mardi 23 novembre 2010, par
Dans les fondements de la CGT s’est forgée l’arme de la grève générale. Pour les Anarcho-syndicalistes- révolutionnaires, c’était l’outil central dans leur stratégie expropriatrice du Capital. Elle était inhérente au combat de classe mené alors. Les patrons la craignant, la répression était à la mesure.
Cette idée de grève générale, de blocage de l’économie, est toujours crainte par le patronat et le capital. Mais Aujourd’hui, elle angoisse et tracasse aussi nos confédérations syndicales lorsque les étincelles (sociales) risquent d’embraser la plaine, comme dirait Lénine. Nous ne sommes donc pas étonné que le commandeur de la CGT - B. Thibault- et ses comparses, n’y voient qu’irresponsabilité par les temps qui courent.
Si le mot d’ordre de « grève générale » scandé, lors de manifestations stériles des mois précédents semblait incantatoire, il s’est répandu dans de nombreux esprits comme une nécessité contre ces journées de grève sans suite et inefficaces, pour répondre à l’ensemble des attaques du gouvernement dont celle contre NOS retraites.
La nouvelle crise qui vient d’agiter le capital avec ses soubresauts a obligé le gouvernement, sous pression du patronat, à accélérer la rigueur. C’est pour cela que N. Sarkozy a rompu le dialogue social avec ses partenaires syndicaux, lui préférant la voie législative.
Lâchés par l’intransigeance du président, poussés par l’ampleur des manifestations, des mécontentements qui dépassaient largement le cadre des retraites, les patrons syndicaux n’avaient plus comme seule marge de manœuvre que de freiner.
Comment enrayer la dynamique qui s’affirme dans la rue et ce désir de justice sociale, sans trop laisser de plumes (surtout dans les fonctions publiques : leurs prés carrés électoraux) ni être désavoué par leurs adhérentEs et militantEs ? Ainsi F. Chérèque le plus modéré, habituellement prêt à tout négocier sur le dos des travailleurs/euses, s’est vu obligé de hausser le ton et contraint de durcir ses initiatives d’action. B Thibault à la CGT, a dû prendre en compte l’ampleur de la grogne, dans ses structures acquises à l’idée de grèves reconductibles. Nombre de syndicats de base, appuyés par de puissantes fédérations, sont insatisfaits de l’attentisme de leur direction.
Les leaders syndicaux mesurent l’ampleur de la colère et les insatisfactions causées chez les salariéEs et dans la population par toutes les attaques menées par le gouvernement depuis son arrivée au pouvoir. Mais, ils ont aussi à défendre leurs intérêts, nécessaires à leur survie : reconnaissance de partenariat social, moyens financiers et décharges de postes… octroyés par l’état. Ces intérêts « de caste », sont liés à ceux de la bourgeoisie au pouvoir. C’est pourquoi les confédérations « Françaises et responsables » ne permettront pas à un quelconque mouvement social d’entamer une crise institutionnelle. D’autant plus qu’ils sont liés à la logique de gestion du capital européen via la CES (Confédération Européenne des Syndicats).
Les salariéEs les plus combatifs passent outre l’attentisme de l’intersyndicale. L’idée de grève générale, votée dans de nombreuses Assemblées générales se traduit en grève reconductible. Enracinée à certains endroits (raffineries), elle est diversement reprise dans d’autres lieux de conflits. Des solidarités se nouent rapidement. Du 9 au 12 Octobre, une dynamique de lutte se répand. Elle est renforcée par les lycéenNEs puis étudiantEs, qui étendent ainsi le champ de la contestation sociale, et modifie le rapport de force en faveur du retrait du projet Sarkozy. Ce renfort inquiète autant le pouvoir que les organisations syndicales. La lutte et la victoire, en 2006, contre le CPE reste vivace dans les esprits.
Pour seule réponse, le pouvoir déploie ses forces de répression. Répression administrative intimée par le ministère et appliquée par proviseurs. Répression policière musclée contre les blocages de lycées, comme à Montreuil…Répression judiciaire contre les grévistes des raffineries « réquisitionnés », pour raison d’état, avec menace de 5 ans de prison pour désobéissance. Répression exemplaire contre les « casseurs », qui au tribunal se révèlent être des salariéEs, chômeurs/euses, étudiantEs ou lycéens/ennes en colère, accuséEs le plus souvent uniquement sur les témoignages des policiers. Depuis Octobre 2010, on compte au moins 2300 interpellations dans toute la France.
A ce jour, le projet de réforme des retraites, a été adopté et n’attend plus que la promulgation du président de la République pour être loi. Enfin une issue pour les réformistes de l’intersyndicale. Aujourd’hui la situation n’est plus la même, a aussitôt fait savoir la CGC suivie de près par la CFTC et l’UNSA. Question de temps pour la CFDT et besoin de quelques précautions pour le leader de la CGT. Pour tous, force est donnée à la loi votée, à la république, à la démocratie. D’autant qu’à ses propos syndicaux, ne manqueront pas de faire écho, ceux des gauches politique engagés vers 2012…la revanche par les urnes en quelque sorte.
Si un mouvement d’ampleur s’est engagé dans la rue, les grèves reconductibles malgré la popularité rencontrée, ne se sont pas généralisées, comme nous l’aurions souhaité. Si démobilisation il y a, après l’intersyndicale du 4 Novembre, et le retour de vacances des lycéens/ennes, nous ne désarmerons pas pour autant. Ce ne sera qu’un repli pour ceux et celles qui ont participé collectivement aux assemblées générales, aux blocages et autres actions communes et solidaires. Un repli, certes, plein d’amertume mais vivant, gorgé d’énergie ; où la force des liens inter générationnels et inter catégoriels tissés, marqueront fortement l’ensemble des acteurs et actrices de ce conflit. Optimiste parce que chacunE avec sa propre histoire, a pu trouver des solidarités, malgré les divergences et le cloisonnement des boutiques syndicales. La joie d’être et d’avoir fait ensemble, reste intacte. L’enjeu de notre repli momentané, est de préparer les autres résistances qui s’annoncent, ou d’accepter leur démobilisation pour réintégrer, aigriEs et résignéEs leur ordre social.
CAEN le …28 10 2010.