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les grévistes sans papiers de DPD écrivent au Préfet du 91

lundi 21 février 2022, par admin x

Cette lettre a été envoyée ce lundi 21 février 2022 au directeur de cabinet adjoint du Préfet de l’Essonne. Elle a été signée des 84 participants actuels du piquet de grève du DPD du Coudray-Montceaux, plateforme colis de DPD, filiale de la Poste à 100%. Ces derniers réclament entre autres une régularisation sans condition des grévistes.


Lettre ouverte des grévistes DPD et occupants du piquet de grève de la plateforme du Coudray-Montceaux à la préfecture de l'Essonne

Depuis le 15 novembre, nous sommes en grève dans cet établissement de tri de colis. Le mardi 15 février, lors de la manifestation débouchant sur la préfecture de l’Essonne, vous avez reçu nos représentants, dont les délégués des grévistes, l’Union Solidaires, le syndicat SUD Poste 91 et le CTSPV.

Vous ne nous avez toujours rien dit concernant la façon d’instruire les dossiers qu’on pourrait déposer, si ce n’est que cela se ferait dans le cadre "salarié". Cela donne le type de carte de séjour, mais pas le mode d’instruction.

Vous avez, en revanche, confirmé que la société Derichebourg vous avait donné des dossiers de vingt personnes. Votre communiqué du 2 février, à la suite de l’évacuation du piquet devant la plateforme DPD, parlait déjà de six dossiers communiqués par Derichebourg.

Nous sommes très fortement surpris de vous voir procéder ainsi. Dans un message du 28 janvier à nos représentants, vous vous référez à la réglementation applicable. À notre connaissance, la réglementation applicable dans le cas d’un Sans-papiers résidant en France demande qu’il constitue son dossier, qu’il prenne rendez-vous en préfecture et qu’il le dépose en précisant le titre qu’il demande. Le rôle de l’entreprise, dans le cas où c’est le titre salarié qui est visé, consiste à lui délivrer le pack employeur, mais en aucun cas à se substituer à lui pour faire le dépôt et encore moins sans qu’il soit au courant.

Cette façon de faire, validée par la préfecture de l’Essonne, est inacceptable. Elle s’inscrit dans une entreprise de division de la grève par Derichebourg et dans sa volonté de fragiliser notre mouvement. L’évacuation du piquet, le 2 février, dès les 48 heures accomplies après l’arrêté municipal, reflète aussi cette collaboration avec Derichebourg.

La préfecture protège ainsi le donneur d’ordre, DPD, filiale de la Poste qui sort ainsi du champ des discussions alors même que c’est elle qui a construit, pour le tri du colis, ce système de surexploitation de travailleurs Sans-papiers en grande banlieue.

Une telle collaboration de l’État est un signal fort donné à toutes les entreprises qui exploitent massivement des travailleurs Sans-papiers. C’est une façon de dire "Vous pouvez y aller. Si des grèves se déclenchent, l’État sera à vos côtés, avec sa force publique, avec son administration, pour réduire le problème".

Dans ce cadre, il n’est pas étonnant que le représentant de la préfecture nous ait dit de ne pas connaître la conclusion de l’inspection du Travail qui avait enquêté sur le site du Coudray-Montceaux. Le courrier de fin d’enquête qui nous a été adressé le 31 janvier note pourtant bien qu’a été transmis au préfet de l’Essonne "un rapport circonstancié de fin de conciliation". Il note qu’a été transmise au Procureur de la République une saisine sur les infractions constatées aux "dispositions du Code du travail, relatives au travail temporaire et au travail illégal". Le rapport, même s’il ne donne pas une vue complète des grévistes ayant travaillé sur le site DPD ou pour d’autres sites postaux, confirme tout de même le travail de 63 personnes.

Ce rapport ne fait que mettre en évidence que la collaboration de la préfecture de l’Essonne avec l’entreprise Derichebourg est une collaboration avec un employeur qui viole ouvertement les règles de droit que dit défendre la Préfecture.
En conséquence, sans connaître précisément qui sont ces vingt personnes, les soussignés demandent expressément :

  1. S’ils font partie des 20 dossiers déposés sans leur consentement, que leur soient communiquées les pièces les concernant, déposées par Derichebourg à la préfecture de l’Essonne.
  2. De ne pas instruire les dossiers présentés. Une telle instruction ne pouvant se faire que par un dépôt volontaire décidé collectivement dans le cadre du mouvement de grève.

Et nous rappelons notre revendication centrale : une régularisation sans cerfa ni concordance, comme cela s’était fait fin 2019 à l’issue de la grève du Chronopost d’Alfortville ou plus récemment à la SEPUR de Bobigny.

Fait à Évry, le 16 février 2022

P.-S.

Cette lettre a été envoyée ce lundi 21 février 2022 au directeur de cabinet adjoint de Monsieur le Préfet de l’Essonne, Éric Jalon. Elle a été signée des 84 participants actuels du piquet de grève du DPD du Coudray-Montceaux. Ces derniers réclament entre autres une régularisation sans condition des grévistes.
Pour information, la grève au sein de cette plateforme colis de DPD, filiale de la Poste à 100%, rappelons-le, a été commencée le 15 novembre 2021. Le parking du bâtiment avait été envahi vers 13h00 par environ 70 personnes dont une soixantaine de travailleurs Sans- papiers organisés avec le Collectif des Travailleurs Sans-Papiers de Vitry (CTSPV), SUD Poste 91 et l’Union Solidaires du 91.
Une équipe d’une dizaine de personnes, en poste sur les lignes de tri, débrayait ce jour-là et rejoignait le groupe occupant. Le jour suivant, la direction de DPD bloquait toute communication et interdisait en particulier le passage des repas. Une trentaine de personnes sont néanmoins restées dans ces conditions très difficiles jusqu’à leur sortie le 1er décembre, à la suite de la décision du juge du Tribunal Administratif demandant l’évacuation. Elles ont rejoint le piquet extérieur permanent constitué depuis quinze jours.
Le 2 février, après un arrêté municipal de la ville du Coudray-Montceaux, appliqué immédiatement (et inspiré par) la préfecture de l’Essonne, le piquet était évacué. Il a été réinstallé comme piquet de jour à partir du 8 février. De nombreuses manifestations ont eu lieu ces derniers mois dans le cadre de cette lutte et de celles des deux autres piquets de grève du CTSPV, celui devant la société d’intérim RSI de Gennevilliers et celui devant l’agence Chronopost d’Alfortville.
La lutte continue jusqu’à la régularisation des grévistes des trois piquets et de leurs soutiens sans-papiers.
Vitry, le 21 février 2022

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