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NOTES PROVISOIRES SUR LA REVOLUTION DE MASSE, A CARACTERE ANARCHISTE, QUI SECOUE LE CHILI

texte traduit 3

dimanche 3 novembre 2019, par admi2

Le vendredi 18 octobre, une révolte sauvage a éclaté dans la ville de Santiago. Le lendemain, elle s’était déjà étendue à pratiquement toutes les villes du pays. La raison apparente était la montée du passage dans la locomotion collective de Santiago (dans les bus du réseau métropolitain de la mobilité et du métro), mais elle montrait à la base un mécontentement total avec le mode de vie capitaliste. Un mouvement énorme et incontrôlé a fait son apparition historique de cette manière et, comme plusieurs camarades l’ont affirmé dans plusieurs brochures distribuées lors de la révolte : "rien ne sera plus jamais pareil".


NOTES PROVISOIRES SUR LA REVOLUTION DE MASSE, A CARACTERE ANARCHISTE, QUI SECOUE LE CHILI

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Le mouvement favorable à une perspective de lutte

  • La première chose à souligner est la généralisation spontanée du mouvement et sa critique dans les actes de l’ensemble du mode de vie capitaliste-néolibéral : expropriation et distribution massive des marchandises des grands capitalistes (supermarchés, centres commerciaux, pharmacies, banques, etc.). .), destruction des infrastructures de l’État (commissariats de police, bâtiments municipaux, etc.), répudiation massive des organes répressifs de l’État dans un contexte « démocratique » (police, enquêtes policière et militaire), et critique implicite de la totalité de la marchandisation de tous les aspects de la vie quotidienne (il n’y a pas de "demande" ou de "revendication" concrète, il s’agit de "tout changer").
  • Le rôle dynamique que le jeune prolétariat a joué et joue, avec son intransigeance déterminée et sa combativité subversive à toute épreuve.
  • Les protestations sauvages ont effectivement causé un dommage considérable à la propriété privée des grands capitalistes de ce pays : c’est la véritable raison pour laquelle l’État a jeté les milices dans les rues. Cela a horrifié la classe capitaliste dirigeante.
  • Un autre aspect qui a attiré notre attention est la prolifération de noyaux qui pratiquent de manière étendue la violence offensive et la légitime défense contre les forces répressives de l’État dans les manifestations - à la fois au « centre », comme dans les quartiers périphériques. Il existe une forme de « violence de masse prolétarienne diffuse », coordonnée de manière solidaire au milieu des barricades, qui rend inutile - du moins pour le moment - tout type de spécialisation ou de professionnalisation de cette activité par petits groupes. Jusqu’à présent, cela a été assez efficace.
  • La fracture d’isolement et de manque de communication à laquelle nous sommes quotidiennement soumis dans ce système qui se manifeste par : solidarité spontanée de classe et communication sociale en dehors des rôles préfabriqués.
  • En dépit de « l’état d’urgence », du couvre-feu et des milices dans les rues, le prolétariat n’a pas eu peur et n’a pas abandonné le combat malgré la répression brutale qui a toujours fait l’objet d’un nombre d’assassinats assassiné / comme, torturé, disparu et emprisonné. Au moment où ces lignes ont été écrites, la levée du couvre-feu a été annoncée dans de nombreuses régions, y compris la région métropolitaine, en raison de la pression sociale du prolétariat qui ne l’a pas respecté du tout et qui manifeste une haine viscérale des milices.
  • Malgré tous les efforts de l’État pour revenir à « une certaine normalité » et à la diffamation des moyens de communication de masse, il a été impossible de le rétablir, car notre classe a continué à protester quotidiennement sans même avoir besoin de « demander la permission ». pour le faire - toutes les manifestations ont été "illégales" -.
  • La réalité de la lutte a dépassé les tentatives de la presse de « spectaculariser" la révolte : le prolétariat a reconnu que la fonction sociale essentielle de la presse est de déformer les faits et de ficeler un récit en lien avec les intérêts de la classe dirigeante - les journalistes sont les "porte-parole" du capital.
  • Le mouvement, dans le contexte de la révolte, s’est doté de manière embryonnaire d’organismes de combat ayant des racines territoriales, fondés sur la formation d’assemblées auto-organisées d’habitants, situées dans divers quartiers et villes, se construisant implicitement des perspectives anticapitaliste opposées à la précarité de la vie. Nous considérons ces espaces d’association stratégique prolétarienne comme une communauté de lutte, car ils expriment la nécessité d’une activité autonome des prolétaires eux-mêmes, de manière autonome et hors de toute intervention extérieure.
  • Un secteur important du prolétariat a rejeté en bloc les propositions de « réformes » avec lesquelles le gouvernement a tenté d’éteindre le feu de la révolte : elles sont considérées comme des miettes indignes, ce qui met l’Etat en échec du moins jusqu’à maintenant.
  • Il n’existe pas de « secteur politique » capable de se proclamer représentant pour dialoguer avec le gouvernement : ce qui rend la bourgeoisie perplexe. C’est une révolte sans dirigeants. D’où le caractère anarchiste de ce mouvement.

Les contradictions et les limites que les minorités révolutionnaires doivent combattre au sein du mouvement :

  • Les méga-marches organisées le vendredi 25 octobre, qui, selon les chiffres officiels, ont rassemblé à elles seules plus de 1 500 000 manifestants, ont donné lieu à un sentiment d’identification patriotique et à l’unité nationale, au détriment du sentiment de classe dans le conflit. Un exemple en est la prolifération des drapeaux chiliens - qui étaient absents avant - et une atmosphère festive et pacifiste qui a prévalu tout au long de la journée. Le gouvernement lui-même y voit une opportunité qui "ouvre des voies pour l’avenir et de l’espoir".
  • L’hésitation dont ont fait preuve certains secteurs organisés du mouvement syndical pour participer à la révolte - par exemple, les mineurs de la société publique CODELCO et les syndicats de la coordination nationale des travailleurs et travailleurs NO + AFP-, à la digne exception de l’Union du port chilien (UPCH) et le syndicat de la construction regroupés au sein du syndicat combatif SINTEC.
  • L’écho qu’a trouvé, dans certains secteurs, la rumeur répandue par la presse et le gouvernement d’une vague de pillages visant des maisons privées et des petites entreprises - cas très particuliers et peu nombreux. Cela s’est traduit par le phénomène des « gilets jaunes », des voisins organisés en gangs qui défendent leurs quartiers contre des pilleurs inexistants. C’est dangereux car c’est un terreau fertile pour les courants néo-fascistes d’extrême droite et parce qu’il divise les prolétaires.

L’existence de militants des partis traditionnels et de la « nouvelle gauche » - ce qui est la même chose - dans les assemblées et les conseils auto-organisés, qui tentent de prendre le pouvoir et de supplanter l’autodétermination du mouvement pour imposer leurs positions et devenir des interlocuteurs valables pour négocier avec le pouvoir

  • En dépit des grands sauts qualitatifs que le mouvement a réalisés dans son vaste domaine, il n’a pas été en mesure de sceller et de consolider une lecture de classe claire, faiblesse qui témoigne d’une tâche énorme qui reste à accomplir et à laquelle la dynamique du mouvement doit remédier. Cela a entraîné, surtout depuis les mégamarches, la résurgence d’une identification en tant que "classe moyenne" de certains secteurs du prolétariat promus par les partis de l’ordre et les médias.
  • La révolte a trouvé les minorités révolutionnaires désorganisées et fragmentées, ce qui ne voulait cependant pas dire qu’elles participaient immédiatement au mouvement, essayant de guider par des actes et de la propagande, malgré leurs moyens limités. La gauche et le léninisme en général ne voulaient pas se mêler aux incontrôlés, ils se sont désolidarisés de la révolte et même leurs secteurs plus traditionnels ont condamné le pillage de grandes entreprises et il a fallu au moins trois jours pour les trouver dans la rue. Cela souligne la nécessité de constituer un mouvement ouvertement anticapitaliste qui regroupe les secteurs les plus radicaux de la classe.

Perspectives provisoires

En dépit de ce qui se passera à l’issue de cet épisode magnifique, il est clair qu’il y a eu une rupture irréversible, une fissure qui marque un changement d’époque pour notre classe dans cette région. Ce que des milliers et des milliers de prolétaires ont vécu ces derniers temps sans aucune expérience de combat préalable peut difficilement être effacé de la mémoire combative de notre classe. Cette révolte a fourni une occasion unique à ne pas manquer : il est devenu évident que ce n’est qu’en combattant qu’on impose des revendications et des améliorations concrètes des conditions de vie. Nous avons pris conscience de notre force. La révolte générale annonce la possibilité latente d’un possible changement révolutionnaire, de la réconciliation de l’espèce humaine avec elle-même et son environnement naturel, malgré le mépris que montraient certains secteurs de la sphère subversive de notre région - avec des discours du type "humain = peste" ou que le "peuple est mort" -. Le prolétariat n’est pas mort, nous ne sommes pas seulement un capital variable, nous avons un rôle énorme à jouer dans la liquidation de ce monde capitaliste et cela a été démontré dans la pratique. Pour l’instant, la lutte se poursuit dans la rue et dans les assemblées contre le pacte social et la reprise réformiste qu’ils veulent nous imposer. Cette révolte a intuitivement remis en question les fondements de la structure capitaliste et cela ne peut être effacé de la mémoire historique. Nous allons plus loin, nous allons vers la vie. Nous avons un rôle énorme à jouer dans la liquidation de ce monde capitaliste et cela a été démontré dans la pratique. Nous allons plus loin, nous allons vers la vie.

Quelques prolétaires en lutte de la région chilienne
Demain samedi 26 octobre
Printemps subversif de 2019

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