samedi 28 juillet 2012
Les travailleurs de l’usine d’Aspropyrgos (près d’Athènes) de l’entreprise « Aciéries Grecques » (Elleniki Halyvourgia) retournent au travail après 272 jours de grève
Après 272 jours de grève (9 mois), les travailleurs de l’usine d’Aspropyrgos ont décidé de suspendre la grève et de retourner au travail. Sur recommandation du syndicat des travailleurs de Elleniki Halyvourgia, 107 d’entre eux ont voté en faveur de la suspension de grève, 14 contre, tandis que 29 sont abstenus de voter lors d’un scrutin bulletin secret qui a eu lieu samedi matin.
Le syndicat des travailleurs de l’aciérie a décidé de retourner au travail lundi matin (30 juillet), à 6 heures du matin. Les travailleurs ont prévu de se rassembler en dehors de l’usine et d’entrer à l’intérieur quand les escadrons de la police anti-émeute se seront retirés de la zone.
Vendredi, les grévistes ont eu une réunion avec le ministre du Travail, Yiannis Vroutsis, qui est intervenu officiellement comme intermédiaire entre les grévistes et la direction de l’entreprise. Les travailleurs ont demandé la réembauche de 40 collègues et le retrait des effectifs de police.
La direction des "Aciéries Grecques" a rejeté les réembauches. Cependant elle a promis de la faire quand l’usine aura repris le travail et renoué avec les bénéfices.
Le 20 juillet dernier, la police antiémeute et les grévistes se sont affrontés devant l’usine lorsque le gouvernement de Samaras a décidé de briser la grève en disant « faire respecter » la décision d’un tribunal qui avait statué qu’elle était illégale. Plusieurs membres du piquet de grève avaient été arrêtés au cours de l’opération puis relâchés, en attendant d’être jugés pour s’être opposés physiquement le 6 juin dernier à la décision d’un tribunal d’Athènes qui avait déclaré « illégale » la grève des ouvriers de cette usine. Depuis cette intervention policière du 23 juillet, une trentaine de salariés (quelques non-grévistes accompagnés de cadres et d’administratifs) sont dans les lieux, protégés par les MAT (les CRS grecs).
Voir La police prend possession des "Aciéries Grecques" pour briser la grève
Le 20 juillet, en fin d’après-midi, plus de 2.000 personnes se sont rassemblées sur la route nationale et se sont dirigées vers les installations des usines. Comme la marche arrivait à l’usine, les grévistes et les personnes solidaires avec leur lutte se sont alignés face aux flics des unités anti-émeute et leurs fourgons bloquaient l’entrée de l’usine. Les membres du KKE (Parti communiste grec) sont partis rapidement en soutenant qu’ils allaient réaliser une autre manifestation lundi prochain.
Le 23 juin dans la matinée, de nouveaux incidents opposaient des grévistes et la police devant l’usine.
Cette grève a été le plus long conflit anti-austérité à ce jour dans ce pays. Il s’agit de toute évidence d’une défaite, aucune des revendications des grévistes (refus des baisses de salaires à 615 euros, soit -40%, refus de la flexibilité, de la baisse du temps de travail, de licenciements…) n’ont été satisfaites.
Pourtant, le samedi 21 juillet dans la matinée, lendemain de l’intervention policière, l’Assemblée générale des travailleurs de l’usine des ‟Aciéries Grecques” avait décidé, à une très grande majorité (164 voix pour, 5 contre), la poursuite de la grève. Mais entretemps, le syndicat de l’entreprise (affilié au PAME, le « front » syndical du KKE) a changé radicalement de point de vue en appelant à la reprise du travail le 28 juillet, après que le KKE/PAME se soient félicités des nombreuses « manifestations de masse de solidarité » qu’ils ont organisé dans la soirée du 23 juillet pour une grève « devenue un conflit de classe généralisé contre les capitalistes alliés et leur gouvernement »(sic !) (communiqué du KKE du 24 juillet).
Une fois de plus, une défaite ouvrière est présentée comme une victoire par les appareils syndicaux et politiques.
le 28 juillet
XYZ pour OCLibertaire