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Courant Alternatif

Le numéro 291 de juin 2019 est sorti

mardi 4 juin 2019, par OCL Reims


SOMMAIRE

édito page 3
DOSSIER GILETS JAUNES
page 4 à 13 Noisy, Reims, Poitiers, Nantes, Limoges,Allier, Lyon,Boulogne
Aménagement du territoire
page 14 ZAD NDDL : résistances, rencontres, actions au programme !
G7
page 15 à 17 Le G7 et son monde mortifère, ni à Biarritz, ni ailleurs !
Rencontres libertaires du Quercy du 16 au 23 juillet
page 18 à 19 Programme
International : Palestine
page 20 à 22 Antisémitisme, antisionisme :
la confusion entretenue (suite et fin)
Vertement écolo
page 23
Big Brother page 24,25
Qui sommes-nous ? page 26
International : Libye
page 27 à 30 Lybie, entre mosquée et caserne (1ere partie)
page 30 Daniel St-James, un parcours.
Notre mémoire
page 31 à 32 Texte de Daniel St-James sur les crises du capital

Edito
AVIS DE TEMPÊTES

En quoi le résultat des élections européennes jouera-t-il sur le mouvement social en cours ? Va-t-il le renforcer, l’éteindre, ou plus probablement l’indifférer. Dans un premier temps, le mouvement qui s’amenuise sous la répression et la fatigue est suffisamment fort pour continuer d’éloigner ses participant-e-s d’une option électorale : pas de candidat-e-s dans les cortèges, trop portés sur la confrontation (voir notre dossier « gilets jaunes » et la manifestation rémoise...). Et les Gilets Jaunes sont partants pour venir à Biarritz au mois d’aout faire la fête à Macron.

Pour l’extrême-droite en quête d’honorabilité, qui est moins intervenue par exemple que la France Insoumise en faveur des Gilets Jaunes, la leçon est mémorable : l’électeur fuit le tumulte et le mouvement. Le parti du leader maximo Mélenchon, admirateur du leader jaune Drouet, se rabougrit au niveau des 6 % du PS. Wauquiez, qui draguait à sa droite et avait un temps enfilé le gilet jaune pour ensuite le nier, dévisse à 8 % siphonné par En Marche et le Rassemblement. Les politicards qui pensaient surfer sur la vague jaune pour faire leur beurre s’y sont perdus.

Le mouvement Gilets Jaunes est une réaction à l’évolution du capitalisme qui bouleverse les modes de production, de salariat et de régulation sociale (syndicats,partis), en concentrant les bénéfices restants, de plus en plus volatils. On peut ainsi encore égrener les usines promises à la casse ces derniers mois : Ascoval, Ford Blanquefort, Alsthom Belfort, Arjowiggins... Et même des mastodontes comme la SNCF ou EDF sont en voie d’être désossés pour une privatisation des tranches les plus juteuses, sans que par exemple les cheminots pourtant victorieux dans des conflits comme en 95, semblent pouvoir aujourd’hui contrer cette braderie géante, où l’on privatise les bénéfices et on nationalise les pertes... Les formations politiques traditionnelles de droite et de gauche, enracinées dans des milieux sociaux plutôt stables jusqu’ici, semblent incapables de suivre le bouleversement des conditions d’existence en cours, de plus en plus rapide à l’image des flux : humains, marchandises, capitaux.

La situation internationale est en miroir. La Grande Bretagne si conservatrice voit le parti conservateur... s’écrouler, et au risque de la sécession de l’Ecosse choisit de plébisciter Farage, partisan droitier du Brexit, à 30 %. L’extrême-droite européenne, malgré le scandale autrichien d’un FPÖ pris en flagrant délit de corruption, perce en Espagne, caracole en Italie, progresse en Allemagne, mais bute aux Pays-Bas. Les scènes politiciennes de chaque pays subissent les contrecoups de l’économie européenne, prise dans les tensions économiques mondiales actuelles où le leadership américain est nettement battu en brèche par la Chine (déjà passée à la téléphonie 5G ! Une insulte à la Silicon Valley et Wall Street !). Les rivalités militaires sont au rendez-vous et peu à peu de nouveaux foyers s’embrasent au Sahel, en Libye (voir l’article dans ce numéro), Iran, Cachemire...Proche Orient, en attendant la Corée ou l’Amérique Latine.

Dans ce maelström mondial, il faut maintenir le cap des réformes, ou au moins le prétendre ! Voici la première réaction de Macron aux résultats électoraux . Il est vrai que pour les présidentielles de 2022 dans trois ans, Le Pen semble la seule en mesure de rester au second tour face à lui et pour le moment à sa portée.. Mais rien n’est jamais sûr, comme l’actualité récente le démontre. Pour le moment, les poussées électorales vers l’extrême-droite constatées dans de nombreux pays ne se sont pas traduits en France par une croissance notable du socle du RN. C’est dans la rue, dans des mouvements plutôt égalitaires et contre les fonctionnements verticaux que la population se reconnait, à défaut d’y participer (voir les gilets jaunes à Lyon dans notre dossier, face aux activistes d’extrême-droite).

Dans ces élections européennes Macron a classiquement utilisé l’extrême-droite comme épouvantail pour rallier la population à son parti (explication possible du rebond de la participation de 10 %, mais difficile de tomber sous les 40 % de 2014 ; plus probablement le regain d’intérêt pour le politique avec les gilets jaunes, le grand débat, les cahiers de doléance...) mais il ne pouvait pas éluder deux choses :

  • D’abord l’autorité brutale et hautaine, avec laquelle son gouvernement répond depuis plus de six mois à un mouvement inédit de classes sociales menacées par sa politique économique ; cette autorité n’a pas grand chose à envier à des partis en filiation directe avec des dictatures, comme le PP espagnol ou la Ligue italienne. Inutile d’énoncer l’escalade de toutes les pratiques policières et judiciaires autoritaires qui réduisent l’état de droit à un torchon au nom de l’anti terrorisme ou du commerce.
  • Ensuite l’acharnement souriant et décomplexé à favoriser les très riches et à réduire le salaire différé (voir la liste de ces mesures p. 13 de ce numéro) des plus modestes ou des classes moyennes, quelques soient les mobilisations populaires ou les scandales financiers révélés en chaîne (Goshn, Balkany, Bygmalion,..) alliés au ruissellement d’un pognon de dingue pour une église ou une lubie quelconque de milliardaire. Cet acharnement n’est peut-être que l’aveuglement de cette classe de hauts fonctionnaires qui se repassent les plats - et les places - des ministères au gré des aléas politiciens et des pantouflages dans les conseils d’administration de multinationales. Mais ce tropisme d’énarque est devenu insupportable, comme un crachat à la gueule... Et ce n’est pas le patron du Fouquet’s qui dira le contraire.
    En politique électorale mieux vaut l’original que la copie . Le Rassemblement National, à l’inverse des Marcheurs, promet au moins un peu de convivialité et de solidarité tricolore, dans l’ordre et le respect de la propriété privée bien sûr. Le vote RN a au moins eu le mérite de souffleter Macron. Alors que les gilets jaunes, eux, aimeraient plutôt aller le chercher chez lui, en chantant.

Nantes, le 26/05/19.

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