Accueil > Big Brother > Big Brother 315

CA 315 décembre 2021

Big Brother 315

vendredi 3 décembre 2021, par Courant Alternatif

Répression contre les free-parties
Les chasseurs en auxiliaires de police ?
Quelques nouvelles des violences de l’État français
Le salon Milipol du sécuritaire
La frénésie sécuritaire en vue des JO de 2024


Répression contre les free-parties

Dans la nuit du 31 décembre 2020, une rave party à Lieuron, en Bretagne était venue clôturer une première année de pandémie et de restrictions sanitaires, avec plus de 2000 personnes. Des participants ont été verbalisés pour non-respect du confinement. Un jeune homme, suspecté d’en être l’organisateur, avait été placé en détention provisoire pendant trois semaines. Lors de la fête organisée six mois plus tard à Redon, les 18 et 19 juin 2021, les gendarmes ont gravement blessé des teufeurs, dont un a eu la main arrachée par une grenade. Déjà, en juin 2019 sur les quais de Loire à Nantes, l’intervention brutale de la police pour éteindre un sound system avait provoqué une panique. Steve Maia Caniço avait ensuite été retrouvé noyé. A noter que l’ex-préfet de Loire Atlantique vient d’être mis en examen pour cette intervention, pour homicide involontaire, aux côtés de son directeur de cabinet et du commissaire chargé des opérations. (à suivre)
Cette répression ne touche pas que les supposé·e·s organisateurs·trices et les participant·e·s mais aussi des associations qui informent sur les risques liés à la consommation de drogues, les risques auditifs, les risques liés à la sexualité dans les évènements festifs. La lutte contre les risques liés aux consommations de drogues est d’ailleurs reconnue comme un outil important de santé par les pouvoirs publics depuis les années 1990. Elle est aujourd’hui encadrée par la loi santé de 2016. Mais en août 2021, l’association lyonnaise « Keep Smiling » a reçu un procès verbal de réquisition de la part de la gendarmerie de Saint-Marcelin en Isère. Ce PV demande à la présidente de l’association de « bien vouloir fournir toutes les informations » en sa possession concernant l’organisation récente d’une free party dans le département de l’Isère : c’est-à-dire « les noms prénoms, date et lieux de naissance, cordonnées téléphoniques et adresses des organisateurs ayant sollicité l’intervention de votre association sur l’événement."C’est un appel très clair à la dénonciation ! Si la présidente ne s’exécute pas, l’association risque 3750 euros d’amende ! Ce chantage n’est pas lié à une gendarmerie qui ferait du zèle puisque Le 9 septembre 2021, c’est au tour d’une autre association qui fait de la réduction des risques en événements festifs, « Techno + », de recevoir un PV similaire pour les mêmes raisons. Il émane cette fois du procureur de Nantes « demandant de donner les coordonnées des organisateurs d’une free party qui aurait eu lieu du 14 août au 15 août. »
Techno + et Keep Smiling ont décidé de communiquer au grand jour sur ces difficultés. « Nos deux associations, historiquement liées à la fête libre, sont subventionnées pour intervenir depuis 25 ans dans les fêtes techno alternatives, que l’évènement soit légal ou illégal. Nous permettons un accès à la santé et à l’information sur les risques liés aux pratiques festives, nous prenons en charge, si besoin, les personnes en difficultés. En nous demandant de briser cette confiance mutuelle, la justice balaye des années de travail et se met entre nous, associations de santé, et notre public, les fêtard·e·s. »
Source : Bastamag.net

Les chasseurs en auxiliaires de police ?

Voici 1 an, la mort de Morgane Keane, 25 ans, abattu dans son jardin par un chasseur qui l’a confondu avec un sanglier a été à l’origine d’une pétition « Morts, violences et abus liés à la chasse : plus jamais ça » a recueilli plus de 100 000 signatures pour réclamer une régulation de la chasse. Les Morts et violences liées à la chasse ont continué. Début novembre, un automobiliste a été tué par une balle à sangliers tirée par un chasseur qui avait raté sa cible une première fois ! Le président de la fédération de chasse, Willy Schraen,, après avoir déclaré que « le risque zéro n’existe pas, c’est comme ça » et que les accidents étaient beaucoup trop médiatisés, ne pouvait pas rester sans réagir ! Il a annoncé vouloir « proposer aux élus ruraux, lors du Congrès des maires, un "partenariat" afin de donner aux agents assermentés de sa Fédération des pouvoirs de police dans la forêt, pour lutter "contre la délinquance rurale et environnementale. »Les chasseurs, bras armés de Darmanin dans les prairies et forêts, il fallait y penser ! Les exploitants de la FNSEA ont obtenu le soutien d’une cellule Demeter de la gendarmerie, les chasseurs veulent leur propre fonction de police. « Nous avons des agents de développement. Ce sont des professionnels formés et assermentés intervenant déjà dans des communes qui en ont fait la demande pour la régulation d’espèces nuisibles », explique Willy Schraen. Selon lui, ces agents pourraient avoir « des missions plus larges » et « s’occuper des dépôts d’ordure illégaux, de la divagation d’animaux domestiques, de problèmes liés à la présence de véhicules motorisés dans la forêt… » Et de poursuivre : « Il s’agirait de dresser des procès-verbaux et de constater les flagrants délits. » Gare aux bavures !
Sources : sudouest.fr et le blog de Yves Guillerault sur Médiapart

Quelques nouvelles des violences de l'État français

Le site desarmons-les recense depuis 4 ans les mutilations graves par les armes de police. Les armes incriminées sont le Flash Ball, le LBD 40 et les grenades de désencerclement sans oublier un cas de grenade lacrymogène. C’est ainsi que depuis 1999, l’État français a rendu borgnes au moins 66 personnes dont 29 en une année (2018-2019).

Mais il y a aussi des morts. C’est ainsi que Zineb Redouane, 80 ans, est morte le 2 décembre 2018 à l’hôpital, vingt-quatre heures après avoir été touchée de plein fouet par une grenade lacrymogène tirée par la police, tandis qu’elle fermait une fenêtre de son appartement dans le centre-ville de Marseille, où se déroulait une manifestation de gilets jaunes. Sa famille a dû se bagarrer pour qu’on retrouve l’auteur de ce tir. L’enquête administrative a été versée à l’information judiciaire, dépaysée à Lyon et toujours en cours. La justice n’a communiqué sur aucune éventuelle mise en examen jusqu’à présent. L’IGPN a été saisie et a estimé que le CRS avait bien réalisé un tir réglementaire sans viser délibérément la victime, mais avait manqué à « l’obligation de discernement par une action manifestement inadaptée. » Le lance-grenades du CRS avait une portée de 100 mètres, tandis que l’immeuble de Zineb Redouane se situait à une trentaine de mètres…C’est ainsi que l’IGPN préconisait dans les conclusions de son enquête administrative un renvoi du tireur et du policier qui supervisait le CRS au moment du tir devant le conseil de discipline. C’était sans compter sur le fait que ces 2 pandores étaient bien notés ! Finalement, Le directeur général de la police nationale a décidé de ne pas suivre l’avis de l’IGPN, ce qui signifie qu’il n’y aura dans cette affaire aucune sanction disciplinaire ! Rappelons qu’un rapport d’expertise remis en mai 2020 dans le cadre de l’information judiciaire avait conclu que le tir policier avait été effectué dans les règles – en cloche – et avait atteint la victime accidentellement. Mais une contre-enquête vidéo indépendante, publiée à la fin de 2020 par le média Disclose, avait conclu, au contraire, à un tir tendu, pratique interdite face à un immeuble d’habitation.
Source : Lemonde.fr

Le salon Milipol du sécuritaire

Il a lieu tous les 2 ans en France. Cette année, il s’est déroulé du 19 au 22 octobre au parc d’expositions de Villepinte (93). sous l’égide du ministère de l’Intérieur, et réservé aux professionnels de la sécurité. La Cham¬bre de Commerce et d’Industrie du Val de Marne, partenaire de l’événement, précise que celui-ci attire plus d’un millier d’exposants venus de 150 pays dont Israël, la Chine ou le Brésil, et accueille 30 000 clients potentiels accrédités, venus des secteurs privé et public. Le salon est inauguré par le Ministre de l’Intérieur. Les représentants des régimes des quatre coins du monde viennent y faire leur marché, tester et acquérir des armes pour perfectionner leur maintien de l’ordre. Dans ce type de salon, les pouvoirs politiques côtoient les industriels et des consultants pu¬blics et privés de la sécurité. En 2018, le mar¬ché mondial de la sécurité affichait 7 % de croissance pour un chiffre d’affaires de 629 milliards de dollars, puis il y a eu la crise sanitaire. Après une baisse de 3% au niveau mondial en 2020 (Notons qu’en France le marché des drones de surveillance a progressé de 5,8% en 2020), ce marché est en train de rebondir, sa prévision de croissance est de 8% en 2021.
La traque des migrants aux frontières a été central dans ce salon. D’après un journaliste de reporterre « Déjà déployés, en passe d’être expérimentés ou pas encore autorisés, les dispositifs de détection de migrants sont présentés aux quatre coins de l’immense salle d’exposition. Nichés entre deux stands de drones, les représentants de la société française HGH, spécialisée dans les systèmes électro-optiques, sont ainsi très sollicités. La série de caméras thermiques Spynel, qui promet une « surveillance panoramique 360 degrés, jour et nuit, jusqu’à l’horizon » sur les frontières des pays intéressés, a du succès. À l’occasion du salon, l’entreprise vient de finaliser un contrat d’un million d’euros avec un pays de l’OTAN — dont elle tait le nom — pour sécuriser et surveiller sur près de 1 000 kilomètres de côte et empêcher les passages des migrants et des trafiquants de drogues. « C’est impossible d’échapper à la vigilance de cette caméra, et à l’inverse des drones, on ne peut pas brouiller son signal car elle n’émet aucune onde », se félicite le responsable marketing. « Si un groupe de personnes ou un zodiac s’approche de nuit d’un littoral dans la zone surveillée, l’intelligence artificielle détectera automatiquement le mouvement et une alerte sera envoyée aux forces de sécurité », poursuit-il. De l’autre côté du salon, un groupe de gendarmes écoute attentivement les explications du représentant de l’entreprise néerlandaise UVI-Scan. Sur la brochure commerciale, une page est consacrée à un scanner capable de détecter les passagers clandestins sous les camions. Le visuel est explicite : accrochés sous un véhicule, deux migrants sont pris en flagrant délit. « Ce sont de vraies photos ! » assume le consultant technique. « C’est un système intégré à la chaussée qui détecte les intrus et prend automatiquement une photo à l’approche des postes frontières et des ferrys », explique-t-il. « Nous en avons déployés un peu partout en Europe, notamment à Dieppe en France. » »
On arrête là ces horreurs de ce salon de criminels en costards.
Sources :Nantes révoltés et reporterre.net

La frénésie sécuritaire en vue des JO de 2024

En 2024, Paris organisera les Jeux Olympiques d’été, l’occasion pour le gouvernement français et les industriels de s’allier pour tester, déployer et normaliser leur arsenal de nouveaux dispositifs de surveillance : drones, reconnaissance faciale, analyses de comportements…
Les Jeux Olympiques sont depuis longtemps l’occasion d’une intensification des outils de surveillance de la population. Cela avait été le cas pour Pékin en 2008, avec un déploiement massif de caméras dans les rues et dans les transports en commun. Mais aussi à Rio de Janeiro où dès 2010, en préparation des JO de 2016, l’entreprise IBM profitait de cette occasion pour développer son « Centre de commande et de coordination. » Ce centre de commande visait à agglomérer les données de la municipalité, des collectivités, des transports publics, de la météo, etc., dans le but d’obtenir de l’information en temps réel et de construire des modèles prédictifs de gestion de la ville. Enfin, les JO de Tokyo 2020 —qui ont finalement eu lieu à l’été 2021 — se positionnent comme les Jeux Olympiques ayant employé le plus de gadgets technologiques (voitures autonomes, robots, etc.) et les premières utilisations de la reconnaissance faciale. Cette dernière était prévue pour filtrer l’accès à certains lieux (en scannant les visages des athlètes, des journalistes, etc.) à l’aide d’un système fourni par l’entreprise japonaise NEC et la française Atos. Plusieurs associations avaient ainsi dénoncé en juillet 2021, le danger de la surveillance biométrique déployée à Tokyo. Si à Tokyo la reconnaissance faciale a été mise en place sur un public fortement limité par la crise sanitaire, les JO de Paris 2024 seraient le premier grand événement à déployer ce type de dispositif sur des millions de visiteurs et visiteuses
Les grands évènements sportifs sont des accélérateurs et transformateurs de la sécurité. Ils permettent de faire entrer dans le droit commun certaines technologies et pratiques jusqu’alors illégales, faisant ainsi sauter le verrou qui en bloquait la massification. La loi relative à la responsabilité pénale et la sécurité intérieure (appelée aussi la loi Drone 2) est à replacer dans le contexte des futurs Jeux Olympiques : le ministère de l’Intérieur a déjà acheté 600 drones et il voudrait pouvoir les utiliser pour les Jeux Olympiques. En septembre dernier, Jean-Michel Mis, député de la majorité, a rendu au Premier ministre un rapport destiné à la légalisation de ces nouveaux dispositifs de surveillance poussant à l’adoption d’une loi facilitant la surveillance biométrique pour les Jeux.
Du côté des industriels de la sécurité, ils se sont regroupés dans un comité intitulé « GICAT » — « Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestre et aéroterrestre » —, un lobby de pression sur les pouvoirs publics visant à faciliter le déploiement de leurs dispositifs de surveillance. Son délégué, Gérard Lacroix a souligné que les JO seront un enjeu essentiel pour les entreprises françaises et qu’il compte bien faire comprendre aux parlementaires la nécessité de « faire évoluer certains textes » trop restrictifs…
Source : laquadrature.net

Répondre à cet article


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette