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Editorial CA 218

Les vivants sont ceux qui luttent…

jeudi 8 mars 2012, par Courant Alternatif


LES VIVANTS SONT CEUX QUI LUTTENT...

Rarement on aura ressenti avec autant d’acuité le décalage entre les discours polticards et la réalité vécue par chacun et chacune. Alors que partout en Europe (Espagne, Italie, Roumanie...) se développent des mobilisations populaires contre les politiques de rigueur et d’austérité imposées aux populations, alors que la Grèce est au bord de l’insurrection généralisée, il va nous être demandé, à nous Français, dans quelques jours, de nous rendre sagement aux urnes pour choisir à quelle sauce nous désirons être mangés.
On se demande franchement comment l’arnaque électorale va s’y prendre cette fois encore pour convaincre l’électeur de se mobiliser peut être en jouant avec un anti sarkozysme tout pourri ou pire en ressortant la vieille antienne de l’antifascisme à deux balles.
En effet il n’est pas besoin de faire le tour des cafés ou des salles de pause pour constater que cette société plus personne n’y croit, mais l’atomisation généralisée, la servitude imposée nolens volens par l’Etat et ses appareils (police, justice), la nécessité de survivre au quotidien favorisent le repli sur soi avec pourtant la conviction profonde que le chacun pour soit, c’est tout le monde dans la merde.

Comme nous l’explique un article de ce numéro de CA, le capitalisme n’est pas un système illogique ou un conclave d’initiés se réunissant dans une confrérie secrète quelconque. Le capitalisme est un système économique basé sur l’exploitation du travail salarié. Il n’est ni une fatalité ni une obligation. Sa « crise » qui soit dit en passant n’est certainement pas la nôtre n’est qu’un acte de sa restructuration, comme cela est arrivé de nombreuses fois au cours de son histoire. La seule vertu de ces instants-là si l’on peut dire, c’est de faire tomber les masques, car ce sont dans ces moments de rupture du consensus qu’apparaissent clairement les rôles des acteurs sociaux (défenseurs de l’ordre ou contestataires de l’existant).
A la différence de ses périodes de croissance le Capital dans ses moments de crises met à nu ses rouages, montre les crocs, et le vernis du consensus démocratique qui le pare se craquèle.
Le problème c’est que la défense d’un projet politique aspirant clairement à une révolution sociale a progressivement disparu dans la masse des exploités, largement aidé en cela par tous ceux qui y avaient intérêt. Toutes les pratiques et les discours de ces dernières années, favorisant l’intégration, la cogestion et la négociation, ont transformé l’Etat en une entité mythique et neutre, située au delà des antagonisme de classe et visant au bien commun, alors que celui ci se retrouve souvent être l’arme la plus efficace du Capital pour défendre ses privilèges en dernière instance.
Cela a débouché sur l’assimilation progressive de la logique de la crise (c’est comme ça on ne peut rien y faire) et un tassement de la volonté ou de l’idée même de se battre. D’ailleurs les mots de communisme et de révolution semblaient avoir perdu de leurs sens. Pourtant la question de la révolution ne revient pas elle ne nous a jamais quittée. Le problème c’est que la révolution c’est aussi le saut vers l’inconnu et la crainte d’un hypothétique futur qui naîtrait du vide laissé par la guerre sociale.

Tout reste donc à réinventer, à créer.

L’année 2011 résonne de toutes les révoltes : de la chute des satrapes orientaux à la flambée de la dette grecque. Une fois de plus le monde change, nous n’avions rien vu venir et c’est tant mieux. Une mobilisation sociale ne se décrète pas. Accablée par l’incurie sarkozsyte, coincée entre la défaite d’un mouvement social et l’échéance électorale à venir, la France, dans son nombrilisme bien franchouillard, paraît rester a l’écart de ce formidable mouvement.
Il y a cependant des actes qui peuvent être posées. D’abord il est nécessaire de situer les responsabilités, notamment celles des gestionnaires politiques de droite comme de gauche, de dire que la crise ce n’est pas pour tout le monde.
Ensuite il faut se retrouver pour se sentir moins isolé face à ces problèmes et retrouver un sentiment d’appartenance et des possibilités concrètes de solidarité. Enfin il faut, là où ça lutte, poser ensemble les problèmes de comment lutter et pourquoi le faire, de quels projets nous voulons défendre, de quelle stratégie nous voulons mettre en place pour pouvoir commencer a vivre autrement et ce quelle que soit la crise du système.
Alors peut être aurons nous aussi le bonheur de goûter l’ivresse de ces moments collectifs où tout semble être possible, nous pourrons récupérer en quelques instants des pans entiers de notre vie, nous pourrons nous aussi hurler notre rage et notre colère à la face des flics de tous poils qui nous harcèlent au quotidien. Finalement on vit une époque formidable
Comme disait le vieux barbu les capitalistes nous vendront la corde pour les pendre. Vite on s’impatiente...

...LA RAGE DE CLASSE AU COEUR.

Paris

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