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Vertement écolo

Compilation de textes sur l’eau depuis 2018

lundi 10 juillet 2023, par Courant Alternatif

La question de l’eau, bien commun et support indispensable à toute forme de vie, soumise à de multiples formes de pollutions, d’exploitation, d’accaparement et de privatisation a été abordée de manière régulière dans la rubrique Vertement Écolo de Courant Alternatif depuis 2018.
Rétrospectivement, cela a été un travail d’information et de problématisation utile au vu de de l’absence de ce thème dans la plupart des publications révolutionnaires ou radicales.
Vertement écolo a ainsi dénoncé ce qui ne s’appelait pas encore les mégabassines, les retenues collinaires pour le tourisme, le barrage illégal de Caussade, l’action de la cellule DEMETER, les pollutions agricoles industrielle des eaux potables, les dangers des infrastructures hydrauliques, les conflits capitalistes et inter-étatiques pour le contrôle de la ressource sur la planète.
Bonne lecture.

Freux et Eugene the Jeep


CA 11-2018 : Irrigation industrielle : on n'a pas fini de tirer la langue !

On n’est jamais déçu avec les agriculteurs industriels, ceux de la Vienne par exemple.
Obstinés, ils sont.
Dans le coin, la grosse production c’est le maïs, irrigué à tour de bras et qui pollue l’ensemble des nappes phréatiques(1). Depuis quelques années l’eau manque cruellement en été et la règlementation impose donc    exploitants (le terme leur va trop bien) de limiter leurs prélèvements en période de sécheresse(2) : « Alors que la surface en maïs irrigué a été décuplée dans la Vienne en quarante ans, de 4000 hectares en 1961 à plus de 32 000 en 2003, les prélèvements en eau ont provoqué de nombreux assèchements. Les volumes octroyés en période estivale ont donc été réduits par l’État ces dernières années, de 33 millions de m3 en 2003 à 17 millions aujourd’hui. »
Ces limitations sont intolérables pour ces capitalistes du maïs qui ont l’œil rivé sur les cours de la bourse au céréales de Chicago.
Ils ont trouvé la solution qui leur permettra de contourner ces restrictions inacceptables pour la libre entreprise : le creusement d’ici 2022 de 43 « bassines » (41 sur le bassin du Clain, 2 en Sèvre niortaise) afin de pomper en hiver l’eau des rivières et des nappes, la stocker pour irriguer en période de sécheresse. Ces énormes trous (parfois de plus de 500 000 m³) stockeraient 11,2 millions de m³ pour une superficie de 500 ha, soit 7,5 fois le barrage de Sivens. On retrouve d’ailleurs dans le projet comme dans le Tarn, la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG).
Tout cela pour 190 exploitations soit 4 % des agriculteurs du coin. Pour tous les autres, c’est peau de balle, paie et tais-toi.
Prévisibles, ils sont.

C’est toujours le bon vieux même schéma qui est utilisé :   un financement de « 72 millions d’euros, dont 70 % sont censés provenir de financements publics - par la Région Nouvelle-Aquitaine, et l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne. Les 30 % restants seraient apportés par les sociétaires des coopératives(3), donc les irrigants eux-mêmes(4) ».
Infâmes, ils sont.
Les SCAG sont aussi utilisées comme moyen de chantage envers les agriculteurs : « Face au scepticisme de certains irrigants, des institutions, en premier lieu la Direction départementale des territoires (DDT, un service déconcentré de l’État) puis la Chambre d’agriculture, ont exercé des pressions sur eux en les menaçant de remettre en cause l’attribution de leurs volumes d’eau. »(5) De plus, ils osent déclarer que leurs bassines sont destinées à préserver et à économiser l’eau.
Des manifestations on eu lieu(6) et la très socialiste Région Nouvelle-Aquitaine a tactiquement décidé de suspendre provisoirement son financement de 10 % du projet.
Entre socialisation des pertes, privatisation des profits, pollutions des eaux, paiement de la dépollution par les populations, confiscation de la ressource en eau par une minorité influente, appui des politiques et des pouvoirs et institutions locaux, on a là une nouvelle avancée du libéralisme, très avancé, voire putréfié.

Notes
1 - Le scandale des bassines de la Vienne. Vienne Nature environnement https://www.vienne-nature.fr/bassin...
2 - Un grand projet de réservoirs d’eau sert les intérêts de l’agriculture intensive au mépris de l’avenir des rivières.Clément Barraud Bastamag, 1er octobre 2018
3 - Sociétés Coopératives de Gestion de l’Eau (SCAG)
4 - Cf note 5
5 - bid
6 - Migné-Auxances (86) : manifestation contre les bassines. https://www.youtube.com/watch?v=PS2...

CA 01-2019 : Des canons par milliers…

Comme les Shadoks, l’agriculture et l’industrie du tourisme pompent… les finances publiques et l’eau, tout en canonnant l’environnement.
Fin 2018, face à la sécheresse qui frappe ses éleveurs et agriculteurs, Lolo Wauquiez dévoile un plan Sécheresse de 15 millions d’€ et « a débloqué 10 millions d’euros pour... aider à la mise en place de systèmes pour stocker l’eau l’hiver... »(1). Comme les bassines des maïsiculteurs de la Vienne (cf CA n ° 285), les réservoirs à Lolo dérèglent l’alimentation en eau des nappes phréatiques et privatisent au profit de quelques-uns, sur financement public, un bien commun.
Pendant ce temps-là, en montagne, l’industrie du tourisme panique car « Le réchauffement climatique a tendance à être amplifié en altitude. Il est deux fois plus important que le réchauffement planétaire global »(2). Pour sauver les profits des « maquereaux des cimes », la Région finance dur : construction des lacs artificiels destinés à stocker l’eau, stations de pompage, canalisations, tours de refroidissement, canons à neige afin de fabriquer la « neige de culture » devenue « la base de notre politique de montagne. »(3)
Les coûts sont faramineux : le km d’équipement de piste coûte entre 875 000 et 990 000 €, le prix du m3 de neige reste élevé et des communes n’y résistent pas financièrement (mise sous tutelle de l’État de Saint-Pierre-de-Chartreuse).
L’industrie de la neige est aussi extrêmement dangereuse pour la ressource en eau « À l’échelon des Alpes, la neige artificielle consomme en trois mois et demi autant que la ville de Grenoble en eau potable. » Et plus le réchauffement s’accentue, plus cela coute cher, avec de moins en moins d’eau, sans garantie de réussite sur la durée : selon la Cour des comptes, « l’enneigement artificiel est une solution partielle et onéreuse... »
L’eau a pour habitude d’aller vers le bas, or : « Ces canons assèchent les nappes phréatiques puisque leur eau provient de retenues d’eau. L’eau utilisée ne ruisselle pas et ne va pas dans les nappes. L’eau, c’est un cycle complet : quand le niveau baisse en haut, c’est tout le cycle qui est impacté. Il faut donc se demander ce qui est le plus important : l’eau à boire, les cultures, la sécurité nucléaire ou les canons à neige ? »(4)
« Pourvu que ça doure » disait la mère de Napoléon… tout comme les requins de l’or blanc, les agriculteurs et autres politiciens à leur service. Kill them all !

Notes
1 - Gros chèques et réservoirs : Laurent Wauquiez dévoile son plan anti-sécheresse. Lyon Mag du 26/ 11/ 2018
2 - Samuel Morin, directeur du Centre d’étude de la neige
3 - Laurent Wauquiez lors de la réunion du Plan « Neige station » de mai 2016
4 - J-Ch Kolhas, élu Vert à la Région

CA 06-2019 : Il était une fois dans l'Ouest

« Qui viendra sur le terrain, se fera recevoir. Nos guetteurs, qui ont protégé le chantier tout l’été, ont repris leur poste. »(1)
De qui émanent ces mâles paroles ? Des derniers défenseurs de Troie ? Des États Généraux de 1789 ? Du maquis du Vercors ? En fait, d’un mauvais western-cassoulet au maïs.
Faut dire qu’ils assurent les outlaws agricoles : en janvier 2019, 400 agriculteurs avaient bloqué 20 gendarmes chargés de poser des scellés sur des engins du chantier illégal du lac de Caussade sur la commune de Pinel-Hauterive en Lot-et-Garonne.
L’enjeu : l’or bleu du lac artificiel voulu par eux. Eux, ce sont le Syndicat Départemental des Communes Irriguantes (SDCI), la Coordination Rurale (CR) et la Chambre d’Agriculture du département. La CR tient la chambre d’agriculture depuis 2001 et y fait sa loi.
Dans ce département de plus en plus sec qui produit des fruits et légumes, du blé, du colza, du maïs, des semences de betteraves, l’irrigation est une religion agricole. 38 % de la surface utile agricole est irriguée (soit 110 000 ha) par des pompages et plus de 3000 lacs artificiels(2) au détriment de l’alimentation régulière des ruisseaux et rivières.
Cela n’a pas suffi aux « vigilantes » fachos de la CR 47(3) qui veulent toujours plus d’eau. Une « digue de 378 mètres de long, haute de 12,5 mètres, le tout pour irriguer une dizaine d’exploitations agricoles »(4) coupera la rivière et constituera une retenue de 920 000 m³ sur 20 ha.
« Coupera » ? Pourquoi employer le futur ? En fait, elle coupe déjà la rivière.
La Chambre d’Agriculture a déposé en juin 2017 un dossier qui ne respectait quasiment aucune des règles de la gestion de l’eau et des espèces. Malgré les avis tous défavorables des organismes scientifiques impliqués, la préfète donne (comme toujours) son feu vert aux productivistes d’extrême-droite en juin 2018.
Mais patatras, les recours déposés par la SEPANSO et FNE sont validés et la nouvelle préfète prend donc « le 14 décembre 2018, un arrêté préfectoral… portant suspension des travaux en attente de la régularisation. » Cet arrêté n’a jamais été appliqué.
Mais la belle unité syndicale agricole des débuts commence alors à se fissurer : la FNSEA (qui a perdu la Chambre) déclare que « les travaux sont menés par la chambre d’agriculture, avec des salariés de la chambre d’agriculture sur des pelles mécaniques qui ont été louées par elle. Huit cent mille € vont être dépensés, c’est ruineux et c’est du pur clientélisme ». La Confédération paysanne « préconise désormais d’aller pomper l’eau dans le Lot pour alimenter une réserve de taille réduite, et d’abandonner les travaux.  »(4)
Mais que cela ne tienne, les soldats vert-de-gris de la CR lancent l’attaque. En toute illégalité et sournoiserie, bulldozers et pelleteuses ravagent le site. Bousquet-Cassagne, président CR de la chambre d’agriculture « a dans un premier temps réfuté que des travaux avaient commencé. ‟ Nous déplaçons des tulipes et ce sont juste des travaux de voiries”  » (4).
Bref la CR joue la carte du fait accompli et « l’attitude … de ce syndicat agricole s’explique aussi par la proximité des élections à venir dans les Chambres d’agriculture, mais également parce que les décisions prises concernant le barrage de Sivens (Tarn) n’ont jamais été acceptées. »(5)
Depuis le 2 mai 2019, la préfète a pris un arrêté de cessation des travaux et de remise en état du site qui frappe la Chambre d’agriculture au portefeuille. La digue doit être abattue sous 3 mois et le site remis en état sous 18 mois à ses frais (Un million d’€ sont consignés).
Cependant les travaux continuent et les Billy the kid de la CR continuent de menacer pour défendre leur fort Alamo : « on va défendre le lac », « Caussade risque de couler rouge » et tant pis pour les « victimes collatérales » car « la propriété privée c’est sacré ».
Caussade qui peut se lire comme une revanche suite à leur échec à Sivens en reprend les mêmes objectifs (vol de l’eau) et pratiques (coup de force, menaces écrites et physiques, violences). Espérons qu’il sera le tombeau de la CR. Hugh, j’ai dit.

Notes
1 - « Qui viendra, sera reçu ». Blandine Philippon. Sud-Ouest du 10/05/2019
2 - Cf l’article « Lot-Et-Garonne » de Wikipédia
3 - « dont le Front national se sent le plus proche et qui ambitionne de devenir le premier parti politique chez les agriculteurs » In L’histoire du courant Coordination rurale décryptée. La Dépêche du 08/01/2016. (interview de l’ancien directeur de la CA 47 viré en 2013).
4 - Le chantier du barrage de Caussade a commencé malgré l’interdiction. Philippe Gagnebet. Le Monde du 29/11/2018
5 - Barrage de Caussade. Qu’est-ce qu’ils n’arrivent pas à comprendre ?! Sud-Ouest Nature-Revue de la SEPANSO, n° 181. Disponible sur <http://www.sepanso.org/so_nature/Pd...>

CA 01-2021 : Bassines bouillantes versus corbeaux irrigants

En Poitou-Charentes, patrie du maïs industriel, des fanas de l’irrigation et des sécheresses à répétition, ça chauffe. Autour des bassines et de la confiscation de l’eau par des nuisibles agricoles. Un arrêté interdépartemental vient d’autoriser le creusement de 16 nouvelles bassines sur le bassin de la Sèvre niortaise (soit 6,8 millions de m³ d’eau pompée à 10 m de profondeur). Coût : 60 millions d’€ financés à 70 % par l’argent public (Région, Agence de l’eau, FEDER) et 30 % par les miséreux des syndicats d’irrigants.
Résultat : crise politicienne dans l’exécutif de la Région, fureur des naturalistes et habitants qui connaissent depuis des années les restrictions et pollutions multiples de l’eau. Les manifs s’enchaînent à l’initiative du collectif « Bassines, non merci ! ». La plus importante réunit 3000 personnes en octobre à Épannes, là où doivent débuter les travaux en 2021.
Heureusement, les assoiffeurs de l’irrigation ont table d’écoute ouverte chez les gendarmes. Ils demandent donc à les rencontrer en agitant le spectre d’une ZAD anti-bassines.
La suite, issue d’un courriel du délateur en chef en direction de ses troupes est délectable : « Nous avons échangé à propos du risque d’implantation de ZAD sur les lieux de projets de réserves de substitution… L’adjudant E..... m’a fait part de son inquiétude et nous demande donc d’être vigilant au moindre déplacement suspect. … (il) se rendra joignable et disponible, y compris les week-ends, en cas de nécessité d’intervention des forces de l’ordre...Alors n’hésitez-pas ! Enfin, nous avons échangé à propos de la cellule DEMETER... » (5)
Donc le flicage dans les campagnes déjà bien présent, s’amplifie et se normalise au service de la FNSEA et des lobbys agricoles grâce à DEMETER, ses délateurs et ses collabos. En attendant les agents provocateurs ?
Démeter, sors de cette bassine !

Note
1 - Irrigation : en Poitou-Charentes les irrigants appellent la gendarmerie au secours. Marc Laimé. Les eaux glacées du calcul égoïste du 20/11/2020

CA 05-2021 : Que d'eau, que d'eau !

Dans notre pays et dans bon nombre de pays dits « développés » l’accès à une eau potable est tellement banal et réflexe (il suffit d’ouvrir un robinet) qu’on a l’impression qu’elle a toujours été là et sera toujours là sauf en cas d’évènement exceptionnel (destruction des infrastructures, pollution...) ou de stage survivaliste en eau trouble. De plus pour des populations très majoritairement urbaines, les épisodes maintenant récurrents de sécheresse apparaissent encore comme lointains.
Or, la réalité est tout autre. Si la Terre est majoritairement recouverte d’eau : (70 % de la surface terrestre) 97,5 % de cette eau (maritime ou terrestre) est trop salée, et donc inutilisable pour les besoins vitaux de la faune (dont l’animal humain), la flore et la fonge occupant les terres émergées.
2,5 % d’eau douce cela fait quand même quelques dizaines de millions de km3, mais problème : la quasi totalité de cette eau est inaccessible car stockée sous forme de glace et de neige (du moins pour le moment), peu accessible (Lac Baïkal en Sibérie) ou sous forme de vapeur dans l’air.
L’eau des rivières qui est la plus facilement utilisable et utilisée représente environ 2 % de l’ensemble des eaux douces soit 2100 km3.
Par comparaison il y en a 6 fois plus sous forme de vapeur d’eau. Les organismes vivants stockent eux 1100 km3 d’eau nécessaire à leur vie biologique.
De plus cette eau est très inégalement répartie en quantité à la surface de la planète (soumise à des aléas climatiques (sécheresse, inondations...) et sa qualité est inversement proportionnelle à la densité de population : excellente en Amazonie, Grand Nord américain et sibérien, mauvaise à très mauvaise en Europe, État-Unis, Maghreb, Chine, Inde… Bref partout où se concentrent la populations, et là où industries, technosciences, aliénation par la consommation et capitalismes de toutes nuances règnent en maître.
Selon l’OMS « 844 millions de personnes sont privées de tout service élémentaire d’au potable, 1,8 milliard boivent de l’eau non dépolluée sans protection… contre la contamination d ‘origine fécale... »(1) Mais en général selon la Banque Mondiale (BM) quand l’économie d’un pays progresse ces questions d’hygiène « ont tendance à décroitre graduellement. »
Las, dans leur étude ces mêmes humanistes constatent que la mauvaise qualité de l’au concerne tous les pays « riches comme pauvres… Mais la nature des polluants de l’eau change selon la richesse du pays ». Ce sera les pesticides cancérigènes comme la chlordécone dans nos anciennes colonies des Antilles et les nitrates, polluants très présent en France métropolitaine.
La BM s’est intéressée à deux polluants : les nitrates (résidus des engrais azotés de l’agriculture industrielle) et au sel. Trop de nitrates dans l’eau provoquent des retards de développement physique et intellectuel : En Inde dans les zones où l’on n’a accès de la naissance à la mort qu’à de l’eau nitratée à donf, la « taille moyenne des femmes adultes y a baissé approximativement de 4 centimètres au cours du siècle dernier. »
Au Bangladesh, un tiers de la population boit de l’eau trop salée et « dans les régions côtières du pays, environ 3 % des morts infantiles peuvent être attribuées à la consommation d’eau salée... ».
L’augmentation de la salinité de l’eau douce est aussi liée au dérèglement climatique : sécheresses importantes et régulières qui concentrent le sel dans l’eau et pollution des eaux douces par la montée du niveau des mers.
Cette maligne salinité fait même flipper les viticulteurs multi-pollueurs et multi-millionnaires du Bordelais. Les pauvrets : le dérèglement climatique (incontrôlable) met en péril leur business plan mondialisé. Quel gâchis après toutes ces années d’empoisonnement méthodique et légalisé des eaux et des habitants aux pesticides.

Ceci n’existe pas
Selon la dernière étude de l’UFC (2), l’agriculture industrielle est la principale responsable de la pollution des eaux potables. « Plus d’un million de consommateurs, surtout en zones rurales, boivent une eau polluée essentiellement par des pesticides... ». Si en revanche la qualité de l’eau en milieu urbain s’est améliorée cela s’est fait en faisant payer le cochon de consommateur : « Le coût de la dépollution des pollutions agricoles représente entre 750 millions et 1,3 milliard d’euros par an, intégralement financé par les consommateurs via leurs factures d’eau ».
De plus, selon les départements l’ingéniosité des préfectures, laboratoires d’analyse, syndicats des eaux se déploie dans toute sa splendeur pour sauver les soldats FNSEA et Coordination Rurale. S’il y a bien 750 molécules différentes de pesticides qui se baladent dans la nature, seules 206 sont recherchées. Par miracle, ce chiffre descend à 106 à Château-Gontier (Mayenne) et à 12 dans le département de l’Aisne. L’adage qui veut que l’on ne trouve que ce que l’on cherche est ainsi pleinement démontré.

Ceci n’est pas un cours d’eau
Face à l’augmentation régulière des quantités de pesticides déversés dans les campagne s (plus 25 % en 10 ans selon la fondation Hulot) au fil des plans Écophyto (I, II et II+) censés en diminuer les quantités, la FNSEA et les ministres de l’agriculture successifs ont créé un nouvel adage : « on ne trouve que là où l’on veut bien chercher » qui complète le précédent.
Comment ? Il est interdit d’épandre des pesticides le long des cours d’eau. On appelle ces zones des ZNT (Zones de Non Traitement). Mais « la FNSEA... et ses alliés ont d’abord choisi d’attaquer la définition même d’une rivière. Car, sans le statut protecteur de « cours d’eau », un écoulement se retrouve hors des radars des lois encadrant les pratiques agricoles et limitant les travaux de calibrage, les constructions et autres barrages hydrauliques). » (3). Ceci fait, l’État a renvoyé aux préfets la mise en pratique « ... beaucoup en ont profité pour redéfinir les points d’eau, en réduisant au passage le linéaire protégé ». Résultats étourdissants : moins 30 % de ZNT en Tarn-et-Garonne, moins 43 % en Indre-et-Loir, moins 55 % dans l’Aude. De nombreux arrêtés ont été contestés en justice et le Conseil d’État a donné raison aux associations plaignantes, mais comme tout reste dans le flou entre la réglementation et les contestations, c’est toujours la fête du slip pour les empoisonneurs.

« Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez
les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre. » (Genèse, 1 28).

Après avoir mesuré depuis l’espace les variations saisonnières du niveau de près de 230 000 retenues d’eau naturelles et artificielles pendant 2 ans Une étude parue dans la revue « Nature », « démontre que les variations saisonnières dans les réservoirs d’eau de la planète dépendent en majorité des activités humaines. » (4)
Dans les retenues artificielles la variation du niveau de l’eau est 4 fois plus importante que dans les naturelles et « 57 % de la variabilité comptabilisée dépend directement des bassins artificialisés, qui ne représentent pourtant que 3,9 % » de l’ensemble de tous les bassins. Ils sont tous liés à l’agriculture intensive, l’industrie et à la production électrique.
« Du fait de l’anthropisation, le stockage de l’eau, dans les lacs et dans les sols est désormais majoritairement d’origine humaine » et ceci modifie directement le « débit des cours d’eau dépendant de ces lacs artificiels » et entraine une modification des écosystèmes associés. De plus la gestion humaine de l’eau douce (retenues, pompage massif des eaux souterraines) tend à modifier en l’artificialisant le cycle de l’eau (évaporation, condensation, précipitation et retour à l’océan) lui-même déjà modifié par le dérèglement climatique en cours.
N’oubliez pas : buvez frais tant que c’est possible !

Notes
1- Qualité de l’eau : la Banque Mondiale sonne l’alerte. J. Guitton-Boussion. Le Monde du 22/08/2019
2- UFC-Que choisir : En France, l’agriculture est la première cause de pollution de l’eau potable. 20 Minutes et AFP du 20/04/2021
3- Le gouvernement laisse les cours d’eau à la merci des pesticides. Lorène Lavocat. Reporterre du 31/01/2020
4- Les activités humaines dérèglent le cycle planétaire de l’eau. Fabien Houy-Delalande. Reporterre du 17/03/2021

CA 07-09-2021 : Et les Shadoks pompaient, pompaient...

Dans CA 310, nous avons vu comment le stockage artificiel de l’eau artificialisaient et perturbaient le cycle naturel de l’eau.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, États, planificateurs, banquiers émus par la misère du Tiers-Monde, idéologues du Progrès, multinationales des travaux publics, agriculteurs, industriels et leurs lobbies se sont tellement activés que « Le monde compterait plus de 16 millions de barrages, totalisant une capacité de stockage estimée entre 7 000 et 10 000 km3. Soit 2 à 3 fois les volumes d’eau contenus dans les rivières du globe »(1).
Malgré cette débauche de capacités de stockage, de moyens techniques, de financements, d’expulsions plus ou moins brutales de populations rurales (France, Chine, Géorgie, Brésil...), depuis une vingtaine d’années, partout sur la planète les sécheresses pètent le feu : 15 années de sécheresse en Australie (1996-2010), 5 années en Californie, mais aussi en Thaïlande, Chine, Inde, Syrie (ce qui aurait joué un rôle dans les déclenchement de l’insurrection de 2011), Égypte, Soudan, Angola, Espagne, Portugal, France (Doubs et lac des Brenets asséchés en septembre/octobre 2018).
Dans les temps anciens on distinguait 3 grand types de sécheresses : météorologiques (précipitations insuffisantes), agronomiques (sécheresse du sol) ou hydrologiques (peu ou pas de débit des cours d’eau) qui se combinent souvent. Leurs effets sont maintenant amplifiés par le dérèglement climatique imputable au capitalocène.
Un quatrième larron vient de s’ajouter à ces cavaliers de l’enfer : la « sécheresse anthropique » qui « implique uniquement les épisodes secs dus aux prélèvements et à la gestion par des réservoirs, indépendamment des conditions climatiques. » car « … la création de grands volumes de stockage d’eau pour l’irrigation ne permet pas d’assurer une alimentation en eau lors des longues sécheresses, du fait à la fois de la difficulté à remplir les barrages et d’un usage de l’eau supérieur à la ressource. »
Un « cercle vicieux » se met alors en place : un usage d’eau supérieur à la ressource conduit à des dégâts socio-économiques que l’on va essayer de compenser en créant toujours plus de réservoirs de stockage. Ces nouveaux stocks d’eau disponibles vont être rapidement utilisés pour de nouveaux besoins : agriculture, industrie, boisson… d’où apparition de nouveaux déficits et de nouveaux dégâts, d’où création de nouvelles retenues, etc.
C’est pourquoi, les zones où il y a le plus de retenues d’eau sont celles qui connaissent le plus d’épisodes de sécheresse : « En Espagne, l’analyse des sécheresses [depuis 1945]… a mis en évidence que les épisodes secs les plus sévères et les plus longs avaient lieu sur les bassins les plus régulés par la présence de barrages. »

Surtout ne rien changer
C’est le leitmotiv de l’agriculture industrielle et de ses suppôts. Pour ces drogués du tuyau d’arrosage, face aux sécheresses, il faut toujours plus de pompages et de retenues. Heureusement, l’État-dealer est là avec ses décrets autorisant toujours plus prélèvements en pleine sécheresse (décrets de 2019), de retenues collinaires, de bassines, de bassins, de barrages (60 de plus depuis 2019)… avec toujours plus de pesticides, d’engrais chimiques, de semences hybrides (en attendant les nouveaux OGM) pour plus de rendements afin d’être plus compétitifs sur les marchés mondiaux.
L’agriculture est le premier secteur consommateur net (il s’agit de l’eau stockée dans les plantes et celle d’évaporation qui ne retourne pas alimenter nappes et cours d’eau) d’eau en France avec environ 70 % du total et, « 80 % des prélèvements en eau par l’agriculture sont destinés à l’irrigation, même si celle‐ci n’est pratiquée que sur 5 % de la surface agricole utilisée nationale. »(2)
Dans le bon vieux temps on disait pour parler de l’enrichissement des paysans qu’« il pleut toujours où c’est mouillé ». C’est toujours valable pour le petit nombre de gros agriculteurs irrigants qui accaparent et confisquent cette manne et en demandent toujours plus.

Ces pratiques créent, d’une part des conflits d’usage (l’eau dont ont besoin les agriculteurs n’est pas celle des touristes, des écologistes, des poissons, des pêcheurs…), et d’autre part, les retenues modifient l’usage des sols, détruisent les milieux et habitats naturels existants et favorisent l’extension des zones irriguées (et donc préparent de futures sécheresses).
Pour finir, elles détruisent aussi toute forme de coordination et de solidarité entre usagers entre l’amont et l’aval, comme dans le temps.
Ainsi, le barrage de Caussade (cf CA précédents) profite toujours à une trentaine de fachos agricoles de la Coordination Rurale du Lot-et-Garonne.
Deux d’entre eux ont étés condamnés en juillet 2020 à 8 et 9 mois de prison ferme pour cette construction illégale. Mais, comme ils tiennent la Chambre d’Agriculture, le syndicat d’irrigation et autres postes stratégiques, le barrage n’est toujours pas vidangé. En février 2021 les associations attendaient toujours le rapport sur la destruction du barrage (ou, pour faire woke, sa déconstruction) et le retour à un juste partage des eaux, bien commun.
Qu’ils ne s’inquiètent pas car selon le Canard Enchaîné, Geneviève Darrieussecq, (ministricule militaro en charge du SNU) candidate LRM pour les régionales est venue le 27 mai, causer sécheresse et barrages avec les condamnés qui ont appelé du coup à voter pour elle !
Il existe bien de véritables sauvageons dans la ruralitude, ce sont ceux des gangs d’irrigants.

Profitons aussi de l’occasion pour saluer la décision exemplaire de la cour de cassation qui le 18 février 2021, a jugé qu’il était inutile qu’un procès aie lieu contre le gendarme responsable de la mort de Rémi Fraysse à Sivens le 26 octobre 2014. Mais que ses parents et les opposants se rassurent : on parle à nouveau d’un nouveau barrage, forcément vachement mieux et respectueux de la nature pour les soiffards d’agriculteurs et éleveurs conventionnels ou bio pour qui les 180 retenues collinaires déjà en place ne suffisent plus (Libération du 17 mars 2021).

Si t’as besoin de rien, tu peux compter sur moi !
En 2020, en touristes avisés et conscients de notre impact carbone nous avons passé nos vacances dans le Jura. Une xième sécheresse historique y sévissait : conifères et feuillus roussis et morts, pelouses d’altitude et pâtures grillées, fontaines et rivières à sec… Et, ambiance d’enfer dans un village où des habitants, nuitamment et régulièrement débranchaient les pompes à eau des maraîchers locaux pour continuer à avoir de l’eau avec ce que cela entraînait de conflits larvés ouverts au sein de ces petites communes rurales dont on vante régulièrement la solidarité...

Fleuves et rivières sont des inconscients qui ne savent faire qu’une seule chose : couler du haut vers le bas, plus ou moins vite avec plus ou moins d’eau.
Heureusement qu’États, frontières, géopolitique, rapports de forces et autres grands projets sont là pour façonner, valoriser, politiser, ces écoulements sans valeur voire totalement anarchique.
Et c’est là qu’on commence à rigoler.
Prenons le Rhône. De son glacier suisse d’origine jusqu’à Lyon, son débit dépend pour l’essentiel de l’eau des Alpes suisses. Après Lyon, les nombreuses rivières qui l’alimentent en font l’un des fleuves ayant un des plus forts débits d’Europe occidentale.
De la Suisse à la Méditerranée le fleuve est coupé, régulé, retenu par des barrages hydro-électriques et ses eaux sont utilisées par l’industrie chimique, pour refroidir les centrales nucléaires (5 en activité soit 14 réacteurs), irriguer, fournir de l’eau potable, transporter des marchandises.
Pour la partie helvético-française du fleuve, une floppée d’accords internationaux encadrent la pêche, la navigation, la construction de barrages et de centrales (côté suisse), la gestion et la protection de la qualité des eaux (CIPEL et plan Rhône), et permettent de « concerter » tout ce petit monde car plus le fleuve est aménagé et exploité et plus le moindre incident sur son cours à des conséquences en aval.
Ainsi en 2011, durant l’été, les 4 réacteurs de la centrale nucléaire française du Bugey ont été contraints de diminuer leur production d’électricité car il n’y avait plus assez d’eau pour les refroidir. La raison ? « Le canton de Genève avait diminué le débit du Rhône au niveau du barrage du Seujet pour maintenir le niveau du lac Léman. » (3)
Rebelotte en 2012 : lors de la vidange du barrage suisse de Verbois, les « sédiments accumulés ont été relâchés dans le Rhône avec des effets sur les installations hydroélectriques et nucléaires, mais aussi sur l’environnement. »
Hurlements de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) compagnie semi-privée (Engie, Caisse des Dépôts et collectivités locales) qui contrôle de nombreux barrages côté français et se rend compte qu’ « il n’existe - en matière d’hydroélectricité, de protection environnementale ou de sécurité des riverains - que fort peu d’instruments juridiques permettant la gestion transfrontalière du Rhône... [et pour la plupart] sans vision commune et globale des enjeux. »(4)
Entre États démocratiques on parle poliment de « conflits transfrontaliers » et la directrice de « GouvRhône » une instance créée pour analyser la situation a été « surprise (?) par l’interdépendance très forte entre la Suisse et la France… notamment en période de déficit d’eau. Le rapport de force, selon elle, penche en faveur de la Confédération, parce que le pays est en amont sur le Rhône, mais aussi parce que la France a vraiment besoin de cette eau.
Pour la Suisse qui tient le robinet « la situation actuelle est satisfaisante » et elle « reste ouverte à la discussion ».
Comme la sécheresse s’annonce féroce dans le Rhône, verra-t-on cet été le Charles-de-Gaulle patrouiller sur le lac Léman, l’artillerie suisse de montagne positionnée sur le glacier du Rhône pendant que « nos » nageurs de combat saboteront le jet d’eau de Genève ?

Mort sur le Nil
Dans l’Orient compliqué et mystérieux c’est du pareil au même mais en plus viril.
L’Égypte « dépend totalement de l’étranger pour son approvisionnement en eau, assuré presque exclusivement par le Nil qui prend ses sources à plusieurs centaines de kilomètres des frontières sud du pays… : L’Éthiopie pour le Nil Bleu... avec environ 80% de la crue globale, et l’Ouganda pour le Nil Blanc qui apporte les 20% restants. »(5)
Ses berges (5 % du territoire) concentrent 95 % des habitants, la quasi-totalité de l’agriculture (grâce à l’irrigation et aux limons des crues), des industries et l’eau potable.
Le contrôle de l’eau est donc une question de sécurité nationale et le ministère qui en a la charge, l’un des plus important du pays.
Des pans entiers de la politique extérieure égyptienne depuis le début du 19ème siècle sont subordonnés à la maîtrise transfrontalière exclusive des sources et eaux du fleuve avec un « droit de veto sur tout projet hydraulique sur le Nil… droit de surveillance sur l’ensemble du Nil, de son embouchure à ses sources » (accords des années 20 et traité de 1929 sous contrôle colonial anglais), l’opposition de Nasser à l’indépendance du Soudan, la construction du barrage d’Assouan et les accords de 1959 avec le Soudan -très favorable à l’Égypte- de répartition des volumes annuels d’eau. Face à cette spoliation impérialiste interne au Tiers-Monde, les protestations de L’Éthiopie, totalement exclue de ces accords ne pesaient pas lourd face au prestige international de l’Égypte, héraut du Tiers-Monde et surtout à l’aide massive soviétique.
Coup de tonnerre en mai 2010 quand 7 pays (Éthiopie, Ouganda, Kenya, Tanzanie, Rwanda, Burundi, Congo), signent un traité pour « pour revendiquer et imposer un nouveau partage des ressources hydrauliques. »
Dans la foulée, l’Éthiopie lançait en 2011, sans plus consulter ses voisins, sur fonds propres (taxe sur les salaires des fonctionnaires, appels à dons…) la construction du plus gros barrage d’Afrique, le Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne (GBRE) avec une capacité de 74 milliards de m³ et une production de 6500 Mw d’électricité.Il sera construit par l’italien Salini Impreglio et Alstom.
Les discours justificatifs pour ces projets monstrueux sont toujours les mêmes : limiter les inondations, produire de l’énergie, augmenter les ressources agricoles, améliorer le niveau de vie...
Les dégâts eux sont tout aussi classiques : déplacements massifs de populations, disparition des productions locales au profits d’activités exportatrices plus « rentables », dégâts écologiques, envasement, baisse du débit et insécurité hydrique pour les populations en aval..
Mais bon pour le « tigre africain » meilleur ami de la Chine, puissance, prestige, enrichissement au profit de quelques-uns cela n’a pas de prix.
Car si l’État Éthiopien met en avant l’électrification des villes et villages, la réalité est tout autre. Addis-Abeba « construit ce barrage pour une unique raison : produire et exporter de
l’électricité, non seulement pour les pays voisins mais aussi pour l’ensemble du continent africain… le barrage permettra au Soudan de se procurer de l’électricité à bas prix »
(6), sans oublier les nouvelles usines textiles et d’assemblage, les infrastructures (métro, voies ferrées, gares) financées par l’État et les banques chinoises au point qu’on parle de « sinisation »de la capitale, Addis-Abeba.
Et l’Égypte se retrouve à poil, malgré les multiples pressions américaines, Trump en tête pour imposer une négociation aux Éthiopiens.
Le maréchal massacreur-tortionnaire Al-Sissi, déclare : « Personne ne doit s’imaginer qu’il est loin de la portée de l’Égypte... Une allusion claire aux avions Rafale achetés en 2015 à la France et qui pourraient servir à bombarder l’ouvrage. »(7)
Ces menaces font suite aux projets de l’ancien président l’islamiste Morsi qui « avait ouvertement fait étudier différentes options rendant possible l’usage de la force ou de la déstabilisation envers l’« hydropuissance » qu’entend devenir l’Éthiopie. » (8)
Voici un bel exemple de continuité étatique dans le changement entre le national-islamisme affairé et le national-militarisme affairiste. Cependant, l’éventualité d’une vraie guerre de l’eau semble peu probable, aucun des protagonistes ni leurs parrains (américains comme chinois) n’y ayant intérêt en interne comme à l’international.
Le cercle vicieux et shadokien de la gestion de l’eau à tous les niveaux est un des révélateurs du règne mortifère sur l’ensemble de la planète de l’exploitation frénétique des ressources, de la domination de la nature et du solutionnisme technologique, de l’hubris des dirigeants et des capitalistes avec les risques de guerre sous-jacents. Ses justificatifs sont le « progrès », le « développement » et sans doute le plus criminel de tous, la « croissance démographique » question extrêmement importante qui n’est plus jamais critiquée dans nos milieux pas plus qu’ailleurs, d’ailleurs.
Un bon petit déluge de révolutions pour régler tout ça ?

Notes
1 - Barrages et réservoirs : leurs effets pervers en cas de sécheresses longues. F. Habets. The Conversation, 20/02/2019
2 - Les retenues d’eau comme solution d’adaptation au changement climatique ? Synthèse bibliographique et retours d’expériences. N. Valé. L. Renaud. SIGAL et ARRAA, décembre 2020
3 - Les eaux du Rhône, source de rivalités entre la France et la Suisse. N. Coulon. Le Temps, 18/09/2015
4 - Gouvernance du Rhône entre le Léman et Lyon : la balle est désormais dans le camp des politiques. aqueduc.info, octobre 2015
5 - L’Égypte et le Nil ou l’échec d’une stratégie hydropolitique. H. Ayeb, 2013 ». Disponible sur <https://habibayeb.wordpress.com> (Une partie de l’article est basée sur ce travail)
6 - Le grand barrage éthiopien sur le Nil Bleu suscite l’espoir des paysans soudanais. Le Monde avec AFP, 19/11/2019
7 - Grand barrage éthiopien sur le Nil : une "instabilité inimaginable" si on touche à l’eau de l’Égypte, avertit le président al-Sissi. France Tv Info, 31/03/2021
8 - « Il faut réduire les tensions autour des eaux du Nil ». F. Galland. Le Monde, 17/08/2018

CA 02-2022 : Hiver maussade à Caussade

Les fachos ruraux de Caussade peuvent respirer : les deux führers de la Coordination rurale et de la chambre d’agriculture (Serge Bousquet-Cassagne et Patrick Franken) échappent en appel à la prison ferme. Pas mal pour un barrage illégal et dangereux de 920 000 mètres cubes d’eau, 12 m de profondeur, couvrant 20 hectares, destiné à garantir l’irrigation pour une poignée de gros agriculteurs au détriment de l’approvisionnement en eau des locaux et des milieux naturels.
Lors du procès « A l’extérieur du tribunal, plusieurs centaines de manifestants avaient répondu à l’appel de la Coordination rurale… Le président de la Fédération de chasse du département avait aussi demandé à ses adhérents de se joindre aux protestataires. »(1) Et en fin de journée, l’« ancien président de la Sepanso, avait été la cible d’insultes et été bombardé d’œufs et de pommes pourries par un groupe... » FNE, suite à la plainte déposée attend comme Godot « des nouvelles d’une éventuelle instruction. ».
C’est top pour les voleurs d’eau car la Préfecture ne se presse pas pour imposer la remise en état le site comme le lui enjoint une décision de 2019. À Caussade, assiste-t’on à l’extinction de l’État en plein « Varenne agricole de l’eau et du changement climatique » ?

Note
1 - Barrage de Caussade : les commanditaires de la retenue d’eau illégale échappent à la prison. Martine Valo. Le Monde du 13/01/2022

CA 04-2023 : Des puces assoiffées… d'eau !

L’action menée par les anonymes qui ont incendié en avril 2022, les câbles électriques alimentant les usines d’électronique SOITEC et STMicro a provoqué un beau bazar local, montré la colossale dépendance en électricité de ces industries (l’usine STMicro de Crolles consomme l’équivalent de la consommation électrique de 140 000 grenoblois) et a donné lieu à un communiqué de l’Union des Clowns Léninistes, du meilleur goût.(1)
Mais, il y a bien plus que cela.
Derrière la vie connectée, la dématérialisation des objets, de la culture, des process industriels, des relations sociales et humaines, , derrière les applis pour pimenter sa vie sexuelle ou les messageries cryptées de groupes radicaux, derrière les besoins dévorants des industries civiles et militaires en puces électroniques, il y a un impératif : l’eau. Une eau très pure, sinon c’est fichu pour les puces.
Pour nettoyer les plaquettes de silicium et graver des circuits électroniques, l’Alliance constituée par ces entreprises grenobloises « engloutit 700 m3 d’eau par heure (l’équivalent d’une ville de 50 000 habitants), et soumet les collectivités locales à ses exigences : 150 000 euros d’amende par heure à payer à l’entreprise en cas de défaillance dans la fourniture d’eau ; obligation de doubler prochainement les conduites d’adduction sur 18 kilomètres, pour un coût de 25 millions d’euros ; livraison impérative d’une eau d’excellente qualité, exempte de chlore même en période de ‘menace terroriste’  »(2).

Et elles, elles ont pu continuer à pomper à donf durant toutes les périodes de canicules depuis 2003.
Insatiable, l’Alliance prévoit de passer de 16 000 m³ par jour (2022) à 29 000 en 2024.
En 22 jours, elles s’engouffrent donc l’équivalent de la méga-bassine de Sainte Soline (650 000 m³) soit 16 méga-bassines par an. Et ce, dans l’indifférence générale des chantres de la lutte anti-bassines.
Le meilleur est à venir avec le méga-projet de nouvelle usine STMicro/ Global Foundries (coût de 5,3 milliards financé à hauteur de 2,5 milliards par des fonds publics). Le doublement des capacités de production fait saliver les rats noirs de la peste capitaliste. Il s’inscrit dans le cadre du Chips Act européen destiné d’une part à casser la dépendance aux puces américaines dans les domaines militaires et stratégiques et d’autre part à produire dans le futur, 20 % des puces mondiales.
Entre l’intérêt supérieur national de réindustrialisation, la chansonnette fétide de la création d’emplois, l’aplaventrisme des élus (écolos Piollesques en tête), la cavalcade technologique sans fin, la production de biens inutiles, les besoins militaires et les profits, les habitants du coin savent ce qui leur reste à faire : tirer la langue, mettre un caillou dessus et dire « Merci not’ bon maître » en regardant l’eau pure, s’enfuir.
À moins, à moins… que la manifestation prévue le premier avril arrive à déclencher, la prise de conscience, l’ire et l’action collective contre les industriels accapareurs d’eau et leurs chiens courants politiciens.(3)

Notes
1 - Pour un sabotage safe avec les premier-es concerné-es. IATAA du 18/09/2022
2 - STMicroelectronics, les incendiaires et les voleurs d’eau. Pièces et main d’œuvre. Publié le 22/07/2022
3 - De l’eau, pas des puces. Stop Micro. Tract d’appel à la manifestation du premier avril 2023 à Brignoud et Crolles.

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