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Commission Journal d’avril 2024 de Courant Alternatif - Paris

Débat sur l’impact social des JO

mardi 9 avril 2024, par OCL Paris


Commission Journal d'Île-de-France

20-21 avril 2024

EDMP, 8 impasse Crozatier, Paris XIIème (métro Gare de Lyon ou Reuilly-Diderot)

***

Programme

Samedi

Débat sur l’impact social des JO : 15h-17h

Pause : 17h-17h15

Critique de Courant Alternatif 339 : 17h15-19h

Apéro-repas : 19h-21h

Souhaits et propositions pour Courant Alternatif 341 : 21h-22h30

Dimanche matin

 Souhaits et propositions suite et fin : 9h-12h

Texte d’introduction au débat

Tous les quatre ans, une ville est tirée au sort pour accueillir la Grand-Messe nationaliste du sport capitaliste : les Jeux Olympiques (JO). Cette entreprise célébrée à grand renfort médiatique (la « Nation sportive » de Macron) cherche à mobiliser l’ensemble de la société, des projets avec les élèves à l’école maternelle aux bénévoles chargés de faire passer un agréable moment aux touristes étrangers dans les « fan-zones » quasi militarisées, du quémandage pour avoir le passage de la flamme Olympique dans de nombreuses villes de France aux promesses de constructions d’infrastructures sportives dont on a déjà pu voir qu’elles sont rarement profitables aux populations locales sur le long terme.

Les JO se sont illustrés partout où ils sont passés par des coûts pharaoniques, une militarisation de l’espace public et l’expérimentation de technologies de surveillance que les États peinaient à imposer, un état d’exception policier et social durable (restriction de circulation dans les « zones rouges », suspension voulue du droit de grève), une mobilisation d’une main d’œuvre « bénévole » servile très en phase avec la précarisation du salariat, une gentrification accélérée dans les quartiers populaires, à grands renforts d’expulsions de squats et de matraquages de migrants, l’accélération de projets urbanistiques (Grand Paris) en profitant du consensus olympique… La normalité capitaliste mais en « plus vite, plus haut, plus fort » (devise des JO). Les JO constituent donc une formidable opportunité pour la classe capitaliste de renforcer ses profits et sa domination avec une contestation moindre.

En Île-de-France, et notamment en Seine-Saint-Denis, le cœur des JO, la pilule n’est pas facile à faire passer à tous les habitants, surtout quand une partie de la population se mobilise contre le délabrement programmé par les coupes budgétaires successives des établissements scolaires et des hôpitaux.

Nous aimerions aborder plusieurs questions liées aux impacts des JO :
• même si le prix prohibitif des places a largement dissipé l’idée de « jeux populaires », l’engouement pour le spectacle sportif est largement partagé chez ceux qui n’en subissent pas l’impact direct. Comment lutter contre l’embrigadement idéologique nationaliste très en vogue actuellement, comme nous le voyons avec les JO et le SNU ?
• la mobilisation générale de la main d’œuvre pour assurer la tenue des JO (formations « France Travail » dans la sécurité fortement incitatives, recrutement de jeunes bénévoles) dans un contexte de réformes successives du RSA, de l’assurance-chômage, de la formation initiale et de la formation continue, participe de la dynamique générale de précarisation de la main d’œuvre à travers le flou contractuel entre le salariat et travail gratuit. Comment tisser des liens pour organiser une résistance sur ces questions ?
• l’importance de la tenue sans accroc des JO pour le pouvoir en place. Y a-t-il encore une fenêtre d’opportunité ouverte pour les travailleurs et tous ceux qui luttent contre les projets capitalistes d’aménagement du territoire (Grand Paris) ?

Contact : oclidf@riseup.net

Merci de nous signaler votre présence pour organiser la logistique.

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2 Messages

  • Que dire des très validistes jeux pourris olympiques ?

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    • L’impact social des JO, bien sûr.
      Mais ne pas oublier la critique du sport...

      Le sport moderne (qu’il faut distinguer d’une pratique sociale récréative, une expérience sensible du corps...) est né en Angleterre au milieu du XVIIIème siècle en plein boom du capitalisme industriel, et en a accompagné le développement jusqu’à nos jours. Il est un peu la quintessence du capitalisme. Il en est un bon condensé dans ses principes et dans sa logique.

      Il s’est construit autour de la notion essentielle de performance qui se révèle grâce à la compétition obtenue par un corps objectivé, discipliné, devenu pur instrument de lui-même grâce à un conditionnement psycho-affectif largement consenti (une modalité de désublimation répressive, si l’on veut).

      Performance dans le temps (avec le chronomètre) et dans l’espace (mesures au millimètre près)…

      Compétition et performance sportives qui correspondent exactement à la logique capitaliste de la course au profit, la nécessité du rendement et la concurrence marchande avec sa dynamique inhérente d’exclusion, de ségrégation, d’élimination (des « faibles »), de sélection (des « meilleurs »), de hiérarchisation.

      Compétition qui est une lutte violente, douloureuse, contre soi-même (il faut se dépasser sans cesse, aller au-delà de soi), contre les concurrents (arriver le premier, dépasser les limites, atteindre un record « absolu »...) et contre la nature (maîtriser les éléments, être plus fort que les situations contraires)…

      Compétition dont le moteur n’est autre que le rendement, « le forcing de la rentabilité et le stress du « fighting spirit », cet ethos de la réussite à tout prix dont le prix est l’échec de l’autre, sa défaite, son “écrasement” pour reprendre une terminologie sportive. » (Jean-Marie Brohm, La tyrannie sportive, Théorie critique d’un opium du peuple, 2006).

      Compétition organisée par des institutions, qui inventent et appliquent sans cesse de nouvelles normes et techniques de production du corps performant, du corps machinique obéissant et marchandisé, du corps réifié et totalement fonctionnalisé, du corps souffrant et dopé au surentraînement visant à le façonner, le transformer, le modeler, à augmenter toujours plus son endurance, ses limites, ses potentialités biologiques, psychologiques, alimentaires, cardiaques, respiratoires..., du corps surmédicalisé et déjà « augmenté » par toutes sortes de substances (« engrais musculaires », stimulants du système nerveux, calmants, excitants, diurétiques, produits « vitaminés », régimes et compléments alimentaires…).

      Avec en guise de revival d’une vieille rengaine futuriste : l’émergence subtile chez les « meilleurs » athlètes d’un homme nouveau, scientifiquement modifié.

      Les grandes cérémonies sportives comme les JO incorporent ces éléments, en font leur sujet principal. Mais, un sujet comme la compétition n’est plus réservé à l’évènement lui-même, ou au sport en général. Ces grands évènements, avec l’ensemble des moyens déployés, avec leur impact, leur démesure, permettent que les thèmes véhiculés par le sport de compétition sortent du champ clos de ces disciplines, sortent des stades et des gymnases ; ils essaiment, ils se propagent dans le corps social comme une sorte de modèle, une normalité banalisée, une représentation du monde et une conception presque naturelle de l’existence humaine, où « réussir sa vie » signifie surtout « éliminer les autres ».

      Ces grands évènements planétaires, avec la puissance médiatique mobilisée et les enjeux financiers colossaux qui y sont investis et surtout attendus, indiquent bien en quoi les JO sont des institutions emblématiques du capitalisme mondialisé et des machines de guerre idéologiques dans la célébration des « valeurs » de l’effort, du mérite, du sacrifice de soi au service de compétitions-spectacles qui fabriqueront mille fois plus de perdants que de « gagnants ».

      Des cérémonies qui contribuent à normaliser des états d’exception, de contrôle, de surveillance des mouvements de population, de quadrillage policier du territoire, de saturation de l’espace médiatique avec messages sécuritaires et matraquage publicitaire, de mise à disposition de l’espace public et d’équipements urbains pour les multinationales du sport capitaliste, les logos, les sponsors, les marques...

      Des cérémonies qui, parce qu’elles apparaissent comme neutres et apolitiques, servent à fabriquer la mise en scène d’un consensus social et d’un unanimisme respectueux envers les institutions et les puissants. La mise en scène d’une métropole, d’un pays, d’un État au climat social apaisé, attractifs pour les touristes, les bourgeois et les investisseurs, où règnent l’ordre et la sécurité et aussi la propreté et la prospérité, une fois la grande ville aseptisée, socialement nettoyée de ses impuretés, de tous ceux qui pourraient casser l’ambiance, ses contestataires, ses pauvres, ses migrants, ses sans-toits et sans-droits anciens et nouveaux.

      Des évènements qui, dans le cas des JO, atteignent sans doute le record mondial absolu de ce qui peut être produit comme spectacle mondialisé avec la réduction du monde visible à l’état de marchandise, sous le parrainage des cinq anneaux de l’olympisme en guise de sigle commercial.

      Enfin, faut-il rappeler que l’extraordinaire cohérence ou affinité entre sport et capitalisme a provoqué des mouvements d’influence et de captation dans les deux sens ? Si le sport s’est capitalisé depuis bien longtemps, l’inverse est également vrai : le sport s’est emparé du capital. Le capital s’est « sportivisé » au sens où la logique sportive s’est intégrée dans la stratégie de développement des entreprises capitalistes : concurrence exacerbée, culte obsessionnel de la performance, dépassement et déplacement des limites, fétichisme du record.
      Et que dire de ces entreprises où les salariés, particulièrement chez les cadres, sont accompagnés et « coachés », doivent suivre des séances de remise en forme et de motivation, pratiquer assidument des sports, effectuer des épreuves de simulation, de jeux de rôles (qui consistent souvent à s’entraîner à faire son travail, mieux, autrement, plus rapidement, plus efficacement, etc.), participer à des activités ou même à un week-end de team building, suivre des formations pointues en management, etc. avec pour seul et unique objectif : améliorer leur propre productivité et bien sûr celle de l’entreprise.

      Bref, le sport, c’est capital !

      J’invite à lire cette interview récente de Jean-Marie Brohm qui est (et a été) un des fondateurs d’une critique radicale du sport (et ce depuis les années 1960 !).

      Presque plus personne ne critique l’idéologie et la pratique sportive

      JF

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