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Grèce : une organisation armée contre la presse (communiqué)

lundi 23 février 2009

Grèce : une organisation armée contre la presse


Après l’attaque contre un commisariat du quartier de Korydallos à Athènes, puis le désamorçage d’explosifs devant une banque de la ville mercredi dernier, c’est le siège de la télévision « Alter » qui a été visé par une série de tirs contre la façade et les véhicules du journal. (voir notre dernière brève du 19 février)

Suite à cet attentat, l’organisation « secte révolutionnaire » a revendiqué l’action jeudi en prévenant que désormais le temps était fini où les journalistes étaient hors de portée des tirs, a fait une autre déclaration qui a été déposée sur un CD en fin d’après-midi (vendredi 19) sur la route 4 à un endroit particulièrement symbolique cette fois. En effet, c’est là que le 23 septembre 1998 la jeune Amalias Gkinaki fut mortellement blessée suite à une bavure policière lors de l’assaut donné à un preneur d’otage.
Rappelant et assumant sa responsabilité dans l’attentat contre le département de la police de Koridalou début février (revendiqué par un CD déposé sur la tombe d’Alexis Grigoropoulos), le groupe annonce que de nouveaux coups seront portés contre le journalisme « aux ordres » et que chaque journaliste devient une cible potentielle.

 {Voici la première partie de la proclamation qui concerne l'analyse du rôle des medias dans la société :}

« Dans les décennies 1980-1990 les institutions qui structuraient la vie politique du pays subissaient un déficit de crédibilité. Les partis politiques au pouvoir étaient gangrénés par des scandales, les institutions judiciaires par la corruption, le système éducatif par un anachronisme patent, la police par l’arbitraire et la brutalité. Ce furent des périodes de conflits sociaux intenses et de doute politique. Face à la permanence de l’instabilité sociale, le meilleur allié était la création d’un pseudo adversaire.
Il a prit la forme de celui qui sait écouter attentivement la critique sociale et le doute en les transformant en image inoffensive et en spectacle. Opposé sur le papier il fut en réalité un allié de l’opérateur historique. Nous voulons parler du quatrième pouvoir, de la presse. Le journalisme qui révèle les scandales, dénonce les politiciens corrompus, approuve les plaintes contre l’arbitraire policier, il donne raison aux citoyens de parler des problèmes quotidiens, il enquête sur les crimes, il essaie de divertir, de conseiller les consommateurs, informe et soutient les quêtes humanitaires. Il a dû gagner la confiance de la population et pour cela il a dû le convaincre de s’exprimer.
Des marches des années 90 où manifestants et journalistes marchaient ensemble jusqu’à l’emprisonnement de huit éditeurs qui avaient publié les communiqués du « N17 », le journalisme « indépendant » et de « lutte » a obtenu ce qu’il voulait : gagner la confiance de la société face au pouvoir et parvenir au tout premier plan.
En résumé, le journalisme n’est pas transmission d’événements, il en est la représentation. Il est à la fois le commentaire, le jugement, l’évaluation et les conclusions d’un monologue fascisant. Comme pour chaque représentation nous avons des scénaristes, des acteurs et des sectateurs. Au-delà des idéologies, les medias sont très rentables. Les éditeurs gèrent l’information en fonction des intérêts politique et les millions changent de main tout comme les idéologies.

L’arrivée dans les années 90 des radios et télévisions privées en Grèce n’eût pas que des motifs strictement économiques mais aussi de faire pénétrer dans les Balkans le raffinement de la vie moderne, le « modern style » européen avec les normes et les images correspondantes. Ce fut une recette idéale pour le capitalisme développé. On glorifiait la maison achetée à crédit, la voiture de sport, la réussite professionnelle, le divertissement glamour… le rêve pour tous les « nouveaux grecs ».
La télévision n’a pas été seulement imposé autoritairement. La relation entre le media est le public n’est pas seuement celle de l’émetteur vers le récepteur, mais aussi l’inverse. Le public veut plus d’adrénaline, d’histoire t de réality-show, de jeux ridicules et stupide comme supplément de vie. Dans le même temps, les medias parlent de la criminalité venu de l’étranger poussant les gens à se méfier des immigrés. Les medias façonnent notre vie quotidienne ? Ils essayent de formater le temps que nous passons au travail, à l’école, dans différentes activités, pour que nous soyons contrôlables et méfiants. Ils guident quotidiennement nos cerveaux pour que qu’il s’emplisse à chaque moment des valeurs et des fonctionnements qui alimentent le système. Ils créent des normes de conduite et de fausses images pour inculquer la devise « pour réussir, marche sur l’autre ». Ils ne disent pas que des mensonges.

Ils font pire, ils fabriquent des vérités. C’est comme le ministre de la propagande nazi qui disait « tu dis que ça va aller et ça ira ». Ils implantent en nous des situations d’angoisse lentement et méthodiquement en faisant fonctionner des machines productrices de peur pour créer des situations d’urgence permanente. « Attention quand vous sortez de chez vous, il y a de la criminalité »… « Attention à ce que vous mangez, il y a des scandales alimentaires », « surveillez vos enfants, il y a le fléau de la drogue ». Les informations sont présentées comme des vérités et sont totalement déconnectées de l’environnement social : les causes, comme le sens et le contenu sont remisées au rayon des « accidents » de parcours. C’est ainsi que la peste dans un pays africain est mis à égalité avec le dernier défilé de mode de Versace.
Ainsi, l’après-midi du mardi 17 à 7h15, juste avant le bulletin d’information nous avons frappé la chaîne de télévision Alter. En frappant cette chaîne, nous avons voulu envoyer un ultimatum à tous les journalistes. Le temps de l’impunité est terminé.
[…]"

Secte rebelle

(Traduit à partir de la presse grecque quotidienne)
jpd

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