mercredi 16 mars 2011
Depuis des semaines, nous sommes témoins des rébellions populaires dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, qui revendiquent simultanément la liberté politique, la justice sociale, le développement économique, la souveraineté nationale et populaire et une démocratie intégrale.
Ces rébellions ont démasqué les caudillos autoritaires (vieux amis du Nord globalisé ou anciens anti-impérialistes) et les ont affronté en exigeant des droits universels et des institutions ouvertes à la participation sans avoir recours aux fausses solutions du fondamentalisme ou à des pactes entre les élites.
En Egypte et en Tunisie, le peuple se maintient sur le pied de guerre face aux nouveaux gouvernements militaires et bourgeois “de transition”, car les revendications populaires ne se satisfont pas d’un simple changement de régime politique et s’attaquent aux questions sociales clés telles que le contrôle des moyens de production et de leurs vies. En Libye, l’implication massive dans une guerre civile démonte le tableau idyllique du soi-disant État populaire qui profiterait des bontés d’un développement économique réussi. Dans d’autres pays, les populations ont aussi demandé beaucoup plus que des changements de ministres et le départ de dirigeants corrompus.
Ces événements démontent les lectures coloniales et racistes de “peuples barbares” car ils montrent les visages de sociétés modernes, laïques et voulant défendre leurs meilleures traditions, des gens qui se sont emparés des places, des usines et du cyberespace, en combinant la fermeté et la créativité.
Des personnes qui ont pris le contrôle de leurs vies avec une surprenante et émouvante capacité d’auto-organisation et ont restitué à la quotidienneté globale l’usage du mot REVOLUTION qui semblait banni.
Pendant ces évènements, les “grandes puissances” menacent d’intervenir militairement, avec leurs yeux rivés sur les richesses et la position géopolitique privilégiée de la région. Et certains gouvernements latino-américains offrent une solidarité injustifiable qui vise à confondre la défense de la souveraineté des peuples avec l’impunité pour ceux qui les oppriment, dans une claire manifestation, pathétique et perverse, de la “raison d’Etat”.
Par conséquent, de par l’importance pour l’humanité de ces évènements et conformément à nos positions continues de l’engagement civique, nous, activistes de l’OC [Observatorio Crítico], exprimons notre solidarité avec les mouvements révolutionnaires dans les pays de la Nation Arabe et rejetons toute manœuvre visant à renforcer les intérêts de l’impérialisme, la perpétuation de l’oppression dictatoriale de ces peuples, ou le retour de la domination sous des habillements “libérateurs”. Nous exigeons aussi le respect des revendications historiques à l’autodétermination des peuples de la Palestine, du Sahara occidental et du Sud du Soudan ainsi que les revendications sociales aux États-Unis même, exigences qui ne doivent pas être éclipsées par les récents soulèvements arabes.
Mais nous sommes conscients que ni une stabilité “propre” (pour ceux qui n’en ont pas encore), ni le changement de gouvernement ne résolvent la question de l’émancipation humaine. Dans quelque partie du monde que ce soit, comme aujourd’hui à Cuba et dans Notre Amérique, la lutte contre la domination capitaliste, bureaucratique et patriarcale n’aboutira que par l’expansion d’une société radicalement libre, sous les principes de la solidarité, de l’autogestion et de l’autonomie.
Nous refusons que d’autres se partagent le droit de décider sur la vie des gens, parce que nous croyons que seule la force collective, agissant de façon claire dans la dénonciation et les actions de solidarité internationale permettra aux peuples de se construire un chemin de souveraineté, de liberté et de justice.
Pour votre liberté et pour la notre !
En solidarité,
Réseau d’intervention de l’Observatoire Critique (OC) de la Révolution cubaine.
[Publié le 9 mars 2011/ Traduction OCL]
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Un site à visiter pour qui s’intéresse à Cuba aujourd’hui :Polémica Cubana
Informations et analyses critiques. Et aussi, le bulletin périodique “Cuba libertaria” téléchargeable.
En introduction au n° 19 qui vient juste de sortir :
Nous débutons ce “Cuba libertaria” avec une interrogation, parce que beaucoup d’entre nous craignent que le VIe congrès du Parti Communiste de Cuba (PCC) consolide la “reconfiguration de l’éventail des scénarios possibles en relation avec le modèle économique cubain”, ignorant ainsi “les défis que cela pose pour un renouveau socialiste démocratique”. Il est vrai que les débats ont suscité des attentes, mais aussi nombreux sont ceux qui craignent un retour à l’expérimentation de ce qu’ont vécu les générations passées et que ce soit à nouveau les “éternels vieillards” qui, en fin de compte, décident des parts de liberté que “mérite” le peuple cubain. Quoi qu’il en soit, nombreux sont également ceux qui ne cèderont pas à l’“inévitable” et luttent pour échapper au “faux dilemme de choisir entre la restauration du capitalisme et le monopole bureaucratique”.
Ainsi, conformément à notre position de soutien à ceux qui dénoncent ce faux dilemme et font des propositions pour évoluer vers un socialisme dans la liberté, nous reproduisons des textes de membres de l’Observatoire critique, en exposant leurs aspirations et leurs inquiétudes dans ces moments décisifs pour le peuple cubain.
Dans les articles qui suivent ce débat, nous publions l’appel à la participation aux Vème rencontres de l’Observatoire critique de La Havane sur le thème : “Créer, solidariser, révolutionner”. L’actualité internationale préoccupe nos amis cubains, les processus de libération dans de nombreux pays arabes interrogent.
Enfin, notre bulletin s’étoffant comme vous avez pu le remarquer, nous donnons la parole à deux acteurs importants de la mouvance underground havanaise. Dans leurs textes il est question de protection de l’environnement et de hip hop révolutionnaire.
Bonne lecture !
Voir en ligne : observatorio critico