samedi 29 octobre 2016, par
Édito page 3
Aménagement du territoire
page 4 NDDL : après la java... la Valls bleue
Antinucléaire
page 5 Camp antinucléaire de Flamanville
Vertement écolo page 6
Qui sommes-nous ? page 7
Big brother page 8
Politique
page 10 Contre l’extrême droite, la lutte des classes là encore !
Touchons le fond
page 16 Qu’est-ce que l’exploitation ?
L’économie en brèves page 19
Pays basque
page 20 L’eusko, une monnaie locale complémentaire exemplaire ?
Brésil
page 22 D’une gauche à l’autre
Françafrique
page 25 L’opération Barkhane : un boulevard
pour le militarisme français en Afrique
Dossier MEXIQUE
page 28 Face au crime organisé, les communautés mexicaines
du Michoacan s’organisent
Trois déclarations récentes, concernant l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, peuvent paraître porteuses de divergences.
Celle de Ségolène Royal, réaffirmant que ce projet n’aurait jamais dû être poursuivi :
« L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été surdimensionné, sans doute pour des intérêts financiers, ou parce qu’il fallait justifier qu’il fallait déplacer cet aéroport... »
Celle de Manuel Valls, qui assure que « l’évacuation des occupants du site de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) est pour cet automne », tout en rappelant que « les grands travaux d’aménagement de l’aéroport, c’est à partir de 2018 » (la déclaration d’utilité publique va jusqu’en janvier 2018)… c’est-à-dire sous une autre présidence !
Et enfin celle de François Hollande : « Le plus probable, c’est que ce projet ne sera pas annulé, mais ne verra pas le jour ! »
Pourtant, ces trois déclarations disent la même chose : nous n’en sommes plus à une question d’aéroport mais de maintien de l’ordre. La campagne électorale pour la présidentielle de 2017 est basée sur le sécuritaire et l’« ordre républicain » que ses candidats se doivent soit de rétablir, soit de maintenir contre le « non-droit ». L’aéroport, à part Ayrault qui a son avenir politique derrière lui, tout le monde s’en fout à présent.
Pour reprendre militairement le territoire « zadiste », le gouvernement dispose d’une arme politique consistant à annoncer en période de reconquista un gel, un report ou même un abandon du projet aéroportuaire. Ce qui aurait pour avantage de faire miroiter le leurre d’une victoire devant les yeux des plus institutionnels de ses opposants (par exemple certains environnementalistes, Verts ou Front de gauche), lesquels ne manqueraient pas de traiter de « jusqu’au-boutistes » celles et ceux qui revendiqueraient leur légitimité à rester sur la zone. Cela permettrait à ces opposants, à quelques semaines de l’élection présidentielle, de participer sans état d’âme à la minable course à l’échalote dont le départ vient d’être donné.
C’est du degré d’échec ou de réussite de cette stratégie de la division que dépendront les chances de la résistance au projet d’aéroport. Si le projet est mis de côté d’une manière ou d’une autre, on ne pourra nier qu’il y a eu victoire, et la voie sera étroite pour convaincre qu’une victoire doit en appeler une autre et qu’on en veut toujours plus. Un vrai challenge politique, comme on dit.
La circulaire du 20 septembre 2016 « relative à la lutte contre les infractions commises à l’occasion des manifestations et autres mouvements collectifs » vient à point pour conforter l’objectif réel et premier du gouvernement. Il ne s’agit visiblement pas de traiter un simple comportement illégal ou délinquant puisque, à l’heure où nous écrivons cet édito, des manifestations non déclarées d’hommes et de femmes cagoulés et armés se succèdent chaque soir en toute impunité à Paris. Il s’agit avant tout de cibler précisément des catégories de gens à qui la guerre est déclarée. « Une minorité de personnes souvent très organisées » est ainsi explicitement listée : manifestants, « violences urbaines » et « mouvements dits zadistes ». Ces personnes sont aussi ciblées pour leurs positions politiques : « C’est un problème dans une démocratie que de tolérer ce qu’on a laissé faire avec des gens d’ultragauche », nous dit Valls. La circulaire engage les tribunaux à se préparer à juger et enfermer en masse les opposants potentiels. Elle propose par exemple la création d’« audiences spéciales » pour les manifestants.
Cet engagement à virer les zadistes de Notre-Dame-des-Landes, après avoir nettoyé la « jungle » de Calais, correspond à un constat que nous partageons : si le gouvernement veut les virer, c’est parce qu’ils et elles sont devenus le symbole d’une résistance qui se développe un peu partout. Sous des formes et avec des objectifs différents, certes, mais toujours contre l’Etat et/ou les puissances d’argent.
Il y a les zadistes mais aussi des réfugiés dans les « jungles » ou ailleurs, des bloqueurs de route de toutes sortes, des arracheurs de chemise ou des brûleurs de voiture, des têtes de cortège avec ou sans masque, des antinucléaires qui montrent de nouveau le bout du nez, des salariés « séquestrés et foutus dehors eux aussi »… autant de fronts qui ne se reconnaissent sans doute pas encore les uns les autres, mais que tout devrait finir par unir « contre le capitalisme et ses larbins ».
OCL-Poitou