Tous au procès, mardi 26 novembre 2024 à 9h30 au TRIBUNAL DE PUTEAUX
mardi 26 novembre 2024, par
Adoma expulse illégalement un réfugié et demande à des résidents de produire des témoignages douteux pour se justifier
Adoma expulse illégalement un réfugié et demande à des résidents de produire des témoignages douteux pour se justifier
Tous au procès,
mardi 26 novembre 2024
à 9h30 au TRIBUNAL DE PUTEAUX,
131 rue de la République, 92800 Puteaux
Arrêt « Mairie de Puteaux » (bus 141,144, 158) Lignes L et U, arrêt « Puteaux »
Le 22/11/2024
Le 30 avril 2024 Adoma expulse sans s’encombrer d’une décision de justice Mohamed Hamid Arabi, réfugié soudanais résident. Mohamed habite depuis 2018 au foyer 4 rue Sorbiers, le plus grand foyer d’Ile-de-France, deux tours, 520 logements, destiné à une opération de démolition reconstruction dans les deux ans qui viennent. Avec le soutien du Copaf, Mohamed a décidé d’assigner Adoma, filiale de CDC HABITAT, au tribunal pour expulsion abusive. Adoma tente de se défendre en vendant une autre histoire aux juges, d’étranges témoignages de résidents à l’appui… Ce gestionnaire de foyers et autres résidences sociales a laissé derrière lui son premier nom, la Sonacotra, mais pas ses bonnes vieilles pratiques teintées d’un autoritarisme colonial.
À la mi-mai 2024, un jeune homme soudanais débarque dans notre permanence affichant une air perdu et désabusé, un bout de papier froissé dans la main. Il avait trouvé dans sa boite aux lettres un tract pour la permanence du Copaf. Mohamed nous raconte alors son expulsion.
En rentrant d’un rendez-vous avec une assistante sociale, Mohamed a trouvé la porte de sa chambre changée par une porte blindée Sitex « anti-squat », sa clé ne lui permettait plus d’entrer dans sa chambre. Ses affaires – papiers, vêtements, petit équipement – sont enfermées dedans. Nous lui demandons si il avait été convoqué au tribunal, si il avait eu le passage d’huissiers dans sa chambre. Il nous affirme que non. Adoma l’a expulsé sans passer par un tribunal. Mohamed avait des retards de loyers mais quand bien même ces derniers se seraient élevés à plus de 53 000€* que gagne un directeur territorial chez Adoma, il aurait fallu passer par une décision de justice avant d’obtenir le concours de la force publique pour pouvoir l’expulser. L’expulsion est donc illégale.
Pour se défendre, Adoma tente de vendre une autre histoire aux juges, celle de quelqu’un qui est parti de son propre chef, depuis plus d’un an et a laissé sa chambre vide, faisant le bonheur des méchants squatteurs du quartier qui vendent des clopes et font du bruit tout le temps. Adoma fait appuyer son récit par trois témoignages d’autres résidents, vivant également au foyer mais inconnus de Mohamed et qui ne précisent pas l’étage où ils vivent. L’un d’eux vit au 10ème étage, 5 étages au dessus de la chambre de Mohamed. Il affirme ne pas avoir vu Mohamed depuis plus d’un an et être dérangé par le bruit que font les squatteurs, 5 étages en dessous du sien. Nous nous demandons ce qui a pu motiver ces résidents et résidentes à produire des témoignages aussi absurdes. Nulle doute qu’Adoma a dû utiliser de très bons arguments.
Mohamed dormait dans sa chambre la veille du jour où ils ont changé sa porte. Il nous affirme n’avoir jamais quitté la région depuis son arrivée en France. Suite à son expulsion, il dormait à l’entré d’un jardin public à deux pas du foyer. Nous avons eu l’occasion d’aller discuter avec ses voisins de palier qui, après avoir salué chaleureusement leur voisin Mohamed, se sont tout de suite portés volontaire pour témoigner en sa faveur. Il faut croire que les nuisances qui ont réussi à se frayer un chemin jusqu’au 10ème étage n’ont pas trouvé le chemin de la porte à côté.
Mohamed est réfugié. Il ne parle pas français, seulement l’arabe et quelques mots d’anglais. Il est réservé. Le jour où nous sommes allés au commissariat de Nanterre pour déposer une plainte que le policier a refusé de prendre (pratique assez répandue dans nos très démocratiques commissariats de la République), nous sommes allés au café. Il a expliqué son histoire. En France, la barrière de la langue est difficile à surmonter, il n’arrive pas à trouver du travail et est complètement perdu face aux démarches administratives et aux courriers rédigés en français qu’il reçoit. Au RSA, il pensait que l’APL couvrait la totalité de sa redevance, il a laissé s’accumuler un retard de paiement. Son APL a été suspendu et le retard a empiré. Cette situation aurait pu être facilement évitée si les centaines de milliers d’euros de subventions publiques qu’Adoma touche chaque année pour « l’accompagnement social » servait à autre chose qu’à payer les huissiers et les avocats qui travaillent d’arrache-pied à expulser des dizaines de personnes chaque semaine. Adoma a cru pouvoir abuser en paix un jeune réfugié vulnérable qui ne connaît pas ses droits.
Le foyer rue des Sorbiers à Nanterre est un très vieux foyer bien abîmé qui loge encore près de 400 personnes dans des chambres de 13 mètres carrés qu’Adoma fait payer 520€ par mois, 50€ plus cher que dans les tout nouveaux studios de résidences sociale de 18 mètres carré en plein Paris. Au bâtiment A, il y a 15 étages, deux ascenseurs qui ne fonctionnent plus depuis plus de deux semaines, laissant bloqués aux étages les plus hauts des travailleurs immigrés retraités qui n’ont pas la force de gravir tous ces escaliers. Il n’y a pas de comité de résidents, pourtant prévu par la loi dans tout logement-foyer logeant plus de 30 résidents et dont les élections doivent être organisés par le gestionnaire. Les habitants et habitantes de cet établissement vivent dans des conditions inacceptables. Ils sont isolés et abandonnés par les pouvoirs publics, laissés à la merci des abus d’un gestionnaire sans scrupules.. Adoma a des pratiques de prédateur qui écrase les plus vulnérables. On suppose qu’Adoma a saisi une occasion pour pousser dehors un résident qui, autrement, elle aurait eu l’obligation de reloger dans l’opération de démolition prévue. C’est une honte pour la mairie de Nanterre et le département des Hauts-de-Seine que de laisser de tels abus s’opérer sur leur territoire.
Nous devons REFUSER TOUTE EXPULSION ILLÉGALE,
SE BATTRE POUR UN LOGEMENT DIGNE POUR TOUS LES HABITANTS DU PAYS,
REFUSER LE RACISME ET LE MÉPRIS QUI PROVOQUE DES AGISSEMENTS PAREILS