Sommaire et édito
jeudi 1er octobre 2015, par
ÉDITO - PAGE 3
SOCIAL
ANTINUCLÉAIRE
L’ÉCONOMIE EN BRÈVES - PAGE 9
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
DOSSIER “REFUGIÉS”
BIG BROTHER - PAGE 24-25
PAYS BASQUE
INTERNATIONAL
CRITIQUE DE LIVRES
INITIATIVES - PAGE 32
« Migrant Files » est un projet porté par une dizaine de journalistes européens visant à compter précisément le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants morts à cause des politiques migratoires des Etats membres de l’Union Européenne. C’est ainsi qu’ils ont pu comptabiliser plus de 30 000 personnes mortes ou disparues aux portes de l’Europe en 15 ans. Des images, il y en a eu… plus horribles les unes que les autres, et il a fallu attendre quinze ans pour qu’une photo d’un gamin mort venant d’échouer sur une plage en Turquie émeuve « la toile » (comme ils disent) et fasse la une des grands médias dont la plupart vomissaient auparavant ces réfugiés.
De plus en plus d’européens se montrent favorables à l’accueil de ces réfugié-e-s. Des tas d’initiatives de solidarité et de générosité ont lieu ; à noter tout de même que ces solidarités existaient déjà, par exemple, pour les familles de sans papiers ayant des enfants scolarisés (en lien avec le réseau d’éducation sans frontières) ou avec des migrant-e-s vivant dans une certaine misère matérielle dans certains quartiers des grandes villes ou pourchassés par la police à Calais. Si l’allégorie « la bête immonde » pouvait enfin reculer, ce n’est pas nous qui viendrions nous en plaindre.
Dans ce que nous espérons être un océan de « Refugees Welcome », nous devons poser et aborder des questions incontournables et fondamentalement politiques. Il nous faut inlassablement rappeler que ces gouvernements sont pour la plupart, par leur politique impérialiste et leurs interventions militaires aux côtés des Etats-Unis (ainsi que des monarchies du Golfe), pour une large part responsables du chaos politique, économique, social et humanitaire qui règne dans les pays fuis par ces populations.
De la part des Etats, en particulier français, cet accueil déjà limité en nombre (pas question de remettre en cause notre politique migratoire) est extrêmement sélectif. Pas question d’accueillir des réfugiés économiques ! Il faut affirmer clairement que les conditions économiques constituent une base tout à fait légitime pour la décision de partir sur les routes et les mers. L’exploitation économique et la persécution politique sont toujours inextricablement mêlées et la dynamique des guerres et des persécutions politiques a des origines économiques à chaque fois bien identifiables. Il n’y a pas de différences à faire entre un réfugié syrien et un migrant africain ou venant d’Europe de l’Est. C’est déjà notre première « bataille » à mener dans cet océan de bêtises et d’hypocrisies. Cela implique qu’il va falloir nous solidariser avec les sans-papiers afin que se construise une unité avec ces réfugiés. Ce n’est pas gagné car certaines associations dites de solidarité, financées par l’Etat, comme par exemple France Terre d’Asile, font tout pour diviser ces populations et font le sale boulot des autorités politiques et administratives.
La politique européenne qui se met en place pour tenter de gérer ces flux migratoires est à vomir. Ces gouvernements européens veulent sélectionner leurs réfugiés. C’est ainsi que devrait s’ouvrir en Grèce et en Italie des « hotspots » permettant de faire le tri entre les vrais et les faux. Ce tri va nécessairement se faire suivant la nationalité du demandeur… Les Syriens ont toutes leurs chances d’être retenus, quant aux africains de nos ex-colonies par exemple, ce sera porte close et la reconduite à la frontière. Il faut reconnaître que les Syriens qui viennent de franchir la forteresse de l’Europe sont souvent éduqués, venant d’un pays où le système éducatif classique et professionnel est assez avancé dans certains domaines comme les formations médicales. L’Allemagne ne s’y est d’ailleurs pas trompé, elle qui recherche pour ses entreprises ce type de « marchandise humaine ». Ces critères de choix pour l’attribution du statut de réfugié reposeront bien évidemment sur des critères économiques bien choisis. Il y a actuellement plus de 4 millions de réfugiés syriens dont la plupart vivent dans des camps : près de 2 millions en Turquie, plus d’1 million au Liban et plus de 600 000 en Jordanie. Ces populations constituaient pour la plupart le prolétariat industriel et la petite paysannerie de montagne. Elles vivent, bien évidemment dans l’espoir d’un retour en Syrie et n’ont pas généralement les moyens financiers, physiques, … de se déplacer en masse vers l’Allemagne, la Suède, encore moins le Royaume-Uni. Mais ces camps sont une menace potentielle pour nos politiciens. Comme le dit Hollande, les Européens doivent prendre la décision de « travailler avec la Turquie » afin de faire en sorte que « ceux qui sont en Turquie puissent y rester… » Les Européens doivent également travailler avec les pays où des camps de réfugiés existent, « qui doivent être beaucoup plus aidés », car « si les réfugiés sortent des camps, alors ce sera un mouvement que nous ne pourrons plus maîtriser ».
Dans ce contexte la France s’apprête à bombarder la Syrie, les embarcations des passeurs en Libye, à donner du fric à Erdogan en Turquie et à « accueillir » son immigration syrienne choisie ! Pour ceux et celles qui ne seront pas choisis ce sera la répression, l’expulsion, …
Nous devons apporter notre solidarité active aux réfugiés-migrants et clamer notre revendication d’ouverture de toutes les frontières dans un monde où se multiplient les murs et les camps. Nous devons aussi populariser et nous solidariser avec toutes les démarches de libération ou de contestation laïques des populations d’Irak et de Syrie ; nous pensons tout particulièrement aux Kurdes.
Reims le 25/09/2015