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CA 339 avril 2024

Le féminisme dans l’État espagnol, un exemple à suivre...

vendredi 19 avril 2024, par Courant Alternatif

En matière d’avancée des droits des femmes, l’État espagnol fait figure de pionnier depuis une vingtaine d’années. Un modèle dont les mouvements féministes de l’autre côté des Pyrénées s’inspirent.


L’État espagnol est régulièrement cité comme modèle à l’échelle européenne et mondiale sur l’avancée des droits des femmes. Depuis près de 20 ans, il est à l’avant-garde sur le plan des politiques féministes : violences de genre, égalité femmes-hommes, droits LGBT+... Comment ce pays à la réputation machiste est-il parvenu à s’imposer comme une source d’inspiration sur le sujet ?

 Un moteur

L’État espagnol est devenu une référence pour les féministes d’autres pays, « comme un phare dans la nuit », selon les mots d’Ilana Navarro et Cécile Laffon, réalisatrices de la série documentaire en podcast sur France Culture « Féminisme, l’avant-garde espagnole ». Doté d’une forte volonté politique, le gouvernement espagnol défend, notamment grâce à l’ancienne ministre de l’Égalité, Irene Montero, un changement sociétal à travers la mise en place d’un appareil législatif efficace et des fonds budgétaires conséquents. Faire bouger les choses, changer un ordre patriarcal, réinventer les rapports femmes-hommes : voilà des objectifs particulièrement moteurs qui à l’extérieur inspirent.

 Lois révolutionnaires

Congé menstruel, loi d’égalité des personnes trans ou encore congé paternité, au niveau législatif, l’État espagnol fait figure de pionnier. Dès 2004, il institue une loi-cadre contre les « violences de genre ». Une loi contre la violence machiste qui illustre la volonté gouvernementale de faire des féminicides une question d’État. En mai 2022, la loi du « seul un oui est un oui » dite loi « de garantie intégrale de la liberté sexuelle » est adoptée. Pour beaucoup, cette loi est révolutionnaire car le pays reconnaît légalement que le consentement doit être au centre des rapports et distingue une relation sexuelle d’une agression. Seul dans l’Union européenne à avoir vraiment pris à bras-le-corps la question des violences sexuelles, Madrid y consacre plus de 200 millions d’euros chaque année. Dans l’Hexagone, le budget alloué pour lutter contre les violences est de 32 millions. L’écart se traduit dans les faits : le bilan de féminicides en 2022 s’y élève à 118 contre 49 chez le voisin, soit plus de moitié moins. L’État espagnol est doté de 5 000 places d’hébergements spécialisés, contre 600 au nord des Pyrénées.

Politiques ambitieuses

L’ambitieuse politique de l’État ibérique inspire et influence beaucoup d’associations. En avril dernier, l’Association française du conseil des communes et régions d’Europe a réuni une dizaine de représentants de collectivités territoriales françaises à Madrid afin qu’ils puissent prendre connaissance des initiatives locales contre les violences sexuelles et sexistes. Le collectif d’associations féministes du Pays Basque, rassemblé autour de la coordination EBA - Pour une égalité réelle, a échangé à différentes reprises avec des représentantes des Maisons des femmes des deux côtés de la Bidassoa, notamment celles de Tolosa et Donostia, dans la perspective de créer sa propre structure. Pour Élisabeth Charriau, fondatrice d’EBA, « de l’autre côté, il existe un féminisme très militant. Les institutions ont adhéré à une vraie politique de prévention et de répression des violences. Chez nous, on attend qu’il se passe quelque chose pour agir ». Un décalage troublant que ces femmes aimeraient voir disparaître.

07 MAR. 2024, Flora Etienne et Nina Merle

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