dimanche 5 juillet 2009
D’après ce qu’on peut voir sur Telesur, il y a une très grande manifestation qui s’approche de la capitale. Des dizaines de milliers de personnes, depuis toutes les zones centrales du pays, se sont regroupées et confluent vers la ville. En bus, en camions, à pied, c’est toute une partie du pays qui est en marche vers la capitale pour accueillir le président Zelaya destitué et braver l’état de siège de la dictature “constitutionnelle”. A certains endroits, l’armée a bloqué les bus, mais les passagers ne se résignent pas et continuent à pied, même s’ils sont encore loin de Tegucigalpa.
Des hélicoptères de la police et de l’armée survolent les manifestants.
Dans la ville de San Pedro Sula, malgré ou à cause des très violents affrontements de la veille, les manifestants sont redescendus dans la rue et occupent le centre-ville.
Dans la localité de Santa Barbara, beaucoup de manifestants et notamment de jeunes car la vieille des étudiants ont été arrêtés.
Dans toutes les localités d’importance, les gens sont descendus dans la rue.
Le président destitué a annoncé qu’il reviendra dans son pays demain dimanche, accompagné de plusieurs chefs de gouvernement d’Amérique latine (Correa d’Equateur, Cristina Kirchner d’Argentine, Lugo du Paraguay…).
Dans un entretien en direct à radio Globo Honduras, qui a été coupé rapidement, il a eu le temps de dire : « A midi nous atterrirons à l’aéroport international de Tegucigalpa. J’ai besoin de la protection du peuple pour entre dans un dialogue ouvert au Honduras pour que ces faits ne se répètent plus. Demain se décide si nous serons libres ou opprimés dans notre futur. Les peuples du monde aujourd’hui appuient totalement le peuple hondurien qui est réprimé et torturé par les golpistes. Aujourd’hui l’OEA prend sa résolution finale. Demain, la presse internationale sera à Tegucigalpa pour assister à la manière dont on retournera au respect de la constitution ».
Cette décision respecte le délai de 72 heures qu’avait donné l’OEA aux putchistes pour qu’ils reviennent sur leur décision.
De son côté, la droite qui a pris le pouvoir rejette toute proposition de revenir en arrière, nie l’existence d’un coup d’Etat et le présente comme une mesure normale et légale, car approuvé par la cour suprême et une très large majorité du parlement.
Le gouvernement de fait semble prêt à faire face à un boycott diplomatique et a décidé de quitter l’OEA.
Les entretiens qu’à eu le secrétaire général de l’OEA avec les membres de la cour suprême et des partis majoritaires au parlement n’ont semble-t-il rien donné. Le compromis fréquemment évoqué est pour l’instant dans les limbes. Les putchistes se sont déclaré prêts à faire face à toute menace. Le secrétaire de l’OEA est semble-t-il reparti les mains vides.
Situation bloquée, on s’achemine donc vers la confrontation.
Le retour de Zelaya, accompagné de divers chefs de gouvernements et de journalistes est en train de devenir le point culminant de la riposte au coup d’Etat.
Le cardinal représentant la hiérarchie catholique du pays a déclaré que le retour de Zelaya allait provoquer un bain de sang et lui a demandé de « méditer » sur les conséquences de sa décision. Les partisans du gouvernement font la même demande et le rendent responsable par avance des violences qui pourront survenir.
Les nouvelles autorités ont trouvé un ennemi étranger : le Nicaragua. Plus d’une centaine de citoyens nicaraguayens on été arrêté dans la capitale et dans le sud du pays. Ils sont accusés de s’être introduits dans le pays pour créer des troubles et pousser la population à la révolte.
Daniel Ortega, président du Nicaragua a déclaré que les militaires honduriens cherchaient à « justifier un bain de sang » par la création d’une situation de chaos avec l’aide de groupes paramilitaires. Lors de l’assemblée de l’OEA, le représentant du Nicaragua est allé dans le même sens et a dénoncé l’existence de « plans macabres » des putchistes pour accuser le Nicaragua, Cuba et le Venezuela d’être responsable des troubles et de vouloir attaquer militairement le Honduras.
En fin d’après-midi, la marche sur la capitale a atteint l’aéroport international situé à une dizaine de kilomètres. Sur les images de Telesur (la chaîne “bolivarienne » continentale), on voit les policiers qui ne cessent de reculer, dans l’impossibilité de bloquer les manifestants. Des francs-tireurs ont été postés sur les bâtiments de l’aérogare, à la tour de contrôle, face aux pistes d’atterrissage et aux manifestants.
Les forces armées sont déployées sur le tarmac et autour des pistes.
L’aéroport international va devenir le point de fixation de la confrontation entre l’oligarchie hondurienne et une bonne partie de la population qui se mobilise chaque jour de manière plus nombreuse et plus déterminée.
Car cette fois, c’est clair : le peuple hondurien a repris l’initiative, est en train de prendre conscience de sa force et ce sont les putchistes qui sont maintenant sur la défensive.
Pour la soirée, les manifestants ne devraient pas rester dehors pendant la nuit. Rafael Alegría, dirigeant de Via Campesia, est intervenu dans ce sens en ajoutant que le choix de l’aéroport pour aujourd’hui était « symbolique » et que « demain nous allons faire une marche similaire mais avec encore plus de monde et nous serons là dès la matinée, nous irons jusqu’à l’aéroport pour le recevoir ».
D’après le reporter de Radio Globo Honduras, Luis Galdanas le nombre des manifestants présents à l’aéroport dépasse sans doute les 200 000. Il confirme que la consigne est bien de rentrer chez soi ou dans les hébergements provisoires pour ceux qui viennent de loin (un grand campement a été installé vers l’université). Et d’être à l’aéroport dès 10 heures du matin pour accueillir le président.
La journée de dimanche 5 juillet s’annonce dans tous les cas de figure comme particulièrement décisive.
Voir en ligne : photos de presse