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En hommage à « La révolution des œillets »

Les vampires

de José Afonso, traduit et présenté par G. Lambert

dimanche 25 avril 2021

Il y a 47 ans, le 25 avril, au Portugal, une chanson de José Afonso, Grandola vila morena, donnait le signal du soulèvement qui allait mettre fin à 48 ans de dictature et ouvrir la porte à une des révolutions les plus fortes du XXème siècle.
Pour saluer cet anniversaire, voici la traduction d’une autre chanson de Zé Afonso, plus ancienne, mais qui n’a rien perdu de son actualité, au Portugal et ailleurs.


Dans le ciel gris, sous l’astre muet
Battant des ailes dans la nuit bâillonnée
Ils viennent en bande à pas de velours
Pour sucer le sang frais du troupeau

Si l’on est trompé par leur air sérieux
Et qu’on ouvre la porte à leur venue
Ils mangent tout, ils mangent tout
Ils mangent tout et ne laissent rien

De toutes parts surgissent les vampires
Ils se posent sur les toits, se posent sur le pavé
Le ventre plein de vieilles dépouilles
Sans aucun souci de ces vies détruites

Ils sont les gérants de tout l’univers
Seigneurs par force, maîtres sans loi
Se goinfrant, buvant du vin nouveau
Dansant la ronde dans les forêts du roi

Ils mangent tout, ils mangent tout
Ils mangent tout et ne laissent rien

Au champ de peur tombent les vaincus
Leurs cris s’entendent dans la nuit étranglée
Gisant dans les fosses, victimes de leur foi
Et le sang du troupeau ne tarit pas

Si l’on est trompé par leur air sérieux
Et qu’on ouvre la porte à leur venue
Ils mangent tout, ils mangent tout
Ils mangent tout et ne laissent rien

No céu cinzento, sob o astro mudo
Batendo as asas pela noite calada
Vêm em bandos com pés de veludo
Chupar o sangue fresco da manada

Se alguém se engana com seu ar sisudo
E lhes franqueia as portas à chegada
Eles comem tudo, eles comem tudo
Eles comem tudo e não deixam nada

A toda a parte chegam os vampiros
Poisam nos prédios, poisam nas calçadas
Trazem no ventre despojos antigos
Mas nada os prende às vidas acabadas

São os mordomos do universo todo
Senhores à força, mandadores sem lei
Enchem as tulhas, bebem vinho novo
Dançam a ronda no pinhal do rei

Eles comem tudo, eles comem tudo
Eles comem tudo e não deixam nada

No chão do medo tombam os vencidos
Ouvem-se os gritos na noite abafada
Jazem nos fossos, vítimas dum credo
E não se esgota o sangue da manada

Se alguém se engana com seu ar sisudo
E lhes franqueia as portas à chegada
Eles comem tudo, eles comem tudo
Eles comem tudo e não deixam nada

Écouter Les Vampires en V.O.

P.-S.

Sur la révolution portugaise on peut lire Phil Mailer, Portugal 1974-1975, révolution manquée ? Les nuits rouges, et sur Grandola et José Afonso, Jean Lemaître & Mercedes Guerreiro, Grandola vila morena, Otium.

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