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Répression patronale

lundi 5 janvier 2009

La liberté du commerce contre la liberté d'expression

Hélène et Philippe Magdelonnette, licenciés du magasin de tissus Dreyfus Déballage du Marché Saint-Pierre (Paris) après 28 et 34 années d’ancienneté sont allés tous les jours depuis mai 2006 protester silencieusement devant le magasin avec une banderole où ils demandaient leur réintégration.

Au bout de trente-un mois leur pétition compte environ 11.000 signatures de passants, clients, habitants du quartier. Un petit groupe de militants a soutenu leur combat depuis la rentrée 2007 et deux fois par semaine a accompagné leur protestation silencieuse par une distribution de tracts aux entrées du magasin, des discussions avec les passants et clients, des collages dans le quartier (trois manifestations ont été aussi organisées par Solidaires).

Parallèlement, Hélène et Philippe ont eu recours à la justice. Ils ont fait appel aux prud’hommes : par deux fois, leurs licenciements ont été reconnus « sans cause réelle et sérieuse » et la direction du magasin a été condamnée à payer des indemnités (dont pas un centime ne leur a encore été versé). Mais la direction, elle aussi, a fait appel aux tribunaux : elle les a traînés en référé pour prétendu trouble à l’ordre public. Par deux fois, la justice lui a donné tort, mais le troisième verdict (du 19 décembre) prend fait et cause pour les patrons du magasin, considérant que les époux Magdelonnette ne pouvaient, au nom de la liberté d’expression « qu’ils sont en droit de revendiquer », « entraver le libre exercice du commerce de leur employeur et même porter atteinte à son image ».

Ce jugement bâillonne de fait toute expression publique, reprenant mot pour mot la requête patronale, à savoir « interdire aux époux Magdelonnette de :

  • imprimer ou faire imprimer des banderoles,
  • déployer ou faire déployer des banderoles devant et aux alentours du magasin,
  • imprimer ou faire imprimer des tracts,
  • distribuer ou faire distribuer des tracts de quelque nature que ce soit,
  • éditer ou faire éditer, diffuser ou faire diffuser des affiches la mettant en cause,
  • coller et faire placarder des affiches la mettant en cause,
  • faire signer des pétitions à toute personne notamment dans la rue,
  • s’adresser au public aux alentours et à l’entrée du magasin pour l’inciter à se rendre chez un concurrent ».

Après un jugement de ce type, que reste-t-il en France de la liberté d’expression ? Si ce type de jugement devait se généraliser, les patrons de tout poil pourraient impunément licencier sans même craindre de voir circuler un tract, une pétition ou une banderole se planter devant leur porte.

Nous n’allons pas baisser les bras. Le combat d’Hélène et Philippe qui portait jusque-là sur l’arbitraire patronal prend désormais un sens plus large pour la défense concrète de la liberté d’expression, dont dépend encore chez nous l’existence des luttes.

Le collectif de solidarité avec Hélène et Philippe
(collectidesolidarite[at]hotmail.fr)

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