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CA 317 février 2022

Antennes relais BOUM !

vendredi 4 février 2022, par Courant Alternatif

C’est une véritable hécatombe. Depuis plusieurs années une vague d’attentats à nulle autre pareille a secoué la France, rendant inopérant puis détruisant des milliers de compteurs électromécaniques en état de marche. On a pu croire à une révolte massive de consommateurs exaspérés par EDF de devoir payer l’électricité toujours plus cher pour subventionner la folie nucléaire. Ou bien des anarchistes mécontents qu’on déplace leur compteur à l’extérieur, rendant ainsi plus difficiles les branchements pirates. Ces actes de vandalisme étaient toujours signés du même sigle mystérieux, ENEDIS. Aucun des auteurs de ce forfait n’a jamais été arrêté !


C’est une véritable hécatombe. Depuis plusieurs années une vague d’attentats à nulle autre pareille a secoué la France, rendant inopérant puis détruisant des milliers de compteurs électromécaniques en état de marche. On a pu croire à une révolte massive de consommateurs exaspérés par EDF de devoir payer l’électricité toujours plus cher pour subventionner la folie nucléaire. Ou bien des anarchistes mécontents qu’on déplace leur compteur à l’extérieur, rendant ainsi plus difficiles les branchements pirates. Ces actes de vandalisme étaient toujours signés du même sigle mystérieux, ENEDIS. Aucun des auteurs de ce forfait n’a jamais été arrêté !

En même temps, sans doute encouragés par l’impunité dont jouissaient ces derniers, d’autres malotrus se sont pris au jeu, exerçant leurs talents sur tout le territoire. Contre les compteurs Linky d’abord, ces merveilleux outils « indispensables à la transition écologique », qui ont l’avantage de durer moins longtemps que les anciens électromécaniques, faisant ainsi passer l’emploi avant la lutte contre l’obsolescence programmée. Contre les éoliennes encore, dont on sait à quel point elles suscitent rejet et méfiance dans nos campagnes jusqu’à narguer des petits malins qui aiment voir les flammes leur lécher les pieds tels les « chauffeurs de pâturons » [1] qui écumaient jadis le bocage. Enfin et surtout, contre les antennes relais (surtout 5G).
L’ampleur de ces attaques est assez impressionnante et ne cesse de croître, ce ne manque pas d’inquiéter les autorités qui se font très imprécises lorsqu’il s’agit d’en révéler le nombre.

<strong/>Les communications ennemies partent en fumée<span class="spip_note_ref"> [<a href="#nb2" class="spip_note" rel="appendix" title="Dans un texte de revendication d'un « attentat »" id="nh2">2</a>]</span>.

Les chiffres, en effet, varient selon les sources : 70 antennes vandalisées en France en 2020 selon Europe 1, France-soir parle de 174 en un an et le quotidien de l’écologie Reporterre de 140 en deux ans ; certaines sources ministérielles évoquent 121 antennes dégradées entre mars 2020 et mars 2021. Les antennes-relais ne sont pas les seules à être attaquées : les centres de réseaux de communication sont également pris pour cible, comme à Crest, dans la Drôme ; à Toulouse quatre camionnettes d’une entreprise d’installation de fibre optique ont été enflammées. Dans le Gard, des câbles électriques ont été coupés à la hache ; des éoliennes détruites par l’explosion de bouteilles de gaz dans l’Aude et ailleurs ; des sabotages d’entreprise d’installation de fibres optiques comme à Toulouse ou visant… ENEDIS ( !) et des pylônes de TDF en Ardèche ; le 12 janvier 2021 l’incendie de l’antenne relais des Cars en Haute-Vienne. Orange signale 130 attaques en deux ans dont 61 sur des sites de téléphonie mobile et une par semaine contre des antennes. Arrêtons-nous là.

 <strong/>Jamais l'iPhone ne réjouira l'humanité<span class="spip_note_ref"> [<a href="#nb3" class="spip_note" rel="appendix" title="Dans un texte de revendication d'un « attentat »" id="nh3">3</a>]</span></strong>

Le nombre réel de sabotages reste donc inconnu, et les chiffres mentionnés par les entreprises de télécommunications laissent penser qu’il est bien supérieur à l’estimation mentionnée par le ministère. Il s’agit de ne pas trop ébruiter ces actes afin d’éviter de donner des idées à d’autres !

Néanmoins soyons clairs, quel que soit le nombre impressionnant et en hausse de ces actes leurs auteurs sont encore des petits joueurs en comparaison du mystérieux ENEDIS dont nous parlions plus haut. Pourtant, laissons le pessimisme pour des jours meilleurs car tout indique que les petits joueurs pourraient devenir des grands !

En France, on ne compte pas moins de 50 000 antennes 4G et 18 994 antennes 5 G actives. La majorité sont installées sur des terrains isolés qui se prêtent difficilement à la surveillance, et donc facilement attaquables : « Ce n’est pas réaliste aujourd’hui de dire que nous allons installer 66 000 caméras de vidéo-surveillance sur toutes les antennes. Et soyons clairs : quelqu’un qui veut entrer et détruire un site isolé pourra le faire », dit avec lucidité Vincent Cuvillier le président de l’Ofitem (Association française des opérateurs d’infrastructure de téléphonie mobile). « Qui veut peux » encourage le Cuvillier. Et comme un sondage IFOP publié en septembre 2020, indique que pas moins de 20% des personnes interrogées se disaient favorables à la destruction des antennes-relais 5G, on voit à quel point le vivier d’activistes est riche de potentialités.

Selon le pouvoir, les responsables de ces actes sont, pour l’instant, des « anarchistes et autres ultragauches… bien organisés en un vaste réseau difficile à contrer ». Ce qui confère à ce courant politique une aura et une influence qu’il ne soupçonnait pas lui-même : le 20 septembre 2021, par exemple, deux moines intégristes ont mis le feu à des antennes relais dans le Rhône. Placés en garde à vue puis présentés à un juge d’instruction, ils ont reconnu les faits, expliquant avoir agi « pour prémunir la population des effets nuisibles » de la 5G.
Notons enfin que cette situation n’est pas spécifiquement française. La Belgique, l’Italie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont également été confrontés à une série d’incendies de pylônes de télécommunication lors du printemps 2020.
Restons vigilants et suivons l’affaire.

JPD

Notes

[1Les « chauffeurs de pâturons » étaient des voleurs qui entraient de nuit chez des gens supposés cossus et leur brûlaient les pieds avec les braises encore vives de la cheminée. C’était dans l’ancien régime, bien sûr !

[2Dans un texte de revendication d'un « attentat »

[3Dans un texte de revendication d'un « attentat »


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