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CA 332 été 2023

Big Brother 332

vendredi 8 septembre 2023, par Courant Alternatif


  1. Au Sénégal, des armes françaises utilisées pour tirer sur la population
  2. « Affaire du 8 décembre » : le chiffrement des communications assimilé à un comportement terroriste
  3. Transformer les objets connectés en mouchards : la surenchère sécuritaire du gouvernement
  4. Amendes pour casserolades
  5. Jeux Olympiques : Le gouvernement veut déporter en masse les personnes sans abri loin de Paris
  6. Des policiers tortionnaires en jugement
  7. Enquête sur la formation de la police française au lance-grenades Cougar

Au Sénégal, des armes françaises utilisées pour tirer sur la population
Au Sénégal, un soulèvement est en cours contre le président autoritaire Macky Sall. Au pouvoir dans ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis 2012, le chef d’État veut se maintenir à la tête du Sénégal par un troisième mandat en 2024, et a fait emprisonner son principal opposant, Ousmane Sonko, accusé de « corruption de la jeunesse ». Face à ce coup de force et sur fond de crise sociale aiguë, la population se révolte depuis plusieurs semaines.
La police et l’armée du Sénégal répriment très violemment les manifestations. Amnesty International recense la mort d’au moins vingt-trois personnes, dont 3 enfants, lors des manifestations des 1er et 2 juin 2023. Depuis le 1er juin, 390 personnes ont été blessées d’après la Croix-Rouge sénégalaise. Entre autres actes inqualifiables, les forces de l’ordre sénégalaises ont utilisé des civils pour se protéger des jets de pierres.
Ces derniers jours plusieurs personnes, y compris extérieures aux manifestations, ont été touchées par des tirs d’armes à feu. La police et ses auxiliaires pro-gouvernement utilisent autant des balles réelles que des armes du maintien de l’ordre pour écraser la contestation. Parmi les munitions utilisées, la plupart sont fabriquées … en France.
Le 23 mai, au début du soulèvement, un manifestant sénégalais publie un tas de grenades lacrymogènes et explosives ramassées dans la ville de Ziguinchor, au sud du pays. Elles ont été achetées à la France et produites par l’entreprise Alsetex.
Pour tirer ces grenades, les forces de l’ordre du Sénégal utilisent un lanceur 56 fabriqué par la firme Lebel, le nouveau nom de Verney-Carron. Cette entreprise basée à Saint-Étienne fabriquait le célèbre Flash-Ball.
Un média sénégalais montre également la police utiliser une batterie de lanceurs Cougar, les mêmes que ceux utilisés par la police française, mais assemblés pour tirer des rafales de grenades simultanément. Plusieurs reporters sénégalais évoquent l’usage de grenades explosives GM2L, des armes de guerre, les mêmes qui ont été massivement tirées à Sainte-Soline récemment …
La vente d’armes françaises est un business lucratif. En février dernier, le ministre des armées Sébastien Lecornu annonçait la vente d’équipement militaire au Sénégal lors d’un passage à Dakar, dans le cadre d’une tournée africaine.
Sources : Contre-attaque, Streetpress, etc.

« Affaire du 8 décembre » : le chiffrement des communications assimilé à un comportement terroriste
Le 8 décembre 2020 la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avait arrêté neuf personnes, soupçonnées d’« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle ». Cinq personnes avaient été incarcérées, dont Libre Flot. Celui-ci était surveillé par la DGSI depuis son retour de Syrie, où il avait combattu en 2017 contre Daesh, aux côtés des YPG du Rojava parmi d’autres militants internationalistes.
Après une grève de la faim de 37 jours, Libre Flot avait finalement été libéré sous bracelet électronique le 8 avril 2022, pour raisons médicales. Il a dénoncé cette pratique de l’isolement, et a déposé plusieurs recours auprès du tribunal administratif de Versailles. Celui-ci lui a donné raison, en avril 2023. Les deux décisions de prolongation de son isolement ont été reconnues irrégulières. L’État a été condamné à indemniser Libre Flot pour le préjudice subi. Son combat, à lui et à ses camarades, n’est pas terminé puisqu’une seconde plainte, en attente de jugement, a été déposée contre les fouilles à nu illégales et répétées qu’une inculpée a subies en détention provisoire, et il
reste à contester la qualification « terroriste" mise en avant par la DGSI et le juge d’instruction.
L’affaire dite du « 8 décembre » dans laquelle 7 personnes ont été mises en examen pour « association de malfaiteurs terroristes » en décembre 2020 devrait être jugée en octobre 2023. Ce sera le premier procès antiterroriste visant « l’ultragauche » depuis le fiasco de l’affaire Tarnac.
L’accusation de terrorisme est rejetée avec force par les inculpé·es. Ces dernier·es dénoncent un procès politique, une instruction à charge et une absence de preuves. Ils et elles pointent en particulier des propos décontextualisés et l’utilisation à charge de faits anodins (pratiques sportives, numériques, lectures et musiques écoutées…). Les pratiques numériques des inculpé·es – au premier rang desquelles l’utilisation de messageries chiffrées grand public – sont instrumentalisées par la DGSI et le juge instruisant l’affaire comme « preuves » d’une soi-disant « clandestinité » venant révéler l’existence d’un projet terroriste inconnu. De son côté la police reconnaît qu’à la fin de l’instruction – et dix mois de surveillance intensive – aucun « projet précis » n’a été identifié.
Rendez-vous en octobre 2023 !
Source : Laquadrature.net

Transformer les objets connectés en mouchards : la surenchère sécuritaire du gouvernement
« Le projet de loi « orientation et programmation du ministère de la Justice 2023-2027 a commencé à être discuté au Sénat (…)
Au milieu de dispositions qui visent à entériner pêle-mêle les interventions à distance des médecins en cas de prolongation de la garde à vue et des interprètes dès le début de la garde à vue, ou l’extension des possibilités de perquisitions de nuit à des crimes de droit commun, est créé un nouvel outil d’enquête permettant d’activer, à distance, les appareils électroniques d’une personne à son insu pour obtenir sa géolocalisation en temps réel ou capter des images et des sons. En clair, il s’agira par exemple pour les enquêteurs judiciaires de géolocaliser une voiture en temps réel à partir de son système informatique, d’écouter et enregistrer tout ce qui se dit autour du micro d’un téléphone même sans appel en cours, ou encore d’activer la caméra d’un ordinateur pour filmer ce qui est dans le champ de l’objectif, même si elle n’est pas allumée par son propriétaire. Techniquement, les policiers exploiteront les failles de sécurité de ces appareils (notamment, s’ils ne sont pas mis à jour en y accédant, ou à distance) pour installer un logiciel qui permet d’en prendre le contrôle et transformer vos outils, ceux de vos proches ou de différents lieux en mouchards (…).
Si ce texte était définitivement adopté, cela démultiplierait dangereusement les possibilités d’intrusion policière, en transformant tous nos outils informatiques en potentiels espions.
Il est, à cet égard, particulièrement inquiétant de voir consacrer le droit pour l’Etat d’utiliser les failles de sécurité des logiciels ou matériels utilisés plutôt que de s’attacher à les protéger en informant de l’existence de ces failles pour y apporter des remèdes.
Les services de police et de renseignement disposent pourtant déjà d’outils extrêmement intrusifs : installation de mouchards dans les domiciles ou les voitures (balises GPS, caméras de vidéosurveillance, micros de sonorisation), extraction des informations d’un ordinateur ou d’un téléphone par exemple et mise en oeuvre d’enregistreurs d’écran ou de frappes de clavier (keylogger). Ces possibilités très larges, particulièrement attentatoires à la vie privée, sont déjà détournées et utilisées pour surveiller des militant·es (comme dans la lutte du Carnet, dans l’opposition aux mégabassines, dans les lieux militants de Dijon, ou dans les photocopieuses de lieux anars, etc.) (…).
Source : extrait du communiqué du 31 mai 2023 de l’observatoire des Libertés et du numérique qui regroupe, entre autres, la LDH, le Syndicat des Avocats de France, le Syndicat de la Magistrature, la Quadrature du Net.

Amendes pour casserolades
Des manifestant·es dijonnais·es et dans bien d’autres villes, ont reçu des "amendes forfaitaires délictuelles" (AFD) de 68€ pour avoir fait du bruit avec un ustensile de cuisine lors d’une manif. Amendes automatisées attribuées par vidéosurveillance car ils n’ont fait l’objet d’aucune interpellation par les forces de l’ordre. La Défenseure des droits vient justement de rendre une décision le 31/05/2023 demandant la suppression de ces AFD. A suivre

Jeux Olympiques : Le gouvernement veut déporter en masse les personnes sans abri loin de Paris
Le gouvernement souhaite « débarrasser » la capitale de ses populations les plus précaires en les envoyant dans des « sas régionaux », afin de privilégier la clientèle riche des Jeux Olympiques.
Depuis le mois de mars, les préfets sont sollicités par le gouvernement pour créer des « sas d’accueil temporaires régionaux » afin de « désengorger les centres d’hébergements » d’Île-de-France. En clair, éloigner les sans-abri de la capitale. Comme si le nombre d’hébergements d’urgence était suffisant dans le reste de la France... Combien de personnes, passent déjà leur journée en attente sur la ligne téléphonique du 115 dans l’espoir de trouver un toit pour la nuit ?
En Île-de-France, ce sont 55.845 personnes en moyenne qui sont hébergées à l’hôtel via le 115. Et qui vivent dans la peur constante de voir leur hébergement prendre fin du jour au lendemain. En France, 330.000 personnes se trouvent sans domicile en 2023. Une augmentation de 130% depuis 2012 selon la fondation Abbé Pierre.
En prévision de l’afflux de touristes venu-es du monde entier pour les jeux Olympiques durant l’été 2024, le gouvernement se prépare à mettre fin aux partenariats de nombreux hôtels comme hébergements d’urgence. En effet, des conventions avaient été signées entre des établissements hôteliers et l’État pour accueillir des familles mises à l’abri par le 115, pendant la période du Covid. Des conventions qui ont également permis à des nombreux-ses hôtelier-es de maintenir leur activité grâce aux aides financières de l’État.
Maintenant que le tourisme a repris, les places d’hébergement d’urgences disparaissent dans les hôtels. 5000 chambres destinées à l’hébergement d’urgence ont ainsi été perdues note la députée Maud Gatel. Et à défaut de structures d’accueil pérennes et dignes, des milliers de personnes se retrouvent chaque jour à la rue.
Environ 15 millions de touristes sont attendu-es pour les Jeux Olympiques 2024, un événement dont on sait déjà qu’il est une aberration tant sociale qu’écologique. Mais toujours plus loin dans le mépris des droits humains, le gouvernement veut déplacer de force 500 personnes par mois en région, en évacuant campements, squats et hôtels sociaux. Des milliers de personnes, déjà en situation de grande précarité et d’isolement, vont ainsi être contraintes d’être déplacées, sans leur consentement.Les grands événements sportifs sont toujours l’occasion pour les gouvernements de pratiquer des politiques d’exclusion d’une violence extrême. Paris 2024, ne sera pas une exception !
Source : Contre-attaque

Des policiers tortionnaires en jugement
Pendant trois jours, du 31 mai au 2 juin au tribunal de Bobigny, les six policiers de la Brigade territoriale de contact (BTC) du quartier des Quatre-Chemins de Pantin, jugés pour violences volontaires, faux en écriture publique et perquisition illégale. Du lourd ? Mais pas autant que cela aurait pu être !
De nombreux faits de violences gravissimes leur sont reprochés. L’un, surnommé « le dictateur », a fracassé la main d’un jeune gardé à vue au sein même du commissariat de Pantin. Un autre est surnommé « l’électricien » pour son goût à électrocuter ses victimes à coups de pistolet à impulsion électrique. Un autre encore, surnommé « le violent » a notamment porté « trois coups de poing au thorax d’un gardien d’immeuble qui descendait ses poubelles ».
La liste est longue : « Bras cassé, passage à tabac, détention de stupéfiants et d’armes, rackets, insultes, perquisitions illégales… ». Le parquet de Bobigny a saisi l’IGPN le 24 avril 2020, l’enquête qui s’en suit est accablante. Des pratiques de tortures et d’humiliation ... Des actes de barbarie commis par des criminels en uniforme.
Mais seul un tiers des faits rapportés à l’IGPN ont été poursuivis devant le tribunal. Le procureur n’estimant pas nécessaire de poursuivre l’ensemble des faits reprochés prétextant un manque de preuve... Hypocrisie totale dans la mesure où aucune instruction n’a été ouverte pour recueillir ces preuves tant attendues ! « Aucun placement sur écoute des policiers, aucune perquisition, aucune exploitation de la géolocalisation des téléphones n’aient été décidés par le parquet au cours de l’enquête ». Et celui-ci s’étonne de ne pas disposer de preuves... Le ministère public n’a pourtant aucun mal à déployer des moyens de surveillance dignes de l’anti-terrorisme contre les écologistes, mais quand il s’agit de protéger des policiers tortionnaires, l’indulgence est complice.
Quant à la défense, elle a crié au complot anti-flic. Un « complot fomenté d’une part par des jeunes des cités qui voudraient trafiquer tranquillement « et faire tomber la police par le même coup » (...) Et de l’autre, par des gardiens de la paix « jaloux » des chiffres d’arrestations de cette brigade ».
Le parquet demande une peine de 6 mois ferme pour « le violent » (18 mois dont 12 avec sursis et 5 ans d’interdiction professionnelle), un an de sursis pour le « dictateur », et 6 mois de sursis pour « l’électricien » et le quatrième policier. La relaxe a été requise pour les deux derniers policiers. Des peines donc minimes... Décision le 14 septembre.
Source : Médiapart.fr

Enquête sur la formation de la police française au lance-grenades Cougar
Arme centrale du maintien de l’ordre en France, le lance-grenades Cougar est en théorie conçu pour éviter des blessures par impact. Il faut pour cela respecter un certain angle de tir, prévu par son fabricant, le français Alsetex.
Le Monde a pu consulter des documents internes de la police nationale et de la gendarmerie, a analysé les images de 331 tirs réalisés par des policiers et des gendarmes et a réalisé une modélisation 3D du comportement d’un tir de lance-grenades Cougar. Ce travail révèle que les fonctionnaires de police français sont formés à effectuer des tirs non respectueux des normes d’utilisation du fabricant, et prennent ainsi régulièrement le risque de blesser, voire de tuer.
Source : Lemonde.fr/vidéo

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