d’Anglet seront interdites de manifestation. Ce sont donc un espace près d’Urrugne, et les villes d’Hendaye et d’Irun qui sont pressentis pour l’organisation de l’anti (alter)-G7. Si la mise en place des installations commencera dès le 19 août, l’anti-G7 proprement dit aura lieu à partir du 21 août.
Mais, il reste encore pas mal de choses à régler. Il faut des espaces pour installer le campement des opposant.es au G7 et pour parquer les véhicules, mettre en place à Hendaye un village alternatif, avec des animations, des stands, des débats, des concerts..., pouvoir accéder à un bâtiment suffisamment vaste pour accueillir des conférences, bénéficier de transports (navettes) efficaces pour circuler d’un lieu à l’autre...Des pourparlers avec les autorités préfectorales et municipales (4) ont été extrêmement nombreux et sont toujours en cours, et ces "négociations" ont du mal à déboucher.
C’est la quadrature du cercle...
Comment ménager un espace d’expression libre et autorisé contre le G7 sur un territoire qui sera verrouillé et militarisé à l’extrême ? Le préfet a beau prendre des accents de super-démocrate, et répéter publiquement qu’il n’ y a "pas de sommet sans contre-sommet”, les autorités atermoient, gagnent du temps, mettent sur la table sans arrêt de nouvelles exigences (poste médical avec associations agréées de sécurité civile, payantes ; navettes payantes ; horaires des déplacements...) et n’offrent pas des garanties suffisantes pour des transports et des parkings permettant une mobilité réelle entre Urrugne-Hendaye et Irun, villes qui sont relativement éloignées les unes des autres. Ce serait bien plus simple pour les autorités préfectorales et municipales si les opposants restaient cantonnés sur leur terrain de campement, éloignés de tout et étroitement surveillés !
D’autant que ces négociations qui se voudraient seulement techniques posent des questions de fond qui agitent les participant.es à la plateforme anti G7. Les discussions avec la préfecture risquent de plus en plus d’apparaître comme une forme de collaboration, et de faire perdre à la plateforme son autonomie politique. D’autant que le préfet non seulement s’emploie à faire traîner les choses, mais qu’il tient un discours dans les médias qui le fait apparaître plein de bonne volonté et attentif à permettre un contre-sommet "réussi" ; comme s’il se posait, en quelque sorte, en co-organisateur ... Ainsi, les phrases qu’il répète, et qui sont reprises servilement par le maire de Biarritz - "Un sommet du G7 réussi c’est aussi un contre-sommet réussi, qui fait partie du droit d’expression ; (...) cela fera de belles images d’un débat démocratique" - cherchent à transformer l’anti G7 en faire-valoir du G7... La plateforme mesure le risque de se retrouver happée, malgré elle et paradoxalement, dans l’organisation du G7, en tant que "contre-sommet officiel" soutenu par l’Etat, lui octroyant ainsi une image d’ouverture et de fair play.
Aussi les anti-G7 de la plateforme se soucient-ils de recentrer très vite les choses pour conserver maîtrise des objectifs et liberté face aux autorités, de définir les lignes à ne pas dépasser, de réaffirmer leur indépendance politique.

Pays Basque, 23 juin

(1) Trois articles sur le sujet ont déjà été publiés dans Courant Alternatif (numéros 288, 290 et 291)
(2) Le G7 est constitué de ces 7 puissants Etats : USA, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada
(3) Pour comparaison, lors des manifestations des Gilets Jaunes à Paris, il y avait 20 avocats de permanence.
(4) Des opposants au G7, à titre individuel, ont même eu une réunion avec le cabinet de la Présidence de la République ...
Sites et liens :
www.g7ez.eus
info@g7ez.eus
https://www.facebook.com/G7EzPlataforma/
https://www.facebook.com/G7-NON-CES...

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