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Courant Alternatif 295 décembre 19

DOSSIER : Où va le féminisme ? (suite de la Troisième partie)

mercredi 18 décembre 2019, par OCL Reims


Les courants féministes contemporains sont nombreux, diffus et loin d’être homogènes, car les analyses sur l’« intersectionnalité des oppressions » et la « théorie queer » (1) ont contribué à multiplier les positions selon les sujets abordés. Ainsi, la définition du genre crée de grosses dissensions : s’il est toujours le socle de la domination masculine, c’est par sa destruction que les femmes peuvent se libérer du patriarcat ; en revanche, si ce n’est – selon une conception « moderne » – qu’une identité pouvant être librement acquise, quel moyen leur reste-t-il pour s’émanciper ?

Dans les années 1970, le MLF considérait qu’il existait entre les femmes des différences sociales et ethnoculturelles, mais également des convergences liées à leur commune oppression, ce qui permettait bien des batailles (pour le droit à l’avortement, contre les violences sexuelles, pour l’égalité civique avec les hommes…). On ne revendiquait pas tant, alors, sa « particularité » pour l’opposer à celle des autres femmes que pour se faire une place dans le mouvement de libération et chercher à établir des solidarités permettant de détruire ensemble l’ordre établi (2).
D’innombrables débats internes au MLF portaient sur les parts respectives d’inné et d’acquis composant la condition féminine. Néanmoins, il était communément admis que les femmes étaient assignées par le patriarcat, en fonction de leur sexe biologique, à la sphère privée pour y assurer la reproduction de la force de travail sur le court et le long terme (autrement dit, la naissance et l’élevage des enfants, la préparation de la nourriture, l’entretien du logement…) ; mais que ce rôle leur était imposé par tout un conditionnement exercé dès leur naissance, et que, de ce fait, elles pouvaient se libérer en s’attaquant à leur « sexe social » – un terme qui a été remplacé par le « genre (3) », dans les années 1980, sous l’influence du féminisme américain.
A l’époque, enfin, le MLF se heurtait à l’hostilité de milieux staliniens convaincus d’avoir affaire là à de « petites-bourgeoises » dont le combat n’avait pas lieu d’être puisque la révolution prolétarienne éliminerait toutes les oppressions. Certaines organisations d’extrême gauche ou libertaires concédaient quant à elles, au mieux, à celles de leurs militantes qui y étaient actives que ce combat était à mener, mais comme un front secondaire – les luttes ouvrières restant prioritaires. Nombre de femmes étaient pour leur part convaincues que supprimer le capitalisme ne suffirait pas à faire disparaître le patriarcat, et qu’une mobilisation spécifique contre lui était nécessaire.
On tentera ici d’examiner comment ont évolué ces trois positions.

Une « intersectionnalité »
avant tout source de divisions

Le concept d’intersectionnalité est apparu, en 1989, dans un article de la professeure de droit Kimberlé Crenshaw (« Demarginalizing the intersection of race and sex : a Black feminist critique of antidiscrimination doctrine, feminist theory and antiracist politics ») portant sur la double oppression que subissent les Noires dans leur grande majorité, en tant que femmes et en tant que personnes de couleur ; mais il a ensuite été élargi à toutes les dominations ou discriminations auxquelles peut se heurter chaque personne dans les sociétés existantes (genre, « race », handicap, orientation sexuelle… et classe). En France, il est devenu incontournable dans les milieux féministes universitaires ou « radicaux » – mais aussi dans les médias des élites tels que Le Monde ou France Culture (4).
Ce succès tient à l’air du temps. Alors que le système capitaliste triomphant valorise déjà les comportements individualistes, les théories postmodernes (par leur critique de l’universalisme, leur refus de toute analyse globale de la société, leur rejet de tout sujet porteur d’un changement la concernant…) ont mis l’accent sur l’individu au détriment du collectif – et les tenants de l’ordre établi apprécient, bien sûr, des « problématiques de l’identité et de la fragmentation des luttes » plus axées sur le décortiquage du présent que sur sa transformation en vue d’un meilleur futur.
Le « queer » qui à l’origine, en réaction à la demande d’intégration des gays, valorisait la marginalité (sexuelle ou non) et le hors-normes a été récupéré par l’Université. Il y a le vent en poupe, et l’intellectuel-le des minorités et de la déconstruction en tire du pouvoir (comme l’« intellectuel de gauche » auparavant) puisque sa parole est reprise dans les médias. Son objet d’étude est de voir comment s’emboîtent les innombrables « dominations », ce terme étant extensible quasiment à tout : aucune oppression n’est jugée déterminante mais toutes dépendent les unes des autres ; et leur « déconstruction » doit être l’œuvre d’une conjonction de catégories en lutte, en particulier les minorités sexuelles ou de genre.
Dans le jargon toujours plus abscons du queer universitaire, trans désigne une variété d’identités ancrées dans une « non-conformité de genre » (quand la perception personnelle de son sexe diffère de son sexe biologique), tandis que cisgenre désigne « l’alignement du sexe biologique et du rôle de genre assigné ». Les cis hommes ET femmes sont la classe des oppresseurs, les trans celle des opprimé-e-s – et peu importe leur appartenance sociale. Pourtant, si les trans et les intersexes subissent sans conteste une discrimination pour leur non-conformité aux rôles attendus des hommes et des femmes, il est difficile d’affirmer qu’ils et elles se situent hors de la bipolarité fille/garçon et de tous les stéréotypes qui vont avec : dans leur grande majorité, ils et elles demandent seulement à pouvoir choisir leur genre, par un changement d’état civil et parfois par une intervention chirurgicale…
Quoi qu’il en soit, l’intersectionnalité telle qu’elle est proposée est critiquable à de multiples égards, en particulier pour ses conséquences sur la lutte sociale :
1/ La non-prise en compte des structures (économiques, politiques, sociologiques) qui établissent les dominations réduit le système d’oppression à des rapports interindividuels. On est de ce fait davantage dans la critique des normes par des personnes forgeant leur singularité que dans la critique de l’organisation sociale. Dans la même logique, et parce que le langage est considéré comme le vecteur des discriminations, l’oppression est remplacée par le concept de « privilèges » qui sont seulement les symptômes individualisés d’un système. Ces « privilèges » renvoient par ailleurs à quelque chose en trop, et non à quelque chose que tout le monde devrait avoir (telle la liberté de circulation) ; enfin ils sont tenus pour équivalents.
On parle par exemple d’un privilège « classiste » pour dénoncer non l’existence des classes sociales, mais la discrimination que certains « classistes » font subir aux personnes des classes inférieures. Et alors que ce privilège « classiste » découle d’un système (le capitalisme), il est mis sur le même plan qu’un privilège « validiste » (une personne valide par rapport à une personne handicapée) ; pourtant, si une personne valide n’a aucun intérêt à ce qu’il n’y ait pas de rampe pour les handicapé-e-s dans un escalier, un-e patron-ne a, à l’inverse, tout intérêt à exploiter ses salarié-e-s. Mettre toutes les discriminations sur un pied d’égalité aboutit ainsi à un brouillage et à une dépolitisation des luttes à mener contre l’exploitation économique et la domination masculine (cette remarque n’enlevant pas leur légitimité aux autres luttes).
2/ Le cantonnement à la création d’identités multiples empêche la construction d’une lutte contre les oppressions s’appuyant sur l’analyse des processus sociaux globaux. Dès lors que tout le monde opprime plus ou moins tout le monde d’une façon ou d’une autre, l’objectif n’est plus de changer les structures, mais les personnes une à une – chacune luttant sur son terrain pour son identité. La « politique » proposée est donc une déconstruction individuelle toujours plus poussée, ou la constitution d’espaces safe (5) dans lesquels aucune oppression ne s’exercerait.
3/ La démarche intersectionnelle fige les individus en deux groupes, les dominant-e-s et les dominé-e-s, et ces dominé-e-s sont réputé-e-s infaillibles. Si toute personne opprimée détient la vérité absolue sur son oppression, il est impossible de la contredire à moins d’être soi-même opprimé-e de la même façon. Cette conception des choses débouche dans les milieux intersectionnels sur une absurde course aux dominations, puisque la personne la plus opprimée sera – mécaniquement – celle qui aura le plus de pouvoir politique. On en vient également à des raccourcis « théoriques » aussi grossiers que faux. Par exemple, considérer que les « femmes blanches » sont l’instrument de la domination même quand elles sont ouvrières, ou lesbiennes ; ou qualifier les féministes « blanches » de « bourgeoises », et vice versa : toutes les Blanches ne sont pas bourgeoises, et toutes les bourgeoises ne sont pas blanches.
4/ Il découle de telles pratiques une forte moralisation du champ politique qui passe par une culpabilisation permanente des personnes. La seule attitude autorisée pour les « dominant-e-s » politisé-e-s est ainsi d’être de « bon-ne-s allié-e-s », autrement dit de se taire et de suivre la politique dictée par les « concerné-e-s ». (On retrouve là ce qui se passait, au cours des années 1980, dans le mouvement des sans-papiers en France, où les « soutiens » aux « premiers concernés » appartenaient alors aux franges les plus citoyennistes, humanitaires et réformistes.) Il ne s’agit donc plus de convaincre de façon rationnelle et politique, mais d’imposer son ressenti(ment) et de « silencier celleux » qui ne sont pas d’accord avec – de là comme un léger problème de démocratie ?

Une « identité de genre »
qui ne supprime pas la domination masculine

Les femmes représentent aujourd’hui plus de la moitié de la population française, 48 % de celle qui est en activité, et elles demeurent centrales dans la reproduction de la force de travail. Comme le soulignaient, dans les années 1970, les féministes du courant « lutte de classe » (pour une bonne part des militantes trotskistes et libertaires), féminisme et lutte des classes sont intrinsèquement liés : non seulement, en assujettissant les femmes, le système patriarcal garantit la reproduction de la force de travail ainsi que celle de la classe dominante (par la transmission des biens), mais il permet la survie du système capitaliste. S’attaquer à la répartition sexuée des rôles sociaux s’impose donc. Le genre étant le mode d’oppression qui a été socialement construit afin d’établir une hiérarchie entre les sexes au profit des hommes, il doit être aboli pour que le masculin ne soit plus le sujet, la norme de l’humanité, reléguant le féminin à l’objet, l’Autre.
Or, la conception postmoderne du genre entre en contradiction avec ce schéma.
Selon la « théorie queer », en effet, le découpage des sexes et genres en deux catégories bien établies, hommes et femmes, masculin et féminin, est une construction sociale arbitraire – elle ne correspond pas à la diversité humaine puisque de nombreuses personnes (les gays, lesbiennes, bi, trans et intersexes) refusent leur assignation à un des rôles et statuts stéréotypés. De plus, comme cette théorie ignore les sexes biologiques sur l’argument qu’ils relèvent de l’inné, elle présente l’« identité de genre » comme un choix… ce qui revient d’une part à nier l’oppression spécifique des femmes, d’autre part à supprimer la base sur laquelle peut exister un mouvement féministe.
Au Royaume-Uni, des polémiques très violentes et persistantes opposent queers et féministes radicales sur le sexe biologique des femmes et sur la socialisation genrée – que les queers qualifient de « mythes TERF (6) ». Plusieurs articles de la féministe radicale anglaise Claire Heulan (7) en donnent un reflet.
Pour son courant de pensée, rappelle cette féministe, les hommes et les femmes sont des « classes de sexe » antagonistes qui disparaîtront, avec les genres, lors d’un changement révolutionnaire (8). Dans l’optique des queers, ce n’est pas l’appartenance à la catégorie « hommes » ou « femmes », mais le genre auquel on s’identifie (une identité autodéfinie de façon positive) qui dicte si on est marginalisé-e par l’oppression patriarcale ou si on en bénéficie. Cette analyse, considère Claire Heulan, a pour conséquences à la fois de déconstruire la féminité et de rendre les femmes invisibles. Les réalités qu’elles vivent, y compris leur oppression, sont maintenant de plus en plus souvent effacées par un langage neutre – les « femmes enceintes » étant par exemple rebaptisées « personnes enceintes »…
Ces désaccords théoriques de fond entre féministes radicales et queers ont des prolongements dans la vie courante à propos des trans, car, pour les féministes radicales, une personne ayant eu un vécu d’homme, avec tous les privilèges que cela implique, ne peut revendiquer la condition féminine. Aussi des disputes sans fin éclatent-elles quand des lesbiennes refusent de coucher avec des transfemmes (9), ou qu’elles se disent attirées par le corps des femmes, donc des attributs physiques.

Des « politiques de l’identité »
toxiques pour la lutte sociale

Naguère, les féministes radicales étaient craintes pour leur verbe virulent et leurs opérations commandos contre leurs ennemi-e-s. Par un étrange retournement de situation, elles se voient à leur tour interdire de tenir des conférences, et traiter de réacs ou de transphobes par des queers ou autres militant-e-s de l’« identité » (comme d’habitude, c’est sur internet que se déversent en priorité les tombereaux d’insultes). Dans les milieux militants, le caractère insaisissable du « queer » fait sa force : capable de tout contenir, il fonctionne comme marqueur de marginalité intellectuelle et signe de reconnaissance entre des « subversifs authentiques » qui se posent facilement en donneurs de leçons.
Et les pratiques de ces nouvelles avant-gardes autoproclamées ne visent pas que les féministes radicales – comme le montre la situation dans les cercles anarchistes au Royaume-Uni encore (voir l’encadré).
En France, où les « politiques de l’identité » sont à l’œuvre depuis moins longtemps, on remarque qu’une partie de l’extrême gauche et des libertaires les a déjà adoptées – les militant-e-s étant perméables à ce discours très codifié de par leur accès assez fréquent à l’Université. Pareil choix, dans des milieux déjà restreints, a malheureusement souvent pour double conséquence d’y faire passer l’exploitation économique au second plan et d’accentuer leur éloignement des classes populaires.
Une réalité que le mouvement des gilets jaunes a fait ressortir crûment : il a laissé nombre de militant-e-s effaré-e-s devant la colère sociale exprimée là, parce que, en réduisant leur champ d’intervention politique aux questions des minorités sexuelles, de genre voire de « race », ils et elles ont perdu de vue la nécessité de l’anticapitalisme.
En conclusion, on notera que la valorisation de sa « différence » sert de nos jours plus à diviser qu’à rassembler dans un combat commun contre le système en place, que l’« identité de genre » tend à gommer l’oppression féminine, et que les obstacles à sa disparition se situent fréquemment au sein même du féminisme. Alors, s’il faut bien sûr, sur le plan personnel, chercher à vivre librement sa ou ses sexualités, et s’il faut lutter contre les rapports de domination dans la sphère privée comme dans la sphère publique, ce n’est en tout cas pas en considérant les conflits de classes ou la critique de l’aliénation comme autant de ringardises, ni en détachant les revendications sexuelles de la question sociale, que le « vieux monde » sera un jour derrière nous.

Vanina
(Fin du dossier dans le prochain CA)

1) Voir la première partie de ce dossier dans CA d’octobre (n° 293) ou sur oclibertaire.lautre.net.
2) Il existait bien évidemment aussi de virulentes querelles entre les diverses tendances du MLF, mais la dynamique de lutte empêchait qu’elles deviennent prédominantes.
3) Sur les définitions très variées du genre (et du trans), lire notamment « Post-queer : pour une approche “trans-genre” » (2009), de Patrick Cardon, sur Cairn-info.
4) A ce sujet, on peut lire « L’intersectionnalité, un mot à la mode. Ce qui fait le succès d’une théorie féministe » (2015), de la sociologue Kathy Davis, sur le site Les cahiers du CEDREF.
5) Endroits sûrs, sur le plan mental et physique, parce que accueillant des personnes sur un critère précis : le genre, la « race », l’orientation romantique ou sexuelle, etc.
6) Cet acronyme de trans-exclusionary radical feminist, inventé en 2008, désigne des féministes qui s’opposent à la présence de femmes trans dans des espaces non mixtes réservés aux femmes, ou qui ne les considèrent pas comme des femmes.
7) « Prendre les problèmes à la racine : à propos des jeunes femmes et du féminisme radical », posté le 2 mai 2017, est sur le blog de Christine Delphy ; on trouve d’autres textes de Claire Heulan sur Tradfem.
8) Les féministes « lutte de classe » rejettent pour leur part cette notion de « classes de sexe ». Elles qualifient plutôt la domination masculine d’oppression transversale parce que traversant toutes les classes sociales.
9) Les queers parlent de « plafond de coton » pour désigner les obstacles sexuels que rencontrent les transfemmes queers.

ENCADRE
« Contre l’anarcho-libéralisme et la malédiction des Identity politics »

Le collectif Woke Anarchists a consacré aux Identity politics, fin 2018, un article qui offre un aperçu peu réjouissant de leurs effets sur les milieux anarchistes anglais (1). Pour lui, les « politiques de l’identité » sont un outil grâce auquel les classes moyennes s’y arrogent du pouvoir en établissant des hiérarchies et créant des divisions ; elles y transmettent de plus une conception « libérale » de l’anarchisme qui confond la liberté à laquelle aspirent les anarchistes avec le libéralisme qui gouverne le monde.
Les Identity politics séparent la société en deux catégories : les Incontestablement Opprimés et les Structurellement Privilégiés. Les Incontestablement Opprimés n’ont pas grand-chose à voir avec les membres de la classe ouvrière, et beaucoup épousent des valeurs libérales qui trouvent leurs origines dans l’idéologie capitaliste bien plus qu’elles n’ouvrent des perspectives émancipatrices.
Les « politiques de l’identité » exploitent souvent la peur, le manque de confiance en soi et la culpabilité des personnes, d’une part en servant bien davantage à exclure qu’à permettre de s’affirmer ; d’autre part en renforçant l’idée que les gens sont de fragiles victimes et doivent donc accepter d’avoir des chefs. Elles font porter aux autres la culpabilité d’être, d’une façon ou d’une autre, privilégiés et entièrement responsables de systèmes d’oppression gigantesques dont ne bénéficient, en réalité, que peu de personnes. L’engagement anarchiste est ainsi oublié au profit d’une course à l’exhibition de sa vertu pour être de « bon-ne-s allié-e-s » – ce qui se résume souvent à approuver aveuglément les idées des Incontestablement Opprimés, ou se revendiquant comme tels. Des individus ou groupes réformistes arrivent par ce biais à clore tout débat dans les milieux anarchistes en affirmant que toute idée en désaccord avec leur point de vue est fasciste. De même, des féministes sont traitées de « féminazies » et virées ; des slogans appelant à tuer les TERF apparaissent régulièrement dans les aires anarchistes et, loin d’être condamnée, la violence de cette misogynie est célébrée.
L’anarchisme vise à faire s’élever toutes les voix, pas seulement celles des minorités, rappelle Woke Anarchists. L’idée selon laquelle l’oppression ne toucherait que ces minorités, et non les masses, est le produit des idéologies bourgeoises, qui ne défendent évidemment pas un changement révolutionnaire. Enfin, du fait des « politiques de l’identité », les positions « radicales » actuelles donnent à la grande majorité de la population anglaise l’image d’un nombrilisme sans pertinence qui incite des personnes « cis blanches » déjà marginalisées à graviter de plus en plus autour de l’extrême droite. Dans une période où les mouvements fascistes se multiplient, poursuivre les querelles que déclenchent les Identity politics dans les cercles militants n’a donc rien d’un jeu. C’est pourquoi les espaces anarchistes ne devraient pas laisser des personnes y semer la zizanie sur leur base, et, plutôt que de se quereller, les anarchistes devraient développer la solidarité permettant de mener le combat contre les véritables centres du pouvoir.

1) Il est sur son site en plusieurs langues, mais celui des Fleurs arctiques en présente une version bien meilleure, avec un pertinent avant-propos des traducteurs.

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