[Grèce en lutte]
lundi 18 février 2013, par
Dans la nuit du 16 au 17 février, un important sabotage a eu lieu dans le chantier contesté d’une mine d’or, dans le nord de la Grèce. Les dégâts sont relativement conséquents.
Cela fait plus d’un an que des milliers de personnes de la région s’opposent avec opiniâtreté à ce projet d’exploitation du sous-sol et de destruction de tout l’écosystème de l’une des plus belles région de Grèce. Cela fait plus d’un an qu’ils se heurtent à l’imposition violente de ce projet et à une répression grandissante.
Dans les premières heures du dimanche 17 février 2013 une attaque incendiaire a été réalisée sur un chantier situé au Mont Kakavos, dans la péninsule de la Chalcidique (à 100 km à l’est de Thessalonique, dans le nord de la Grèce), où se trouvent les installations de la société minière Hellenikos Chrysos (ou Hellas Gold, « Or Grec »), une filiale à 95% de la multinationale canadienne El Dorado Gold. Ces deux sociétés minières, avec le soutien de l’État grec, cherchent à exploiter une mine d’or dans cette région montagneuse de la forêt de Skouriès.
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L’incendie s’est produit lorsqu’une cinquantaine de personnes masquées ont fait irruption le chantier clôturé et mis le feu à des conteneurs servant de bureaux, des véhicules (pick-up, camionnettes, camions...), des générateurs, bulldozers et autres machines de chantier de l’entreprise minière. La société avait confié la surveillance de la zone à une entreprise de sécurité privée. A peine les gardes ont-ils vu le groupe des personnes s’introduire dans la zone clôturée, qu’ils se sont mis à courir et ont pris la fuite. D’après la police, deux gardes auraient été ligotés pendant que les dix autres s’enfuyaient. Les attaquants seraient repartis du site à pied, en plaçant des troncs d’arbres en travers de la route pour ralentir l’arrivée de la police et des pompiers.
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La police a arrêté 33 personnes dans la journée du dimanche qui ont été remises en liberté sauf une, un homme de 54 ans, habitant la région et connu pour son engagement contre les mines d’or. Dimanche a eu lieu un rassemblement dans le centre du village de Ierissos pour protester contre les arrestations.
Il s’agit clairement d’un acte de contre-violence (matérielle) à la violence du capital et de l’État qui n’ont pas le moindre scrupule à piller et à détruire l’environnement de la Chalcidique et de l’ensemble du pays pour faire des profits. Depuis plus d’un an, les habitants de la région s’opposent frontalement aux projets d’ouverture de mines d’or, font face à la répression et luttent énergiquement contre la destruction de leurs terres et forêts pour les mines d’or et autres métaux.
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Un projet de mine d’or dévastateur
Il y a quelques jours la compagnie minière Hellas Gold a demandé au Service Forestier de la province 1754 hectares supplémentaires de forêt pour ses activités d’extraction minière. Dans la zone demandée par la société coulent trois ruisseaux qui fournissent l’eau à tous les villages et hameaux voisins. Signalons qu’en plus des 317 kilomètres carrés déjà concédés et indépendamment de la surface supplémentaire réclamée, les conséquences de l’exploitation minière de l’or pour les eaux de la région seront énormes (cyanure, autres résidus lourds, quantité d’eau utilisée), sans compter la pollution atmosphérique, en particulier la diffusion de composants de roche tels que l’arsenic. Dans la partie déjà concédée, plus de 300 hectares de forêt de chênes et de hêtres doivent être détruits.
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Eldorado Gold vise l’extraction de 50.000 onces d’or (1,5 tonne) chaque année jusqu’en 2015 dans cette zone. L’extension demandée permettrait de porter la production du site à 170.000 onces (5,28 tonnes) par an à partir de 2018. Avec ses autres concessions dans la péninsule, la production pourrait dépasser les 12 tonnes d’or par an. Avec l’envolée des cours de l’or (hausse de 543 % en douze ans), les appétits n’ont plus de limites.
Il s’agit d’un projet de mine à ciel ouvert (cratère de 700 mètres de diamètre et 220 m de profondeur), avec une usine de transformation et des bassins de résidus auxquels la multinationale vise aussi à ajouter le percement du sol jusqu’à 700 mètres de profondeur où elle espère trouver 0,18 grammes d’or par tonne de terre. En outre, la compagnie pense pouvoir exploiter d’autres minerais : du plomb, du zinc, du cuivre, de l’argent. Elle promet jusqu’à l’embauche de 1500 personnes à partir de 2015 pour les trois sites de la péninsule, sans compter les vigiles, l’argument de l’emploi est le seul à être opposé aux opposants.
Il y a dix ans, sous la pression des mobilisations populaires, la Cour Suprême, la plus haute juridiction du pays, avait déclaré que les enjeux économiques du projet ne valaient pas les dommages écologiques. Quelques mois plus tard, un accident dans les installations de Stratoni (près du littoral), provoqua une fuite de résidus toxiques dans la mer. L’entreprise d’alors fit faillite… mais six moins plus tard, le gouvernement révoquait la faillite, rachetait les droit d’exploitation pour la somme ridicule de 11 millions d’euros… et en 2011 relançait le projet en accordant des licences d’exploitation qui avaient été annulées, pour le même prix ridiculement bas, surtout quand il se dit le plus officiellement que les réserves en or de cette région sont estimées à 20 milliards de dollars (soit 1800 fois plus !). L’heureux bénéficiaire des largesses de l’État, un certain Bobolas, magnat de la presse, ami et soutien du régime est aussi le patron d’une entreprise de travaux publics, Aktor, possédant aujourd’hui 5% du capital de la Hellas Gold. La somme qu’il a dépensé vaut aujourd’hui près de 200 fois sa mise de départ. Les saloperies de l’extraction minière n’empêchent pas de faire des cadeaux aux amis.
La société El Dororado Gold exploite déjà deux autres mines, Opympiadas (Chalcidique) et Perama (Thrace). Et vise trois autres sites d’exploitation de la région : Piavitsa, Fisoka, Tsikara.
Le 29 juin 2012, une institution administrative régionale de Macédoine-Thrace avait imposé l’arrêt des activités suite aux plaintes de plusieurs associations environnementales qui dénonçaient un projet néfaste pour la forêt et l’écosystème.
Fin juillet, le Conseil d’Etat grec autorisait Eldorado Gold à exploiter la mine d’or, annulant la décision de l’instance régionale et contredisant sa propre décision de 2002.
Un mouvement d’opposition obstiné
En réponse, une manifestation est convoquée le 5 août où des manifestants (villageois et soutiens) se font tirer dessus par des balles en caoutchouc. Depuis l’été, des effectifs de la police anti-émeutes sont stationnés en permanence dans la zone, des barrages et des barbelés ont été dressés pour bloquer les accès des chantiers.
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Depuis plus d’un an, un mouvement très combatif d’opposition à l’exploitation minière s’est développé dans toute la région, organisé en comités de lutte locaux coordonnés de cette partie septentrionale de la Grèce, d’autres régions étant concernées comme celle de Komotini (Rodopi, vers la frontière bulgare), Perama (vers la frontière turque) et aussi vers Kilkis (Macédoine) au nord de Thessalonique. Ils se sont opposés au projet lors de l’enquête préalable d’impact environnemental à l’automne 2010. Ils ont très vite averti qu’ils ne respecteraient pas l’avis favorable décidé par le gouvernement, qu’ils ne permettraient pas l’installation de la multinationale et qu’ils s’opposeraient par des blocages de routes et autres moyens au démarrage des travaux.
Mais ce mouvement d’opposition doit faire face à un contre-mouvement favorable à la mine, les « Citoyens (de la municipalité) d’Aristote » dont dépend la petite ville de Ierissos, les ouvriers mineurs mobilisés par leur direction et leur syndicat, des nervis se faisant passer pour des ouvriers qui viennent frapper les manifestants en disant qu’ils ont été agressés… et une presse radio-TV-écrite en quasi-totalité contre le mouvement d’opposition.
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Au mois de mars 2012, la lutte s’est intensifiée. Trois manifestations successives de villageois de la région et de soutiens ont été organisées, et réprimées par des nervis de la compagnie et par la police et plusieurs manifestants ont été blessés dont un grièvement.
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Après les manifestations de l’été, les mobilisations se sont poursuivies.
Le 18 février 2013